Périodiquement, des « analystes » trotskistes, de soi-disant « experts » ès marxisme-léninisme et de pseudo-historiens attaquent la thèse défendue par le PRCF selon laquelle la France, et plus largement l’Europe capitaliste, vivent un processus de fascisation.
Celui-ci résulte selon nous du fait que l’ « intégration européenne » broie impitoyablement les acquis sociaux, les conquêtes démocratiques et la souveraineté des peuples et qu’en conséquence, l’oligarchie au pouvoir est amenée à violer la volonté populaire, à préférer la coercition au consensus, à renforcer l’Etat policier, etc., pour « faire passer » une casse sociale et nationale que les peuples, et particulièrement le nôtre, refusent sourdement.
Bref, il ne faut pas confondre la fascisation actuelle avec le fascisme proprement dit (cette « dictature terroriste de la fraction la plus réactionnaire du grand capital ») qui est le terme du processus de fascisation, ni avec la montée de l’extrême droite qui n’est que la face la plus visible du processus, sa tête de gondole. Déjà Dimitrov montrait dans son rapport au 7ème congrès de l’Internationale communiste (1935) que le fascisme est toujours précédé et préparé par une dégénérescence de la démocratie bourgeoise, par un glissement des partis bourgeois traditionnels aux méthodes autoritaires généralisées, même si le fascisme proprement dit nécessite en général un saut qualitatif final qu’il est impossible de conjurer si l’on n’a pas préalablement combattu la fascisation rampante. Celle-ci prenant aujourd’hui la forme d’une libéral-fascisation (par ex. avec la clique sarkozyste) ou d’une social-fascisation dont le gouvernement Valls est l’un des agents (loi renseignement, Etat policier, état d’urgence à rallonge, traque des militants syndicaux de classe, etc.).
Quel que soit le vocabulaire utilisé, il faut apercevoir à temps la « chose » elle-même. Voici ce qu’écrit le nouveau bâtonnier de Paris à propos de l’actuelle dégénérescence du prétendu « état de droit ».
Dans une interview, le nouveau bâtonnier de Paris, Frédéric Sicard, s’inquiète du fonctionnement de la justice en France et d’une série de lois qui «grignote l’État de droit».
Entré en fonction suite à son élection en janvier 2016, Frédéric Sicard, le nouveau bâtonnier de Paris, porte-parole des avocats parisiens, condamne avec des mots très durs la politique du gouvernement et sa fuite en avant autoritaire et dénonce le manque de moyen alloué à la justice. Le 1er mars, revenant sur r les conditions particulières de son arrivée au barreau de Paris, marquée par l’encombrement des tribunaux et l’arrivée , il n’a pas maché ses mots pour dénoncer une «série de lois qui grignote l’État de droit», notamment après les attentats de novembre.
Concernant la réforme de la procédure pénale, qui selon le gouvernement doit renforcer de façon pérenne les outils de lutte contre «le crime organisé, le terrorisme et leur financement» et actuellement examinée par les députés à l’Assemblée, Frédéric Sicard fustige un texte qui «manque de garde-fous en faveur des droits de la défense»:
«Tous les spécialistes le disent: l’arsenal juridique existait au moment des attentats, c’est juste que l’État n’a pas les moyens de l’utiliser. Une loi de plus ne changera rien.
En revanche, en l’état actuel du texte, la France peut basculer dans la dictature en une semaine. Ce n’est pas acceptable.»
Ce texte prévoit un ensemble de mesures contestables et inquiétantes (rétention, perquisitions et fouilles de nuit, assignation à résidence, contrôles administratifs, assouplissement de la légitime défense pour les policiers…),dénoncé par les défenseurs de la démocratie et de l’état de droit comme liberticide. Jusqu’au magistrat qui ne cachent plus leur inquiétude contre ce projet de loi.
Sortant du silence – le barreau de Paris ne s’était pas officiellement prononcé sur la révision constitutionnelle introduisant l’état d’urgence sur le territoire français et la déchéance de nationalité pour les binationaux, le bâtonnier de Paris a là aussi très clairement expliqué la situation
«La déchéance de nationalité est une mesure inefficace. Sur son principe, la réforme constitutionnelle est un piège politique. Toucher à la Constitution, c’est toucher à la loi fondamentale de la nation. On ne peut y revenir tous les deux ans. Il ne s’agit pas de la délivrance du passe Navigo!»