Nous reproduisons ci-dessous, avec son accord, l’intervention de Gilliatt De Staërck, délégué syndical CGT à Transdev, lors de la journée d’étude confédérale de la CGT sur les « transports et mobilités » qui s’est déroulé le 7 novembre dernier. À l’heure où sonnent ensemble les cloches européistes du détricotage social et général ainsi que du démembrement national, les enjeux du transport en France sont extrêmement importants et pourraient constituer demain, si les travailleurs du secteur en prenaient l’initiative, la pierre angulaire de la sauvegarde du maillage unitaire du pays et d’échanges harmonieux entre villes, campagnes et zones industrielles.
Camarades,
Nous parlons depuis le départ des « territoires ». Je constate que la réflexion est présente dans nos discussions mais elle manque au document qui nous est présenté, notamment la réflexion quant aux POLITIQUES territoriales.
Depuis des années, avec les encouragements de l’Union européenne, les gouvernements successifs ont détricoté et continuent de détricoter le triptyque commune/département/nation, issu de la Révolution française, pour lui favoriser l’articulation intercommunalités/(euro)métropoles/(euro)grandes-régions.
Cette logique territoriale, plutôt que d’encourager la planification et l’égalité des citoyens quant à la disponibilité des transports publics, favorise au contraire la concurrence entre les métropoles, entre ces « grandes régions » à l’allemande, et au milieu de toutes ces concurrences, évidemment, tout ce qui est hors métropole est surtout hors jeu et écrasé. On peut relever par exemple la disparition progressive des arrêts de car en campagne pour ne les laisser que dans les bourgs les plus importants, nécessitant pour beaucoup d’usagers de marcher longtemps ou d’être transporté en voiture sur les premiers kilomètres du voyage pour atteindre le premier arrêt de car. En somme, de faire faire aux cars ce que faisaient avant des trains de petites lignes qui ont été transformés en « voies vertes » et qui longent les routes qu’empruntent… les cars.
On peut également signaler, dans la même logique, la construction du transport de voyageurs depuis des années au quasi seul intérêt des métropoles, vers lesquelles se dirigent nos véhicules le matin, en s’arrêtant entre-temps dans une sous-préfecture, pour y amener élèves et travailleurs.
Qui encourage voire favorise tout cela si ce n’est l’Union européenne, appuyée par Macron et le Medef, et sa logique intrinsèquement capitaliste et qui permet, voire ordonne, l’ouverture à la concurrence PARTOUT, celle-là même qui nous est imposée, à nous conducteurs, par le biais des délégations de services publics et de la mise sur le marché, à dates régulières, de différents lots de lignes ?
Il est plus qu’urgent de fortement questionner, dans ce document qui nous est présenté comme dans notre réflexion générale, la politique « territoriale » que nous souhaitons afin d’en défendre une qui soit favorable aux citoyens et aux travailleurs et qui réponde à leurs besoins. Et bien sûr, d’en tirer toutes les conclusions nécessaires quant aux politiques actuelles de la France vis-à-vis de l’Union européenne.
Je vous remercie.