Alors que Mme Le Pen ne cesse de donner des signes publics de ralliement à l’euro et à l’UE (elle chasse les voix de l’UMP… et du MEDEF !), la politique des « quatre sorties » prônée par le PRCF (euro, UE, OTAN, capitalisme) ne cesse de marquer des points dans la gauche véritable et chez les vrais patriotes républicains. Le débat n’est plus seulement « faut-il sortie de l’euro et de l’UE », mais « comment en sortir » ? C’est pourquoi, à titre de simple étude préliminaire, et pour lancer le débat dans le comité central du PRCF et dans l’organisation, nous publions ce premier texte qui sera conclu ultérieurement par le C.C. du P.R.C.F. à l’issue de la discussion démocratique.
Comment sortir de l’euro ?
Constat : la France est laminée économiquement et socialement. La banqueroute et la ruine sont proches. La France s’écroule lentement mais sûrement. Il y a plus de 6 millions de chômeurs et 12 millions de pauvres à la limite de la clochardisation. Une industrie privée éradiquée et vendue à la tronçonneuse par les collabos du capital tout comme le secteur public privatisé,libéralisé, externalisé et sous-traité. Le grand pillage d’une émigration inquiétante et voulue de nos élites françaises vers des pays captifs, détruits par les ingérences impérialistes (Libye, Syrie…) ou sciemment désindustrialisés par le grand capital occidental piloté par Berlin (ex-pays socialistes d’Europe de l’Est).
Un prolétariat qui commence à payer pour pouvoir travailler. Un système social proche de la Bérézina au profit des fonds vautours et un Etat qui est incapable de maintenir et de contrôler les fondamentaux économiques. A cet égard, l’Etat ne dispose plus de l’outil vital qu’est la création monétaire. Vecteur régalien cédé aux banques privées en 1973 par la clique Pompidou–Giscard et validé par les accords de Maastricht (1992) et de Lisbonne en 2008. Le travailleur français travaille moins que jamais pour lui et pour la France, il rame pour la finance internationale. L’explosion sociale est proche et l’extrême droite sarko-lepéniste est là pour récupérer la colère face à une social-démocratie et à une pseudo- « gauche radicale » qui continuent de geindre après l’introuvable « Europe sociale »…
Tous les acquis victorieux des 80 dernières années partent lentement mais sûrement en fumée pour le profit exclusif des financiers internationaux.
Tous les ingrédients se mettent progressivement en place pour que la France devienne un pays en voie de sous développement. Elle sera pillée sans vergogne comme le sont déjà, sous la houlette de Berlin, la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie …
Oui, notre grand pays la France glisse vers la voie de sous développement. A cet égard, tous les indices sectoriels de notre pays reculent d’année en année. A titre d’exemples :
- la liberté de la presse est identifiée à la 38ème place en 2015 contre 10ème en 2002,
- le système de santé est en recul à la 9ème place après avoir été le premier en 1997.
- En 2014, notre économie vient de reculer d’une place en passant de la 5ème à la 6ème place.
Quand à nos Universités réputées et sous-dotées, elles ont disparu dans les brumes lointaines des divers classements internationaux fondés, il est vrai, sur les sacro-saints critères anglo-saxon. Ne parlons pas des communes de France et de la République une et indivisible, sacrifiée à l’euro-régionalisation, ni de la langue française, déclassée dans tous les secteurs au profit du tout-anglais cher à l’Union européenne, à l’OTAN et à l’Union transatlantique en gestation. De l’agriculture en voie de liquidation, et de la pèche et de la marine en voie de disparition alors que la France dispose de l’une des toutes première surface maritime du monde.
Seul un sursaut antifasciste, patriotique et progressiste, tel que le propose le PRCF, pourra remettre à flot notre pays en l’orientant vers les quatre sorties : de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme.
Il n’y aura pas d’avalanches de chiffres dans cet article. Tout simplement parce que ceux que nous livrent les agences gouvernementales sont en général biaisés et que la tromperie médiatique est constante. Si vous écoutez les médiacrates et leurs experts autoproclamés, vous ne saurez pas la vérité. Elle est tronquée, cachée en permanence par les laquais de la Com’ et leurs éléments de langage. Le peuple n’a pas à savoir. Il n’y aura pas ici d’avalanche de chiffre surtout parce que de tels exposés ont déjà été fait à de nombreuses reprises et de manière fort didactique par ailleurs. [ndlr : pour ceux qui veulent des analyses exposant des chiffres, lire par exemple les articles consacrés par ailleurs à la question par Initiative Communiste ; ailleurs, on consultera utilement les analyses tout à fait détaillées de Jacques Sapir en accès libre sur son blog]
L’essentiel est de retenir deux choses :
- En restant dans l’euro et avec le mécanisme de contrôle de la création monétaire confié avec la Banque Centrale Européenne en réalité en totalité aux banques privés, la dette publique ne peut aller qu’en croissant, enrichissant toujours plus l’oligarchie capitaliste possédant ces banques privées. Ce n’est pas pour rien que le Conseil National de la Résistance au sortir de la seconde guerre mondiale avait procédé à la nationalisation de la Banque de France.
