par Georges Gastaud – 16 février 2023
1 – Le compte-à-rebours de la Troisième Guerre Mondiale est enclenché !
Il faut se complaire dans l’aveuglement et l’irresponsabilité, comme le font la « gauche » et l’ « extrême gauche » euro-atlantistes françaises, pour refuser de voir que le compte à rebours d’une troisième guerre continentale, voire mondiale et potentiellement nucléaire, si ce n’est anthropocidaire, est enclenché à l’initiative de Washington et de ses vassaux européens – MM. Richie, Kaczynski et Macron en tête -, mais aussi japonais, australien et sud-coréen, sans oublier bien sûr le régime fantoche, corrompu et pronazi de Kiev. Les cibles désignées par les néoconservateurs états-uniens alternativement au pouvoir, qu’ils se prétendent « démocrates » ou « républicains », sont, très officiellement, la Fédération de Russie et la Chine populaire, dont des plans de partage territorial circulent désormais ouvertement à Washington. En « deuxième ligne » sont visés le peuple palestinien, qu’est chargé d’expédier le gouvernement ultra-raciste de Netanyahou, les Etats progressistes latino-américains, que l’Oncle Sam voudrait finir de stranguler (Cuba socialiste, le Nicaragua sandiniste, la Bolivie et le Venezuela bolivariens restant en tête de liste). Non moins visée bien sûr, la République islamique d’Iran que Washington rêve de renvoyer au statut néocolonial qui fut le sien à l’époque du shah (1). Bénéfices secondaires (pour l’impérialisme US !) de cette course à l’abîme sous pavillon euro-atlantique, l’arraisonnement définitif de l’UE annexée aux plans de guerre américains et la mise sous tutelle de l’industrie allemande méthodiquement coupée par Washington de ses sources d’approvisionnement russes en énergie. Quant à l’impérialisme français décadent, ce champion toutes catégories de la servitude volontaire (politique, militaire, industrielle, voire linguistique…), il se laisse de plus en plus réduire au rôle de sous-traitant africain et proche-oriental d’un ordre euro-atlantiste qui redoute l’influence croissante de la Russie et de la Chine sur les pays d’une Afrique francophone exaspérée par les agissements d’une « Françafrique » désormais universellement honnie.
2 – En quel sens et jusqu’à quel point est-il juste de dire que « la paix est rouge » ?
Face à cette situation géopolitique explosive qui peut menacer à court terme de mort globale, non seulement la France et l’Europe (car tel sera le cas si un jour prochain les représailles atomiques russes portées par des missiles hypersoniques inarrêtables viennent à frapper Londres, Varsovie ou Paris pour châtier l’hybris antirusse des dirigeants anglais, polonais et français), mais l’humanité tout entière (2), si ce n’est le vivant dans sa globalité, il convient d’abord de mobiliser, nationalement, « continentalement » et planétairement le monde du travail et la jeunesse populaire qui furent toujours les remparts ultimes de la paix mondiale. A cette fin, un syndicalisme de classe décomplexé appuyé et éclairé par un Parti communiste de combat montrerait offensivement que l’écrasement actuel du pouvoir d’achat populaire (inflation galopante), des emplois productifs et des acquis sociaux (retraites, indemnités chômage, Code du travail – récemment supprimé en Ukraine « démocratique » ! -, services publics à l’agonie, etc.) est directement lié au ruineux surarmement exigé par l’OTAN ainsi qu’aux sanctions-boomerangs visant la Russie et la Chine. Sans parler de la mise en place accélérée d’un « Etat fédéral européen » inféodé à l’OTAN et antinomique de toute espèce de souveraineté nationale et populaire : c’est en effet ce « saut fédéral européen » que Scholz et Macron préparent de manière antidémocratique (3) sur fond de création d’une « armée européenne » soumise à l’OTAN… Son rôle premier sera de brandir la force de frappe française pour attirer prioritairement l’éventuelle foudre russe sur notre pays…
C’est du reste l’honneur du PRCF que d’avoir lancé le premier, dans les manifs pour les retraites, le mot d’ordre de plus en plus repris par des syndicalistes de toutes sortes : « l’argent pour les salaires, pas pour la guerre« , « du pognon pour les pensions, pas pour les marchands d’ canon ! ». Tout cela montre à l’évidence que, si la paix n’est pas « seulement » rouge (car des milliards d’humains qui ne sont ni prolétaires ni communistes mais qui veulent tout bonnement vivre, y ont tout intérêt !), elle n’en demeure pas moins axialement rouge pour autant que « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » (Jaurès) et que « le trust organisé pour l’extermination constitue le dernier mot du capitalisme moderne » (Lénine). Surtout, les prolétaires ont besoin de la paix et de la vie pour construire ce « bonheur commun » qui forme la visée ultime du communisme depuis Gracchus Babeuf et sa « Conjuration des Egaux »…
3 – Le socialisme-communisme de nouvelle génération, condition d’une paix mondiale durable !
