Selon le site whatyouthink.org la sortie du Royaume Unis est en tête des sondages à désormais quelques jours du referendum. 51% des britanniques voteraient pour la sortie de l’UE selon les 6 derniers sondages parus en Grande Bretagne. Et ce malgré une campagne intense de l’ensemble de la classe capitaliste pour le oui. Même Barack Obama est venu défendre le oui, oubliant que ce faisant il démontrait l’absence de souveraineté des états membres de l’UE ce morceau de l’empire euro atlantique que va parachever le TAFTA le traité de libre échange transatlantique.
Après le referendum au Pays Bas où les néerlandais ont refusé de ratifier l’accord d’association UE Ukraine, c’est une nouvelle claque qui se profile à l’horizon pour l’UE, outre manche. Car les peuples sont majoritairement contre cette prison qu’est l’Union Européenne. Et les travailleurs britanniques ne sont pas isolés.
Pour la démocratie, un referendum en France ? signez la pétition
Si les britanniques peuvent s’exprimer par referendum, les français eux en sont privés. Depuis qu’ils ont voté NON au referendum de 2005, le mot même de referendum est tabou. Pourtant une large majorité souhaitent un referendum (lire ici). Et une campagne de pétition recueillant désormais plusieurs milliers de signatures – malgré la censure médiatique totale – a été lancée.
On ne manquera d’ailleurs pas de s’étonner que les gros médias « pluralistes » mais tous fervents combattants de la sortie de l’Union Européeenne (il faut dire qu’ils appartiennent pour à des milliardaires…) ne publient aucun sondages sur la question. Par exemple si un récent sondage publié au début du mois de Juin TNS Sofres indique les résultats s’agissant de l’opinion des français sur la sortie de l’UE du Royaume Unis, les résultats s’agissant de leur opinion sur l’organisation d’un tel référendum en France ne sont pas publiés. Seuls les résultats concernant la Pologne, le Danemark, la Finlande et les Pays bas ainsi que l’Irlande et parmi ces pays TNS ne donne le choix des peuples que pour le Danemark et les Pays Bas. Il faut noter que les néerlandais sont largement favorables à l’organisation d’un referendum, et qu’ils ne sont pas une majorité à se prononcer pour le maintien dans l’UE.
www.initiative-communiste.fr a décortiqué pour vous les rares sondages disponibles et en particulier le dernier sondage publié par le bien connu institut PewResearchCenter, basé sur une enquête de la TNS
Les peuples majoritairement contre l’Union Européenne
Un sondage qui confirme une augmentation générale de la contestation de l’Union Européenne par les peuples. De façon générale, deux fois plus d’européens (42%) souhaitent que les Etats membres récupèrent plus de pouvoir et voir ainsi diminuer la place de l’Union Européenne que l’inverse (19% souhaitent plus de transferts de pouvoirs à l’Union Européenne). C’est un désaveu total de la construction européenne.
Les partisans de l’Union Européenne sont d’ailleurs désormais nettement minoritaires en Grèce (27%), France (38%, 35% pour les sympathisants de droite, 37% pour les sympathisants de gauche), Grande Bretagne (44%), Espagne (47%) et même en Allemagne (50%). De manière symptomatique, le sondage met en évidence le fort partie pro-UE au sein du Front National (1/3), ce qui n’a rien d’étonnant s’agissant d’un parti qui en réalité ne propose pas de sortir de l’Union Européenne mais bien d’y rester
Et très logiquement, les peuples désapprouvent très majoritairement l’orientation ultra libérale de la dictature du Capital qu’est l’Union Européenne. De 92% des grecs à 2/3 des français, des espagnols ou des italiens s’opposent à la politique économique de l’UE.
Si le traité de Rome, en 1957 proclame que l’UE doit être une « union toujours plus resserrée », ce n’est pas du tout l’avis des l’ensemble des peuples européens
Et les français sont plus nombreux à vouloir moins d’europe plutôt que plus d’europe. Mais pas encore dans les proportions des grecs… Sans aucun doute que la Loi Travail directement issue des ordres de la Commission Européenne va encore creuser cet écart.
Signez la pétition pour un referendum pour la sortie de l’UE
BREXIT de droite ou Frexit progressiste ? par Georges Gastaud
L’OLIGARCHIE EURO-ATLANTIQUE se félicite de l’accord unanime que viennent de parapher les dirigeants des États européens sous la pression du Premier ministre anglais, David Cameron. Pour appréhender la signification politique de cet accord, il convient de rappeler un fait majeur : l’UE est si impopulaire en Grande Bretagne que Cameron a dû se résoudre à organiser en juin prochain un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. La manœuvre politicienne du Premier ministre britannique consistait à obtenir de l’UE un « paquet » de concessions jugé suffisant pour que le gouvernement tory puisse décemment appeler les électeurs britanniques à voter Oui au référendum. Bref, il s’agit typiquement de ce qu’il faut bien nommer un contre-feu politique à la volonté populaire de rupture avec l’UE, ce rejet des institutions supranationales étant du reste de moins en moins spécifique à la Grande-Bretagne.