- la sortie de la France de la zone euro ne conduirait pas à une explosion du montant de la dette. En la matière, il n’y a pas lieu d’écouter les tableaux apocalyptique des propagandistes se présentant comme des experts, cela même qui n’avaient d’ailleurs rien vu et n’ont rien compris de la crise systémique du capitalisme. Qui plus est, la dette publique est illégitime et elle n’est en rien due par les travailleurs de notre pays et ce d’autant plus qu’elle n’est quasiment composé de l’accumulation des intérêts. En 2014, le montant cumulé des intérêts de la dette depuis 1959 était de 1273 milliards d’euros. pour une dette de près de 2000 milliards d’euros. Les travailleurs ont déjà largement et beaucoup trop payé !
Pour synthétiser : les dettes ne pourront pas être remboursées. C’est mathématique, c’est impossible, nous ne pourrons pas. Et en restant dans l’euro elles ne pourront que continuer à croitre en générant un formidable transfert financier via le budget de l’état des poches des travailleurs vers les coffres des capitalistes !
Alors que faire ? Sortir de l’Euro et de l’Europe afin de retrouver notre souveraineté totale.
« On ne peut pas, c’est impossible sinon nous serons ruinés, finis ! » hurlent les terroristes de la pensée unique eurolatre, chiens de gardes du système capitaliste.
Comme si ce n’était pas déjà le cas ! Voilà en gros la rhétorique des technocrates non élus de la Communauté Européenne qui décident pour vous et sans votre accord sous le haut parrainage de Berlin et de la Table ronde des industriels européens. Rappelons que ce sont bien les même qui cet été ont décider de donner gratuitement des dizaines de milliards d’euros chaque mois aux banques privés (près de 30 milliards d’euros par mois injectés par la BCE), qui ont décider de financer à coffres ouverts la junte fasciste de Kiev et les guerres impérialistes au proche et moyen-orient qui dans le même temps prétendent qu’il n’y a pas d’argent et étranglent les travailleurs sous le joug de l’eurostérité en Grèce et dans tous les pays de l’Union Européenne !
Notons d’abord que le mécanisme de la « dette souveraine » et de l’euro ne font qu’un et que vouloir se débarrasser de la première sans toucher à la vache sacrée de l’euro, comme le propose le Front de gauche et bon nombre de partis trotskistes et gauchistes, est une escroquerie : c’est du même mouvement que, dès la fin des années 70, les gouvernants européens ont mis le cap sur la monnaie unique, contrôlée par la Banque Centrale Européenne indépendante des parlements nationaux, et sur l’interdiction faite aux Etats d’emprunter à leurs banques nationales respectives pour emprunter, à taux prohibitif, sur les « marchés financiers » privés. Les deux dispositifs n’en font qu’un et visent à piller plus que jamais les finances publiques au profit des monopoles bancaires capitalistes (en termes scientifiques, on appelle cela, non pas le « néolibéralisme », mais le capitalisme monopoliste d’Etat débordant l’échelle nationale et propulsé à l’échelle européenne et mondiale).
Alors, face à ceux qui disent qu’il est impossible de sortir du broyeur parce qu’on risquerait de s’enrhumer en entrouvrant la porte, nous répondons : nous sortons un point c’est tout ! C’est pas au patronat de faire la loi, c’est aux travailleurs de commander chez eux : « la souveraineté nationale est le socle de l’émancipation sociale » (Jaurès). Et la différence saute ici aux yeux, comme en toutes choses, entre le PRCF et ses « quatre sorties » révolutionnaires et le FN, et sa NON-sortie, au demeurant, réactionnaire, de l’euro et de l’UE* (cliquez ici pour lire : Le FN tombe le masque et rallie l’U.E et Le FN pour la sortie de l’euro ? certes non, le FN c’est le parti de l’oligarchie capitaliste! ).
Comment ? Comme il est indiqué dans le tableau synthétique suivant :
voici quelques exemples d’actions qui pourront être conduites, des conséquences et des risques.