Bref, comme nous le signalions déjà au début des années 1980, alors que Reagan et les autres Croisés antisoviétiques de l’époque, de Thatcher à Kohl en passant par Mitterrand, ne montraient aucune retenue dans leur entêtement à affronter – y compris nucléairement s’il le fallait (4) -, l' »Empire du Mal » soviétique, l’exterminisme est désormais la phase suprême du capitalisme-impérialisme. Dès lors, face à un capitalisme dès longtemps devenu « réactionnaire sur toute la ligne » (Lénine), et dont le développement en tous domaines compromet gravement la survie même de l’humanité, le slogan de Fidel Castro associant contre l' »Empire » atlantique la lutte pour la paix, la défense des souverainetés nationales et le combat pour le socialisme, est plus pertinent que jamais : « la (les) patrie(s) ou la mort, le socialisme ou mourir ! ». Déjà Engels, puis Luxemburg, avaient lancé non sans clairvoyance, le grand avertissement que résumait la formule Socialisme ou barbarie ! à l’aube du premier conflit mondial…
Plus que jamais donc, une forme de sprint final est lancé entre le capitalisme-impérialisme-exterminisme aiguillonné par son « hégémon » américain, et l’avènement d’un socialisme-communisme de nouvelle génération désormais comptable, non seulement des aspirations générales de l’humanité à l’émancipation collective (celles des prolétaires, des nations humiliées, des femmes dominées, etc.), mais du droit fondamental à la vie de tout ce qui pense, bouge et respire sur notre planète fort mal en point !
4 – Pourtant, la paix n’est pas « que » rouge. Unir les partisans de la désescalade tant qu’il est temps !
Toutefois, il ne serait ni rationnel, ni conforme aux enseignements de Lénine de s’imaginer que les forces de paix dussent se limiter à celles du prolétariat, si centrales et en situation de contre-offensive qu’elles fussent à nouveau en France (lutte pour les retraites) et à l’international (grandes grèves ces temps derniers en Inde et en Grande-Bretagne, voire aux Etats-Unis). Sur le plan des principes, Lénine a le premier signalé l’existence, au-delà du camp prolétarien proprement dit et du ou des pays socialistes existants, d’une « bourgeoisie pacifiste » (c’est son mot) qui, pour des raisons souvent conjoncturelles où se mêlent la sincérité (parfois) et (souvent) l’opportunisme, est amenée à s’engager peu ou prou pour la paix mondiale. Il peut s’agir de simples intellectuels d’origine bourgeoise ou petite-bourgeoise qui, pour avoir vécu directement les horreurs de la guerre (ce fut le cas du philosophe français Alain en 1918), ou pour avoir voulu en prémunir les jeunes générations (Romain Rolland durant le premier conflit mondial), prennent position à titre personnel pour le pacifisme partiel ou intégral. Cela peut être aussi, de manière plus efficiente, de fractions de la bourgeoisie, voire de la grande bourgeoisie qui, conjoncturellement au moins, ou parce que le maintien de la paix leur profite circonstantiellement, ou encore parce que le déchaînement de la guerre impérialiste affaiblirait leurs positions par rapport à d’autres courants bourgeois ou par rapport à tels Etats impérialistes fauteurs de guerre, n’ont pas intérêt « ici et maintenant » à la guerre, et moins encore à la