L’année 2020 s’est achevée comme elle a commencé, avec un un hôpital public abimé, à bout de souffle en raison des suppressions d’hôpitaux, de services, de lits et de personnels de santé incessantes au cours des 30 dernières années. Résultats des ordres donnés par l’Union Européenne du Capital : ces dix dernières années c’est à plus de 60 reprises qu’il a été ainsi exigé par Bruxelles de « réduire les dépenses de santé ». Résultat en 20 ans, alors que la population a considérablement augmenté et vieilli en France, le nombre de lits à l’hôpital public a été réduit de 30%. Mais c’est également les rémunérations des personnels soignants du public qui sont attaquées. Il y a loin de la campagne de communication du « Ségur » à la réalité des actes des Macron-Castex-Véran
Décret du 28 septembre 2020 : réduire les rémunérations des médecins hospitaliers
Alors que sous la pression de l’opinion publique qui avec la crise du covid-19 ne peut que constater avec frayeur l’état de destruction de l’hôpital public, le régime Macon a dû mettre de coté son disque favori, produit par la Banque Centrale Européenne, le MEDEF et l’Union Européenne. Souvenez-vous: « il n’y a pas d’argent magique », répondait en 2019 encore le gouvernement Macron aux soignants réclamant moyens et salaires décents. 60 000 morts plus tard en raison d’hôpitaux incapables de faire face à une épidémie, Macron et son ministre Véran prétendaient avec un « Ségur de la santé » revaloriser les carrières des soignants. Pourtant il y a loin du Ségur à la réalité. En témoigne le décret du 28/9/20 et un autre à paraître en janvier 2021 qui s’en prennent aux carrières des médecins des hôpitaux publics, qui ont pourtant tant de peine à recruter.
30% des postes vacants !
Ces deux décrets vont installer un double régime de carrière, entre les médecins titularisés avant 2020 et « ceux d’après 2020 » . Pour les premiers ce sera une perte de 4 années d’ancienneté au travers de la suppression des 3 premiers échelons de l’échelle indiciaire qui en comptait 13 et la fusion des 3 derniers, rallongeant les durées d’ancienneté dans chaque échelon, la durée totale de la carrière passant ainsi à 36 ans. Bref un ralentissement de carrière et une baisse des salaires effectifs à ancienneté réelle équivalente ! Et pas de jaloux pour les nouveaux recrutés, la carrière est allongée de 24 ans actuellement à 32 ans ! On voudrait s’y prendre de cette façon pour éloigner les jeunes médecins du service public que l’on ne s’y prendrait pas autrement et c’est évidemment le but recherché, avec celui évidemment de satisfaire à l’exigence de Bruxelles de réduire la dépense des hôpitaux publics. Chacun a pu voir ce que cela pouvait donner dans le domaine du nettoyage avec le dernier reportage de « Cash Investigation » à l’hôpital de Valencienne, auprès des femmes de ménage exploitées et sous-payées.
Pour que 2021 ne ressemble pas à 2020, il faut tout au contraire donner de vrais moyens à nos hôpitaux publics. C’est en ce sens d’ailleurs que les communistes du PRCF propose la création d’hôpitaux pour le traitement des épidémies au niveau interdépartemental. Cela ne sera pas possible sans briser les chaînes de l’Union Européenne, en se libérant des recommandations du Semestre Européen qui, en vertu du TSCG et dans le prolongement du traité de Maastricht, soumet à la censure de la Commission européenne le budget voté par la France. Chacun ne peut d’ailleurs que constater le cynisme avec lequel l’Union Européenne fait propagande de son prétendu « plan de relance », passant sous silence que la France est un contributeur net à hauteur 66 milliards d’euros de ce plan dont elle ne touchera que … 44 milliards d’euros. Rappelons que les 22 milliards d’euros versés à l’UE par la France dans cette affaire, ce n’est rien moins que 26,5% des 83 milliards d’euros du budget annuel total des hôpitaux publics. Et rappelons également que la Commission Européenne a ordonné que ces 44 milliards du plan « France Relance » exclusivement financés par la France comme on vient de le voir, soit soumis à la stricte application des « recommandations par pays ».
Que disent ces « recommandations » pour la France ? l’ordre n°1 édicté le 20 mai 2020 par l’UE est celui du retour le plus rapide possible à l’euro- austérité ! L’ordre n°3 celui de subventionner massivement… les entreprises privées. Pour les hôpitaux ? rien à part l’euro-austérité donc, encore et toujours.
La preuve à nouveau que sans frexit progressiste, pas de renforcement de l’hôpital public possible.