Au cours de la conférence « Les leçons de l’histoire », qui s’est achevée le 22 janvier 2 015 à Volgograd, six combattants de Stalingrad et de la Grande guerre Patriotique se sont adressés à Angela Merkel et aux gouvernants des autres pays d’Europe, rappelant la sombre histoire du vingtième siècle, qui a fait au monde quelques dures leçons.
Voici leur lettre :
Madame Merkel,
soixante-dix ans après la victoire sur le nazisme, nous, vétérans de cette terrible guerre et combattants de sa plus terrible bataille, observons que l’Europe est à nouveau hantée par un fantôme, le fantôme de la peste brune.
Cette fois, c’est l’Ukraine qui est devenue la pépinière du nazisme ; l’ultranationalisme, l’antisémitisme et la haine de l’humanité y sont passés de l’idéologie à la pratique de la violence physique, de l’anéantissement de ceux qui pensent différemment, et du meurtre par raison de haine ethnique et d’hostilité envers une culture étrangère.
Nous voyons apparaître des images que nous connaissons bien : retraites aux flambeaux, énergumènes en uniformes marqués d’insignes nazis, mains que l’on tend pour le salut nazi, parades fascistes au centre de Kiev protégées par la police de l’Etat, déclarations d’infériorité de quelques peuples. Tout cela, nous l’avons déjà vu et nous savons où cela conduit.Tout cela, nous l’avons déjà vu et nous savons où cela conduit.
En Ukraine, la peste brune couvait et prenait force pendant la dernière décennie ; elle a percé et conduit à une sanglante guerre civile. Les formations nazies comme le « Secteur de Droite » ( Praviy Sector ), la prétendue « Garde nationale », les nombreux bataillons informels, mais bien armées, du type « Azov », soutenues par l’armée ukrainienne, son aviation et son artillerie lourde, anéantissent systématiquement les villages de l’est ukrainien. Ils tuent les habitants paisibles, simplement parce qu’ils veulent parler leur langue maternelle, parce qu’ils ont leur idée de l’avenir de leur pays, parce qu’ils ne veulent pas vivre dans un pays où les partisans de Bandera jouent le premier rôle.
Ces continuateurs de la prétendue « Armée de Libération ukrainienne » [Ndlr UPA], qui, nous vous le rappelons Madame Merkel, combattait pendant la Seconde Guerre mondiale dans les rangs de la Wehrmacht, tout comme la division SS « Galicie » ; ils se sont particulièrement distingué par les massacres de nombreux juifs soviétiques, où ils exaltaient leurs pères et leurs grands-pères idéologiques.
Ils donnent aux rues des villes d’Ukraine les noms de criminels nazis ! Ils réécrivent sous nos yeux l’histoire du vingtième siècle en Ukraine ! Faut-il s’étonner si les bandéristes d’aujourd’hui, avec dans le regard une lueur que nous connaissons personnellement, nous, les vétérans des fronts de la Deuxième guerre Mondiale, de la Bataille de Stalingrad, si ceux-là, aveuglés par la haine, appellent à effacer le Donbass de la surface de la Terre, à arroser de napalm les habitants de l’est de leur pays ? Des documents prouvent qu’ils ont tué des gens simplement parce qu’ils portaient le ruban de Saint Georges comme symbole de la victoire sur le fascisme. [Ruban de Saint-Georges, symbole de la victoire soviétique sur le fascisme, NdT].
La vérité, Madame Merkel, est qu’en Ukraine, le nazisme est déchaîné sur une grande échelle ! Il ne s’agit pas de propos antisémites isolés au parlement, ni d’affirmations de supériorité d’une race sur une autre. Il s’agit de sanglants crimes de masse, dont les victimes se comptent déjà par centaines et par milliers.
Mais l’Occident prend une position très étrange, que nous ne comprenons pas. On peut l’interpréter comme de la connivence envers le nazisme ukrainien. C’est précisément ainsi que l’on commente la position de l’Europe en Ukraine, et c’est précisément ainsi que le peuple de Russie commence à la comprendre. Et nous voudrions bien savoir ce que le peuple allemand va en dire, du haut de son expérience historique nationale.
Pour nous, il est important de connaître votre opinion, l’opinion du dirigeant d’un grand peuple, qui a souffert de la peste brune, mais en a guéri au prix de terribles sacrifices. Nous savons que dans votre pays, on se bat contre toutes sortes de manifestations du nazisme. Et notez bien que nous l’apprécions hautement. Il nous est d’autant plus difficile de comprendre pourquoi vous, qui nettoyez si soigneusement votre pays de toutes les pousses de nazisme, vous tolérez ses développements massifs dans une autre partie de l’Europe ?
