Voici un sondage pas inintéressant de l’IFOP pour le Figaro sur l’opinion des français vis-à-vis de l’UE et de l’Euro. A prendre avec les précautions d’usage, vu que l’IFOP appartient à L Parisot du Medef, que le directeur du service des sondages politiques est un proche du FN (frère de F Philippot) et au vu des questions posées de façon biaisées (comme toujours).
Néanmoins, il est possible de tirer quelques enseignements utiles. Voici quelques résultats généraux et la façon dont ils se déclinent selon les catégories sociales et politiques.
http://www.ifop.com/media/poll/1978-1-study_file.pdf
Première enseignement, à ceux qui nous parle de peuple européens en formation, il convient de noter que ce n’est pas une réalité à l’heure actuelle. L’échelon auquel se sentent appartenir nos concitoyens est très nettement la Nation : (40% contre 7% pour l’Europe). On notera que le sondeur pose la question pour la commune et la région… mais pas le département.
De façon logique, le sentiment d’appartenance à la commune est plus fort dans les petites villes que dans les villes moyennes ou grandes agglomération. Mais le sentiment d’appartenance à l’Europe est également faible partout.
Second enseignement, à la question de savoir si l’UE présente un intérêt pour le pays, ouvrier et employés sont loin d’être convaincus (35% d’accord, 35% pas d’accord, le reste sans opinion). Et pour cause. Car lorsque des questions plus concrètes sont posées, le rejet est massif :
- 82% des ouvriers et employés considères que l’UE agit de façon inefficace face à la crise (76% pour l’ensemble de la population)
- 62% considère que l’euro est un handicap. Le rejet de l’euro est d’ailleurs en constante progression au cours des sondages (45% de nos concitoyens considère que c’est un handicap contre 23% un atout). Le rejet est massif aussi chez les professions intermédiaires. Seul cadre et profession libérale se prononce nettement pour l’euro.
- L’ensemble de la population juge d’ailleurs l’effet de l’euro très négatif que ce soit sur les prix, le chômage ou la compétitivité de l’économie (89% et 60% respectivement) et augmentent de 10% si l’on considère la classe ouvrière.
- depuis 2010, 30 à 40% de nos concitoyens est pour sortir de l’Euro. ce chiffre passe à 50% pour les ouvriers et employés.
- 67% des français considèrent que depuis Maastricht l’UE va dans la mauvaise direction. Il sont 64% a exprimer qu’ils voteraient non s’ils avaient l’occasion de revoter. Les français condamnent donc sans appel l’UE et l’euro capitaliste. Cette condamnation est encore plus nette dans la classe ouvrière (77%)
- Quand la question est posée de plus ou moins d’intégration,l’opinion général est à moins d’intégration, exprimant donc une volonté de retour à la souveraineté nationale (60% – 72% pour les ouvriers et employés), volonté en constante augmentation ces dernières années. logiquement près de 60% de nos concitoyens ne souhaitent pas un état européen unique (et sans doute plus si la question n’était pas posée de façon si tordue !)
Ce sondage indique sans discussion possible que nos concitoyens sont massivement opposés à l’UE et à l’Euro. Ce rejet est encore plus massif si l’on considère les catégories sociales sans doute les plus représentatives de la classe des travailleurs.
Cela confirme l’analyse de ceux qui considèrent à gauche que la mobilisation du peuple passe par la sortie de l’UE et de l’euro. Car c’est une condition pour recouvrer la souveraineté indispensable pour pouvoir conduire une politique progressiste alors que l’UE capitaliste constitue un carcan permettant à la classe dominante d’imposer toujours son pouvoir totalitaire au service de l’exploitation des travailleurs. Et ce sondage montre bien que les plus exploités d’entre nous – ceux qui vivent la mise en concurrence des peuples par l’UE (délocalisation, import de mains d’œuvre à bas coups) avec pour conséquence la casse de la production et la destruction des conquêtes sociales, la baisse des salaires -sont bien conscient de cela. Il est donc illusoire d’essayer de leur vendre pour la nième fois le mensonge de « l’autre Europe ».
On doit donc se poser la question de la stratégie du FdG, qui continue à défendre ce mirage de l’autre Europe, et de dire avec P Laurent du PC que l’Euro est notre monnaie. PRCF et M’PEP, à gauche, interpellent d’ailleurs régulièrement leurs camarades du FdG. Et il faut reconnaitre qu’un nombre significatif et croissant d’entre eux affirment publiquement partager la revendication de la sortie de l’UE et de l’Euro. Le récent congrès du PG a semblé faire état d’un début d’évolution.
Mais il faut aussi constater qu’un bon nombre de cadres du PC (principalement les mutants dont on peut mesurer le potentiel d’opportunisme à la trajectoire de R Hue, Gayssot & Co) sont vent debout, sans doute plus par opportunisme (afin de rester PS compatible et PGE compatible) que par conviction politique. Et que d’autres, influencés par les théories gauchistes théorisant que la révolution ne peut être que mondiale ou par le réflexe conditionné totalement non fondé assimilant Nation à Nationalisme et fascisme, chantent les mérites de la fin des frontières pour les capitaux et les biens s’accompagnant de la mise en concurrence des peuples. Il laisse là le champ libre aux experts de l’opinion du FN qui développe une rhétorique eurosceptique marketing (il est facile de démontrer que dans le fait le FN n’est ni pour la sortie de l’UE ni de l’Euro). Ils laissent ainsi détourner le rejet légitime du totalitarisme capitaliste qu’est l’UE en une nauséabonde et désastreuse division xénophobe de la classe ouvrière par le FN.
Néanmoins, ce sondage a le mérite de mettre aussi les pendules à l’heure en ce qui concerne la position des sympathisants du FdG. l’effet des prises de positions de leurs états majors est net sur les réponses mais il n’empêche pas près de 40% des sympathisants FdG de se déclarer pour la sortie de l’euro et ne trouve aucun intérêt à faire partie de l’UE, en contradiction avec la ligne officielle du FdG ! En terme d’effets concrets de l’UE, ces mêmes sympathisants sont aussi ultra-conscient des conséquences désastreuses de l’UE et de l’Euro : 57% jugent ainsi que l’euro est un handicap. Ils souhaitent à 73% moins d’intégration européenne, et sont les plus opposés à l’éventualité d’un état européen unique (60% soit nettement plus que les électeurs du FN qui ne le sont qu’à 54%…).
Plus que jamais, il est urgent de conduire un vrai débat politique à gauche prenant appui sur la réalité de ce qu’est l’UE et de ce qu’est sa perception dans les catégories populaires et non sur une vision idéaliste. Pour ma part, je trouve que la position du PRCF, reposant sur une analyse de la situation de la lutte des classe au niveau national et international et la plus pertinente. La récente conférence internationale qu’il a initié à Paris, à la suite de celle qui se sont tenue à Madrid et Rome, démontre d’ailleurs que cette position est largement partagées par les différents partis communistes d’Europe et du monde.
Il faut viser les 4 sorties : de l’UE, de l’Euro de l’OTAN et du capitalisme pour construire le socialisme. Pour cela, il est possible de construire un large front populaire progressiste et patriotique, porteur d’une politique au service des travailleurs, à la manière de ce que fut le CNR impulsé par les communistes au sortir de la guerre.