Un sommet des chefs d’ État de l’UE vient d’avoir lieu à Salzbourg (Autriche).
Choix révélateur de ce qu’est l’ UE et de la politique que celle-ci impose aux peuples d’ Europe.
Ainsi Sebastian Kurz et son gouvernement ont fait adopter en juillet dernier une loi sur l’allongement et la flexibilisation du temps de travail. Même Courrier international (propriété du groupe Le Monde de Pigasse et Niel) juge le texte « très favorable aux employeurs et aux attentes des milieux économiques ». La nouvelle loi permet, sur la base du « volontariat », d’étendre la durée maximale du temps de travail de 10 à 12 heures quotidiennes et de 50 à 60 heures hebdomadaires. Kurz,chef de l’ÖVP tenant de l’aile droite du camp conservateur, gouverne avec le parti d’extrême-droite ultra-libéral-raciste et islamophobe FPÖ qui détient les ministères de l’ intérieur et de la défense. Bref ce gouvernement fascisant, ultra-libéral, européiste et xénophobe correspond parfaitement aux souhaits de l’ UE.
A l’ordre du jour le Brexit. Macron et les 27 ont tout fait pour mettre la pression sur Theresa May allant jusqu’à l’insulte et la menace. Ainsi Macron a-t-il déclaré : « Ceux qui expliquent qu’on peut faire facilement sans l’Europe, que cela va très bien se passer, que c’est facile et que ça va rapporter beaucoup d’argent, sont des menteurs. » ajoutant » Le Brexit démontre que quitter l’Europe ne se fait pas sans coût et sans conséquences ». Bref, il s’agit toujours de « punir » la population britannique, notamment sa classe ouvrière qui a massivement voté pour la sortie, de manière à intimider les autres peuples… qui brûlent de plus en plus de claquer la porte. Que feraient en effet les eurocrates si, à moyen terme, il y avait plus de monde dedans que dans leur bienheureux « paradis » néolibéral et fascisant ?
L’UE s’estimant en position de force veut faire plier Londres et lui imposer un accord qui contourne la volonté démocratiquement exprimée par le peuple britannique. La question irlandaise est utilisée par l’UE pour tordre le bras des conservateurs britanniques, divisés sur le Brexit, en menaçant de conserver l’Irlande du Nord dans l’espace économique commun, ce qui revient à la séparer du Royaume-Uni. Ce qui entrainerait de facto la chute du gouvernement de T.May celle-ci ayant besoin aux Communes des voix des députés unionistes….
Aussi la petite musique d’un nouveau référendum sur le Brexit devient de plus en plus entêtante accompagné d’une campagne hystérique annonçant l’apocalypse pour la Grande-Bretagne si le Brexit se confirmait. C’est pourquoi Macron entonne ce genre de menaces dont la Grèce a été abreuvé il y a peu.
Le capital tremble car l’UE est une pièce centrale de son dispositif économique, politique, institutionnel et idéologique. Ainsi Bruno Alomar, économiste, ancien haut fonctionnaire à la Commission européenne nous explique, dans un moment de franchise paniquée : « Pour l’instant, la réponse française consiste à rester dans l’Union européenne. Mais un Brexit réussi serait un coup terrible pour tous ceux et celles qui pensent en France qu’ hors de l’Union européenne il n’existe point de salut. »
Corbyn et le parti travailliste flottent entre deux eaux les yeux rivés sur de bons sondages. Le Financial Times (FT) et le patronat anglais applaudissent Corbyn car le très « radical » responsable du Labour a repris l’initiative sur le Brexit en se prononçant pour le maintien dans une union douanière avec l’Europe. Ce que T. May refuse car elle entraverait la liberté du Royaume-Uni à signer ses propres accords commerciaux avec des pays tiers, comme l’Australie, la Chine ou les États-Unis.Mais cette position affaiblit la Premier ministre britannique: la CBI (Confederation of British Industries, le MEDEF anglais) et FT, la bible des milieux capitalistes, approuvent le tournant « décisif, intelligent et constructif » du Labour.
En tous les cas une vaste opération d’intimidation se déploie contre Corbyn : le maire de Londres (travailliste) et de nombreux élus du Labour exigent un second référendum et une odieuse campagne présente Corbyn comme un antisémite du fait de son soutien au peuple palestinien. Le prochain congrès de Labour sera un moment de vérité.
Le seul problème pour que ce beau monde trouve une solution conforme à ses intérêts est l’intervention du peuple et en particulier de la classe ouvrière qui a voté très majoritairement en faveur du Brexit.
Et la leçon pour nous est bien que, sans Frexit progressiste, sans sortie de l’ UE par la porte de gauche, le rétablissement de la situation par le grand capital, d’une manière ou d’une autre, est prévisible sinon certain. Sans la dynamique politique et sociale à vocation révolutionnaire porté par le Frexit progressiste, sans la centralité du monde du travail dans le Frexit, le processus peut s’enliser comme la situation britannique le laisse craindre. La clarté sur la question de la sortie progressiste de l’ UE, de l’Euro et de l’OTAN est centrale pour les forces attachées au progrès social, à l’indépendance , à la démocratie et à la paix.
23 septembre 2018 – par Antoine Manessis, secrétaire de la Commission internationale du PRCF.