Les Pays Bas s’apprêtent à infliger une leçon de démocratie à l’Union Européenne. Le peuple y a arraché le droit de voter par referendum contre l’accord d’association entre l’Union Européenne et l’Ukraine, à l’issu d’une campagne de pétition recueillant plus de 420 000 signature soit près de 50% de plus que le seuil de 300 000 nécessaire pour la tenu de ce referendum. Il est utile de préciser que le gouvernement néerlandais (minoritaire de droite, pro UE) s’était empressé de ratifier cet accord, ce qu’à également d’ailleurs fait en catimini le gouvernement français sans que les français ne soient consulté. En France, les médias du système capitaliste n’ont pas parlé de la ratification de cet accord intervenu en catimini par la voix parlementaire. Depuis, c’est la panique aussi bien à la Commission Européenne qu’à la Haye devant cette irruption du peuple risquant de refuser à nouveau ce diktat de l’Union Européenne du Capital. De quoi donner des idées ici en France où les militants du PRCF conduisent une campagne pour là aussi donner la parole au peuple, pour que ce soient les travailleurs qui décident et non pas les banquiers, avec une pétition exigeant un referendum pour la sortie de l’Euro et de l’Union Européenne.
Le SP (gauche socialiste) – qui n’est pas membre du PGE – est l’un des partis moteurs dans la campagne pour le NON. selon les sondages, environ trois quarts des électeurs néerlandais voteront “probablement ou certainement” contre l’accord.
Jean-Claude Juncker, qui avait déclaré il y a quelques mois qu’”il ne [pouvait] y avoir de choix démocratique contre les traités européens“, est en train de réaliser que le peuple peut encore faire irruption sur la scène politique à l’échelle de l’Union. Inquiet, il a appelé les Néerlandais à ne pas s’opposer à l’accord et fait remarquer qu’une réponse négative pourrait “déboucher sur une grave crise continentale, qui dépasserait largement le cadre néerlandais” (Reuters).
La portée du vote sera d’autant plus symbolique, que ce référendum se tiendra alors que les Pays-Bas, état central dans l’Union européenne dont c’est un des pays fondateur, assure la présidence tournante depuis le 1er janvier et alors que les Pays Bas sont avec la France l’un des pays où le peuple s’est déjà prononcé par referendum contre l’Union Européenne en 2005.
l’accord d’association avec l’Ukraine menace contre la paix, outil de dumping social
Le rapprochement plus marqué de l’Union européenne et de l’Ukraine augure d’un dumping social sans précédent en Europe, déjà largement initié par l’Allemagne dans ses usines. L’Ukraine compte une des plus importantes populations d’Europe – 46 millions d’habitants – pour un salaire moyen de 250 euros par mois et un salaire minimum de… 50 euros par mois. Ce rapprochement risque de causer un tsunami social dans toute l’Europe de l’Ouest où le travail, de plus en plus rare et précaire, est dévoyé par le déferlement des « travailleurs détachés » – nom pudique donné en Europe à la légalisation de l’exploitation la plus dure faisant sauter les conquêtes sociales obtenues dans chaque pays et notamment en France par des décennies de luttes.
Qui plus est, alors que la junte fasciste des oligarques mis au pouvoir à la faveur du coup d’état de Maidan à Kiev bombarde – grâce aux financement généreux de l’Union Européenne – les populations du Donbass, réprime les communistes, cet accord d’association est une grave menace contre la paix.
www.initiative-communiste.fr site web du PRCF vous propose la traduction de deux tribunes publiées par les camarades du SP néerlandais, engagés dans la campagne pour le NON.
Le Referendum sur l’Ukraine réduit le fossé avec les électeurs
l’ancien politicien Bas de Gaay Fortman a avancé la semaine dernière dans le Times que le gouvernement devait désormais clarifier l’effet du referendum sur l’Accord d’Association avec l’Ukraine. Selon lui,l’obligation moral doit prévaloir si le gouvernement ne peut pas empêcher une réponse négative à la question de ce referendum. Cette attitude est bien singulière. Le fait que le referendum a un caractère consultatif ne signifie pas que le gouvernement ne devra pas tirer les conséquences d’un NON clair de la population.
L’agenda de Gaay Forman est pour le moins étrange. La majorité du parlement, y compris la coalition du party PvdA a déjà déclaré qu’elle respecterait le résultat du referendum même si la majorité de la population vote contre l’accord d’association. Le gouvernement sera embarrassé, mais le Ministre des Affaires étrangères Koenders a déclaré que le gouvernement tiendra compte du peuple. Si le gouvernement prend cela au sérieux, ce qui signifie que la non ratification de l’accord est possible, c’est le contraire de ce que Gaay Fortman affirme.