guerre mondiale sous pilotage états-unien. Enfin, il ne faut tout bonnement pas négliger l’évidence: chez nombre de bourgeois, l’être humain sainement attaché à la vie, pour lui-même et pour sa famille, voire pour son pays si cet individu est vraiment patriote (et non pas chauvin-nationaliste !), l’ancrage de classe impérialiste peut occasionnellement crier moins fort que le salutaire instinct de survie propre à tout vivant exempt de mégalomanie perverse ou de dépression suicidaire. Ainsi Lénine avait-il donné pour consigne à Tchitcherine, le négociateur soviétique de la Conférence de Locarno, d’apporter le soutien critique des Soviets aux éléments bourgeois comme Aristide Briand qui s’opposaient aux « faucons » d’alors, les Churchill et autre émules du « Tigre » Clemenceau. N’en déplaise aux militants maoïstes des années 1960/70 qui fustigeaient la notion de « coexistence pacifique entre pays à régimes sociaux différents », n’en déplaise aussi au trotskisme orthodoxe, qui ne rêve que « révolution permanente » assortie de « guerre révolutionnaire » visant à exporter la révolution, le concept de coexistence pacifique n’a en soi rien de révisionniste puisqu’il signifie explicitement qu’en certaines périodes déterminées de l’affrontement de classes international, l’antagonisme entre pays socialistes et camp impérialiste peut prendre une forme tout autre que la confrontation militaire directe. Cet antagonisme peut, au moins provisoirement, se déplacer sur le terrain de la compétition plus ou moins pacifique (économique, scientifique, culturelle…), chose à quoi l’espèce humaine dans son ensemble, et les constructeurs du socialisme en particulier, peuvent avoir tout intérêt, ne serait-ce que pour gagner du temps… et en profiter pour faire la révolution. Il faut donc distinguer dans le principe, non pas entre des révolutionnaires purs et durs ne rêvant que guerre révolutionnaire permanente (c’était le cas des Girondins en 1792, et Robespierre a alors eu raison de dénoncer l’aventurisme de cette aile droite de la Révolution bourgeoise !) et de prétendus révisionnistes bêlant après une utopique « paix des classes », mais bien entre, d’une part, ceux qui se mettent à la file du pacifisme petit-bourgeois en reniant leurs orientations socialistes, et qui dévoient alors le juste mot d’ordre de « coexistence pacifique » vers l’illusion social-impérialiste d’une « convergence de la civilisation mondiale » (ce fut le cas de Gorbatchev et de sa suicidaire collaboration des classes avec l’impérialisme) et ceux qui, d’autre part, conçoivent cette coexistence pacifique comme une forme, au moins conjoncturelle, de la lutte des classes internationales. Ces derniers n’ont garde d’oublier la nature agressive de l’impérialisme et, lorsqu’ils construisent le front de la paix (comme ce fut le cas de Thorez en 1936 lors du Front populaire sous le mot d’ordre « Paix, pain, liberté !« , ou de Duclos promouvant en 1950 l’Appel de Stockholm contre les armes nucléaires), ils n’en revendiquent pas moins, à l’intérieur de ce front, le rôle dirigeant pour le parti prolétarien, la classe ouvrière étant objectivement la seule à pouvoir mener ce combat d’une manière conséquente.
5 – Pour un large rassemblement anti-exterministe !
