En à peine deux mois et malgré une censure médiatique totale, la pétition lancée par les comités centraux d’entreprises d’EDF, de ENEDIS (ex ERDF), ENGIE (ex GDF) et de GRDF a déjà recueilli plus de 30 000 signatures.
Dans le même temps, les électriciens et gaziers sont dans l’action depuis le début du mois de mai face aux ravages de la libéralisation du secteur de l’énergie imposée par l’Union Européenne : depuis plusieurs semaines, des sites de production sont occupés et les électriciens et gaziers en grève reconductible. Pour défendre leurs droits, alors que leurs salaires réels sont pressurés à la baisse depuis des années, alors que leurs droits collectifs – et notamment le statut des industries électriques et gazières est attaqué – et pour défendre le Service Public de l’Énergie, morcelé et abîmé par ces dix dernières années de libéralisation et de privatisation résultant des directives européennes.
Désormais c’est le cœur du service public qui est attaqué. La Commission Européenne impose la fin des tarifs réglementés et , conséquence immédiate, les tarifs du gaz explosent. Déjà les augmentations des tarifs des abonnements avait permis de gonfler les profits et dividendes de ENGIE, ex-GDF, sur laquelle la multinationale Suez a mis la main. Mais les usagers et les travailleurs du secteur sont les dindons de cette farce. Dégradation du réseau, baisse de la qualité de service avec des délais d’intervention qui s’allongent autant que la note pour l’usager, le bilan de la privatisation est catastrophique. Suppression d’emplois, gel des salaires, fermetures de sites, externalisation et privatisation, la situation est également catastrophique pour les hommes en bleu.
Dernière décision en date du régime MACRON, celle d’obéir à l’ordre de Bruxelles de privatiser les barrages hydroélectriques. Après la fermeture des centrales à charbon, c’est un nouveau coup porté à la soliditié et la performance du réseau de production et de distribution unifié d’électricité. Fruit de decennies de service public offrant à la Nation l’électricité la plus fiable et la moins chère au monde, un avantage participant directement de la compétitivité de la France, un outil stratégique pour son indépendance et une clé pour répondre présent au plus vite aux défis de la transition énergétique.
Alors que le gouvernement, pour les mêmes raisons s’attaque à la SNCF, il est temps de regarder la réalité en face et pour chaque travailleur de France de se défendre avec ses Services Publics.
OUI au service public de l’électricité et du gaz !
PANNES, ENVOLÉE DES PRIX, SUPPRESSION DU MÊME PRIX PARTOUT POUR TOUS, RESTRICTIONS…
La politique ultralibérale imposée par la Commission européenne et acceptée par les gouvernements français successifs risque fort de multiplier les risques de ruptures d’approvisionnement.
Des producteurs privés n’ont aucun intérêt à maintenir des dispositifs coûteux mais indispensables en cas de pénurie, s’ils peuvent simplement augmenter leurs prix ! (exemple Californien ou Australien).
La mise en concurrence et la privatisation larvée des concessions hydrauliques conduiront, elles aussi, les producteurs privés à s’emparer des plus rentables, laissant les autres au service minimum ou à l’abandon !
De plus, aucun mécanisme lié à des engagements climatiques ne permet actuellement d’imposer un objectif environnemental à des opérateurs privés !
Avec la libéralisation, c’est investissements publics et profits privés !
NOUS DISONS NON à la multiplication désordonnée des productions locales, privatisées et concurrentes, car la politique de libéralisation ne permettra plus l’égalité des territoires et fragilisera le réseau national, pourtant garantie de cette égalité.
NOUS DISONS NON aux opérateurs privés dont le seul souci est leur coût de production et leurs marges. Le gaz est moins cher aujourd’hui, mais que se passera-t-il en cas de tensions avec les principaux pays fournisseurs ?
NOUS DISONS NON à la libéralisation, à la fin des tarifs réglementés et à l’offre dynamique imposée.
Les Français, et plus particulièrement les plus défavorisés d’entre eux, disposeront d’une énergie peu chère lorsqu’ils n’en ont pas besoin mais ne pourront plus se chauffer par grand froid, lorsque le prix sera multiplié par cinq ou dix !
NOUS DISONS OUI à la première mission du service public de l’énergie qui est d’assurer la sécurité énergétique de tous en France.
NOUS DISONS OUI à la seconde mission du service public de l’énergie qui est d’assurer la péréquation tarifaire, c’est-à-dire que chacun, où qu’il vive, paie son énergie le même prix.
NOUS DISONS OUI à la troisième mission du service public de l’énergie qui est d’assurer l’indépendance énergétique de la France.
NOUS DISONS OUI à la quatrième mission du service public de l’énergie qui est de lutter contre la précarité énergétique.
NOUS DISONS OUI aux missions environnementales renforcées par des engagements climatiques de décarbonation vitaux.
NOUS DISONS OUI au service public qui garantit enfin que les biens communs résultant des immenses efforts d’équipement du pays consentis par les Français, profitent à tous les Français.
