La Freie Deutsche Jugend (Jeunesse libre allemande) est une organisation de jeunesse antifasciste allemande. Fondée en exil à Paris en 1936, elle est l’une des organisations fondatrice de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique. En cette année 2021 elle fête son 85 anniversaire : 85 ans de lutte contre le fascisme, dans la clandestinité en Allemagne nazie puis dans la RFA réactionnaire – où elle a été à la tête de la campagne pour la paix contre le réarmement menée par Adenauer, et en RDA, et dans la Grande Allemagne actuelle. A l’occasion de l’anniversaire de l’exécution de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht par les corps francs, une manifestation antifasciste s’est tenue le à Berlin réunissant plusieurs milliers de manifestants, dans le respect des gestes sanitaires barrières, avec une importante participation de la FDJ.
Mais la police allemande a attaquée la manifestation, au prétexte soit disant de la présence de signe inconstitutionnel, visant les drapeaux et symboles de la FJD. L’organisation est pourtant légale tout comme ces symboles, en vertu des traités de réunifications reconnaissant les organisations et associations légales en RDA.
Face à cette répression Pierre Pranchère, résistant FTPF, ancien député français et parlementaire européen, vice président du PRCF dont il préside la commission internationale a écrit une vive lettre ouverte de protestation à Anglea Merkel. Une lettre saluée outre Rhin par les camarades allemand comme un appui précieux dans le front de solidarité internationale contre la fascisation. Les jeunes communiste des JRCF ont également fait part de leur soutien.
Lettre ouverte à Angela Merkel, par Pierre Pranchère, résistant FTP, ancien député français et ancien parlementaire européen
Pierre Pranchère, ancien Résistant FTPF (Franc-Tireur et Partisan Français), ancien député français de la Corrèze, ancien eurodéputé du PCF,
président de la Commission International du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF)
An Frau Angela Merkel, Bundeskanzlerin der Bundesrepublik Deutschland
Madame la Chancelière,
je suis scandalisé de voir la manière dont la police allemande a, certainement sur ordre, maltraité et malmené les jeunes et courageux antifascistes allemands de la Freie Deutsche Jugend (FDJ, images ci-dessous).
Durant la seconde Guerre mondiale et sous l’Occupation nazie de la France, les Francs-Tireurs et Partisans de France (FTPF), auxquels j’ai eu l’honneur de me rallier à l’âge de 15 ans, ont eu l’honneur de combattre avec d’héroïques communistes allemands qui, pour l’honneur et l’avenir de leur pays, l’Allemagne, combattirent glorieusement le monstre hitlérien à nos côtés.
Vous savez d’expérience par ailleurs, Madame la Chancelière, que la FDJ, aujourd’hui persécutée par l’Etat allemand, a apporté une contribution majeure à la construction de la nouvelle Allemagne antifasciste, la RDA, qui défendait la paix en Europe, combattait les résurgences nazies et s’engageait pour que plus jamais la guerre et le fascisme ne parte du sol allemand (« Nie Wieder Krieg, nie wieder Faschismus! »). Ces jeunes Allemands honoraient ainsi comme nous, progressistes et communistes français, l’Allemagne progressiste de Beethoven et de Heine, de Kant et de Hegel, de Marx et de Claza Zetkin.
Ce qui nous animait alors, c’était à la fois le patriotisme véritable, c’est-à-dire l’amour de notre peuple qui est le contraire du nationalisme haineux, et l’internationalisme des prolétaires. Cet internationalisme fraternel qui fit s’écrier « vive le parti communiste allemand! » par notre camarade Jean-Pierre Timbaud lorsqu’il se présenta devant le poteau d’exécution dressé par la Wehrmacht à Châteaubriant. Cet internationalisme qui fit écrire ces mots touchants à Missak Manouchian, Franc-Tireur et Partisan de la Main-d’Oeuvre Immigrée (FTP-MOI), mort pour la France, avant qu’il ne fût exécuté par la Wehrmacht: « je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand ».
