Déclaration de la commission Histoire du PRCF – 22 décembre 2022
Le communisme, cible criminalisée par l’Union européenne
Trois ans après l’adoption de la résolution scélérate criminalisant le communisme en le mettant sur le même plan que le nazisme et six mois après l’adoption d’une résolution s’alarmant du « risque sérieux de génocide » au Xinjiang, le Parlement européen poursuit son entreprise de désinformation et de révisionnisme falsificateur de l’histoire en ayant adopté à une très large majorité, le jeudi 15 décembre 2022, une résolution affirmant qu’il faut « qualifier l’extermination par la faim [en Ukraine en 1932-1933] de génocide », c’est-à-dire utiliser le terme d’« Holodomor » de manière officielle et sans aucun esprit critique. Un pas de plus vient d’être franchi de la part de l’Union européenne dans la révisionnisme mensonger, obscurantiste et fasciste, avec une ambition de moins en moins implicite : criminaliser le communisme avec l’objectif à terme d’interdire l’existence de formations et de symboles communistes partout en Europe, comme cela est déjà le cas en Pologne ou en… Ukraine.
Déjà, la résolution scélérate du 19 septembre 2019 « sur l’importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe » affirmait, implicitement, que l’unique cause à l’origine de la Seconde Guerre mondiale était le pacte de non-agression germano-soviétique du 23 août 1939. En conséquence, tout en indiquant qu’il était « urgent de sensibiliser l’opinion publique, de dresser un bilan moral de cette période et de mener des enquêtes judiciaires sur les crimes du stalinisme et d’autres dictatures », la résolution s’inquiétait du fait que « des symboles de régimes totalitaires continuent à être utilisés dans les espaces publics et à des fins commerciales, tout en rappelant qu’un certain nombre de pays européens ont interdit l’utilisation de symboles nazis et communistes » et déplorait « le maintien, dans les espaces publics (parcs, places, rues, etc.) de certains États membres, de monuments et de mémoriaux glorifiant les régimes totalitaires. » Qui ne peut voir que sont visés la place Stalingrad à Paris ou les rares statues de Lénine qui ne cessent d’être déboulonnées, comme récemment en Finlande ?
Le texte du 19 septembre 2019 opérait déjà une falsification fascisante de l’histoire, en niant les immenses responsabilités des fausses « démocraties libérales » que sont la France – qui, par le biais du pacifiste et anticommuniste ministre des Affaires étrangères, Georges Bonnet, signa un accord avec l’Allemagne nazie le 6 décembre 1938, ouvrant la voie à la Collaboration – et le Royaume-Uni, tous deux signataires des honteux accords de Munich le 30 septembre 1938. Accords que seuls les députés communistes rejetèrent en bloc en France, quand bien même des prétendus « historiens » et « journalistes » prétendirent le contraire, toute honte bue, en juin dernier dans une émission de « La Chaîne parlementaire » (dont le président est un très proche du despote Macron). Mais le texte du 15 décembre 2022 franchit un cap en reprenant les affabulations de « chercheurs » ukrainiens ou proches du milieu des émigrés ukrainiens américains adoptées par le Congrès américain sous Ronald Reagan en avril 1988.
En effet, en affirmant mensongèrement que l’URSS a perpétré un génocide, le texte vise à mettre sur le même plan cette dernière et l’Allemagne nazie et, pire, à banaliser la monstrueuse singularité du nazisme. Signalons à ce sujet que deux semaines avant, le 1er décembre 2022, l’Allemagne capitaliste a adopté une loi similaire à celle du Parlement européen ; un comble lorsque l’on sait que l’Allemagne impérialiste a perpétré des génocides réels, qui ont détruit les Hereros dans le Sud-Ouest africain (actuelle Namibie) en 1904 puis les Juifs et les Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les délires de l’UE sur le prétendu « génocide » en Ukraine
Tout dans ce texte relève de la désinformation et du mensonge les plus crasses :
- Un génocide résulte d’un ordre d’extermination – et est donc planifié –, comparable à ceux donnés par le maréchal von Trotta en 1904 ou à ceux donnés par les nazis. Or cet ordre n’existe pas dans le cas du prétendu « génocide » de 1932-1933. Pourtant, la résolution affirme sans preuve que « la famine de 1932-1933 qui a causé la mort de millions d’Ukrainiens, a été planifiée et mise en œuvre de manière cynique et cruelle par le régime soviétique pour imposer par la force la politique de collectivisation de l’agriculture et éliminer le peuple ukrainien et son identité nationale. » C’est d’autant plus ridicule que, sous l’impulsion de Lazare Kaganovitch – communiste juif ukrainien –, entre 1924 et 1931, l’Ukraine connaît une importante « ukrainisation » jusqu’à la fin de l’année 1932 au moins, dont témoigne la forte hausse des Ukrainiens réalisant des études supérieures générales et techniques.
