Nous avons le plaisir de publier, avec son accord, cet excellent texte de notre camarade Bernard TRANNOY de la Section PCF du Bassin d’Arcachon et membre du Réseau Faire Vivre le PCF, publié sur le site lepcf.fr.
C’est avec satisfaction que nous constatons que chaque jour davantage les positions de camarades communistes non membres du PRCF, se rapprochent avec celles du PRCF .
Ces analyses communes ont abouti à l’organisation des Assises du communisme où, sur la base de ce qui nous unit, nous envisageons des actions communes des communistes de France. Une fois par mois le Comité de Liaison des Assises se réunit et élabore collectivement des prises de position commune aux organisations participantes.
Ainsi l’unité d’action permet de se connaître, de s’apprécier, de travailler ensemble en confiance et donc de préparer d’autres étapes de l’unité des communistes de France.
Quand l’extrême droite progresse dans les couches populaires, c’est sur lui-même que le PCF devrait s’interroger. Le blues de l’administrateur du site pcfbassin
Samedi 22 novembre 2014, par Bernard Trannoy,La crise se mesure aussi dans notre difficulté, voire même dans notre incapacité à communiquer, tant la réflexion collective nous fait défaut. Il nous faut faire face, en externe, à une pression idéologique intense, voire même violente, et en interne à une perte de repères, au découragement et à la crainte de voire disparaitre, ce qui a fait, bien souvent, l’engagement de toute une vie, le PCF. Cette situation perturbe profondément les échanges et les nécessaires débats. Ainsi une note de la commission économique émanant de Y. Dimicoli, m’a fortement perturbé et même découragé. Une commission économique que certains appellent, la centrifugeuse, tant elle éjecte ceux qui ne participe pas du « Boccarisme ». On ne connaitra pas ainsi l’opinion, que peuvent avoir d’autres économistes tout aussi communistes. Ce monopole de la pensée est tout simplement intolérable. De plus j’attends, pour ma part, d’un intellectuel, surtout communiste, qu’il préserve son statut d’intellectuel. Son rôle n’est pas d’illustrer la ligne en cours, éventuellement dans ses méandres les plus tortueux. Sa mission, c’est d’interroger le réel sans se soucier des impératifs politiques ou pire, politiciens. C’est là, le boulot du politique, c’est-à-dire de nous tous.
Dimicoli, Vers une aggravation de la crise systémique, 21/10/2014
Notes de lecture : Dimicoli, Vers une aggravation de la crise systémique, 21/10/2014J’espérais trouver dans ce texte, des éléments dignes d’intérêts. Je me mets donc à lire attentivement le dit texte. Et là, les bras m’en tombent, bien en dessous que ce que j’imaginais. Et là je me mets à considérer qu’il vaut mieux arrêter tout de suite et rentrer dans sa tente. En effet cette note pourrait être le pur produit d’un mauvais fondé de pouvoir d’une quelconque banque d’affaires.
Cette note peut se résumer en quelques mots :
1- Si certains d’entre-vous ne connaissent pas Keynes, vous en avez là un mauvais résumé.
2- Hors de l’€uro point de salut.
3- Le nirvana : une nouvelle politique du crédit, la BCE élevée au niveau du nouveau paradis.
En un mot l’€uro, « l’Europe vous les « gens » d’en bas, vous n’avez pas à en discuter, à vous interroger, à douter. Nous pensons pour vous, ces questions ne peuvent-être un sujet de débats, nous avons tranché pour vous. Il n’y a pas à y revenir ». Nous sommes à l’époque des experts, et nous sommes les experts. Alors silence dans les rangs, faites avec ce que l’on vous a si gentiment préparé. Et d’ailleurs, si vous mettez en doute ces postulats, vous êtes forcément les suppôts de satan, c’est-à-dire de Marine Le Pen. Si elle n’existait pas celle-là, il faudrait l’inventer. Elle est devenue comme le vade-mecum obligé de tous ceux, qui faute d’arguments s’en servent à tour de bras pour échapper aux débats et diaboliser toutes autres approches.
