19 juin 2016
Continuateur de Hollande et de Sarkozy, qui fut le douteux instigateur de l’ingérence impérialiste qui a mené au chaos la Libye et l’Afrique occidentale en forçant des centaines de milliers de personnes à fuir leur pays, Macron se permet de « tacler l’Italie » en affichant une arrogance insupportable à l’égard du peuple italien.
Bien entendu, il ne peut s’agit en rien pour nous de soutenir si peu que ce soit le gouvernement Conte, dont l’inhumain ministre de l’intérieur est un émule de Mussolini. Encore moins de manquer au devoir de solidarité envers les centaines de femmes, d’hommes et d’enfants, que menace de mort l’inhumain traitement réservé à l’Aquarius.
Mais le gouvernement Macron, qui traite avec une brutalité inouïe les migrants de Calais et d’ailleurs, qui matraque les mouvements cheminot et étudiant et dont le ministre de l’Intérieur reprend les idées et le vocabulaire des Le Pen, est totalement disqualifié pour donner des leçons aux pays voisins.
Quant à l’idée, avancée par Edouard Philippe, que « plus d’Europe » serait la solution aux questions migratoires liées aux inégalités nord-sud, au néocolonialisme et aux guerres impérialistes que les Etats impérialistes infligent au Proche-Orient et aux pays africains, elle doit être combattue par tous les communistes, par tous les progressistes et par tous les patriotes républicains de France, d’Italie et d’ailleurs. Aucun soutien à cette UE qui détruit le droit de grève en Grèce, adoube des gouvernements européens truffés de néonazis et de néo-mussoliniens, cautionne la criminalisation des partis communistes et se lance dans un surarmement démentiel exigé par l’OTAN, tourné contre l’Iran et la Russie, et piloté par l’impérialisme allemand. Au contraire, le « saut fédéral européen » en cours sous l’égide de Merkel et de Macron ne ferait, avec son « gouvernement de la zone euro », avec sa police continentale anti-immigrées et avec sa « défense européenne » asservie à l’OTAN, que renforcer le caractère impérialiste et policier de l’UE.
En conséquence, le Fronte popolare et le PRCF appellent à combattre avec la même vigueur l’UE atlantique, supranationale et dictatoriale du capital, le gouvernement italien à orientation fascisante et le gouvernement français entièrement acquis aux intérêts de l’oligarchie.
Contre l’UE et l’euro-fascisation, contre l’OTAN et la marche à la mondialisation des guerres impérialistes, contre les extrémistes de droite qui prolifèrent sur le terreau de la « construction » européenne, contre la guerre sociale orchestrée par l’UE contre l’ensemble des acquis ouvriers, contre les gouvernements néolibéraux de plus en plus policiers qui dirigent les États de l’UE, et notamment l’Italie et la France, il n’est d’autre voie possible que le combat uni pour la paix, pour la souveraineté des peuples, pour la coopération internationale, pour la démocratie et le socialisme.
Ce combat à la fois internationaliste et patriotique, le FP d’Italie et le PRCF sont déterminés à le mener ensemble.
AQUARIUS : L’HYPOCRITE UE RENFORCE LES FASCISTES.
Par Antoine Manessis, secrétaire de la Commission internationale. 13 JUIN 2018
En refusant d’aider les pays qui reçoivent des vagues de réfugiés comme l’Italie ou la Grèce, en appliquant les règles dites de Dublin qui oblige le pays qui reçoit les réfugiés à les garder sur son sol, en montrant ainsi son refus de régler collectivement la question de l’ arrivée des réfugiés, en laissant des pays membres refuser totalement les réfugiés et hérisser l’Europe de murs, l’UE renforce les partis d’extrême-droite ou de droite extrême qui exploitent cette situation à leur profit.
Ainsi Salvini, le ministre fasciste de l’Intérieur du gouvernement italien, en refusant de laisser un bateau de réfugiés débarquer en Italie dans le contexte qui est celui de ce pays en crise profonde rencontre sans doute l’adhésion d’une partie du peuple italien qui s’est senti abandonné par l’ UE sur cette question.
Les leçons de morale de l’ UE contre le gouvernement italien ne peuvent avoir prise puisque en fait l’UE partage le même choix que Salvini !
Alors il faut que les vrais humanistes dénoncent l’UE et Salvini, Salvini et l’ UE comme les deux faces de la même pièce pourrie.
C’est l’action économique et militaire des prédateurs capitalistes qui détruit la vie sociale et l’environnement des pays néo-colonisés. Ce sont eux qui par milices interposées et potentats- marionnettes plongent des pays d’Afrique dans le chaos pour mieux voler ses innombrables richesses. Quand des dirigeants africains ont voulu mettre en place des politiques de progrès social et d’indépendance véritable les impérialistes, y compris l’impérialisme français et sa « françafrique », les ont fait assassiné utilisant leurs services secrets et leurs réseaux d’assassins corrompus. Rappelons nous des progressistes et courageux dirigeants tels Lumumba, Sankara, Amilcar Cabral et combien d’autres abattus par les impérialistes..