C’est pourquoi nous nous indignons de la manière proprement fascisante dont les jeunes manifestants pacifiques de la FDJ sont désormais traités en Allemagne « unifiée » alors même que 90 députés nostalgiques de Hitler siègent désormais honteusement sur les bancs du Bundestag.
Plus que jamais, nous nous défions de cette Europe réactionnaire, antisociale, impériale, patronale et de plus fascisante qui traque les partis communistes et fraie sans états d’âme avec des gouvernements fascisants en Pologne, Hongrie, dans les Pays Baltes, avec une véritable chasse aux sorcières émergente encouragée par le Parlement européen. Plus que jamais nous sommes solidaires de nos camarades allemands, jeunes et moins jeunes, qui font face au retour en force inquiétant de l’impérialisme allemand ennemi de tous les peuples, et d’abord du peuple allemand.
Veuillez agréer, Madame la Chancelière, l’expression de notre engagement indéfectible pour que se développe l’amitié franco-allemande, non sur les bases supranationalistes, annexionnistes et impérialistes du funeste Traité d’Aix-la-Chapelle, mais sur les bases humanistes de l’antifascisme et du service de la paix.
Pierre Pranchère, Croix du Combattant volontaire de la Résistance, co-auteur du livre « Maquis de Corrèze »
2021-01-12_Lettre_Pierre_Pranchère_Angela_Merkel
En Allemagne, la bourgeoisie et son État agissent selon leurs intérêts en tant que classe : avec de l’anticommunisme et de la répression. Comme d’autres organisations et structures de gauche aussi, la FDJ est sous la surveillance de l’appareil d’État. L’interdiction de la FDJ en RFA datant de 1951, avec une féroce répression frapant ses 30 000 membres est appliquée arbitrairement. La situation juridique est contradictoire puisque l’organisation est interdite en Allemagne de l’Ouest, mais par l’annexion de la RDA et du « traité d’unification » les associations de la RDA sont admises sur l’ensemble de l’Allemagne. Néanmoins, l’État maintient l’interdiction anticonstitutionnelle afin de l’appliquer contre la FDJ de façon arbitraire
Déjà il y a 5 ans lors d’une manifestation Munich, la répression avait frappé avec une dizaine d’arrestations à la suite des actions publiques de la FDJ. Le pretexte ? avoir montré des « symboles d’organisations anticonstitutionnelles ». Il s’agissait en réalité du symbole de da FDJ : le soleil levant. Des tracts, des drapeaux, des chemises bleues ont étaient saisis, des perquisitions ont eu lieu. L’arbitraire est patent ne serait ce que par le fait que les militants antifascistes de la FDJ pu agir une fois en chemises bleues et avec drapeaux sans être importunés, et la fois d’après, des camarades étaient arrêtés. Plusieurs procédures pénales ont eu lieu, dont une, a été menée jusqu’à la plus haute instance judiciaire. L’accusé a été acquitté et le juge observant qu’il a montré le symbole de la FDJ de l’Allemagne de l’Est, et celle-là n’est nullement interdit. La FDJ, souligne qu’en Allemagne de Ouest comme en Allemagne de l’Est, a toujours été une organisation avec un symbole identique. En dépit de « l’unification » prétendue des deux Etats, la FDJ continue de lutter en tant qu’organisation dans deux pays. Maintes fois, il y a eu et il y a encore des arrestations, des perquisitions et des réquisitions, également sur le territoire de la RDA. A l’heure actuelle, bien que l’on puisse avoir une impression de calme trompeur concernant le sujet d’« interdiction de la FDJ », la campagne publique « 30 années ca suffit ! Révolution et socialisme ! » menée par les camarades allemands, surtout dans les villes de la RDA, a mis les réactionnaires dans un état bouillant de colère et l’appareil d’Etat en est contrarié. Et c’est pourquoi il faut craindre d’autres actions de ré