Gaay Fortman réduit la loi à une tétine
Ce serait contraire à l’esprit même de la loi sur le referendum de définir en avance que son résultat sera ignoré. Après tout, ce nouvel outil démocratique donne aux citoyens l’opportunité de donner leur avis sur une décision du gouvernement qu’ils désapprouvent. Ce serait hypocrite si les referendum ne comptaient que pour des prunes. Le cœur de la loi est de donner au peuple un outil avec lequel il peut forcer le gouvernement de revenir sur une loi ou un traité. La proposition de de Gaay Fortman réduit la loi à un tétine (ndt bien utile pour empêcher le peuple de crier). Une tétine couteuse car le cout d’un referendum est estimé à 40 millions d’euros..
Faut il lui prêter attention ?
Gaay Fortman affirme que que le Sénat et la Chambre ont commis une « omission fatale » au sujet des traités européens qui n’ont pas été ajouté à la liste des sujets considérés comme ne pouvant faire l’objet d’un referendum. Une remarque curieuse, puisque cette question a été largement discuté lors du débat sur la loi sur le referendum consultatif. Grâce aux efforts de mon collègue Ronald Van Raak un amendement a été ajouté qui fait que les pétitionnaires peuvent obtenir un referendum sur les traités européens. Apparament, Gaay Formtman n’accorde pas assez d’attention au processus législatif. En écrivant sa tribune, il a a nouveau manqué à ses devoirs.
Mon parti va mener campagne pour le NON
Gaay Forman a écrit que les citoyens n’avaient pas de bonne raison de se rendre aux urne le 6 avril.Ici je veux dire que mon parti va mener une compagne pour le NON fondée sur la conviction que cet accord ne bénéficiera ni à l’unité ni à la stabilité de l’Ukraine. En aucune façon cet accord ne contribue à la résolution de la guerre civile en Ukraine mais certains ukrainien vont l’interpréter comme une étape vers l’adhésion à l’UE. De plus cet accord conduirait à l’intensification des relations avec un pays dont le gouvernement est responsable de graves violations des Droits de l’Homme et de crimes de guerre, et il y aura donc bientôt encore plus d’argent déversé par l’UE dans ce pays extrêmement corrompu. Comme le referendum de 2005 sur la Constitution Européenne (NDT, les néerlandais comme les français avaient voté NON il y a 10 ans) ce referendum va contribuer au débat publics dans les médias et en place public. Sans doute que malgré lui Gaay Fortman vient de donner un coup de pouce pour que le débat ai lieu.
Contrairement à ce que Gaay Fortman écrit ce referendum est une opportunité pour combler le fossé entre les citoyens et la politique, un fossé qui s’agrandit. Si l’on suivait ce qu’il dit, et que le gouvernement indiquait qu’il ne tiendrait pas compte du vote contre, ce fossé ne pourrait que s’accroitre encore plus. Personne n’a besoin de cela.
Harry van Bommel est député européen du SP et a été le dirigeant de la campagne pour le NON au referendum sur la constitution européenne en 2005. cet article a été publié le 21 décembre sur tpo.nl. traduction www.initiative-communiste.fr source
Le parlement ne croit pas à un Oui au referendum sur l’Ukraine.
Aujourd’hui, le parlement européen doit voter une résolution sur l’accord avec l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie. Le parlement européen a appelé à une libéralisation rapide des visas et une intensification de la coopération entre l’UE et ces pays. Dans sa résolution, le parlement européen exprime ses préoccupations au sujet du contexte dans lequel se tiendra le referendum sur cet accord avec l’Ukraine et déclare espérer que les néerlandais jugeront de façon positives l’accord pour l’UE et les Pays Bas. Le député européen du SPA Dennis De Jong a déclaré que » par le contexte le parlement ne fait pas allusion à autre chose que l’impopularité du gouvernement Rutte. Apparemment l’action du premier ministre cette semaine à Strabourg n’a pas donné confiance au parlement que le referendum se conclurait pas un OUI. Ce que Rutte ne peut pas garantir »
La résolution contient d’autres points à noter. De Jong indique » Le parlement européen a explicitement accepté le droit pour tous les états démocratiques européen à rejoindre l’UE, s’ils respectent les droits de l’Homme. En conséquence, le parlement européen exprime clairement que ces traités sont une étape vers l’adhésion à l’UE. les partisans du OUI devraient donc arrêter de clamer que cet accord n’a rien à voir avec l’adhésion à l’Union Européenne. »
Finalement le parlement veut que l’UE conduise dès que possible une mission qui inclura du déminage et l’accès libre pour les organisations d’aide humanitaire. De Jong commente » Cela a l’air de prime abord une décision humanitaire, mais cela veut en fait dire que les états membres de l’UE veulent un déploiement militaire en Ukraine. Ce qui est extrêmement alarmant ».
Cette résolution a été voté par les Chrétiens et Sociaux Démocrates, les Conservateurs, les Libéraux et les verts. Le SP a voté avec le GUE contre cette résolution.
21 janvier 2016 traduction www.initiative-communiste.fr d’après sources