Pourquoi les dirigeants européens conduisent-ils des marches pour soutenir les caricaturistes français tués par des terroristes islamistes, alors qu’ils ne le font pas contre le fascisme en Ukraine ? Pourquoi admet-on la participation à ces marches d’un chef d’État qui a donné l’ordre d’anéantir sa propre population ? Pourquoi douze victimes françaises méritent-elles l’attention, alors que des milliers de Russes et d’Ukrainiens tués ne la méritent pas ? Savez-vous combien d’enfants ont été tués à l’est de l’Ukraine par des coupe-jarets qui portent la svastika nazie sur leurs uniformes ? Voulez-vous le savoir ? Nous vous donnerons cette information, si vous ne l’avez pas. Pourquoi les peuples d’Europe contemplent-ils tranquillement cette violence de masse en Ukraine ? Est-ce simplement parce que vos organes d’information n’en parlent pas ? Alors, en quoi consiste leur fameuse indépendance ? Dans l’indépendance des faits ? De la vérité ? Quel est le véritable but de vos sanctions économiques ? Affaiblir la puissance de la Russie ? Soutenir le nazisme en Ukraine ? Ou dévaloriser les pensions que nous percevons comme combattants de la Deuxième guerre mondiale ?
Madame Merkel,
La sombre Histoire du XXe siècle nous a donné quelques leçons
La réécriture de l’Histoire: premier pas vers le nazisme
C’est ainsi que tous les régimes européens fascistes des années 1920 et 1930 ont commencé. En Ukraine, les évènements ont pris le même chemin : de la réécriture des manuels scolaires d’histoire jusqu’à la démolition des monuments soviétiques. Le mensonge suprême est la déclaration à la télévision allemande du premier ministre ukrainien Iatseniouk parlant de « l’invasion par l’Union Soviétique de l’Allemagne et de l’Ukraine ! » Nous aimerions votre opinion à ce sujet, l’opinion du dirigeant d’un pays dans lequel la négation de l’Holocauste est un délit passible de prison ferme
La recherche de boucs émissaires
Les régimes fascistes imputent tous les échecs de leurs pays à des groupes que distinguent des traits ethniques, sociaux ou religieux. Autrefois, ils se servaient du juif et des communistes. Dans l’actuelle Ukraine, les coupables désignés sont les Russes, la Russie tout entière et la population de l’est du pays.
Lorsque le nazisme est apparu dans un pays, alors la peste s’étend au monde entier
On ne peut pas stimuler le nazisme dans un pays, et penser qu’il restera dans ses frontières. La vague du nazisme se répand partout, traversant les frontières de tous les états. C’est précisément pour cela qu’on a surnommé « peste brune » le nazisme. Il faut arrêter le nazisme du plus loin qu’il apparaisse, sinon il entrera dans votre maison.
Il ne faut pas ignorer le nazisme, on ne peut que le combattre
Si quelqu’un pense que l’on peut simplement de détourner du nazisme ukrainien, ne pas le faire remarquer, il se trompe énormément. La nature du nazisme est telle qu’il s’approprie même la pure et simple ignorance comme une stimulation, comme la manifestation de sa force. Le nazisme ne reste pas local ; il ne peut que croître et se développer ! Contre lui, il ne faut pas rester passif, mais mener un dur combat.
L’arme la plus importante contre le nazisme à ses premiers stades est la vérité.
C’est précisément la vérité qui vainct le nazisme. En montrant que par essence, le nazisme hait l’humanité, d’une haine que manifestent son idéologie, les déclarations de ses partisans, les exactions qu’ils commettent contre les gens, nous combattons le nazisme comme tel. La vérité historique est la meilleure prophylaxie contre le nazisme. Si leur propre gouvernement ne cachait pas l’histoire de leur pays et de son peuple aux jeunes ukrainiens, alors, les partisans du nazisme en Ukraine seraient moins nombreux de plusieurs fois. Aujourd’hui, les organes d’information de masse jouent un rôle énorme ; ils peuvent former le nazisme ou bien s’opposer à lui.
Madame Merkel
Une mission historique particulière incombe à la Russie, en tant que successeur de l’Union Soviétique. Il y a soixante-dix ans, nous en avons fini avec le nazisme en Europe, au prix des plus terribles sacrifices dans cette guerre. Nous personnellement, ceux de Stalingrad, par des efforts inhumains, nous avons changé le cours de l’Histoire. Pas seulement de notre histoire, mais aussi de l’histoire européenne, mondiale. Et nous ne pouvons pas laisser le nazisme recommencer. D’autant moins que cela se passe à côté de chez nous ! Nous nous sommes battus, nous nous battrons contre ce mal. Et nous vous invitons à vous battre avec nous contre lui !
Un personnage d’un film légendaire et que tous aiment chez nous figure un prototype d’un chef nazi ayant réellement existé ; au sujet du film, ce personnage déclare : « Aussitôt que quelque part, au lieu de « Bonjour », on dira « Heil », alors sachez-le : là-bas on nous attend, et de là-bas nous commencerons notre grande renaissance ».
Madame Merkel, en Ukraine, « Heil » se fait entendre de partout, ouvertement et quasiment avec le soutien du pouvoir. Il est temps pour le monde européen tout entier d’arrêter cette vermine. Nous espérons très fort que le peuple allemand et tous les autres pays d’Europe ensemble avec la Russie, écraseront la canaille jusque dans l’œuf.