N’oublions pas le rôle déstabilisateur, destructeur, meurtrier et pourvoyeur de millions de réfugiés (dont la plus grande partie erre en Afrique) des interventions de chiens de guerre impérialistes au Mali, en Libye, en Centre-Afrique, à Djibouti, en Somalie, au Congo…sur tout le continent.
C’est en combattant l’impérialisme, son pillage, ses prédations, ses guerres que l’on permettra aux peuples qui fuient la misère et la mort de « vivre et travailler au pays » sans risquer leur vie sur des embarcations de fortune.
Le reste ne sont que vœux pieux ou poudre aux yeux.
Circuit de mort dans la “Méditerranée élargie”
Manlio Dinucci
Les projecteurs politico-médiatiques, focalisés sur les flux migratoires Sud-Nord à travers la Méditerranée, laissent dans l’ombre d’autres flux : ceux Nord-Sud de forces militaires et armes à travers la Méditerranée. Ou plutôt la “Méditerranée élargie”, aire qui, dans le cadre de la stratégie USA/Otan, s’étend de l’Atlantique à la Mer Noire et, au sud, jusqu’au Golfe Persique et à l’Océan Indien.
Dans sa rencontre avec le secrétaire de l’Otan Stoltenberg à Rome, le Premier ministre Conte a souligné la “centralité de la Méditerranée élargie pour la sécurité européenne”, menacée par “l’arc d’instabilité allant de la Méditerranée au Moyen-Orient”. D’où l’importance pour l’Otan, alliance sous commandement USA que Conte définit comme “pilier de la sécurité intérieure et internationale”. Renversement complet de la réalité.
C’est fondamentalement la stratégie USA/Otan qui a provoqué “l’arc d’instabilité” avec les deux guerres contre l’Irak, les deux autres guerres qui ont démoli les Etats yougoslave et libyen, et celle visant à démolir l’Etat syrien. L’Italie, qui a participé à toutes ces guerres, selon Conte joue “un rôle clé pour la sécurité et la stabilité du flanc sud de l’Alliance”.
De quelle façon ? On le comprend par ce que les médias dissimulent. Le navire Trenton de la U.S. Navy, qui a recueilli 42 réfugiés (autorisés à débarquer en Sicile à la différence de ceux de l’Aquarius), n’est pas basé en Sicile pour accomplir des actions humanitaires en Méditerranée : c’est une unité rapide (jusqu’à 80Km/h), capable de débarquer en quelques heures sur les cotes nord-africaines un corps d’expédition de 400 militaires et leurs véhicules. Des Forces spéciales étasuniennes opèrent en Libye pour entraîner et conduire des formations armées alliées, pendant que des drones armés USA, décollant de Sigonella (Sicile), frappent des objectifs en Libye. Sous peu, a annoncé Stoltenberg, opèreront aussi depuis Sigonella des drones Otan. Ils intègreront le “Hub de direction stratégique Otan pour le Sud”, centre de renseignement pour des opérations militaires au Moyen-Orient, Afrique du Nord, Sahel et Afrique Sub-Saharienne.
Le Hub, qui deviendra opérationnel en juillet, a son siège à Lago Patria, auprès du Commandement de la force conjointe Otan (Jfc Naples), sous les ordres d’un amiral étasunien -actuellement James Foggo- qui commande aussi les Forces navales USA en Europe (avec quartier général à Naples-Capodichino et la Sixième Flotte basée à Gaeta) et les Forces navales USA pour l’Afrique. Ces forces ont été intégrées par le porte-avions Harry Truman, entré il y a deux mois en Méditerranée avec son groupe d’attaque.
Le 10 juin, pendant que l’attention médiatique se concentrait sur l’Aquarius, la flotte USA avec à bord 8000 soldats, armée de 90 chasseurs et plus de 1000 missiles, était déployée en Méditerranée orientale, prête à frapper en Syrie et Irak. Ces mêmes jours, les 12-13 juin, faisait escale à Livourne le Liberty Pride, un des navires militarisés USA, embarquant sur ses 12 ponts une autre cargaison d’armes qui, depuis la base USA de Camp Darby (Pise), se trouvent envoyées mensuellement en Jordanie et Arabie Saoudite pour les guerres en Syrie et au Yémen.
Ainsi alimente-t-on les guerres qui, avec les mécanismes néo-coloniaux d’exploitation, provoquent appauvrissement et déracinement des populations. Par voie de conséquence augmentent les flux migratoires dans des conditions dramatiques, qui provoquent victimes et nouvelles formes d’esclavage. “Il semble qu’être durs sur l’immigration paye, maintenant” commente le président Trump en faisant référence aux mesures décidées non seulement par Salvini mais par tout le gouvernement italien, dont le Premier ministre est qualifié de “fantastique”.
Juste reconnaissance de la part des États-Unis, qui dans le programme de gouvernement sont définis comme “allié privilégié” de l’Italie.
Edition de mardi 19 juin 2018 de il manifesto
Traduit de l’italien par M-A P.