La construction d’un tel front est plus indiquée que jamais à notre époque de dégénérescence exterministe du capitalisme-impérialisme mondial, que ce soit à l’échelle nationale, à l’échelle continentale ou à l’échelle mondiale. Ce serait du reste mésinterpréter la notion d’exterminisme dans un sens piètrement pleurnichard et démobilisateur que d’en déduire que, désormais, « l’humanité est cuite » et que le capitalisme-impérialisme moderne la condamne sans rémission à la mort universelle (par la guerre nucléaire, l’hubris technologique, l’écocide généralisé, etc.). En effet, l’exterminisme n’est pas le symptôme de la vitalité et de la force propulsive du capitalisme : il signale surtout l’usure historique et l’isolement social croissant de l’oligarchie financière, support de l’impérialisme et de sa phalange de choc hégémoniste centrée de nos jours sur Washington. Quand les révolutions bourgeoises ont émergé aux XIème et XIIème siècles de notre ère avec le premier mouvement communal (Communes de Laon, de Douai, etc.) s’alliant aux Capétiens pour contenir les féodaux, avec la Réforme protestante ou avec l’humanisme d’un Rabelais (XVIème siècle), puis avec la Révolution copernicienne et le rationalisme cartésien (XVIIème siècle), ensuite avec les Lumières chères à Diderot, puis avec la Révolution française (bourgeoise mais démocratico-plébéienne – en un mot : jacobine), la bourgeoisie portait encore le progrès historique, l’avancée de l’esprit critique et elle devait du reste, pour vaincre l’ordre monarcho-féodal, s’allier aux couches populaires et leur faire des concessions ; Cela donna en France la haute figure de Robespierre, émule de Rousseau. Epoque révolue : désormais la bourgeoisie française, pour ne parler que d’elle, est devenue incapable de produire des Saint-Just, voire des Gambetta, des Ferdinand Buisson, des Jean Zay, voire des De Gaulle, des Moulin ou des Mendès-France. Aux Etats-Unis, l’ère des George Washington, des Lincoln et même des Kennedy est close et le pouvoir oscille désormais des néoconservateurs de « gauche » (sic), les illuminées jusqu’au-boutistes Pelosi ou Clinton, aux néoconservateurs machistes d’ultradroite, les Reagan, Bush Junior ou Trump… C’est dire du même coup l’épuisement historique et l’isolement social et mondial croissant d’une bourgeoisie monopoliste centrée sur la finance et sur le complexe militaro-industriel, et dont l’argument ultime, ténébreusement résumé par le slogan « plutôt morts que rouges! » des années Reagan-Thatcher, est l’injonction maximalement terroriste : « manants du village global, vous obtempérez ou nous faisons sauter la Terre !« …
Si, donc, l’on comprend bien l’exterminisme capitaliste, non pas en petit-bourgeois apeuré mais en révolutionnaire offensif, cela signifie qu’au camp exterministe national et mondial (de même qu’à ses flanc-garde sociaux-exterministes du type Raphaël Glucksmann ou écolo-exterministe du type Annelore Baerbock, la ministre allemande des Affaires étrangères), il faut opposer un front anti-exterministe rassemblant les humains et les pays qui préfèrent la vie à la mort, la raison à la folie, les Lumières à l’obscurantisme. Redisons sans nous lasser que le prolétariat doit en rester la cheville ouvrière car une résistance efficace et conséquente à l’exterminisme ne saurait être qu’une lutte anticapitaliste, antifasciste et anti-impérialiste menée in fine dans la perspective révolutionnaire d’un socialisme-communisme de nouvelle génération.
6 – A propos des braises anti-exterministes nationales et internationales
Dans l’immédiat, constatons aussi que, face à la montée des périls, et sans pouvoir procéder ici à leur recensement méthodique, des personnalités diverses et souvent éloignées des communistes, et par ailleurs en désaccord entre elles sur d’autres sujets majeurs, affrontent la doxa belliciste et appellent aux négociations Est-Ouest, à la désescalade militaire en Ukraine, au respect des engagements internationaux pris (Accords de Minsk bafoués par Zelensky et ses amis néonazis avec la complicité revendiquée de Merkel et de Hollande, engagement pris par Nixon au nom des USA dans les années 1970 de ne reconnaître « qu’une Chine », promesse faite par Obama à Raul Castro de desserrer le blocus sur Cuba, etc.).