Pour juger des concessions arrachées par Cameron, il faut rappeler que le Royaume-Uni, qui n’est pas entré dans la zone euro-mark et qui a, en conséquence, conservé sa souveraineté monétaire et budgétaire, a toujours considéré que les décisions du parlement de Westminster l’emportaient juridiquement sur les prétendues « lois européennes », si bien que la présence britannique au sein de l’UE ressemble fort, depuis le début, à une participation « à la carte ». Il faut aussi noter qu’il en va de même de l’Allemagne, où la cour constitutionnelle de Karlsruhe a toujours estimé que les décisions du Bundestag avaient le pas, en cas de conflit, sur les directives édictées par Bruxelles. Quelle différence avec la France bourgeoise, où les membres du conseil constitutionnel – les Debray (« gaulliste »), Badinter (« socialiste ») et autre Fabius – jugent depuis toujours que les directives européennes n’ont pas à être soumises à un contrôle de constitutionnalité puisque, pour ces dignes successeurs de Versailles et de Vichy, les traités internationaux signés par Paris l’emportent sur la Constitution de la République française. On ne saurait mieux afficher l’asymétrie qui règne en Europe, non seulement entre le Sud du sous-continent et le Nord (Cameron a obtenu tout ce qu’il réclamait alors que le Grec Tsipras a dû avaler dix fois son chapeau !), mais aussi entre les États (inégalement) dominants qui dirigent le vaisseau amiral européen, notamment le prétendu Axe franco-allemand.
Il importe enfin de rappeler la teneur profondément réactionnaire de l’accord avalisé par Hollande (capitale : Maastricht) en ce funeste mois de février 2016. D’une part, les travailleurs migrants venus de l’Est européen (notamment le prolétariat polonais viré de son pays par la méga-casse de leur industrie socialiste) se verront désormais privés des maigres droits que trois décennies de thatchéro-blairisme ont consenti à laisser aux salariés anglais. On ne saurait mieux afficher la profonde inégalité des « citoyens européens » dans le cadre de cette belle « construction » européenne que le Parti de la Gauche Européenne et son président, M. Pierre Laurent, prétend encore « réformer de l’intérieur ». D’autre part, Cameron a obtenu de Bruxelles que les timidissimes « règles » que l’UE voulait à l’avenir imposer aux financiers européens restent totalement facultatives pour la City britannique ; si bien que, BREXIT ou pas BREXIT, la place forte londonienne de la finance mondiale est assurée que le méga-paradis fiscal british, et derrière lui, Wall Street, continuera de déstabiliser à sa guise les économies – et les emplois productifs (agriculture, industrie…) – de tout le sous-continent. Après tout, le cancer financier londonien n’a-t-il pas commencé, sous Thatcher, par pulvériser la classe ouvrière industrielle britannique (souvenons-nous de l’héroïque grève minière de 1984 brisée dans le sang par la « Dame de fer » !).
Certes, si la Grande-Bretagne se retire de l’UE, tous les adversaires conséquents de cette prison des peuples devront s’en réjouir – y compris et surtout les progressistes, car le retrait britannique peut amorcer un mouvement général continental de contestation de la dictature supranationale du grand capital. Mais qu’on ne se leurre pas pour autant : si le BR.EXIT avait lieu sur les bases réactionnaires et grossièrement nationalistes qui sont celles du parti UKIP (« Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni »), les milieux oligarchiques qui dominent l’UE germano-centrée contre-attaqueraient aussitôt en relançant leur projet de « coopérations renforcées » : en clair, un retrait britannique se traduirait par un contre-BR.EXIT ultra-fédéraliste accentuant la domination germano-américaine sur l’UE et broyant les bribes de souveraineté qui restent à notre pays, sans parler de la manière encore plus humiliante dont seront alors traités les pays de l’Europe du Sud (Grèce, Italie, Espagne, Portugal : les « PIGS ») et les ex-pays socialistes de l’Est rendus à leur état de néocolonies occidentales par la contre-révolution des années 1990. Au passage, il est presque comique de constater que les « nationalistes » polonais qui font grand bruit sur l’asservissement de la Pologne à l’Union soviétique ont parrainé à Bruxelles, par l’entremise de Donald Tusk, un accord qui rabaisse au maximum l’orgueil national des Polonais que le chômage de masse en Pologne contraint à s’exiler en Grande-Bretagne.
