Par Fadi Kassem et Georges Gastaud, 19 décembre 2022
C’est un paradoxe : alors que les dangers de guerre mondiale s’accroissent à l’initiative de l’OTAN et que la guerre de classe de Macron et de l’UE fait rage contre les retraites, les services publics et le pouvoir d’achat populaire, alors que la grève dure des raffineurs et des énergéticiens a crée un climat de contre-offensive générale sur le thème « l’argent pour les salaires, pas pour la guerre, ni pour les actionnaires ! », c’est la gauche établie et médiatique qui entre en crise! Et pendant ce temps, le RN et les LR, qui viennent de renouveler leurs instances respectives, se frottent les mains tandis que Macron multiplie les 49/3 et les lois liberticides. En effet :
- prisonnier de sa ligne pro-atlantiste et européiste, tenaillé par les luttes de fractions et constitutivement rétif au centralisme démocratique, le NPA vient d’éclater.
- les députés du PCF présents en séance, y compris Chassaigne, président du groupe, et Roussel, secrétaire national du Parti, viennent de voter, le 30 novembre, une résolution émanant de la majorité macroniste qui applaudit l’action de l’UE, de l’OTAN et de Macron en Ukraine et qui réclame encore plus d’armes pour Zelensky, figure de proue du régime pronazi et violemment russophobe qui persécute depuis 2014 la région ouvrière du Donbass. Ce vote infâme du PCF n’est pas moins grave que ne le fut le vote des crédits de guerre en 1914 par la quasi-totalité des députés du SPD (Allemagne) et de la SFIO (France) ; si des remous internes à la hauteur de cette infamie se produisent, le PCF ne pourra pas sauver son unité; et si rien de sérieux ne se produit à l’intérieur de ce parti et du MJC, si ce n’est une énième motion recueillant 2000 voix au congrès (puis retour à la maison des délégués et à dans trois ans !), cela montrera encore davantage combien ce parti archi-muté et dénaturé a désormais franchi irréversiblement la barricade de classe en ralliant le camp social-impérialiste de l’euro-atlantisme.
- LFI et la NUPES sont entrées dans une nouvelle phase de divisions, au point que les critiques publiques émanent même désormais de mélenchonistes historiques comme Alexis Corbière ou Eric Coquerel. Pas seulement en raison de ce que la presse appelle l’« affaire Quatennens », et qui montre surtout combien LFI et la NUPES sont loin du combat de classe et sont engluées dans une approche erratique et, du reste, inconséquente du champ « sociétal ». Mais surtout, comme chacun le voit, le prétendu « mouvement gazeux » et « informel » de « démocratie directe » promu par Mélenchon est en réalité dirigé par quelques chefs décidant en circuit fermé. Au-delà des modes de fonctionnement autocratiques et pseudo-spontanéistes, le projet sociopolitique de LFI est de plus en plus illisible. Alors qu’en 2017 Mélenchon portait encore un projet « indépendantiste français » qui appelait à sortir de l’OTAN et à aller au rapport des forces avec l’UE (« on la change ou on la quitte! », disait LFI), ce mouvement de plus en plus influencé par des cadres venus des O.N.G., ne parle plus guère aux travailleurs qui aspirent à bloquer le profit capitaliste tout en rendant à la France sa capacité de dire définitivement m… à la dictature européenne copilotée par Washington et Berlin ;
Quant aux états-majors syndicaux, ils refusent de rompre avec Laurent, le très jaune président de la CFDT et de la C.E.S., cette machine inféodée à la C.S.I. dont le président vient d’être inculpé pour corruption par l’émirat du Qatar, à l’instar de la vice-présidente « socialiste » du Parlement européen.
La cause fondamentale de ce profond malaise de la gauche établie est que cette dernière a totalement renoncé, PCF en tête, à mettre le combat de classe anticapitaliste au centre de son action, à défendre l’indépendance du pays face à l’UE en marche vers l’« Etat fédéral européen », et à continuer le combat fondateur de Jaurès en défendant la paix mondiale sur des bases anti-impérialistes.
Dans ces conditions, le rôle des militants franchement communistes du PRCF est plus crucial que jamais. Doté par sa récente conférence nationale d’une ligne encore plus claire et porté par une adhésion croissante de jeunes travailleurs, le PRCF porte une stratégie à la fois révolutionnaire, fédératrice et novatrice qui passe par :
- la reconstruction d’un parti communiste de combat (que ne risque pas de redevenir l’actuel PCF, non moins dénaturé que ne l’était la SFIO en 1914), c’est-à-dire marxiste-léniniste et centré sur le monde du travail
- un soutien résolu au syndicalisme de classe et à la construction du tous ensemble en même temps des travailleurs et de la jeunesse populaire
- une Alternative rouge et tricolore de rupture avec l’UE-OTAN,
- une réaffirmation du rôle central du monde du travail en général et de la classe ouvrière en particulier dans la lutte pour isoler les monopoles capitalistes, stimuler le Frexit progressiste, soutenir l’Europe des luttes, rompre avec la Françafrique néocoloniale (pour reconstruire les relations franco-africaines sur des bases égalitaires), coopérer avec tous les pays de tous les continents, marcher vers un socialisme-communisme de nouvelle génération. C’est indispensable pour combattre les dérèglements environnementaux, assurer une égalité hommes/femmes réelle, refonder la civilisation sur des bases solidaires et éco-compatibles.
Le PRCF est également disposé à discuter avec toute organisation communiste qui se retrouverait dans ces objectifs vitaux, ainsi qu’avec toute organisation progressiste qui refuserait à la fois l’anticommunisme, la soumission à l’UE-OTAN et toute forme de complaisance envers l’extrême droite.
Les militants et les organisations locales du PRCF et de la JRCF sont appelées à aller aux entreprises et aux manifs populaires et à diffuser Initiative communiste. Le PRCF s’adresse fraternellement à toutes celles et à tous ceux qui veulent rester, devenir ou redevenir communistes : rejoignez notre organisation financièrement indépendante, désintéressée et 100% communiste et reconstruisons à temps le parti franchement communiste et l’alternative révolutionnaire indispensables à notre pays.