ON FAIT QUOI | COMMENT | CONSEQUENCES | RISQUES |
on sort de l’euro et de l’ue | la possibilité de sortir est explicitement prévue par l’art. 50 du traité sur l’union européenne. (sur l’art. 50 lire ici)
surtout, il est possible et légitime de sortir de l’ue et de l’euro en application directe de la décision souveraine du peuple français
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au revoir – tous les fonctionnaires français de Bruxelles sont rapatries – les traites europeens sont dénoncés. ils deviennent caducs – retour aux frontières et mise en place immédiate d’un contrôle des changes et des capitaux. lourdes taxes pour ceux qui font de l’évasion fiscale, confiscation des biens de ceux qui ont placé 420 milliards d’euros dans les paradis fiscaux. | Isolement : proposition par la France aux autres pays (pas seulement de l’ue) de traités progressistes reposant sur l’échange équilibré d’etat à etat, possibilité pour l’etat d’acheter français et de renationaliser la grande industrie et les banques, appel à l’europe des luttes pour faire rendre gorge aux capitalistes (reconquête des acquis perdus depuis 1992). |
la banque de france redevient une vraie banque centrale, contrôlée par et pour le peuple ; | crée et bat la monnaie les nouveaux francs
récupération de la souveraineté monétaire et donc possibilité d’une véritable réforme fiscale |
nouvelle parité basée sur le cours de l’or
1 ff = 1 euro taxation des grandes fortunes, réforme fiscale favorisant les couches populaires et moyennes, augmentation des cotisations patronales des grandes entreprises |
attaques contre la nouvelle monnaie : risque atténuée par le contrôle populaire souverain sur la monnaie et les capitaux |
les banques et assurances privées sont nationalisées ainsi que les grandes entreprises du cac-40 (bouygues, vinci, « engy », l’oréal, lvmh,… ), les grands moyens de productions
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la nationalisation est sans indemnités pour les capitalistes
aucune indemnité ni dédommagement ne sont versés. ils ont assez mange sur le dos du peuple
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la France retrouve son outil bancaire d’avant 1973.
taxation du fret autoroutier européen transitant par la France pour alimenter un fonds de ré-industrialisation de la France dans le cadre d’un secteur industriel public reconstruit et démocratisé. forte taxation des produits importés en provenance des entreprises « françaises » délocalisées.
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attaque contre le franc qui va retrouver un niveau compatible avec les caractéristiques de spécialisation productive de la France : la contrepartie est que les produits français découplés de l’euro fort (c’est-à-dire du DM) redeviennent compétitifs à l’export. |
Réactivation de la création monétaire au service des besoins populaires | relance du crédit industriel national et local au service de la production | relance de l’emploi sous l’égide du secteur public industriel et des services publics
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inflation : n’est pas mortelle – elle lissera la dette interieure d’une part, favorise l’investissement. Qui plus est le risque aujourd’hui c’est la déflation, pas l’inflation |
grand travaux avec le souci de la relance équilibrée des territoires et de la protection de l’environnement
plan robotique et informatique recherche fondamentale plan formation l’etat privilégie l’agriculture paysanne française (subventions et achats : cantines, etc.) |
Plan d’investissement public
Par exemple les dizaines de milliards d’euros données aujourd’hui en exonérations de charges. 50 milliards d’euros c’est un millions d’emplois. |
Rénovation et amélioration des transports pour une transition écologique.
Investissement dans les infrastructures de santé, d’éducations, culturelles et sportives pour tous Modernisation du secteur de l’énergie construction ou rénovation de 4 millions de logements ; les centrales d’achat des grandes surfaces sont nationalisées et mises sous le contrôle tripartite de l’etat, des paysans travailleurs et des consommateurs salariés.
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faibles |
nouvelle constitution pour une VI république, sociale | nouvelle constitution écrite par le peuple et en aucun cas par les hommes d’appareil et autres experts, en faisant appel à une assemblée constituante | Stabilise et ancre l’indépendance économique et financière et nouvelle organisation politique ; reconquête parallèle de la souveraineté politique, militaire, diplomatique de la France.
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opposition politique des partis atlantistes et maastrichtiens « français » et étrangers ; nécessité pour le peuple, classe ouvrière en tête, de défendre ses conquêtes.
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Fin du remboursement des dettes illégitimes due aux « marches financiers », d’autant que les banques françaises appartiennent désormais à l’Etat.
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Campagne d’annulation de la dette couplée à une proposition d’un programme internationale d’annulation de la totalité des dettes de tous les états | effet domino d’autres pays vont suivre
renforcement de la solidarité internationaliste entre les travailleurs affaiblissement des classes capitalistes des différents pays impérialistes |
attaque contre le franc – fortes pressions politiques déstabilisations par les pays impérialistes – risques d’agressions
on se défend solidairement. mieux vaut un combat loyal qu’on peut gagner en mobilisant les travailleurs qu’une lente agonie déshonorante que l’on est sûr de perdre. Les travailleurs français entraineront avec eux le soutien des travailleurs du monde entier. Qui plus est, rester dans l’UE et l’Euro c’est subir les agressions en permanence comme l’a démontré la crise grecque
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diplomatie internationaliste et anti-imperialiste regagnant la sympathie pour la France de tous les peuples du monde
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rapprochement immédiat vers les brics sortie de l’otan article 13 du t.a.n, fin des négociations du grand marche transatlantique, résistance à l’invasion culturelle et linguistique du tout-américain
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action concertée avec les brics, notamment Chine et Russie, pour sortir de la domination mondiale du dollar
Groupement solidaire avec les pays progressistes (ALBA etc…) |
pressions américaines, allemandes et anglaises, mais à l’inverse, le retour à la souveraineté de la France dans le domaine des transports (route, rail, avion, bateau) est un outil indispensable pour conduire une politique sociale.
