Dans quelques jours se tiendra la second tour de l’élection présidentielle en Ukraine. Le premier tour, marqué par de très forts soupçons de fraudes électorales, a vu le chef du régime de Kiev mis en place par les USA et l’UE à la faveur d’un putch en 2014, l’oligarque Porochenko, sévérement distancé. Par un acteur comique célébrité d’une chaine de télé d’un autre oligarque.
Tandis que la junte de Kiev poursuit grâce aux milliards de d’euros donnés par l’Union Européenne et aux livraisons d’armes de l’axe Euro Atlantique sa sanglante guerre contre le Donbass, dans Kiev comme dans les villes de l’ouest du pays, les milices nazies paradent ouvertement.
La photo suivante a été prise le 14 mars dans la ville d’Uzhhorod, il s’agit d’une manifestation du parti néo nazi Karpatska Sich. Elle en dit long sur l’eurofascisation que pousse l’Union Européenne.
Si les fascistes peuvent battre le pavé et parader avec leurs torches et leurs uniformes paramilitaires avec la bienveillance du régime de Kiev, a contrario les antifascistes et les premiers d’entre eux, les communistes sont eux réprimés. Les agressions sont nombreuses. Et le parti communiste est interdit. Son candidat a été interdit de se présenter à la présidentielle.
C’est dans ce contexte que le parti communiste d’Ukraine appelle à battre Porochenko et à utiliser ces élections pour se débarrasser de ce putschiste fascisant.
Voici la déclaration du présidium du Comité Central du PCU.
A propos du résultat du premier tour de l’élection présidentielle en Ukraine. Déclaration du Présidium du Comité central du Parti communiste d’Ukraine, 4 avril 2019
La campagne des élections présidentielles en Ukraine est marquée par un affrontement acharné entre oligarques et forces politiques progouvernementales, dans un contexte de pots-de-vin généralisés, d’achat de voix, d’intimidation des électeurs par des groupes paramilitaires nationalistes et néo-fascistes, de violations flagrantes de la Constitution et de la loi électorale ukrainiennes, ainsi que d’ingérence des États-Unis. Des millions de citoyens ukrainiens, qui vivent dans le Donbass, où la guerre civile dure depuis six ans, ou qui travaillent en Russie, sont soit officiellement privés de leur droit constitutionnel de vote pour l’élection du chef de l’Etat, soit de la possibilité, dans les faits, de l’exercer. En violation de la Constitution, le Parti communiste a été, de nouveau, illégalement privé du droit de participer à l’élection présidentielle. Le régime nazi-oligarchique pro-occidental, issu du coup d’État de 2013/2014, a déployé une propagande anticommuniste et russophobe insidieuse, recourant à la menace et à la répression contre les candidats qui critiquent ses politiques antipopulaires et antinationales.
Dans le même temps, le premier tour des élections a révélé des tendances fortes qui montrent que des changements significatifs sont en train de se produire dans la société ukrainienne. Par leur vote, une vaste majorité des citoyens a exprimé sa détestation, sa condamnation et son rejet du régime de Porochenko. Les promesses de « nouvelle vie », d’arrêt de la guerre au Donbass en quelques jours ou semaines, se sont traduites par des milliers de victimes, des centaines de milliers de réfugiés, par l’effondrement de l’économie nationale, la perte de la souveraineté réelle de l’Ukraine et d’une grande partie de son territoire, par l’irruption de l’idéologie nazie et des pratiques politiques fascistes. La république la plus développée de l’époque soviétique est devenue un pays désindustrialisé, le plus arriéré, le plus pauvre et le plus morne d’Europe.
Près d’un tiers des voix se sont portées sur Volodymyr Zelensky, qui n’a pas d’expérience dans les affaires de la politique et de l’État. Cela montre que le grand nombre de citoyens, notamment des jeunes, qui exigent des changements radicaux, ne voient pas parmi les politiciens en place quelqu’un capable de les réaliser. Ils sont disposés à confier la plus haute charge de l’État à des personnes nouvelles, si elles promettent de changer radicalement la situation dans le pays, de porter un grand coup à la corruption.