L’énergie est devenue plus que jamais essentielle à tous les aspects de notre vie : santé, mobilité, éducation, communication, niveau de vie sont directement liés à l’accès à une énergie sûre et abordable.
Pour cette raison, les élus des CCE considèrent que les énergies électriques et gazières ne sont pas des marchandises comme les autres. Ces énergies font partie du bien commun de toutes et tous. Les missions principales des opérateurs sont des missions de service public.
Elles ne peuvent être assurées que par un service public, dont les critères principaux ne sont pas les profits ou la compétitivité.
Nous, élus des différents comités d’entreprise, vous invitons à défendre un projet de société qui passe par un vrai service public de l’énergie, garant de la cohésion sociale, de l’égalité de traitement, de la solidarité et de l’optimum économique pour la meilleure qualité au moindre coût.
ENSEMBLE, EN SIGNANT CE TEXTE, DISONS OUI AU SERVICE PUBLIC DE L’ÉLECTRICITÉ ET DU GAZ !
Suivez la campagne nationale pour défendre le service public de l’énergie sur www.oui-au-servicepublic-gazelectricite.fr
Les usagers subissent déjà les conséquences de la nouvelle politique d’ENEDIS !
2615. C’est le nombre d’emplois qu’ENEDIS va supprimer d’ici 2021, dont au moins 2000 dans les services d’exploitation des réseaux. Un chiffre qui augmente au fil des mois. Et pourtant, ENEDIS n’arrive déjà plus, aujourd’hui, à gérer sa charge d’activité ! Les conséquences des nouvelles orientations mises en œuvre depuis 2016 n’auront donc pas tardé.
C’est ce que prouvent les notes internes que la CGT s’est procurée : à rebours du discours convenu de ses dirigeants, ENEDIS a bien décidé de prioriser les activités de déploiement des compteurs LINKY au détriment de ses autres activités.
Contraintes par manque de moyens, les unités régionales se voient donc obligées de reporter nombre de chantiers. De ce fait, pour les usagers, les délais s’allongent même pour un simple branchement.
Manifestement, la nouvelle politique d’ENEDIS montre ses limites et se traduit, dès à présent, par une dégradation de la qualité du service rendu aux usagers.
Et ce n’est pas le projet « Cap 2022 » présenté par la Direction technique qui pourrait rassurer. Derrière un objectif ambitieux de réduction globale du temps de coupure à l’horizon 2022, se masquent :
- La concentration des moyens sur les zones urbaines,
- L’abandon progressif de la présence territoriale d’ENEDIS dans la ruralité, avec la confirmation de centaines de fermetures de sites de proximité.
Ces éléments confortent les inquiétudes de la CGT et légitiment pleinement le droit d’alerte qu’a engagé les représentants du personnel du CCE d’ENEDIS, qui est par ailleurs contesté par la Direction d’ENEDIS en justice, alors que se développe le mécontentement en interne.
En effet, depuis plusieurs semaines, les mobilisations s’intensifient avec le blocage de dizaines de sites de travail et des actions de coupures ciblées. Les salariés revendiquent de meilleures conditions salariales, dénoncent les projets d’externalisation d’activités et de réorganisations en interne qui intensifient le travail pour compenser le manque d’effectifs. La plupart des accords sociaux existants sont aussi sur la sellette, en particulier les conditions de réalisation de l’astreinte dépannage.
Un mouvement qui semble parti pour durer et qui ne pourra se régler sans une remise en cause profonde de la politique actuelle de l’entreprise.
Malgré cette pression, les dirigeants d’ENEDIS ne semblent pas vouloir créer les conditions d’un retour à une situation apaisée, et encore moins remettre en cause leurs orientations stratégiques. Au vu de leurs attitudes des derniers mois, oscillant entre justifications fallacieuses de leurs décisions et autoritarisme, la CGT s’interroge sur leur capacité à continuer à gérer le Distributeur.
La CGT dénonce une nouvelle fois cette fuite en avant. Le niveau de remontée de dividendes décidé cette année encore par l’assemblée des actionnaires en est une nouvelle illustration ; une politique qui se résume à réaliser des économies de tous ordres pour faire un maximum de cash.
Au plan social, l’absence de marge qu’implique une politique centrée sur la rentabilité financière comme seul horizon empêche de répondre favorablement aux revendications des salariés.
À l’externe, cette politique sonne comme une remise en cause des capacités de l’entreprise à faire face à ses obligations de service public, à maintenir l’égalité de traitement des usagers et à contribuer à préserver les équilibres territoriaux.
La CGT dénonce cette logique mortifère que rien ne justifie puisque le Tarif actuel de distribution lui donne les ressources nécessaires pour respecter ses engagements sociaux et industriels.
C’est pourquoi la CGT continue à interpeller les acteurs du domaine de l’énergie : pouvoirs publics, régulateurs, élus, collectivités locales. Ils doivent maintenant, comme les salariés d’ENEDIS et la CGT, prendre leurs responsabilités pour exiger le retour aux équilibres antérieurs à ENEDIS, imposer un contrôle accru de l’utilisation des ressources allouées au Distributeur et renforcer ses obligations de service public.