Suprême bêtise, Y. Dimivoli nous propose pour compenser les énormes gains de productivité réalisés dans la production, la distribution de moyens financiers pour absorber la surproduction ainsi créée. Il ne lui vient même pas à l’esprit que la solution, serait plutôt à rechercher du côté d’une réduction massive du temps de travail (journée, mois, année, vie).
En un mot la commission économique pense qu’il suffit d’une simple réponse technique à un problème fondamentalement politique.
Les impasses de l’analyse :
Tout serait dans la domination de la finance, d’où les impasses qui conduisent à considérer qu’il suffirait d’utiliser de bons outils de crédit pour, comme par miracle, régler la situation.
Quelques repères :
1- C’est oublier que la crise est le mode normal de fonctionnement du capitalisme. On ne sortira pas de la crise du capitalisme sans emprunter, d’une manière ou d’une autre un chemin vers la sortie du capitalisme, vers le socialisme.
2- La crise est d’abord et fondamentalement la crise d’un mode de production, d’appropriation et d’échange des marchandises créées par le travail (Rappel : le travail à un prix, le capital est un coût). Nous sommes à un moment où le capitalisme constitue une entrave au développement de l’ensemble des forces productives (matérielle et humaine). Ce qui est en cause, ce n’est pas le partage, mais l’appropriation fondée sur la possession des outils de travail entrainant l’accaparement des richesses produites par l’activité de tous. En effet, ne jamais oublier que c’est celui qui possède qui bat seul la mesure. C’est bien une appropriation socialisée des richesses produites qu’il nous faut remettre à l’ordre du jour.
3- La crise est une crise de sur-accumulation du capital (conséquence du point 2), c’est-à-dire que la masse des capitaux en circulation est très supérieure à la capacité qu’à le secteur productif à rémunérer le dit capital circulant. Et Y. Dimicoli nous propose d’en verser encore plus. La seule issue pour le capital : c’est de détruire du capital pour revaloriser le capital restant. D’où la tentation de l’impérialisme dominant d’avoir recours à la guerre (voir document). Mais aussi, pour les États-Unis, contraindre l’Europe à sanctionner la Russie (eux-même ont de très faibles relations économiques avec la Russie). Et ils font par là, d’une pierre deux coups. Ils poursuivent l’objectif d’affaiblir la Russie (ils savent que cela aura peu d’effet sur la Russie, qui se réoriente vers l’Eurasie, les BRICS construisant une alternative au système dominé par les seuls États-Unis (FMI, Banque mondiale)), mais surtout cela vise surtout à affaiblir son autre concurrent impérialiste, l’Europe, qui n’a aucun moyen pour se retourner (les marchés perdus en Russie seront définitivement perdus, d’autres auront pris la place).
4- Nous sommes à un moment où précisément, il faut valoriser toujours plus le travail vivant, alors que le capital est dans une course folle de destruction de ce capital vivant.
Vous avez deux Dimicoli : celui d’avant Maastricht, pourfendeur de l’€uro et celui d’après Maastricht, adorateur du nouveau veau d’or, l’€uro (Oui ce truc fait par et pour servir le Capital). Mais peut-être que Y. Dimicoli pense que l’horizon du capitalisme est indépassable et qu’il faut faire avec.
A propos de l’€uro
Les concepteurs de l’€uro, monnaie unique l’avaient, dès le départ, conçu comme élément de base de la construction d’une Europe fédérale liquidant les états-nations. C’est là que l’€uro trouvait toute sa cohérence (pour le capital).
