8 juin par Georges Gastaud, auteur du « Nouveau défi léniniste », Delga, 2017.
Pour regrouper les véritables communistes, fédérer les syndicalistes de lutte, rassembler sur des bases saines les patriotes républicains opposés à l’UE, il faut mesurer objectivement le degré de fascisation, de moins en moins rampante et de plus en plus galopante, qui affecte l’Union européenne en général et notre pays en particulier. Etant donné que certains groupes et partis prétendument marxistes ou marxisants s’abritent derrière toutes sortes d’arguties pour nier la fascisation hexagonale et l’euro-fascisation, rappelons-leur quelques tendances lourdes de la vie politique en Europe et en France.
Le déferlement de la fascisation, en France, sur le vieux continent et dans le monde
Union Européenne l’euro facsisation en marche sur fond géopolitique de vague brune
En Europe, les partis communistes sont interdits ou en voie de l’être (Pologne) dans la plupart des ex-pays socialistes annexés par l’UE/OTAN ; dans le même temps, les forces les plus fascisantes desdits pays, partis néonazis (Ukraine, Hongrie, Pays baltes…), mouvements ultra-cléricaux (Pologne, Croatie…), racistes patentés (Scandinavie…), nostalgiques de Franco, occupent la rue et formatent les médias, la « justice » et l' »enseignement ». En Allemagne comme en Autriche, épicentres de feu le Troisième Reich, une palanquée de nostalgiques d’Hitler siègent dans les parlements. De francs nazis entrent ou sortent à leur guise du gouvernement de Vienne sans émouvoir le moins du monde Mme Ursula von den Leyen, si regardante sur ce qui se passe au Venezuela. En Italie, le néo-mussolinien affirmé Matteo Salvini attend impatiemment son grand retour aux affaires. En Scandinavie comme aux Pays-Bas, les partis racistes et anti-musulmans ont le vent en poupe.
Loin de se cabrer contre cette montée générale de l’extrême droite européenne, le Parlement européen – que d’aucuns qualifient sans rire de « temple de la démocratie européenne » – a adopté en septembre dernier une résolution infâme qui renvoie dos à dos le Troisième Reich exterminateur et son principal vainqueur militaire, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Avec un ensemble touchant, les eurodéputés français du RN, des LR, de LaREM, du PS et des Verts exigent l’interdiction liberticide des symboles communistes dans tous les lieux publics européens.
Comme l’avait prédit le Comité Erich Honecker de Solidarité Internationaliste dès les années 1990, l’euro-criminalisation du communisme historique sert à la fois à diaboliser le socialisme à venir, à lancer la chasse aux syndicalistes rouges et à banaliser en douce le fascisme sous la crapoteuse équation « antitotalitaire » « communisme = fascisme ». Tout cela a pour toile de fond la mise en place d’une « souveraineté européenne » (en clair, d’une « Europe fédérale », alias « Etats-Unis d’Europe ») dont les peuples ne veulent pas. Sans oublier l’appel à installer une « armée européenne » arrimée à l’OTAN et tournée à la fois contre la Russie et contre d’éventuelles insurrections populaires de manière à verrouiller institutionnellement et militairement le nouvel Empire européen du capital dont le dogme, authentiquement totalitaire pour le coup, proscrit toute espèce de souveraineté nationale et toute forme de socialisme en définissant l’UE comme une « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » (faut-il rappeler que pour M. Juncker, « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens »).
A l’arrière plan géopolitique de cette euro-fascisation vaguement revêtue d’oripeaux « humanistes », c’est la fascisation galopante d’une bonne partie du « monde libre » qui se profile : aux Etats-Unis d’Amérique, un président ouvertement raciste, phallocrate, belliciste, féru d’armes à feu et d’obscurantisme « évangélique », a derrière lui tout l' »Etat profond », y compris « démocrate », quand il désigne la Chine populaire comme l' »ennemi stratégique », quand il fomente des manoeuvres de l’OTAN simulant des frappes nucléaires à la frontière polonaise de la Russie, quand il encourage une forme de solution finale à l’encontre de l’Etat palestinien, quand il encourage l’illuminé Bolsonaro, le président golpiste, écolo-destructeur et fasciste du Brésil, quand il envoie l’US Navy harceler Cuba et le Venezuela, quand il continue d’encourager ce facteur mondial de terrorisme fanatique que sont les pétromonarchies, quand il impose des embargos inhumains à des millions de travailleurs iraniens, etc. On aurait d’ailleurs bien tort de prendre pour du folklore le fait que ce triste sire ultra-réactionnaire menace d’utiliser la Garde nationale pour écraser les Américains antiracistes qui dénoncent le racisme structurel de la police états-unienne, quand il encourage ses partisans à manifester en armes à l’intérieur des sénats démocrates ayant décrété le confinement sanitaire, et quand partout ses partisans occupent la rue avec des pancartes dignes d’Adolf Hitler sur lesquelles il est écrit « laissez mourir les faibles » !
