Mercredi 4 mars 2020 a eu lieu le congrès de l’UL CGT du 10ème arrondissement parisien. Notre camarade Gilda Landini-Guibert a pris la parole. Son discours d’une heure a été vivement applaudi. Vous trouverez ci-dessous la vidéo de son intervention, et la transcription de sa conclusion.
Toutes les attaques patronales vont dans le sens de ce que réclame ardemment l’Union européenne, le palais fortifié du patronat. Laurence Parisot, l’ancienne patronne du Medef prônait déjà le besoin d’aire AIRE en 2012… : « le top priorité disait-elle c’est l’Europe et il faut oser le fédéralisme ». Un gouvernement supranational bien loin du citoyen ordinaire… ce n’est pas de l’internationalisme ça : il ne faut pas tout confondre ! Macron nous a expliqué que « nous avons besoin de plus d’expansionnisme ». De mon temps, en histoire on appelait ça l’impérialisme et non la démocratie !
Quand j’entends des gens me dire, « C’est ridicule de vouloir sortir de l’Europe, il suffit de la transformer ! » – comme si elle était un horizon indépassable – Voici ce que répondait le 28 janvier 2015 lors d’une interview, le président de la Commission européenne lui-même, Jean-Claude Junker à la question : « Comment l’Europe démocratique doit-elle traiter un pays qui décide démocratiquement de sortir du rang ?», Juncker avait répondu :
« Il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »
Qu’est-ce que cela veut dire ? T’as signé des traités et tu dois les respecter. Et si on veut les changer ?
Alors là, on a l’article 48 du Traité sur l’Union européenne qui stipule qu’il faut un accord commun entre tous les États membres pour qu’un amendement sur le traité soit validé. Il faudrait donc, pour le dire clairement, 28 avis similaires dans les 28 États membres – euh… 27 maintenant, au même moment, pour qu’existe une volonté commune de rendre l’Europe plus sociale. Autrement dit, il est vain d’attendre cet instant dont la probabilité qu’il arrive est quasi nulle.
En revanche, ils sont tout de même arrivés à se mettre d’accord sur une résolution prise à la demande de la très « démocratique » Pologne le 19 septembre 2019 assimilant fascisme et communisme (535 voix pour – ceux de droite LRM inclus cela ne fait pas de doute – mais aussi les socialistes (Raphaël Glucksmann) et des écolos (Yannick Jadot) !!!), 66 contre, 52 abstentions), faisant du Pacte germano-soviétique la cause du déclenchement de la 2ème GM comme si Hitler serait resté gentiment dans ses pénates sans ce Pacte… Comme si les Occidentaux n’avaient pas eux-mêmes à rougir de honte d’avoir en 1938 lors des exécrables accords de Munich laissé leur allié tchécoslovaque se faire dévorer par l’immonde bête nazie et « la hyène polonaise » comme disait Churchill.
En fait, quel a été l’objectif politique de cette résolution ? Demander à tous les pays européens d’appliquer ce qui se fait en Pologne et en Hongrie et d’interdire tous les partis, signes, emblèmes rappelant nazisme et communisme.
Adieu drapeaux rouges, faucilles et marteaux, effigies de Karl Marx ou de Che Guevara et bientôt noms de résistants communistes sur les rues de nos villes – dont celui de mon oncle dans une rue de Saint-Raphaël… ?
En réalité, cette résolution, d’une extrême gravité, vise à ouvrir la voie à l’interdiction des partis communistes, puis des forces progressistes et du mouvement syndical comme ce fut cas dès 1933 en Allemagne. Pas besoin de mettre des bottes pour entendre résonner les pas des fascistes. Le ventre est encore fécond d’où a jailli la bête immonde écrivait Bertold Brecht !
Alors un grand bravo à vous tous qui avez su vous réapproprier des méthodes transgressives de la lutte sociale car – pour parodier Gramsci – seule la subversion est révolutionnaire et peut faire trembler l’ordre dominant ! La France, disait Marx est le pays où les luttes sociales se mènent jusqu’au bout ! Car aujourd’hui encore on peut dire à ceux qui nous gouvernent (ou plutôt qui nous commandent), comme le disait Robespierre en 1792 :
Et vous, législateurs, souvenez-vous que vous n’êtes point les représentants d’une caste privilégiée, mais ceux du peuple français, n’oubliez pas que la source de l’ordre, c’est la justice, que le plus sûr garant de la tranquillité publique, c’est le bonheur des citoyens.
Bravo à vous qui rappelez à tous, comme le disait Lucie Aubrac, que
« résister est un verbe qui doit toujours se conjuguer au temps présent » !