En France, des personnalités aussi diverses que Ségolène Royal (PS), Henri Guaino ou Luc Ferry (LR ou ex-LR qui ont pourtant défendu des positions lourdement réactionnaires, par ex. sur les retraites), ou Arnaud Klarsfeld (peu pressé de défendre les Palestiniens opprimés par Tel-Aviv mais alertant vaillamment sur les complaisances pronazies de Kiev), sans parler de hauts officiers qui, dans la foulée de Pierre de Gaulle, petit-fils du Général, exigent le retour à une politique politico-militaire française non alignée sur l’OTAN. Comment rendre ces voix plus audibles, comment les inviter à appeler ensemble, nonobstant leurs divergences sur d’autres questions, à la désescalade militaire ?
A l’international, ce sont, avec des fluctuations certes très regrettables, les appels du Pape François à la désescalade en Ukraine, les prises de position courageuses du social-démocrate allemand de gauche Oskar Lafontaine et de la députée de Die Linke Sara Wagenknecht. Ce sont aussi les pays refusant de s’aligner sur Washington lors des Assemblées générales de l’ONU, c’est l’attitude prudente du Brésil et de l’Inde sur le conflit ukrainien, c’est le comportement pour le moins oscillant de la Turquie, de l’Arabie saoudite, de l’OPEP sur le conflit russo-atlantique: prendre en compte ces réalités ne signifiant nullement, on l’aura compris, ériger tous ces États en parangons de vertu politique. Aux Etats-Unis**,** des milieux divers, des pacifistes de gauche et des anti-impérialistes aux « libertariens » de droite refusant les interventions et les ingérences d’État de la Maison-Blanche à l’étranger, dénoncent eux aussi la marche suicidaire des faucons à la Troisième Guerre Mondiale.
Redisons-le au risque de lasser : nul ne demande à quiconque d’encenser telle personnalité que nous venons de citer, et il ne faudra aucunement les ménager quand il s’agira, tantôt de refuser l’Europe supranationale (Royal), tantôt de défendre les retraites contre la droite sarkozyste (Guaino, Ferry…), etc.; il est même fort probable que, partenaires conjoncturels sur un front vital donné, celui de la paix mondiale, nous n’en soyons pas moins ennemis irréconciliables à long terme et sur bien d’autres terrains : l’opportunisme serait d’oublier les antagonismes essentiels pour ne voir que les confluences circonstancielles, le sectarisme consistant au contraire à n’agir sur chaque front pris séparément qu’avec celles et ceux qui s’accordent par avance avec nous sur l’ensemble des fronts: ce qui reviendrait à ne s’unir qu’à nous-mêmes, confondant ainsi puérilement purisme petit-bourgeois et bolchevisme prolétarien !
7 – Colombe de la paix : le grand retour !
Travailler concrètement ces questions est urgent alors qu’approche l’anniversaire de l’Appel de Stockholm (mars 1950) qui fut porté dans les années cinquante par le PCF de Thorez, Frachon et Duclos avec, pour figures de proue, les poètes Eluard et Aragon, le physicien Joliot-Curie et les peintres Picasso (la « colombe de la paix »), Lurçat et Léger. 8 millions de signatures furent alors collectées au porte-à-porte dans notre pays qui ne comptait alors que quarante millions d’habitants ; trois ans plus tard les députés gaullistes et communistes agissant, non pas ensemble, mais parallèlement (et se combattant même durement sur d’autres plans, notamment sur les questions sociales, coloniales et institutionnelles) mettaient en minorité le projet euro-atlantiste avant la lettre de « Communauté Européenne de la Défense (C.E.D.) », autre nom du réarmement allemand et de la mainmise du Pentagone sur l’armée française.
