Le soulèvement populaire des Gilets jaunes se développe selon deux axes revendicatifs totalement incompatibles avec la logique structurellement antisociale et antidémocratique de la « construction » européenne néolibérale et supranationale :
L’axe social, qui revendique la hausse générale des revenus du travail (salaires, pensions, remboursements maladie, etc.), la refonte totale de la fiscalité avec baisse ou suppression des impôts indirects profondément inégalitaires et remise en place d’une fiscalité directe ponctionnant fortement le capital, les grandes fortunes, les expatriés fiscaux, les actionnaires du CAC 40 jouant sur l’immorale « optimisation fiscale » ; les Gilets jaunes réclament aussi la reconstruction de véritables services publics (Éducation nationale, hôpital public, équipement, SNCF, énergie, etc.), la fin des privatisations et des délocalisations, la mise en cause radicale de toute forme de spéculation et la sauvegarde de l’emploi productif industriel et agricole, etc.
L’axe démocratique : exigence d’en finir avec la 5ème « République » néo-monarchique, refus de la répression aveugle contre le mouvement populaire et rejet de l’État policier tentaculaire, aspiration à la démocratie directe et au droit de décider des grandes orientations politiques (RIC), en un mot, la revendication, profondément ancrée dans l’imaginaire de la Révolution Sans Culottes, d’un peuple effectivement souverain dont la participation démocratique ne se réduise plus à la participation à un système politique profondément verrouillé au profit des « élites » dominantes. Or sur ces deux points, la logique de l’UE et de sa construction est antinomique des revendications des Gilets jaunes :
Sur le plan socioéconomique, l’UE se définit elle-même juridiquement comme une « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée ». Non seulement cela corsète, voire tout simplement interdit, toute politique industrielle visant à reconstituer le secteur productif national, non seulement cela enjoint de démonter, comme autant de freins à la concurrence exacerbée et au libre-échangisme mondial, les garanties des salariés (statuts, conventions collectives, Code du travail…) et les grands services publics qualifiés de « monopoles », mais cela incite chaque gouvernement national de l’UE a multiplier les cadeaux fiscaux aux riches, à exempter les entreprises, spécialement les plus grandes, d’un maximum de contraintes fiscales, sociales et environnementales. Il s’agit d’abaisser sans cesse le prétendu « coût du travail » (des salariés, mais aussi des paysans et des artisans) pour élever la « compétitivité » des grandes entreprises (en clair, les profits des actionnaires) : en somme, à comprimer les salaires, à raboter sans cesse les « dépenses sociales », à supprimer au maximum les prétendues « charges » dues par le patronat au titre du salaire indirect mutualisé (Sécu, retraites, indemnisation du chômage, allocations familiales, etc.). Ainsi, s’il advient qu’à l’avenir un gouvernement d’union populaire et démocratique essaye de mettre en place une politique industrielle, sociale, agricole et environnementale toute nouvelle visant à réduire les inégalités sociales et fiscales, à reconstituer le secteur et les services publics, à mettre en place une planification démocratique du développement socio-économique, ce gouvernement serait lourdement sanctionné par l’UE et sommé de « rentrer dans les clous » du néolibéralisme et de l’austérité obligatoire. La logique même de l’euro, construit sur les critères d’austérité (dits de convergence), sur le primat de la BCE sur les banques centrales nationales, sur l’obligation qu’ont les États de s’endetter sans fin auprès des usuriers des « marchés financiers », sur la domination écrasante du grand capital allemand, secondé avec zèle par le capital financier français, sur l’ensemble de la zone euro, est antinomique de l’idée même de progrès social.
Sur le plan institutionnel, l’UE est un verrou majeur sur la voie de la démocratie populaire et de l’initiative citoyenne. Tout d’abord parce que la souveraineté du peuple français est impossible sans la souveraineté inaliénable de la nation, « socle de l’émancipation sociale » selon le mot de Jaurès. Construite de A à Z pour réfréner et refouler la marche au socialisme et au communisme en Europe et dans le monde, l’UE cadre et oriente l’ensemble des politiques sociales, économiques, culturelles même, en fonction d’orientations socioéconomiques, politiques et militaires (« partenariat stratégique avec l’OTAN ») qui ne sont modifiables qu’à l’unanimité des États-membres. En permanence, les directives européennes enchaînent chaque pays européen, complice de sa propre servitude, aux dogmes du libre-échangisme mondial et de l’atlantisme militaire (marche à la guerre contre la Russie…). La « souveraineté européenne », le « saut fédéral européen », l’ « armée européenne » que promeut vigoureusement Macron en violation de la Constitution française visent même à empêcher tout changement progressiste en enserrant chaque pays dans un réseau dense d’institutions supranationales, y compris militaires et policières, susceptibles de mater chaque peuple luttant pour sa liberté, pour sa souveraineté, pour la paix, pour le progrès social, pour la transition écologique, pour une coopération libre, égale et planifiée sans exclusive avec les Etats de tous les continents.
Il faut ajouter que
- la « construction » européenne comporte aussi toute une série d’institutions « sociales », comme la C.E.S., dont l’objectif n’est nullement de coordonner les luttes à l’échelle continentale ; ce syndicalisme institutionnalisé est chargé de formater les syndicats et de les contenir dans les clous de ce que permettent ou défendent les traités supranationaux de manière à limiter au maximum les résistances sociales.
- En outre, elle est totalement tournée contre le mouvement communiste et ouvrier de classe comme l’atteste la complicité, voire le soutien ouvert de l’UE et de l’UEO à la chasse aux sorcières anticommuniste qui se déchaîne en Europe de l’Est et qui s’accompagne d’une remontée très inquiétante des nostalgiques d’Hitler, de Mussolini, de Pilsudski, etc., dans le cadre d’une marche à la guerre euro-atlantique contre le peuple russe.
C’est pourquoi les communistes que nous sommes portent et porteront auprès des Gilets jaunes et des autres acteurs du mouvement social, syndicalistes, militants politiques progressistes, etc., le débat incontournable sur la nécessité impérieuse, pour construire une République sociale et souveraine en marche vers le socialisme, de sortir par la gauche, sur des bases antifascistes, internationalistes et anti-impérialistes, de l’euro, cette austérité continentale faite monnaie, de l’UE, cette prison des peuples, de l’OTAN, cette machine à mondialiser les guerres US, et du capitalisme, qui n’apporte plus à l’humanité que prédations, régressions et fascisation de la vie publique.
Bonjour,
Allez vous soutenir l’upr pour les élections européennes ou avez-vous un candidat ? Merci