Les peuples européens ne veulent pas de cette Europe du capital (60% d’abstention en France aux européennes). Et ils savent bien qu’une Europe des coopérations ne peut passer que par la case sortie de cette Europe là. De ce point de vue, il n’est pas exagéré d’affirmer que NOUS AUSSI nous AVONS TRAHI le NON populaire au TCE de 2005. Nous nous comportons, comme si nous avions voté OUI au TCE par alignement sur les poncifs libéraux ; dès le lendemain nous nous rangeons du côté de ce que nous avons combattu la veille. Et on peut parier que le risque existe pour qu’il en soit de même avec le TAFTA. En fait la position du PCF sur l’€uro et l’Europe n’obéit à aucun principe, mais plutôt à un seul « impératif », ne pas effrayer le « socialiste » !!, ne pas couper les ponts, y compris dans leur version « Frondeurs, Fraudeurs ». Oui, ceux qui ont voté, l’ANI, le 4ème paquet ferroviaire et bien d’autres choses. Ils n’ont qu’une seule et unique préoccupation tenter de sauver leurs sinécures.
Principes de réalité (Ce que certains experts, y compris de droite ont bien compris – Charles Gave et Gael Giraud aux Experts sur BFM)
Les pays européens, et c’est une lapalissade, sont tous différents, culturellement, économiquement, historiquement, socialement, démographiquement. Et cela s’appelle UN FAIT. Prétendre faire fonctionner cet ensemble, par nature disparate, sous la DICTATURE d’une monnaie unique est tout simplement une aberration. Dans ce contexte, l’€uro n’est adapté qu’à l’économie dominante en Europe, c’est-à-dire, l’Allemande. De ce fait l’€uro est devenue aux mains du capital allemand un instrument de domination impérialiste. Mme Merkel ne manque jamais de le rappeler vertement. C’est le grand capital Allemand qui bat la mesure. De fait, ce que la Wehrmacht n’a pas réussi, l’€uro le réalise.
L’échelon fédéral étant exclu. Il faut que les différents pays à structures économiques, sociales, démographiques différentes disposent d’instrument d’adaptation, de régulations de leurs économies. De ce point de vue l’action sur les taux de change reste pour un pays un outil nécessaire. La monnaie est un instrument fondamental de la souveraineté, faute de quoi nous sommes dépossédés des moyens permettant de faire société, du vivre ensemble. Cette note de la commission économique porte que sur la seule zone €uro. Regarder du côté des pays d’Europe hors zone €uro qui ne vont pas si mal, aurait altéré la démonstration, c’est ce que se garde bien d’analyser Y. Dimicoli et la commission économique. Faute de la nécessaire souveraineté monétaire, le seul instrument de régulation restant disponible, c’est le coût du travail qui devient inévitablement la variable d’ajustement.
Quand l’extrême-droite progresse dans les couches populaire, c’est d’abord sur lui-même que le PCF devrait s’interroger. Quand les couches populaires se mettent aux abonnés absents, (mais aussi, de plus en plus souvent, les adhérents même du PCF), c’est que quelque part, nous ne répondons pas à leurs attentes, à leurs questionnements. Il ne sert à rien de mettre sous le tapis ce qui gêne. Les questions de l’Europe, de l’€uro, de la souveraineté, de la nation sont au cœur des préoccupations. Il nous faudra bien un jour, prendre en compte, sur le fond, ces questions, sauf à assumer le risque d’être balayé parce qu’inutile au monde du travail.
Le rassemblement, si nécessaire soit-il, n’est que second. Ce sont bien les attentes, le pourquoi, pour quels objectifs qui sont la question première. Les « moulinets sur l’alternative » ne sont rien s’ils sont vides de contenu.