Nous, militants franchement communistes du PRCF, défendons une position d’avant-garde sur l’ensemble des fronts de la lutte sociale et civilisationnelle, combat anticapitaliste pour le socialisme-communisme, combat antifasciste, combat anti-impérialiste, lutte pour les Lumières, défense de l’indépendance nationale, combat pour l’égalité des sexes, engagement pour la paix, combat pour libérer l’environnement de l’épuisante dictature du tout-profit, etc. Et il est bien évident que, jamais, nous ne sacrifierons l’un de ces fronts pour, prétendument, en promouvoir un autre car in fine, ils constituent tous des aspects de la bataille de classe universelle pour l’émancipation de l’humanité que nous nommons communisme. Il n’en reste pas moins que, comme nous l’a appris Lénine, l’inégal développement est une loi de l’histoire si bien que les fronts de l’émancipation avancent rarement tous du même pas. En outre, le front anti-exterministe, dont l’enjeu est la survie de l’humanité, conditionne à court terme les autres fronts : à quoi bon par ex., pour un ouvrier de trente ans, revendiquer la retraite à 60 ans si l’an prochain la France est anéantie à l’issue de représailles nucléaires russes ciblant l’Europe occidentale, champ de bataille désigné du futur « conflit global de haute intensité » antirusse et antichinois fomenté par les USA pour tenter de pérenniser leur hégémonie planétaire ?
Conclusion
Si donc une affectation de rigueur marxiste-léniniste peut détourner de l’urgente construction du front anti-exterministe, l’humanisme fervent et agissant (5) qui animait Marx et Engels nous oblige au contraire à travailler, si modestes que soient encore nos forces, à l’émergence la plus large et la plus rapide possible – sans gommer quelque contradiction que ce soit, ni renier quelque combat que ce soit – de ce large Front anti-exterministe que Youri Andropov, à la veille de sa mort prématurée, avait nommé le « Front de la raison ».
(1) Cela ne signifie nullement qu’il faille se désolidariser du mouvement populaire qui lutte en Iran pour les libertés syndicales, le pouvoir d’achat populaire et les droits des femmes. Seulement, il ne faut en aucune façon le faire aux côtés des mouvements pro-impérialistes pour lesquels la cause des femmes n’est qu’un prétexte pour remettre au pouvoir des larbins des USA à Téhéran. On a vu en Afghanistan comment les Etats-Unis « défendaient » les droits des femmes en soutenant les talibans contre l’Armée rouge…
(2) Déjà en 1985, des savants américains avaient calculé que l’emploi de 15% des armes nucléaires alors disponibles eût suffi pour anéantir quinze fois la population mondiale! C’est ce que les anglophones nomment l' »overkill » et que je préfère nommer la « surextermination », un concept absurde s’il en est !
(3) La Constitution française dispose que « la souveraineté réside essentiellement dans la Nation« , ce que le peuple français a réaffirmé le 29 mai 2005 en votant Non à la constitution européenne…
(4) A l’époque, L. Brejnev avait pris l’engagement solennel que l’URSS n’utiliserait jamais en premier l’arme nucléaire. Washington refusa la réciproque. Cela se passe de commentaire s’agissant du pays qui, jusqu’ici, a été le seul au monde à utiliser l’arme atomique, sans justification militaire du reste, à Hiroshima-Nagasaki.
(5) Empruntée au poète latin Térence, la devise de Marx était « Je suis homme et rien d’humain ne m’est étranger« . Il ne faut pas des sommets de réflexion dialectique pour saisir que cet humanisme sans rivage ne s’oppose pas, mais s’articule au contraire, dans les conditions d’une société encore divisée en classes, au mot d’ordre combatif qui conclut le Manifeste du Parti communiste : Prolétaires de tous pays, unissez-vous!.