Violences policières, répression anti-syndicale, fuite en avant liberticide et autoritaire, la France s’enfonce dans la fascisation
En France, le mouvement en cours contre les violences et le racisme policier n’ont pas seulement pour effet de réclamer justice pour Adama Traoré. Ce mouvement s’accompagne de révélations accablantes sur l’existence dans la police de groupes « racialistes » typiquement séditieux, sur le pourrissement fascisant d’une partie de la haute hiérarchie policière, sur le fait que, selon des sondages, une majorité de policiers votent pour le RN ; le tout s’accompagnant de l’usage systématique du nassage, du matraquage, du gazage, du tir LBD à bout portant, du passage à tabac de manifestants pacifiques, qu’il s’agisse de Gilets jaunes revendiquant la démocratie, d’étudiants et de lycéens (pour la première fois dans ce pays depuis 1945, des lycéens ont dû composer sous occupation policière de leur établissement !) ou de syndicalistes défendant l’hôpital public.
Cela va de pair dans bien des villes de droite, LR ou PS, avec un flicage et une vidéosurveillance généralisés, avec la prolifération de milices municipales armées dont le caractère « républicain » n’a rien d’évident, avec un empilement de lois liberticides renforçant sans cesse les prérogatives des forces de répression et diminuant sans cesse les droits des citoyens. Avec, cerise brune sur ce gâteau empoisonné, un quadrillage accru d’Internet, voire de nos messageries privées sous prétexte d’anti-terrorisme ou de suivi sanitaire des populations… Tristement, on constate d’ailleurs qu’une large partie de la population française, mal informée des réalités par de grands médias aux mains de l’Etat ou du grand capital, « suit le mouvement » et déclare « ne plus avoir confiance en la démocratie », certains citoyens réclamant même un « homme fort » ou… une direction militaire du pays, fausses « solutions » qui, bien évidemment, aggraveraient toutes les injustices sociales dont se plaignent à bon droit nombre de concitoyens.
En quoi la fascisation consiste-t-elle?
Principal adversaire de Mussolini, le dirigeant communiste Antonio Gramsci expliquait naguère que l’ « hégémonie est le consentement matelassé de coercition« . Cela signifie entre autres que la classe exploiteuse domine le peuple principalement par sa mainmise sur la formation des idées et des représentations (« dans une société divisée en classes sociales, les pensées dominantes sont celles de la classe dominante car ceux qui possèdent les moyens de production matériels possèdent aussi les moyens de production spirituels », avaient déjà constaté Marx et Engels), l’appareil d’Etat répressif aux mains des dominants (armée, police, justice de classe) étant là en dernière instance pour garantir l’ordre dominant dans le cas où le consentement populaire viendrait à faire défaut. Dans ce cas, le fond brutalement despotique de la démocratie bourgeoise – « démocratie pour les capitalistes, dictature sur le prolétariat » comme le précisait Lénine – se révèlerait pleinement et les formes démocratiques de la dictature bourgeoise cèderaient aux formes brutalement répressives, voire terroristes, militaristes et fascistes, comme on l’a vu mille fois du Chili à l’Indonésie en passant par l’Espagne et la Grèce.