Le fascisme ne passera pas ! Vive la paix !
Ont signé :
- Maxime Matveïevitch Zagoroulko, combattant de la Grande guerre Patriotique, citoyen d’honneur de la ville-héros Volgograd
- Alexandre Ivanovitch Kolotouchkine, combattant de la Grande guerre Patriotique, Participant de la Parade de la Victoire de 1 945
- Maria Vassilievna Sokolova, combattant de la Bataille de Stalingrad, infirmière à l’hôpital 4423
- Mikhaïl Vassiliévitch Terechtchenko, combattant de la Grande guerre Patriotique, cinq fois chevalier de l’ordre de l’Etoile Rouge, Participant de la parade du 7 novembre 1 941
- Evguéniï Fedorovitch Rogov, combattant de la Grande guerre Patriotique, combattant de la Bataille de Stalingrad, combattant de la libération de la Crimée, combattant de la libération de l’Ukraine
- Alexandre Yakovlevitch Sirotenko, combattant de la Grande guerre Patriotique, combattant de la rupture du siège de Léningrad
Remarques de la rédaction de RT:
1. La lettre originale complète en russe est visible ici.
2. La question a été posée au secrétariat de la Chancellerie pour savoir si la lettre avait été remise à la Chancelière, et comment elle envisageait réagir, nous n’avons pas les réponses à ce jour.
Traduit par Toma, relu par jj et Diane.
Traduction JPC pour www.initiative-communiste.fr
Le 2 février 2013, à l’initiative du PRCF s’est tenu place Stalingrad à Paris la seule commémoration en France de la victoire de la Stalingrad, avec un réel succès populaire.
lire le compte rendu :
« Stalingrad, on n’oublie pas ! Stalingrad, on continue l’ combat ! »
GRAND SUCCES du MEETING du 70e anniversaire de la victoire de STALINGRAD, le 2 février 2013 à PARIS
ainsi que le dossier spécial d’initiative communiste consacré à Stalingrad (cliquez ici)
Ci-après, la lettre du Conseil des Anciens Combattants de Stalingrad adressée lors de la commémoration des 70 ans de la battaille de Stalingrad, l’année dernière à Paris par le PRCF
Conseil des anciens combattants de la ville de Volgograd sur les 70 ans de Stalingrad
LETTRE DU CONSEIL DES ANCIENS COMBATTANTS DE LA VILLE DE VOLGOGRADLue par M. Alexandre ORLOV, ambassadeur de Russie à Paris
Mesdames et Messieurs ! Chers amis !
Nous les participants de la bataille de Stalingrad, nous vous adressons nos amitiés et nous saluons tous ceux qui se sont rassemblés aujourd’hui sur la place de Stalingrad à Paris.
Hélas, l’état de santé et l’âge vénérable (plus de 90 ans, ce n’est pas rien !) ne nous ont pas permis de nous rendre à Paris pour participer personnellement à cette belle manifestation dédiée au 70e anniversaire de la victoire dans la bataille de Stalingrad. Nous exprimons pourtant notre reconnaissance à tous ceux qui l’ont organisée. Aujourd’hui, le 2 février 2013, nos pensées sont avec vous !
Sachez qu’en ce moment, nos cœurs battent à l’unisson ! Comme vous, nous nous inclinons aujourd’hui devant la mémoire des défenseurs de Stalingrad. Nous nous souvenons de cette grande victoire qui fut le début de la libération de l’Europe du nazisme.
La bataille de Stalingrad tient une place particulière dans le cœur de chacun qui vit sur son sol. Notre peuple a payé cette victoire au prix fort. Il n’y a pas une famille à Stalingrad qui n’a perdu, lors de ces 200 jours de feu, l’un des siens.
Les habitants de Volgograd sont sensibles et reconnaissants à la France moderne de ne pas oublier cet exploit des soldats soviétiques. 77 lieux et endroits portent en France le nom de la ville légendaire de Stalingrad, et nous vous en remercions.
Tirant des leçons de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, nous nous souvenons aussi du rôle important qu’a joué, dans notre victoire, la Résistance française.
Ce mouvement patriotique a joué un rôle majeur dans la libération de la France des occupants nazis, dans la chute du régime fasciste, le retour et l’épanouissement des droits et libertés démocratiques. Il a largement facilité les opérations des Alliés sur les fronts.
Ensemble, nous avons écrit les pages héroïques de la Deuxième Guerre mondiale, ensemble nous avons forgé notre victoire !
Ce jour glorieux, nous voulons adresser à tous ceux qui se sont rassemblés, ici, nos meilleurs vœux de santé, de la prospérité à vos familles, de la paix et du bonheur pour de longues années.
Vive Paris !
Vive Volgograd !
Vive la Paix dans le monde entier !
A. STRUKOV, Président du Conseil des anciens combattants de la ville de Volgograd
A. KOZLOV, Président de la section « anciens combattants de la bataille de Stalingrad » du Conseil des anciens combattants de la ville de Volgograd
29 janvier 2013