« L’émancipation nationale est le socle de l’émancipation sociale ».
Jean Jaurès
Pas un jour ne passe sans nouvelle annonce destructive visant l’Education nationale, ses personnels, et plus généralement les « fonctionnaires » accusés de parasiter l’argent public… Succession des contre-réformes néolibérales (école, hôpital, SNCF, EDF, Poste…), érosion du caractère national des diplômes et des qualifis, casse des concours et des statuts nationaux garantissant la liberté de pensée des enseignants et leur sécurité d’emploi, rabougrissement des traitements consentis aux fonctionnaires sacrifiés aux critères d’austérité de Maastricht, report incessant de l’âge de la retraite en Europe, dégradation du contenu des disciplines enseignées, valse-hésitation entre ministres de l’Educ alternativement enclins au laxisme (Vallaud-Belkacem et son « école de la bienveillance »…) et/ou à la mise au pas des élèves et des personnels (« uniforme » et SNU à la clé), cet attentat global contre l’école de la République s’effectue sur fond de ralliement du Macronat au bloc réactionnaire et xénophobe qui va du Sénat LR aux amis de Zemmour et Le Pen en passant par le parti macroniste…
A l’arrière-plan de la maltraitance d’Etat ciblant l’ « école de la République », on trouve certes une noria de ministres successifs issus des écoles privées dévolues à l’ « élite », de l’Ecole alsacienne de Paris chère à Pape Ndiaye au très sélect collège Stanislas élu par Mme Oudéa-Castéra pour promouvoir dignement sa lignée. Mais surtout, pudiquement ignorée par les état-majors nationaux des syndicats (de la CGT à la FSU en passant par SUD, sans parler de l’UNSA et de la CFDT eurobéates), il y a la sacro-sainte « construction » euro-atlantique que bénit la fausse gauche politico-syndicale. Une « construction » dont le dogme central repris dans tous les traités européens définit l’UE comme une « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée« . Or dans ce cadre précontraint, non seulement toute alternative socialiste-communiste est totalitairement forclose, non seulement les services publics et les protections sociales hérités du CNR n’ont plus leur place, mais le concept même d' »Education nationale » devient exotique. Et c’est encore plus vrai à une époque où l’oligarchie européenne férue d' »Etats-Unis d’Europe », d’OTAN, de traités de libre échange transatlantiques indissociables du tout-anglais envahissant, voire de « conflit global de haute intensité » avec les cibles planétaires de l’Empire étatsunien, met au coeur des élections européennes prochaines le « saut fédéral européen »: c’est-à-dire la mise en place d’un Etat, d’un gouvernement et d’une armée européens qui ne laisseraient pas pierre sur pierre de la République française héritée des Sans Culotte, sans parler des luttes pluriséculaires du mouvement ouvrier et démocratique pour instituer une République sociale, démocratique et laïque de V. Hugo à A. Croizat et de Louise Michel à Manouchian.
On ne peut servir deux maîtres à la fois, pas plus qu’on ne peut raisonner juste en partant de deux axiomatiques à la fois. Soit on cautionne, fût-ce par omission, le saut fédéral vers l’Empire euro-atlantique du capital, et on se prononce alors objectivement pour l’arasement des avancées historiques de 1905, 36, 45, 68, parmi lesquelles figurent l’école laïque et l’Education « nationale », soit on opte pour la logique antifasciste, pacifique, patriotique (au sens révolutionnaire qu’avait ce mot en 89), populaire et écologiste qui combat à la fois l’oligarchie capitaliste et l’arsenal institutionnel dont elle dispose: euro-fascisation, lois liberticides et racistes, Empire européen piloté depuis Berlin et Washington et collaborant sans états d’âme avec l’extrême droite de Rome à Kiev pour préparer un « conflit global de haute intensité » contre le bloc des peuples non-européens en formation (de l’Asie à l’Afrique francophone en rébellion en passant par l’Amérique latine).
Quant à ceux qui prétendent qu’on pourrait, de sa dextre, bénir la « construction européenne » du capital et, de sa sénestre, oindre l’Education nationale laïque, ils ne sont rien d’autre que de dangereux « social-impérialistes », pour reprendre un mot cher à Lénine : socialistes en paroles, impérialistes en pratique. Que tous ceux qui veulent résister pour reconstruire la France, la République et l’école publique ne se trompent pas de logique, c’est-à-dire de camp social, en ce moment crucial. Le PRCF est prêt au dialogue et à l’action commune. Et il y a urgence…