C’est encore plus vrai, comme l’avaient montré Dimitrov et le 7ème Congrès de l’Internationale communiste en 1935, quand la classe dominante n’est plus la bourgeoisie encore partiellement progressiste des XVIIIe et XIXe siècles, mais qu’elle s’est muée en grand capital financier, en oligarchie impérialiste « réactionnaire sur toute la ligne » et toujours prête au re-partage violent du monde en « sphères d’influences » impérialistes rivales. Telle est l’essence de classe de la fascisation, qui dans les moments de crise capitaliste aiguë fissurant le consentement des masses populaires et des couches moyennes, signifie que s’accentue la tendance à la dictature terroriste ouverte des secteurs les plus réactionnaires du grand capital : ce qui comporte la strangulation, puis l’élimination des formes démocratiques existantes – fussent-elles réduites à l’état d’apparences –, l’écrasement du mouvement ouvrier indépendant, la persécution des communistes et des syndicalistes de lutte, le bâillonnement (ou l’intégration éhontée) de secteurs petit-bourgeois réformistes qui ne doivent leur existence qu’à l’entretien par l’Etat bourgeois desdites formes démocratiques.
Le fascisme proprement dit, qu’il ne faut pas confondre avec la fascisation, est l’état final de ce processus de pourrissement à la fois interne et externe de la démocratie bourgeoise : interne parce que la montée fulgurante de l’autoritarisme militaro-policier s’opère d’abord principalement au sein de l’appareil d’Etat et sous l’autorité de gouvernements d’allure « démocratique » : pensons aux lois liberticides édictées par Brüning en Allemagne avant le triomphe de Hitler, ou de l’intense répression anticommuniste et anticégétiste pratiquée par Daladier et Cie dans les années 1938/1940 avant même l’avènement de Pétain ; ou encore, à notre époque, au flux ininterrompu de mauvais coups contre les libertés (jusqu’à l’inscription dans la loi commune de l’état d’urgence permanent par les Hollande, Valls et autre Macron) porté par le soi-disant « républicain en marche » Macron et par son ministre éborgneur Castaner…
Formes variables et essence de classe de la fascisation
Cela n’empêche nullement l’émergence, face aux gouvernements bourgeois traditionnels en voie de pourrissement antidémocratique, de partis classiques ou non classiques de l’extrême droite jouant à la fois le rôle d’aiguillon ultra-réactionnaire des gouvernements en place et d’alternative ultra-répressive à ces gouvernements inlassablement dénoncés comme « mous », « laxistes », etc.
Personne par exemple ne doit confondre la lepénisation des consciences, cette aile marchante non banalisable de la fascisation idéologique, avec la fascisation elle-même dont les Sarkozy-Fillon-Hortefeux-Guéant, Hollande-Valls-Cazeneuve, Macron-Philippe-Castaner-Lallement ont été les vecteurs successifs et pseudo-« républicains ». Nul ne doit non plus confondre le fascisme achevé : il est évident que pour l’heure, la France, l’Allemagne, l’Italie, etc., ne sont pas, ou ne sont pas encore fascistes. Prétendre le contraire à la manière de certains maoïstes des années 1970, ce serait banaliser le fascisme et démobiliser le camp antifasciste qui peut encore, en se mobilisant à temps, stopper ce processus « en marche » qu’est la fascisation (c’est ce qu’avait réussi à faire le Front populaire de 1936 à l’appel de Maurice Thorez et de Jacques Duclos).
Enfin et surtout, il faut cesser de confondre les formes historiquement et géographiquement variables de la fascisation avec l’essence de classe relativement permanente de ce processus de classe inhérent à la phase impérialiste-monopoliste du mode de production capitaliste. Il est ainsi évident que la fascisation actuelle, entièrement au service de la « construction » euro-atlantique, ne peut prendre les mêmes formes que celles des années 1930 qui, au sortir de la première guerre mondiale et à une époque où le capital se concentrait encore principalement, sinon uniquement, dans le cadre des frontières nationales, ne pouvait pas avoir le même rapport au nationalisme que celui qu’entretient avec le SUPRA-nationalisme euro-atlantique la fascisation actuelle. Avis aux « antifas » superficiels qui, n’ayant rien compris à l’essence de classe du fascisme et de la fascisation, se font les idiots utiles de la fascisation en confondant fascisme et patriotisme, en baissant la garde face à l’impérialisme euro-atlantique, en abandonnant totalement à Le Pen ou aux prétendus « Républicains » (qui la dévoient et la trahissent !) la légitime défense patriotique de nos pays dévastés sur tous les plans (industrie, agriculture, services publics, acquis sociaux, triomphe du tout-anglais, supranationalisme pseudo « internationaliste », substitution des euro-régions à la République une et indivisible, remplacement des communes par les euro-métropoles, promotion des « euro-départements » etc.) par la construction d’un Empire européen piloté depuis Berlin et supervisé par le Pentagone. De même que les formes du socialisme à venir sont appelées à varier considérablement d’un pays socialiste à l’autre – pourvu que demeure fixe leur essence socialiste : pouvoir des travailleurs, socialisation des moyens de production, marche au communisme –, de même les formes de fascisation peuvent considérablement varier, non seulement d’un pays ou d’un continent à l’autre, mais au sein d’un même pays à deux moments de son histoire, selon que par exemple, l’impérialisme issu de ce pays prend momentanément appui sur la construction de l’Etat-nation centralisé ou selon que, à un autre moment, cet impérialisme tente d’élargir son aire de prédation en livrant en otage de l’euro-mondialisation des profits monopolistes « français » la masse des ouvriers (délocalisables), des fonctionnaires (privatisables), des paysans (suicidables), des chercheurs (précarisables), de notre pays méthodiquement sabordé.
