Par la commission des relations politiques du PRCF – Fadi Kassem, Georges Gastaud, Vincent Flament, Aymeric Monville, Annette Mateu-Casado, Gilliatt de Staërck – 28 janvier 2020
«… mettre le monde du travail au centre de la vie nationale » (Programme du Conseil National de la Résistance, CNR « Les jours heureux »).
A la fois pour exploiter la concrétisation imminente du BREXIT et pour préparer les échéances municipales et présidentielles, des initiatives prétendument « unitaires » se multiplient dans la dernière période.
Les uns, occultant le contenu de classe intrinsèquement réactionnaire de la « construction » euro-atlantique et déniant toute l’expérience historique du XXème siècle et du XXIème commençant, tentent de ressusciter l’union des gauches euro-compatibles dont on a pourtant vu la faillite à plusieurs reprises. Sans remonter aux trahisons sanglantes de la SFIO lors du 1er conflit mondial, des guerres coloniales ou du putsch militaire de 1958, chacun a en tête le gouvernement de « gauche plurielle » de Jospin et de M.-G. Buffet (privatisations en cascade, mise en place de l’euro, guerre impérialiste en Serbie…) ou l’abominable gouvernement Hollande-Valls-El Khomri, précurseur de Castaner en matière de matraquage des militants ouvriers et de casse du droit du travail. Mais des places d’adjoints à Paris et ailleurs sur une liste social-libérale, voire macro-compatible, valent bien une unité de façade sans contenu : voici que la direction prétendument « identitaire » du PCF courtise à nouveau à grand bruit un PS discrédité ; et qu’importe que les eurodéputés « socialistes » viennent de recommander à Strasbourg, à l’occasion d’une motion qu’ils ont votée avec LREM et le RN, l’interdiction de la faucille et du marteau sur tout le territoire européen et qu’ils cautionnent, dans la même résolution, l’interdiction des PC polonais par les fascisants gouvernements baltes et polonais… Qu’importe que le PS soit POUR la retraite à points et que son grand dirigeant Pierre Moscovici, ex-ministre de Hollande et ex-commissaire européen, ait souscrit à la « recommandation » bruxelloise sommant la France de « mettre en place un régime unique pour faire plusieurs milliards d’économie », d’« accomplir son ajustement structurel » et de « réduire prioritairement le ratio de sa dette »… Non, camarade Roussel, cette remise en selle, à l’initiative du PCF, d’un PS archi-discrédité n’a rien à voir avec une renaissance de l’identité communiste ! Tout au contraire, ce maintien du PCF dans l’orbite de la social-eurocratie que couvre désormais l’expression « union de la gauche », continue et accentue la « mutation », ce processus de décomposition qui a soustrait le PCF à son identité léniniste originelle pour en faire une force d’appoint de l’euro-réformisme dès l’époque de l’« eurocommunisme ».
Dans le même temps, d’autres rêvent d’une « union des patriotes des deux rives » et jugent décent de dialoguer avec la galaxie lepéniste ou Dupont-Aignan, non seulement sans mesurer le degré de fascisation et de xénophobie que cultive cette nébuleuse anti-ouvrière, mais en feignant d’ignorer que ces gens ont clairement répudié toute idée de Frexit, préférant flatter la partie bourgeoise de leur électorat et cultiver le mensonge d’une « Europe des nations » structurellement incompatible avec l’UE supranationale et néolibérale. Cette illusion dangereuse ne peut que BANALISER le prétendu « Rassemblement national », lequel ne fera, le moment venu, qu’une bouchée de tels « souverainistes » ; car leurs intentions censément républicaines ne pèseront pas lourd face au mastodonte de l’ultra-droite pseudo-patriote des Le Pen, Maréchal, Mariani et autres Retailleau.
En réalité, si l’on veut servir le mouvement populaire en lui offrant un débouché politique révolutionnaire, si l’on veut promouvoir une alternative qui tienne tous les bouts de la chaîne républicaine, patriotique et progressiste, si l’on veut conjurer le second tour de cauchemar qui est annoncé pour 2022 entre Le Pen et Macron-Thatcher, il faut activer d’urgence la seule alternative gagnante possible : celle d’un Frexit progressiste (grande différence avec le Brexit de Boris Johnson !) tourné à la fois vers l’indépendance nationale, la souveraineté populaire, la coopération internationale, l’antifascisme, l’anti-impérialisme, la transition écologique et la défense de la paix mondiale.
C’est ce que vient de proposer le PRCF à différents groupes qui ne confondent pas l’idée de gauche – une notion noble qui plonge ses racines dans notre histoire révolutionnaire et qui renvoie aux engagements humanistes (pour la justice sociale, la paix, la démocratie, l’antiracisme, l’antifascisme, l’égalité des sexes, la laïcité, les lumières, etc.) – avec la caricature qu’en donnent les partis dits « socialistes » français et européen.
L’affirmation unitaire d’une Gauche Antifasciste, Patriotique, Populaire et Ecologiste est au contraire indispensable à la consolidation d’un large Front populaire et patriotique qui, sans rejeter aucunement des citoyens qui ne se réclament pas spontanément de la gauche et du mouvement ouvrier, sera fortement centrée sur le monde du travail. Sans cela, impossible à ce front en gestation de lutter jusqu’au bout contre l’UE, d’affronter sans concession le grand capital, de briser la fascisation politique en cours de l’Etat, tout en permettant à notre peuple, s’il en décide ainsi souverainement, de rompre avec le capitalisme pour construire une société socialiste.