Au total, quand on examine de près la fausse alternative réactionnaire que comportent, simultanément, le BREXIT et le contre- BREXIT fédéraliste envisagé par Merkel et Hollande, on ne peut qu’en venir aux conclusions stratégiques suivantes :
- L’actuel gouvernement français – qui agit dans un consensus parfait avec l’ex-UMP sur le dossier euro-atlantique – devrait le premier être globalement frappé de déchéance nationale, tant les équipes alternantes du Parti Maastrichtien Unique au pouvoir sont prêtes à tous les abaissements nationaux pour suivre à marche forcée la feuille de route antifrançaise du Medef. La conséquence évidente, à laquelle continuent de se dérober les eurotrotskistes du NPA et de LO, les euroréformistes du PCF-PGE et certains mouvements « marxistes-léninistes » qui ignorent tout des positions léninistes sur la question nationale, c’est que l’alliance antifasciste et anti-UE du drapeau rouge prolétarien et du drapeau tricolore de la nation s’impose plus que jamais pour briser la dictature euro-atlantique et pour rouvrir à la France la voie de la révolution sociale.
- Les manigances pro-UE de Cameron sont très instructives sur ce que cherchent véritablement à concocter le FN et ses satellites pseudo-souverainistes. On peut gager que Marine Le Pen ne sortira jamais la France de l’euro, de l’UE et de l’OTAN, même si Florian Philippot est chargé de brandir bien haut le drapeau mensonger de l’« euroscepticisme ». Déjà, la patronne du FN avait annoncé sur LCP, à l’émission Questions d’info, qu’elle appellerait la France à « rester dans l’UE » pour peu que cette dernière « nous restitue notre souveraineté ». En réalité, le FN sait très bien que, même si sa chef bien-aimée accède à l’Élysée, elle ne pourra pas gouverner sans l’appui des députés sarkozystes, lesquels ne feront rien sans le feu vert du Medef – entièrement acquis à l’UE, au « Pacte transatlantique », au tout-anglais impérial, etc. Au mieux, la Le Pen fera au nom de la France ce qu’a fait Cameron au nom de la Grande-Bretagne : elle posera des conditions – qui pèseront seulement sur les immigrés – et elle constatera le moment venu que, l’UE « nous » ayant rendu une bribe de souveraineté, il est conforme à l’« intérêt national » d’appeler le bon peuple à voter Oui au maintien dans l’UE… Il est donc capital que les militants franchement communistes – et plus seulement, dans les faits, ceux du PRCF –expliquent aux ouvriers tentés par le vote FN que ce parti est faussement national et qu’avec lui, ce serait bel et bien, si l’on peut dire, la « double Pen » : double ration de fascisation et d’euro-servilité…
- Non seulement, il n’y aurait pas de bonne sortie « par la droite » de l’UE pour notre pays, mais le risque est fort mince, pour la grande bourgeoisie, qu’il y ait une sortie tout court si le retrait français est piloté par une des variétés du « souverainisme » bourgeois. Alors que certains groupes anti-UE prétendent, comme le Comité Valmy, que peu importe par quelle porte (de droite, de gauche ou du centre !) la France sortira de l’UE, pourvu qu’elle en sorte, comme si le contenu de classe du retrait français n’avait aucune espèce d’importance… En réalité, seule la classe travailleuse, et à sa suite, l’ensemble des couches populaires et moyennes, peuvent sortir la France de l’UE en affrontant pour cela le grand capital et l’impérialisme « français », dont la stratégie de classe (mondialiser ses profits quitte à détruire les conditions d’existence des ouvriers, paysans, ingénieurs, fonctionnaires, artisans, etc.) passe par la réduction drastique de la République une et indivisible héritée de la Révolution française et du CNR.
- On mesure l’irresponsabilité et la veulerie politiques de ceux qui, y compris chez certains ténors prétendument écarlates, proclament urbi et orbi (pour éviter d’affronter les directions euro-formatées de la CGT du PCF) : « Inutile de combattre l’UE et l’euro, puisqu’ils vont tomber tout seuls »… alors que, nous venons de le démontrer, la sortie de droite (ou plutôt, la fausse sortie de droite) ne peut être au mieux qu’un « reculer pour mieux sauter » accélérant la marche à l’État fédéral européen sous l’égide de Berlin, de Washington… et de la City !