- Si des récoltes sont arrivées en Russie en 1932-1933, c’est parce que la famine a aussi touché la Russie et le Kazakhstan (dont il n’est absolument pas question dans ladite résolution), où il a été prouvé par nombre d’historiens – y compris des partisans de la thèse du « génocide » comme Nicolas Werth ou Andrea Graziosi – que les taux de mortalité ont été supérieurs à ceux enregistrés en Ukraine.
- Le texte n’évoque absolument pas, d’une part, le contexte très difficile frappant alors l’URSS : turpitudes climatiques, crise du capitalisme à partir de 1929 empêchant l’URSS d’importer des machines agricoles et financement du séparatisme ukrainien par l’Allemagne nazie (véritable tutrice politique et financière de l’Organisation des nationalistes ukrainiens – OUN), le Japon impérialiste et la Pologne réactionnaire notamment ; d’autre part, la « nouvelle NEP » (selon l’expression des historiens Stephen G. Wheatcroft et Robert W. Davies) mise en œuvre par les autorités soviétiques pour lutter contre la famine.
Et alors que depuis les années 1990 et l’ouverture de toutes les archives soviétiques, nombre d’historiens ont revu à la baisse les chiffres de la mortalité et contestent radicalement le terme de « génocide », le Parlement européen, soumis aux desiderata de Washington, Berlin et Kiev, adopte une thèse officielle contraire à tous les faits matériels. Pire : cette résolution scélérate, qui interdit implicitement le principe même de débat sur ce sujet, « incite tous les pays et organisations internationales qui n’ont pas encore reconnu l’Holodomor comme un génocide à le faire » et « demande aux Etats membres de l’Union […] d’incorpor[er] des données historiques à leur sujet dans les programmes scolaires et de recherche ».
Gageons qu’il ne sera plus possible de citer un historien comme Mark Tauger, professeur à l’Université de Virginie-Occidentale, qui a parfaitement démontré dans Famine et transformation agricole en URSS que cette dernière a réduit ses exportations de blé et distribué des millions de tonnes de vivres à partir de ses réserves pour contrer la famine – ce qui invalide l’image d’une famine artificiellement créée –, mais aussi que la collectivisation a permis la mobilisation et la répartition des ressources, comme l’usage des tracteurs, l’aide aux semences et l’aide alimentaire, afin de permettre aux agriculteurs de produire une bonne récolte pendant une famine sans précédent dans l’histoire russe puis soviétique.
Et quand bien même serait prise au sérieux cette idée de « génocide », pourquoi le régime soviétique ne l’aurait-il pratiqué que pendant quelques mois ? Et comment aurait-il réussi à dissimuler 6 millions de cadavres (chiffre avancé par les anticommunistes de choc, et qui renforce l’ignoble « comparaison » avec la destruction réelle des Juifs d’Europe) comme le souligne malicieusement l’historienne Annie Lacroix-Riz en 2007 dans Petite contribution au livre noir de l’anticommunisme et de la contre-révolution : « Staline et le régime soviétique auraient donc eu la capacité d’enfouir à jamais les morts entassés en quelques mois, alors que l’extermination de six millions de juifs, étirée sur près de trois ans, a accumulé des preuves immédiatement visibles, perçues d’emblée très au-delà des frontières de la réalisation du processus, et conservées sur les lieux du génocide malgré les efforts que fit le IIIe Reich pour en dissimuler toute trace à partir de 1944. » ?
