Gaël, syndicaliste cheminot et militant du PRCF, était présent à la manifestation européenne des syndicats des transports à Bruxelles le 27 mars 2019. Il livre à Initiative Communiste ses impressions sur cette mobilisation – réussie – et les échanges qu’il y a pu avoir entre ces travailleurs de plusieurs pays européens, tous confrontés aux mêmes attaques lancées par l’Union Européenne contre les services publics, contre les droits et salaires des travailleurs. Dans le domaine des chemins de fer, au cœur de la manifestation, les trois paquets de directives européennes frappent avec la même violence. Rappelons que la « réforme ferroviaire » menée par le régime Macron avec une brutalité inouie en 2018 est la transcription directe du 3e paquet ouvrant l’ensemble des lignes à la concurrence et imposant la privatisation de la SNCF. Mais l’euro-austérité et les euro-privatisations frappent également tous les modes de transports. Les voies navigables ont du être regroupées dans un établissement public VNF, avant leur privatisation. Air France a été privatisé – sur ordre de l’UE – par le ministre PCF Gayssot et après les aéroports de Nice, Toulouse et Lyon c’est maintenant le tour de ceux de Paris. Et les autoroutes ont également été privatisées pour une bouchée de pain, tandis que le régime Macron prépare maintenant la privatisation des routes nationales.
Ce 27 Mars 2019 se tenait à Bruxelles, dans le ventre de la bête supra-nationale, la manifestation pour des transports équitables (« Fair Transports ») à l’appel du syndicat Européen des Transports l’ ETF. Nous y avons, mes camarades de la fédération CGT des cheminots et moi-même, participé en nombre. En effet les cheminots français, vêtus des gilets rouges, ont composé une part importante du cortège. Nous étions accompagnés de divers métiers du transport venus de plusieurs pays européens. Les dockers étaient eux aussi nombreux, mais étaient présents également routiers, salariés de l’aviation civile, des compagnies de bus etc.
Ce rassemblement, bien que réussi (5 000 participants), me laisse perplexe. Le message porté par l’ETF ne reflète pas du tout les attentes de nombreux salariés des transports. Au-delà de l’appel à des salaires « égaux pour tous » et à une « Europe des peuples », tout cela sonne creux et très en phase avec le syndicalisme de coopération, voire de soumission à l’Europe supra-nationale du Capital, comme on peut le trouver au sein de la CES dont fait partie l’ETF.
J’ai pu discuter de la situation avec d’autres travailleurs du rail, comme ce cheminot anglais de la South Western Railway et membre du puissant syndicat RMT qui me dit : « c’est de la faute à l’Europe, et c’est pour ça qu’on est ici. Moi j’ai voté Brexit parce que je sais qu’au sein des statuts européens il est impossible de renationaliser le rail comme nous le demandons. »
Ils sont nombreux à comprendre les enjeux et le rôle de l’UE dans l’Union Européenne. D’autres dressent un portrait très sombre de la libéralisation tel ce contrôleur allemand syndiqué à EVG et travaillant pour Deutsche Bahn Regio, la branche TER de l’opérateur historique allemand :
« Aujourd’hui dans ma région de Hambourg, la DB n’a plus qu’une seule ligne de TER, tout le reste a été confié à des opérateurs privés qui sont 13% moins chers. Dans deux ans, le contrat qui lie le Land et la DB se termine, ça pourrait être la fin du train public dans ma région et je serais contraint de déménager si je veux continuer à travailler pour DB, je suis très inquiet. On se bat, on fait grève, mais c’est pas facile. »
Syndicaliste EVG de la DB
Des cheminots espagnols m’ont, quant à eux, confié que les réformes amorcées par le précédent gouvernement socialiste avaient un effet désastreux sur le train ibérique. Gares et guichets fermés, lignes peu rentables menacées et les droits des cheminots, notamment le droit à la retraite, sont en danger.
Partout en Europe les cheminots et usagers sont confrontés à une dégradation du service public ferroviaire !
Partout en Europe les cheminots et usagers sont confrontés à une dégradation du service public ferroviaire alors que les besoins en mobilité et l’urgence écologique sont ignorés par les dirigeants nationaux et européens. Il est temps, pour les cheminots de tous les pays, de s’unir face au rouleau compresseur ultra-libéral de Bruxelles, ce combat, si nous voulons le réussir, nous devons le mener hors des institutions européennes que sont l’ETF et la CES.
Pour le PRCF une véritable politique du transport passe par un renforcement du rail au détriment de la route : ouverture de lignes nationales, régionales et de banlieue en nombre suffisant, à partir d’études sur les besoins des usagers. Développement du ramassage par bus et cars pour les courtes distances dans les zones faiblement peuplées, en rabattant sur le réseau ferré qui doit constituer l’ossature de tout le système de transports et autour duquel les activités industrielles, commerciales ou de service s’organisent. Développement réel du transport de marchandises par voie ferrée sous toutes ses formes, en privilégiant le transport par voie ferrée de bout en bout, de manière à réduire de moitié le trafic des poids lourds.
Pour la Commission Luttes du PRCF
Gaël