De quoi la fascisation actuelle procède-t-elle ?
Nous l’avons vu : la fascisation résulte en général du fait que, dans des conditions de crise croissante du mode de production capitaliste affectant les rapports de forces idéologiques, le consentement des couches populaires à leur exploitation s’effrite et fait place à une colère latente de masse. Surtout si parallèlement, la classe dominante ne parvient plus à trouver des « formules magiques » politiques lui permettant de changer les équipes et les colorations politiques pour faire passer sa politique antipopulaire et faire accepter ses contre-réformes selon le principe « tout changer en apparence pour que rien ne change en profondeur ». C’est encore plus vrai quand non seulement le système capitaliste lui-même est en crise structurelle ininterrompue suite à l’effondrement de son taux de profit moyen global, mais quand la « solution » qu’il imagine pour sortir du pétrin, à savoir la mise en place d’Empires continentaux ou transcontinentaux comme l’UE ou l’ALENA, devient elle-même un nouveau facteur de crise politique, les peuples constatant qu’il s’agit là de carcans néolibéraux et supranationaux qui leur ôtent toute marge de manœuvre pour se développer librement, échanger à égalité et régler rationnellement leur rapport avec l’environnement.
Alors surgissent les « Non » populaires cinglants – et aussitôt trahis – à la « constitution européenne », la révolte des jeunes contre le CPE, les grandes luttes sans aboutissement syndical et politique autres que trompeurs de 1995, 2003, 2010, 2016, 2017, les Gilets jaunes et autres luttes de masse pour la défense des retraites par répartition… Cela signifie que se dessine en pointillés une situation pré-révolutionnaire où, selon les mots de Lénine, « ceux d’en haut ne peuvent plus gouverner comme avant », tandis que « ceux d’en bas ne veulent plus être gouvernés comme avant ». Telle est la situation globale de l’UE, où les référendums refusant d’approfondir la « construction » européenne sont le plus souvent négatifs… et aussitôt bafoués (sauf en Angleterre, et après X péripéties), où l’abstention aux européennes est ultra-majoritaire dans les couches populaires et la jeunesse, où des pays longtemps europhiles comme l’Italie parlent désormais de l' »Europa brutta », de cette « laide Europe » qui vient encore d’afficher sa glaciale indifférence pour les peuples lors de la crise du coronavirus.