LFI et PCF au diapason du révisionnisme mensonger
Malgré l’absurdité scientifique et historique de la fable du « génocide par la faim » que serait l’Holodomor, les eurodéputés ont largement approuvé ce texte obscurantiste qui marque une étape supplémentaire dans la criminalisation du communisme. Un texte aux fins politiques clairement affichées puisque le texte ose même certifier que : « la guerre d’agression menée actuellement par la Russie contre l’Ukraine, la destruction de ses infrastructures énergétiques et agricoles, le blocage de l’exportation de céréales ukrainiennes et le vol de millions de tonnes de céréales par la Russie ont refait naître les craintes d’une famine artificielle à grande échelle, en particulier dans le Sud, qui dépend des céréales ukrainiennes à bas coût ». Ce qui n’a pourtant pas empêché les députés dits « communistes », à commencer par Fabien Roussel et André Chassaigne, de voter l’infâme résolution 39 de l’Assemblée nationale qui dissout la France dans l’Axe UE-OTAN. Si l’on ne peut dire avec certitude que, s’il y en avait eu, les eurodéputés PCF auraient approuvé cette résolution, gageons à coup sûr qu’ils ne s’y seraient pas opposés : comment peut-il en être autrement pour Fabien Roussel, pour qui Staline n’est pas un « camarade », le centralisme démocratique serait pratiqué par le despote Macron et les kolkhozes seraient une ignominie – au même titre que l’URSS ?
Probablement, les députés PCF auraient rejoint l’« union sacrée » des eurodéputés de France qui ont TOUS approuvé cette résolution mensongère, obscurantiste et réhabilitant par ricochet le fascisme. On ne sera par surpris par le vote du RN, des LR, des macronistes, ainsi que du PS et d’EELV qui avaient déjà applaudi la résolution du 19 septembre 2019. Mais il faut signaler également le vote favorable des prétendus « Insoumis » sous l’impulsion de Manon Aubry, ne cessant d’entraîner davantage la feue « France insoumise » dans une mortifère dérive euro-atlantique, soit la ligne politique de la NUPES. On verra si ces « Insoumis » auront le courage d’affirmer que la destruction des Irlandais à partir de 1845 et des Bengalais en 1943 par la famine a été un génocide perpétré à chaque fois par les Anglais, et que le million de communistes indonésien assassiné en quelques semaines par le féroce Suharto – avec le soutien des Etats-Unis – à partir de septembre 1965 a été également un génocide ; mais gageons que pour les tenants de l’ordre euro-atlantique, ce ne sera pas le cas…
Mener le combat pour les Lumières communes avec le PRCF !
C’est pourquoi le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) condamne fermement cette résolution obscurantiste qui décuple la fascisation et criminalise le communisme en falsifiant scandaleusement l’histoire réelle et, pire, en ouvrant la voie à la répression tous azimuts des organisations et des symboles communistes, et même à l’encontre d’historiens qui, sans être communistes, refusent le qualificatif mensonger de « génocide » pour étudier ce qui s’est passé dans la République socialiste soviétique d’Ukraine en 1932-1933. Cette condamnation est d’autant plus indispensable que demain, les députés réactionnaires et fascisants de France parviendront probablement à faire adopter une loi selon laquelle il y a aurait eu un soi-disant « génocide » en Vendée en 1793, perpétré par la République jacobine une et indivisible qui luttait pour sa survie face aux forces contre-révolutionnaires.
Plus que jamais, le PRCF appelle les militants et les forces vraiment communistes à œuvrer à la reconstruction d’un vrai Parti communiste, en mesure de combattre de telles insanités – contrairement au prétendu Parti « communiste » français qui poursuit sa lente agonie au sein de l’ordre euro-atlantique. Ceci implique à la fois de mener le combat intellectuel pour des Lumières communes, en opposition à l’obscurantisme fascisant clairement promu par les tenants de l’ordre euro-atlantique ; mais aussi le combat idéologique comme le fait le PRCF avec son journal Initiative communiste et sa revue Etincelles ; et enfin le combat politique VITAL pour la sortie de la mortifère UE, machine de guerre réactionnaire contre les peuples et les travailleurs, de l’OTAN, bras armé de l’impérialisme qui sème le chaos et menace le monde d’une apocalypse nucléaire, et du capitalisme dont les tenants illuminés sont les seuls et réels génocidaires historiques et actuels.