Plus que jamais, la responsabilité des militants franchement communistes, des syndicalistes de classe et des citoyens clairement républicains, est donc de relancer l’offensive pour les quatre sorties, de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme. Pour cela, emparons-nous de la pétition exigeant un référendum français sur le maintien ou pas de la France dans l’UE, pour permettre à notre peuple de dire Non à l’euro-dictature, tout en engageant la lutte politique pour une République sociale, souveraine et fraternelle. En un mot, vive la Franche Rupture avec l’Europe Capitaliste Supranationale… à l’Initiative des Travailleurs !
Signez la pétition pour exiger un referendum sur la sortie de l’euro et de l’UE !
Pourquoi je souhaite la victoire du Brexit par Raoul Marc Jennar
Parlons clair. Je suis pour l’union des peuples d’Europe qui le souhaitent, mais sur un fondement totalement méprisé par l’UE : la souveraineté populaire, cette conquête historique de 1789 confirmée en 1945 par « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ».
Rien à voir avec cette caricature qu’est l’UE où les principes fondamentaux de la démocratie sont bafoués : pas de séparation des pouvoirs, pas de contrôle de l’Exécutif (le Conseil des Ministres de l’UE) par une assemblée parlementaire, pas de Parlement digne de ce nom, c’est-à-dire en capacité d’avancer ses propres propositions, pleinement indépendant pour adopter des normes législatives et protégé efficacement contre l’influence perverse des lobbies. Un trait d’humour révélateur circule dans les milieux européens les plus lucides : si l’UE en tant que telle était candidate à entrer dans l’UE, sa candidature ne répondrait pas aux critères de démocratie exigés pour l’adhésion à l’UE.
Alors, me dira-t-on, plutôt que de détruire l’UE, réformons-là. J’ai cru à cela pendant de très nombreuses années. C’est sur cet espoir que je me suis opposé en 2005 au projet de traité constitutionnel européen. C’est dans cette même perspective que j’ai rassemblé un ensemble de propositions dans un livre intitulé « Quelle Europe après le non ? » (2007). Mais depuis, il m’a fallu déchanter. Le traité de Lisbonne qui est à 99,9 % le projet de traité constitutionnel rejeté par les peuples de deux Etats qui ont eu la chance de pouvoir s’exprimer, illustre le mépris des dirigeants européens pour l’opinion des peuples qu’ils prétendent représenter. Et tous les traités qui ont suivi, semestre européen, TSCG, MES, ont, à l’inverse des attentes démocratiques exprimées en France et aux Pays-Bas en 2005, renforcé les pouvoirs d’institutions européennes sur lesquelles les peuples n’ont aucun pouvoir : Commission européenne, Banque Centrale Européenne, Cour de Justice européenne. Le formidable déni de démocratie est aussi illustré par l’Euro-groupe, une structure aux pouvoirs considérables, mais sans aucune existence légale, et qui peut provoquer des souffrances immenses comme celles imposées au peuple grec. Pire encore, cette UE qui prétend exprimer des valeurs, a montré qu’il n’existe pas de valeurs dès lors que les intérêts particuliers et les égoïsmes prévalent : au nom de l’union des peuples, on les met en concurrence les uns contre les autres ; au nom de prétendues valeurs, on viole les Conventions internationales qui protègent les victimes de conflits ou de tyrannies. L’UE et ses supposées valeurs est aujourd’hui traversée de murs hérissés de barbelés et la liberté de circulation ne vaut que pour les travailleurs qu’on « détache » pour mieux les exploiter.
Ce refus de réformer l’UE a été formalisé par l’actuel président de la Commission européenne, un homme qui pendant plus de quinze ans, à la tête du gouvernement luxembourgeois, a organisé l’évasion fiscale. Il s’est permis de déclarer « il n’y a pas de vote démocratique contre les traités européens ». On ne peut mieux signifier que l’UE n’est pas réformable. En fait, elle a été conçue pour qu’il en soit ainsi. Elle s’est faite au nom des peuples, mais sans eux et très souvent contre eux.
Dès lors, il ne reste qu’une seule option : provoquer le démantèlement de ce monstre oligarchique qu’est l’UE pour construire une union des peuples qui le voudront sur les bases indiquées en début d’article. Pour y parvenir et hâter le processus, le Brexit offre une opportunité qui, j’en suis convaincu, aura plus d’efficacité que les rejets de 2005.
C’est peut-être paradoxal, mais la meilleure chance pour les peuples d’Europe qui voudront s’unir dans le respect des principes fondamentaux de la démocratie, c’est la sortie d’un pays qui, à bien des égards, est un des fondateurs de la démocratie parlementaire.
Raoul Marc Jennar
8 juin 2016