Les politiciens en place n’ont pas obtenu le soutien qu’ils escomptaient, impliqués personnellement dans tant d’infractions et de crimes, et représentants du parti de la guerre. Ils ont cherché à gagner des suffrages par quelques promesses bruyantes, des cadeaux à la population, notamment la baisse du prix de l’essence. Et la réaction d’une partie des retraités aux primes ponctuelles accordées sur les pensions de mars et d’avril, en lien avec les élections, indiquent combien la société se libère très lentement de la démagogie sociale.
Dans ce contexte de violentes pressions, d’intimidation et de terreur, ainsi que d’éclatement des forces d’opposition sous l’influence de clans oligarchiques, il est important qu’un électeur sur six ait donné sa voix à des candidats qui, sous une forme ou une autre, sont favorables à la fin de la guerre dans le Donbass, au règlement de ce conflit fratricide, et au rétablissement de relations de bon voisinage avec la Russie, à la fédéralisation de l’Ukraine dans le respect de son intégrité territoriale et au retour à la seule politique étrangère acceptable pour notre pays.
L’élection a également montré que la tentative de Porochenko de créer une « nation ukrainienne politique unifiée », en imposant une ukrainisation forcée et une idéologie néo-nazie dans l’Etat, en créant la soi-disant « Eglise orthodoxe d’Ukraine », en tirant notre pays vers l’UE et l’OTAN, en suscitant de nouvelles divisions dans la société, rencontre ainsi l’opposition de millions de compatriotes.
Le
fait qu’opèrent dans le pays de nombreux groupes paramilitaires
comprenant des dizaines de milliers de membres, qui ont pris part aux
hostilités à l’Est du pays, qui se réclament de l’idéologie du
nationalisme intégral professée par Dontsov [1883 – 1973], qui utilisent
les méthodes des milieux du crime, pèse lourdement sur la situation. La
plupart d’entre eux sont sous les ordres des forces de sécurité
officielles – ministère de l’Intérieur et SBU. Cela constitue un danger
très sérieux alors que, selon diverses estimations, de 5 à 7 millions
d’armes à feu circulent dans la population.
Les élections montrent également que le régime antipopulaire a réussi à
évincer les forces de gauche de l’arène politique. Dans le même temps,
les partisans des forces radicales les plus nationalistes ont voté
majoritairement pour la candidature de Porochenko.
Ces éléments vont déterminer le contenu et la nature de la lutte
politique pour la deuxième phase de la campagne présidentielle puis pour
l’élection à la Rada [parlement]. Il est déjà évident qu’elle ne sera
pas moins dure, sale et sans cadeaux que la première phase.
Les déclarations faites par Porochenko, avant le deuxième tour des
élections, montrent qu’il continue à vouloir la poursuite de la
politique qui a échoué, la confrontation militaire avec la Russie,
jusqu’à la guerre totale avec elle, l’entrée accélérée de l’Ukraine dans
l’OTAN et l’UE, le renforcement de l’oligarchie nationaliste, d’un
régime qui menace de créer encore plus de problèmes à l’Ukraine, à notre
peuple.
Dans ces circonstances, le Présidium du Comité central du Parti
communiste de l’Ukraine considère qu’il est du devoir patriotique de
toutes les forces progressistes, pour qui compte le sort de la patrie,
de se concentrer pour infliger, au second tour des élections
présidentielles, une défaite cuisante au représentant des forces les
plus réactionnaires, nationalistes-extrémistes, néo-fascistes, à
l’exécuteur de la volonté de l’occident, principalement américain, au
fauteur de guerre : Porochenko. Pour toutes les atrocités commises
contre notre peuple, il doit assumer son entière responsabilité.
Pour autant, nous tenons aussi compte que le programme de l’autre
candidat qui reste en lices ne correspond pas, sur de nombreuses
questions, aux positions de principe de notre parti, aux intérêts
fondamentaux des travailleurs.
4 avril 2019