La fin de l’euro et de l’Union Européenne privera l’impérialisme euro atlantique d’un de ses principaux leviers stratégiques, libérant les capacités de résistances des peuples.
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Progrès social | retour aux acquis du CNR
32 h par semaine bas et moyens salaires : plus 25%. discussions avec les représentants des artisans, des petits paysans, etc.
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mise en place d’une planification démocratique, accompagnée de larges droits ouvriers dans les entreprises |
En juin 1965, le Général de Gaulle apprenant que les Américains et des acteurs politiques français négociaient secrètement sur le devenir de l’Europe s’exprima vivement en ces termes : « Quant à cette Commission, elle doit disparaître. Je ne veux plus d’Hallstein. Je ne veux plus de Marjolin. Je ne veux plus jamais avoir à faire à eux. […] Je ne veux plus que le gouvernement français ait affaire à ces types là. […] Le problème, c’est toute cette mafia de supranationalistes, qu’ils soient commissaires, parlementaires ou fonctionnaires. Ce sont tous des ennemis. Ils ont été mis là par nos ennemis. » Source : Alain Peyrefitte, livre « C’était De Gaulle».
En 1964, B Frachon de la CGT disait :
« Nous nuirions à la collaboration fraternelle des peuples, nous retarderions l’union ouvrière pour le progrès, pour la liberté et la paix, si nous laissions croire un seul instant que dans l’Union européenne que les capitalistes veulent réaliser, il y a la moindre parcelle de cet internationalisme auquel aspirent les travailleurs.
Nous devons au contraire démasquer leurs subterfuges et expliquer que les Etats-Unis d’Europe dont parlent d’abondance les représentants les plus typiques des monopoles, ne seraient qu’une simple association réactionnaire d’exploiteurs unissant leurs efforts pour maintenir les peuples sous leur domination, et empêcher l’évolution de la société vers le socialisme, vers une véritable collaboration fraternelle des peuples. »Et
« Nous le disons très franchement aux militants des organisations qui participent aux institutions du Marché Commun, nous n’avons aucune confiance dans la possibilité de transformer ces organismes, de les infléchir vers une politique différente. »
La France reprendra ainsi le pas sur le capital. Certes, celui-ci n’a pas encore dit son dernier mot. Les impérialistes seraient tenter de déclencher des guerres de basses intensités afin de retourner en arrière.
Il n’y a que la dictature du prolétariat sur la dictature du capital qui pourra sauver l’humain. Il n’y a que la dictature du prolétariat qui aura la force d’imposer les changements qui s’imposent pour sauver la France, pour donner un avenir de progrès social, de paix, un avenir démocratique au peuple de notre pays. C’est pourquoi il faut mener la contre-offensive sur trois fronts, renaissance du vrai parti communiste, rôle dirigeant de la classe ouvrière dans les luttes, constitution du Front antifasciste, patriotique et populaire pour sortir de l’UE atlantique et pour rompre la domination mortifère du capital sur notre pays.
SG pour www.initiative-communiste.fr site web du PRCF
Pétition : pour un référendum pour la sortie de l’euro et de l’Union Européenne. #démocratie #paix #progrès #PRCF
*le mardi 27 octobre 2015, parlant sur France-Inter à l’émission matinale de P. Cohen, l’avocat FN D. Collard ne s’est pas contenté de tenir des propos ultraréactionnaires sur les « cégétistes bornés » ou sur la « violence » des salariés d’Air-France. Il a réexpliqué que la sortie de l’euro serait soumise à référendum si le FN arrivait au pouvoir (déjà au moins un an de plus dans cette galère), que la question serait ouverte (en clair, que le FN ne ferait pas campagne pour la sortie) et que la perspective du FN reste, non pas la sortie immédiate et au besoin unilatérale de l’euro, comme devrait le faire un grand pays souverain comme la France, mais la « sortie concertée avec les 18 pays de la zone euro » : sortir de l’euro avec le FN ? Pas demain la veille, puisque ces grands « patriotes » ne feront rien à ce sujet sans le feu vert de Berlin !
Bravo camarades.