Telle est encore davantage la situation de la France, ce pays étrange : d’une part, l’impérialisme continue d’y exploiter l’Afrique et le Proche-Orient, tente de s’agripper à la RFA dominante pour « co-dominer » le reste du continent européen ; et d’autre part, toute la construction plébéienne et républicaine de l’Etat-nation résultant de combats populaires multiséculaires est littéralement arrachée par une « construction euro-atlantique ». Car sur tous les plans – économique, institutionnel, social, scolaire, idéologique, linguistique –, cette « construction » prend à contrepied les « fondamentaux » historiques de notre pays faisant de celui-ci l’un des maillons faibles potentiel de la chaîne euro-atlantique. Il n’est que de voir comment la grande bourgeoisie a volé l’élection présidentielle de 2017 en imposant un candidat inconnu aligné sur les milieux d’affaires et l’OTAN, en se servant du FN au second tour pour faire passer en fraude un programme socio-économique refusé par la grande majorité de la population, puis en faisant élire, par le procédé quasi-plébiscitaire du quinquennat (qui subordonne l’élection législative à l’élection présidentielle), une Assemblée nationale dominée par un groupe dénué de base politique solide (au second tour, 57% des Français ne sont pas allés voter !). Or, c’est sur la base de ces forces ultra-européistes et patronales que la feuille de route incroyablement pressante de l’UE (63 sommations adressées à la France depuis 2010 pour la sommer de réduire ses dépenses de santé !) prend appui pour détruire ce qui faisait le « contrat social » français depuis 1945, c’est-à-dire les avancées mises en place par le gouvernement à participation communiste initialement présidé par de Gaulle : nationalisations, statuts, conventions collectives, code du travail, retraites par répartition, services publics, éducation nationale de qualité, hôpital public performant. Comment un tel arrachage social, culturel et institutionnel, comment une telle défaisance nationale désirée par le MEDEF et largement orchestrée depuis Berlin, pourrait-elle « passer comme une lettre à la poste » dans un pays qui, bien avant 1789, était connu pour ses traditions frondeuses (rappelons que la première tentative de révolution démocratique bourgeoise, alliée aux jacqueries paysannes du Nord, a eu lieu à Paris en 1357 sous l’égide d’Etienne Marcel) ?
Euro-fascisation ou nouvelle révolution française ?
Mais Lénine l’a cent fois expliqué : il ne suffit pas que se créent les conditions objectives d’une révolution populaire pour qu’elle éclate automatiquement, même s’il faut souligner le magnifique potentiel de lutte spontanée qu’ont révélé les Gilets jaunes, les actions lycéennes ou les grèves cheminotes pour les retraites.
Dans une société de classes où les médias du capital faussent au jour le jour la problématique politico-idéologique, où la principale force électorale d’opposition, le RN, divise la classe ouvrière sur des bases ethniques et ne veut même pas sortir du carcan européen, et où, à l’inverse, les appareils euro-formatés des confédérations syndicales (toutes vassalisées par la C.E.S. présidée par Berger) et des partis de gauche ralliés au principe même de l’euro, de la BCE et de l’UE (non seulement le PS, ce pilier contre-réformiste de l’UE qui a installé Maastricht et l’euro à l’époque de Mitterrand et de Jospin, non seulement « Europe-Ecologie/les Verts », le plus germanophile des partis français, mais le PCF-PGE en rupture de marxisme-léninisme, électoralement dépendant du PS et adhérent du parti de la Gauche européenne…) ont abandonné la défense de l’indépendance nationale, de la langue française et du produire en France, la révolte spontanée de toute une partie des dominés et de la jeunesse est privée de débouché révolutionnaire visible. Si ce débouché politique n’apparaît pas très vite, le risque est énorme que le faux « duel » et vrai duo Macron/Le Pen (chacun ayant ses renforts satellitaires pour le second tour, du PS-PCF-EELV d’un côté à Dupont-Aignan et autres pseudo « souverainistes » de droite côté Le Pen) ne préempte totalement la future présidentielle. On ne peut même pas exclure, si la crise politique continue de s’exacerber après cette élection, que l’appel à l' »homme fort » ne trouve un écho grandissant dans l’appareil d’Etat militaire et policier (n’oublions pas que la Ve « République » actuelle est née du coup d’Etat militaire de mai 1958 légalisé par Guy Mollet et la SFIO).
Bref, ce qui fait le plus défaut à notre peuple et à sa classe laborieuse exaspérés, c’est une véritable avant-garde politique, sociale et culturelle, avec notamment, la reconstruction urgente d’un parti communiste de combat relevant les défis léninistes de notre temps, un syndicalisme de classe brisant les chaînes de la C.E.S. et de la CFDT jaunâtres, et une grande alliance populaire, antifasciste, patriotique, populaire et écologiste rompant le carcan euro-atlantique, démocratisant en profondeur le pays, nationalisant les entreprises stratégiques et les banques, réduisant drastiquement les inégalités, combattant de front le fascisme et le racisme, sortant notre pays de l’euro, de l’UE et de l’OTAN, engageant une grande politique de coopération avec tous les pays de tous les continents (Chine, Russie, Afrique, Proche-Orient, Amérique latine…), et rouvrant en un mot la voie du socialisme véritable à notre pays. Non pas en paroles, mais dans la pratique et à partir de l’expérience qu’auront acquise les masses populaires au fil des affrontements de classes générés par le Frexit progressiste.
