Des document déclassifiés récemment par le BND (les services secrets de la République Fédérale Allemande) révèlent que d’anciens officiers nazis de la Wehrmacht et de la Waffen SS ont été utilisés pour former une armée secrète en Allemagne. Selon les informations publiées par le journal allemand Spiegel, cette armée aurait pu regrouper jusqu’à 40 000 soldats. Der Spiegel a utilisé des documents fournis par le Bundesnachrichtendiesnst (Bureau fédéral de renseignement) qui ont été étudié par l’historien Agilolf Kesselring et le Spiegel. Kesselring est un membre de la Commission Indépendante d’Historien qui explore l’histoire des débuts du BND
Une nouvelle illustration que la dénazification en Allemagne de l’Ouest est restée très largement une farce, la priorité du camps capitaliste n’ayant jamais été le combat contre le nazisme et le fascisme mais bien la lutte anticommuniste. La dénazification n’a donc pas été réellement menée à l’Ouest. Par exemple, en Bavière sous zone d’occupation américaine, le ministre de la dénazification Anton Pfeiffe réinstalla à leur poste 75% des officiels que les Américains avaient démis de leur fonction et réintégra 60% des dirigeants nazis. RFA qui au contraire recruta d’important dignitaires nazis dans ses services secrets, voir pour occuper des fonctions politiques de tout premier plan, et on peut par exemple citer:
- Horst Kopkow, qui travailla pour le MI5 ;
- le chef du contre-espionnage Wilhelm Höttl, qui travailla pour le Counter Intelligence Corps (CIC) américain.
- Walter Rauff, un des inventeurs de la chambre à gaz mobile qui a tué des milliers de handicapés mentaux et de juifs, fut employé par les services secrets de la RFA et protégé contre les poursuites en justice.
- Kurt Georg Kiesinger, membre du NSDAP depuis 1933, qui travaillait au service de propagande de l’Office des Affaires étrangères, chargé de faire le lien avec le Ministère du Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande fut Chancelier fédéral de la RFA de 1966 à 1969….
Le Braunbuch — Kriegs- und Naziverbrecher in der Bundesrepublik: Staat – Wirtschaft – Verwaltung – Armee – Justiz – Wissenschaft (Livre brun – Criminels de guerre et Nazis en RFA : Etat, Economie, Administration, Armée, Justice, Science) écrit par Albert Norden en 1965 indique que plus 1800 politiciens et personnalités de premiers plan d’Allemagne de l’Ouest occupaient des fonctions de haut rang dans le régime allemand d’avant 1945. Parmi ces 1800 personalités de l’Ouest cités, 15 ministres et secrétaires d’états, 100 généraux et amiraux, 828 juges et avocats généraux ou officiers de justice de haut rang, 245 officiels du ministère des affaires étrangères, des ambassades ou des consulats, 297 officier de police ou de la sécurité intérieure de haut rang. Le livre fut interdit et saisi en Allemagne de l’Ouest sur ordre de la justice en tant que « propagande communiste ». Dénoncé comme reposant sur des falsifications à l’époque par le camps occidental, il est apparu par la suite que les faits révélés par ce livre était largement établis.
L’Allemagne de l’ouest et le capitalisme le camps de la démocratie ? vraiment ?
Selon les informations obtenues par Der Spiegel, c’est près de 2 000 anciens officier de la Wehrmacht et de la Waffen SS qui ont établi une armée secrète de près de 40 000 hommes. Dans une opération tenue cachée du gouvernement fédéral et du grand public. L’homme orchestrant ce réseau aurait été Albert Schnez qui deviendra plus tard le chef d’état major de la Bundeswher (l’armée de terre allemande). les armes auraient été fournie en cas d’urgence par la police anti émeute avec le soutien d’un compagnon de Schnez au Ministère de l’Intérieur.
Le réseau de Schnez aurait mené une campagne de levée de fonds et de moyens auprès des grands groupes industriels, par exemple pour déterminer les véhicules qui seraient mis à disposition, et aurait établi son propre service de renseignement, désigné sous le terme d’appareil de défense. Le réseau aurait surveillé et espionné les citoyens de gauches et des politiciens, par exemple le futur leader au parlement du SPD Fritz Erler
Dès 1951, le chancelier de la RFA Konrad Adenauer était au courant de ce réseau
De Spiegel indique que Konrad Adenauer était au courant de l’existence de l’existence de l’armée de Schnze depuis au moins 1951 et donna ordre à l’organisation Gehlen – ancêtre du BND – de s’occuper et de superviser cette armée de l’ombre.
[L’organisation Gehlen ou Gehlen Org était une agence de renseignement créée en Juin 1946 par les autorités de la zone d’occupation américaine en Allemagne formée d’anciens membres de la Fremde Heere Ost services secrets de l’Allemagne nazie en charge de l’espionnage contre l’Union Soviétique. Elle tire son nom du major général de la Wehrmacht Reinhard Gehlen chef des services secrets allemand sur le front de l’est durant la seconde guerre mondiale)
Schnez avait des liens avec l’ancien SS-Obertsurmbannfhürer Otto Skorzeny, qui conduisait dans le même temps un réseau similaire en Espagne (le groupe Paladin). Un des chefs de département de l’organisation Gehlen posa de la question de savoir s’il était envisageable de combattre contre Skorzeny. D’après les informations de Der Spiegel, l’officier de renseignement préconisa de demander d’abord à la SS : « La SS est une force, et nous devrions considérer ce qu’elle en pense en détail avant de prendre une décision ». De toutes évidence dans la RFA des années 1950 les réseaux constitués des anciens nazis exerçaient encore une influence considérable.
De fait, pour mettre en place la partition de l’Allemagne est contrôler la RFA, l’Ouest et notamment les USA se sont refusés à mener une réelle dénazification du pays, et se sont au contraire – à l’image de l’organisation Gehlen et de cette armée secrète – appuyé sur les structures nazies.
Source « BND-Akten: Weltkriegsveteranen bauten geheime Armee auf. » Spiegel Online, 11 May 2014 (de)
Bonjour,
Je suis toujours étonné par ces « scoops ». Le bras droit de Heydrich en Tchécoslovaquie, un certain Hans Martin Schleyer, est quand même devenu le patron de l’équivalent allemand du medef, avant d’être assassiné par la RAF (bande à Baader) en 1977. C’est de notoriété publique.
Comment imaginer seulement une seconde que ce cas serait isolé ?
Et puis il suffit de lire les bouquins d’Annie Lacroix-Riz…