Adepte inavouée mais acharnée du tout-anglais en Europe, la Commission européenne fait l’impossible pour faire de l’anglais la langue officieuse de l’UE avant d’en faire, si possible, la langue officielle. Tout cela en violation des traités européens, qui stipulent que l’UE défend la diversité culturelle (lesdits traités ne sont tenus pour sacro-saints que lorsqu’ils jouent contre les peuples…) et reconnaît toutes les langues nationales des pays membres comme langues officielles.
Il est donc heureux que de hauts fonctionnaires européens protestent contre l’anglicisation ILLEGALE forcenée de la communication européenne (toute dignité nationale ravalée, Pierre Moscovici va jusqu’à adresser en anglais les sommations qu’il adresse au nom de l’UE à ses ex-collègues du gouvernement français !) et dénoncent ces abus linguistiques patents et récurrents.
Ne perdons toutefois pas de vue que la politique linguistique anglicisatrice de l’UE – encore plus scandaleuse en période de Brexit, et alors que l’anglais n’est plus la langue officielle déposée d’AUCUN Etat de l’UE !!! – repose sur une stratégie mûrement réfléchie de l’oligarchie capitaliste : le tout-anglais est en effet un très puissant vecteur d’uniformisation du marché unique mondial et européen, de formatage atlantique et néolibéral des peuples, de déconstruction des Etats nationaux, de « distinction » entre les « élites mondialisées » et le « petit peuple » (lequel s’obstine inexplicablement à patoiser dans sa langue maternelle nationale…), et à terme, de dé-segmentation totale du marché continental et mondial de la force de travail : avec en prime, une énorme pression concurrentielle sur chaque emploi existant, donc un énorme renforcement du moins-disant social et salarial en France et en Europe.
Bref, les suppliques de hauts-fonctionnaires européens sont une chose, une autre est de développer la RESISTANCE DE CLASSE du MONDE DU TRAVAIL à une politique linguistique entièrement tournée contre lui ! Et cela concerne en tout premier lieu les COMMUNISTES.
Georges Gastaud, initiateur du « Manifeste contre le linguicide du français ».
» Nous sommes un groupe de fonctionnaires européens dont le cœur se serre en constatant qu’il nous faille aujourd’hui en appeler à la plus haute autorité pour exercer notre droit le plus simple : nous voulons avoir le droit de travailler en français ! «
C’est par ces termes clairs et vifs qu’un groupe de fonctionnaires européens interpellent vivement la candidate désignée à la tête de la commission européenne.
Désormais avec le BREXIT aucun pays de l’Union Européenne a part l’Irlande et Malte n’a l’anglais pour langue. Le Français est la seule langue à être langue officielle de trois pays de l’UE. C’est d’ailleurs avec l’anglais et l’allemand l’une des trois langues officielle de l’UE. Mais le français est réduit à la portion congrue au sein des institutions européennes. Entre 1997 et 2014, le nombre de documents de la commission rédigés en français s’est effondré de 40% quand l’anglais est lui passé de 45% à 81%. L’Allemand, déjà marginal ne représentait plus que 2% des documents en 2014. Et la situation est aujourd’hui encore bien pire.
« Nous souhaitons pouvoir utiliser le français sans nous cacher »
« fonctionnaires de toutes nationalités, y compris non francophones de naissance. Nous avons constaté, poursuit-il, que le monolinguisme anglais nous bride dans nos moyens d’expression et nous souhaitons pouvoir utiliser le français sans nous cacher et sans nous excuser. «
« même lorsque l’ensemble de la hiérarchie est francophone, nous recevons comme instruction orale de ne pas produire de documents (documents de travail des services, notes internes, projets législatifs ou projets de communications) dans d’autres langues que l’anglais. Ainsi le secrétariat général ne dispose-t-il pas de modèle de document de travail des services en français. L’obligation de fournir à la direction générale de la traduction des documents dans une seule langue interdit de facto le travail multilingue, y compris pour les documents de travail de service qui ont par définition en principe un usage interne »
« nivellement par le bas, chacun étant forcé de se conformer au plus petit dénominateur commun, ce qui en retour affaiblit, par manque de pratique, la maîtrise des autres langues, »
« La Commission utilise une langue qui est essentiellement une langue tierce, et qui donne un avantage concurrentiel (économique et culturel) à des États tiers comme le RU ou les États-Unis. »
Carré Bleu