C’est pourquoi les forces alter-européistes et pseudo-marxistes qui ménagent l’UE en niant sa fascisation, et qui parallèlement nient la nécessité d’un front antifasciste, patriotique et écologiste au vrai sens du mot (opposer communisme et écologie aujourd’hui, c’est ne rien comprendre au caractère exterministe du capitalisme contemporain qui, plus que jamais, « épuise la Terre et le travailleur »), c’est laisser le champ libre à une fausse gauche européiste, éternelle roue de secours de Macron ou du PS, ou pis encore, au lepénisme dont l’avènement conduirait notre pays à la guerre civile, au déshonneur (une présidente grossièrement xénophobe à la tête du pays qui fit 1789 et la Commune ?) et au retour triomphal des forces de dissolution euro-atlantique.
Les trois axes principaux de la lutte idéologique sont donc objectivement les suivants pour les communistes, les syndicalistes de classe et les patriotes républicains qui veulent éviter la catastrophe finale à notre peuple.
- Ensemble, combattons l’euro-criminalisation du communisme, ce puissant carburant de l’euro-fascisation et de l’euro-dissolution de la France !
- Ensemble, combattons le mensonge éhonté d’une « Europe sociale » s’édifiant sous l’égide d’un cartel impérialiste de gouvernements thatchériens, proto-fascistes ou sociaux-maastrichtiens arrimés à l’OTAN ; et rejetons aussi la version gauchie de ce mensonge réformiste, voire contre-réformiste : celui, cher aux trotskisme, de prétendus Etats-Unis « socialistes » d’Europe. Car derrière son vernis « internationaliste », cette chimère gauchiste consiste en réalité à repousser aux calendes le Frexit progressiste, ce possible fédérateur du peuple travailleur ouvrant concrètement la voie au socialisme, tout cela au nom d’une chimère qui permettra seulement aux eurocrates de continuer leur construction impériale tout en faisant rêver d’un socialisme que les traités européens et que l’armée et la gendarmerie européennes sont là pour écraser dans la pratique ; les impérialistes n’ont pas peur de cet « anticapitalisme » de parade et de cet internationalisme inoffensif qui leur permettent, ici et maintenant, de détruire les nations souveraines et les acquis existants tout en faisant rêver pour après-demain, d’un « socialisme continental » ou mondial dans le cadre d’une UE armée jusqu’aux dents pour attaquer le peuple russe et/ou pour abattre les insurrections populaires surgissant en tel ou tel pays. Comme l’avait compris Lénine dès 1915, « les Etats-Unis d’Europe sont, en régime capitaliste, ou bien impossibles ou bien réactionnaires » ; et fascisants, faut-il ajouter expérience faite de la première Europe politico-militaire (1940/45) et de l’orientation liberticide de la seconde expérience euro-impériale en cours, ce sous-produit de l’antisoviétisme de guerre froide, des résurgences de l’impérialisme allemand et de la contre-révolution anticommuniste des années 1980/1990 !
- Ensemble, rejetons l’idée d’un « souverainisme sans rivage » qui, quelles que soient les intentions de certains de ses partisans issus de la gauche,
- ne peut que faire l’impasse sur la question antifasciste et flirter avec l’anticommunisme, à l’image de la revue du pseudo « philosophe » antijacobin et anticommuniste Michel Onfray intitulée « Front populaire », dont le fond idéologique est en totale opposition avec le rassemblement patriotique ET internationaliste, anticapitaliste ET antifasciste que fut le Front populaire initié par le PCF Thorez, Duclos et Cachin ;
- ne peut qu’ouvrir un espace à l’alliance avec Le Pen (au nom d’un pseudo moindre mal « patriotique ») ;
- et ne peut finalement qu’estomper la dialectique que doivent entretenir de nos jours le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et la lutte pour un socialisme de nouvelle génération associant souverainetés nationales et populaires et centralité du mouvement ouvrier.
Ce que vous dites là est très grave si on repart vers une Europe ou le capitalisme repart à fond, car ça finira avec la crise par une nouvelle guerre mondiale qui sera nucléaire et la fin de l’humanité. C’est bien ça qu’il faut comprendre. Il faut sortir en urgence de cette Europe capitaliste.