Ségolène Royal, Tsipras, nombreux sont les politiques social-démocrates qui tentent sur le dos de Fidel Castro et de la révolution cubaine de se racheter une virginité auprès des travailleurs. Évidemment personne ne contestera leurs prises de position courageuses. Qui permettent à des millions de travailleurs de voir éclater les mensonges de la propagande anticommunistes. Qui doivent être saluées pour ce qu’elles sont, courageuses. Mais elles ne sauraient absoudre la réalité des actes de ces dirigeants qui dès leur avion quittant le sol Cubain s’empressent d’appliquer avec zèle contre leur propre peuple les directives euro-austéritaires de l’Union Européenne du Capital.
Mikis Theodorakis – compositeur de renommée mondiale – est une figure bien connue du milieu militant et intellectuel la gauche grecque. Militant communiste, il s’est distingué par son combat contre les dictatures, et a tenu un rôle de porte-parole de l’opposition à la Dictature des colonels grecs (1967-1974). Alors que Tsipras se rendait à la Havane pour rendre hommage au nom du peuple grec à Fidel Castro, Mikis Theodorakis n’a pas manqué de souliger les contradictions de Tsipras.
Lettre ouverte à M. Tsipras
Camarade Alexis, je te tire mon chapeau, parce que tu es un gros dur. Le plus gros des durs depuis 450 av. J.C. jusqu’à nos jours en Grèce. Parce que tu fais tout ce que tu veux sans tenir compte de quiconque. Tu prends ton avion personnel, tu le remplis d’amis et d’amies, tu pars à Cuba et tu laisses l’addition de 300.000 dollars à payer par les gugusses qui gagnent 300 € par mois dans le meilleur des cas. Tu fais tout ce qui te plaît. Tu parles sur la Place de la Révolution à La Havane où parlait Fidel, comme un révolutionnaire pur et dur. Tu te dresses de toute ta superbe contre le Capitalisme Impérialiste. Tu te goinfres (600 euros pour un repas payé par le Ministre des Affaires Étrangères, donc par tes lèche-bottes). Tu t’amuses, tu fais la fête, alors que les gugusses de Grecs font la queue pour retirer leur retraite, payer électricité, banques, hôpital et surtout austérité sur austérité. Tu te la joues révolutionnaire et quand tu reviens, tu redeviens ce que tu étais, un gamin qui court pour exaucer tous les caprices de Merkel, d’Obama et de Juncker, que tu fustigeais de Cuba – et ça retombe à nouveau sur le dos du peuple grec si intelligent, parce que c’est lui qui a décidé d’être gouverné par des gens sans supporters et sans honneur, qui jouent les gouvernements. Rendez-vous aux abattoirs,
Mikis Theodorakis
Décembre 2016.
« À l’occasion de la lettre ouverte de Mikis à Tsipras, je me suis rappelé les moments que j’ai vécu avec Mikis en février 2012. Je vous raconte ici quelque chose qui n’est pas public, mais que j’ai vécu en première ligne et qui concerne Mikis et Tsipras.
Le 11 février 2012, une journée avant le vote à la Vouli du 2ème mémorandum, nous sommes chez Mikis et nous faisons les plans pour la manifestation du jour suivant. Glézos ont décidé de descendre à Syntagma et de manifester avec les milliers de citoyens. Moi je devais les accompagner en tant que médecin, parce qu’ils savent tous les deux qu’ils vont être attaqués par la police. Dans les plans, il est prévu que Tsipras sorte du Parlement, devant le Soldat Inconnu, où il doit rencontrer Mikis et Glézos, puis tous les trois doivent manifester avec le peuple. L’entente entre Mikis et Tsipras se fait devant moi au téléphone. Mikis est enthousiaste !
Le 12 février 2012, nous sommes arrivés devant le Soldat Inconnu. Le peuple défile par centaines de milliers dans le centre d’Athènes. Police et MAT partout. Tsipras nulle part. Les MAT ne perdent pas de temps et ils jettent les premiers lacrymos sur Mikis et Glezos. Très vite Athènes est noyée sous les lacrymos. Tsipras n’est nulle part ! Après quelques heures nous rentrons au sein du Parlement avec Miki. Accablé par les lacrymos, sur son fauteuil roulant, il crie dans l’Assemblée : « Assassins, aujourd’hui vous votez la mort de la Grèce ». C’est un des nombreux moments de cette journée où j’ai compris de quels métaux rares est forgé cet homme. Tsipras, visiblement informé que Mikis est entré dans la Vouli, sort de l’Assemblée et vient vers nous.
Mikis (dans son fauteuil roulant, accablé physiquement mais avec un très bon moral et une âme d’adolescent) : « Tu nous as vendus, on t’attendait, pourquoi tu n’es pas descendu ? ».
Tsipras (en costume, sans cravate, bien repassé) visiblement embarrassé, comme un gamin qu’on dispute, avec un sourire hors de propos :
« Nous nous battons ici, Mikis ».
Mikis : »Non Alexis, c’est dehors qu’ils se battent, le vrai combat se donne dehors à cet instant et ta place était là-bas, pas ici. »
Tsipras a bafouillé indistinctement et il s’est éloigné…
Voilà, en guise de réponse à tout ce qui s’écrit sur Mikis depuis hier. »
Yiorgos Vichas, (Dispensaire social Mitropolotiko d’Elliniko)
Quelle est la différence entre Tsipras et Mélanchon ? Tsipras se dit « communiste » et, encore, il est allé à La Havane…