Pour mars 2015, un scénario à l’italienne est un risque majeur, scénario qui a abouti en Italie à la disparition pure et simple, non seulement du PCI, mais de la gauche toute entière. Agiter les concepts d’union de la « Gauche », du tous contre le FN seront de très peu d’efficacité. Utiliser l’expression « union de la gauche » nous disqualifie aussitôt, car cela veut dire in fine soutenir le PS, donc être rejetés avec le PS (L’abstention reflète largement ce phénomène). D’autre part la tactique du type 2002, tous contre le FN ne marchera pas non plus. J’ai des amis (universitaires) qui m’ont dit : « Terminé, on ne me refera pas le coup ». Le FN n’est utilisé pour ne pas avoir à rendre des comptes, pour interdire l’interpellation et à force d’usage abusif, cela fini par lasser. IL N’Y A PAS D’ISSUE, SI NOUS NE PRENONS PAS EN COMPTE, POUR Y RÉPONDRE, LES ATTENTES POPULAIRES ET PARMI CES ATTENTES, CE REFUS DE L’EUROPE DU CAPITAL. PRENONS AUSSI EN COMPTE LE FAIT QUE REVIENT DANS LES TÊTES, LA NÉCESSITÉ DE LA RÉVOLUTION (voir enquête de Florence Aubenas).
En fait, le rassemblement CONTRE a épuisé toutes ses potentialités (le FDG n’est pas autre chose) ; le rassemblement POUR est à reconstruire sur la base d’un programme articulé sur une visée, un projet. Seul un parti communiste qui se donne pour objectif de sortir du capitalisme peut porter avec conséquence cet engagement, loin des querelles des égos en s’appuyant sur la force motrice du monde du travail dans toute sa diversité et même ses contradictions. Un projet pour la France, chiche, mais examinons, d’abord, pourquoi notre démarche n’accroche pas dans les milieux populaires et si c’était tout simplement que nous ne répondons pas leurs attentes, à leurs questionnements, à leurs envies de souveraineté. Ils savent eux que le centre de décisions s’est déplacé à Bruxelles, voire à Berlin. Et que viser le seul « Flamby » est aussi une manière de blanchir Bruxelles, un refus de reconquête de la nécessaire souveraineté abandonnée au grand capital européen.
Bernard Trannoy
Lanton, le 22/10/2014
[Le combat de classe a une dimension éminemment nationale, faute de quoi le parti communiste ne peut que disparaître pour cause d’inutilité pour le monde du travail.]
P.S : La commission économique enferme son analyse dans la seule Europe de la zone €uro. Ne voit-elle pas qu’un monde multipolaire émerge ouvrant des perceptives renouvelées de coopération, de possibles. Y. Dimicoli rêve à une monnaie mondiale, monnaie qui n’a aucune chance d’apparaitre dans un horizon raisonnable. Par contre des zones monétaires nouvelles se construisent et c’est dans celles-ci qu’il faudrait s’insérer. Le concept même d’impérialisme est totalement évacué, voire ignoré dans l’analyse, qui de ce fait ignore la dimension de classe. Le système de domination des États-Unis repose sur 3 piliers. Premier pilier économique, mais ce pilier est ébranlé, voire en train de basculer, deuxième pilier la puissance militaire, troisième pilier le dollar, le pétrodollar et ses institutions dérivées et inféodées que sont le FMI, la banque mondiale et l’OMC. Et c’est précisément l’attaque de ce troisième pilier par la Chine, la Russie, les BRICS et plus largement les pays émergents qui rend les États-Unis furieux. C’est cette multi-polarité, en devenir, mettant en cause leur système de domination, qu’ils veulent empêcher à tout prix de voire émerger, y compris par le guerre. L’Ukraine étant, de ce point de vue, un pion dans cette offensive. Ce sont la Russie et la Chine qui sont dans le collimateur. Certains « communiste (??) » renvoient dos à dos les impérialismes (USA, Russie, Chine) et curieusement, oublient dans cette énumération, cet appendice des États-Unis qu’est l’U.E. drivée par cet autre impérialisme en redevenir qu’est le capital Allemand. Ceux là, oublient qu’il y a un impérialisme dominant qui à besoin de la guerre, pendant que cet autre, a lui besoin de la paix pour se construire. Ce renvoi dos à dos est, en fait un alignement sur l’impérialisme dominant, à savoir, celui des États-Unis. Heureusement que l’URSS n’a pas raisonnée à aussi courte vue avant et pendant la deuxième guerre mondiale.
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