Alors que la paix nécessite d’évidence la désescalade militaire et le retour à la diplomatie, la politique d’escalade permanente de l’OTAN – par des livraisons d’armes sans précédents depuis la seconde guerre mondiale et de fuite en avant dans une guerre économique qui frappe avec virulence le monde entier et en tout premier lieu l’Union Européenne – prolonge et intensifie la guerre en Ukraine. Une politique qui ne date pas de 2022 mais qui a été poursuivie à basse intensité dès la chute du mur de Berlin et jusqu’aux révolutions colorées, dans la continuité des pratiques terroristes des réseaux Gladio et Ghelen qui avaient déjà ensanglanté l’Ukraine en y exploitant les profondes racines des réseaux nazis jusque dans les années 1960. Une politique de guerre ouverte qui s’était déjà révélée en Yougoslavie, avec les interventions militaires de l’OTAN puis la guerre de 1998 contre la Yougoslavie permettant aux USA d’implanter leurs bases au Kosovo. Une politique qui s’est encore intensifiée avec le coup d’état de l’euro maidan en 2013/2014. Cela a résulté en le déclenchement d’une guerre civile dans l’Est de l’Ukraine, en commençant par le massacre de la maison des syndicats d’Odessa, l’attaque de l’armée contre Marioupol, puis les bombardements des grandes villes du Donbass. Sans discontinuer depuis. L’OTAN, les USA et l’UE ont massivement financé cette guerre, alimentant également en armes la junte de Kiev et ses bataillons de choc affichant de façon virulente leurs convictions fascistes et leurs symboles nazis. Ils ont ainsi saboté le processus diplomatique de paix, des deux accords de Minsk reconnus par l’ONU, censé être garantis par la France et l’Allemagne. Alors que Zelenski massait des troupes considérables (on parle d’une centaine de milliers de troupe de choc, réparties dans des centaines de kilomètres de fortifications) et intensifiait les bombardements sur les quartiers civils des agglomérations de Donetsk et Lougansk, les troupes de la RPL et de la RPD, ainsi que l’armée russe ont lancé une vaste offensive militaire sur l’Ukraine en février 2022. Changeant ouvertement l’échelle d’une guerre qui n’a pas démarré à ce moment là et dont les morts se comptaient déjà par dizaines de milliers.
Six mois d’offensive russe
Nous en sommes désormais à six mois du démarrage de l’offensive russe. Les destructions sont considérables dans l’Est du pays.
Face à l’armée de Zelenski soutenue par une mobilisation totale de l’effort de guerre des pays de l’OTAN (l’Allemagne vient ainsi de déclarer avoir doter Zelenski de la totalité de ses réserves militaires), l’offensive russe a certes réussi à remettre l’ensemble du territoire de l’oblast de Lougansk à la République Populaire de Lougansk. A Donetsk, les territoires de la mer d’Azov, autour de la grande ville de Marioupol ont également été libérés en mai, mais au prix de la destruction considérables de la ville et de ses outils industriels. La poussée de l’armée russe bloquant un temps Kiev n’aura pas réussi à faire tomber le régime Zelenski dont les bases sont solidement tenues à l’extérieur du pays, directement par l’Axe USA UE OTAN conduisant dès le mois d’avril à un retrait du nord du pays. Cette stratégie d’offensive de mouvement visant à éviter une guerre longue et destructive, sans bombardement massif d’aviation et d’artillerie initiale dans une volonté politique russe affiché de préserver l’Ukraine et ses infrastructure aura été facilement mis en échec par une réponse de guérilla sur les lignes logistiques de l’armée russe tandis que la répression interdisait toute réaction du peuple ukrainien. L’interdiction du parti communiste a été suivie de l’interdiction de l’ensemble des partis d’opposition. Nombre de syndicalistes, antifascistes, communistes – à l’image des frère Kononovich dirigeant de la JC d’Ukraine, ont été persécutés. Le tout s’accompagnant d’exécutions sommaires, et de lynchages, parfois pour le simple fait de s’exprimer en russe ou d’avoir une carte sim permettant d’appeler des proches en Russie…
Il faut toutefois souligner la différence, dans la conduite initiale des opérations militaires par la Russie, avec les stratégies militaires poursuivies par les américains et leurs alliés, responsables de victimes civiles innombrables et de la destruction complète des infrastructures civiles de la Yougoslavie à l’Irak en passant par la Libye ou l’Afghanistan, cette du tapis de bombe. Mise en échec, au nord, l’armée russe dans cette offensive de mouvement a enregistré un succès stratégique initiale majeure, s’emparant du sud de l’oblast de Zaporija jusqu’à la centrale nucléaire d’Ernegodar (dès le début mars) et de la rive droite du Dniepr dans le sud de l’Ukraine, avec l’oblast de Kherson, jusqu’aux marges de Nikolaev et Krivig Rig. Un succès militaire qui ne peut se comprendre au regard de la force militaire limitée déployée initialement par la Russie que par un refus de stopper cette avancée largement partagée par la population et les militaires ukrainiens de la région. Cette avancée a permis de rétablir l’alimentation en eau de la Crimée. En mer noire, la flotte russe après avoir en place un blocus efficace a rapidement subi une défaite tactique d’importance, avec la perte de son croiseur Moskva (dans une attaque impliquant de manière très probable les forces de l’OTAN) assurant la défense aérienne de la flotte, la privant de capacité à s’éloigner de la défense anti aérienne terrestre établie en Crimée. Par ailleurs, face à une armée de Kiev disposant de considérables défenses antiaériennes, l’armée russe n’a pu imposer qu’une supériorité aérienne relative, ne pouvant risquer une attrition de sa force aérienne, mais pas une suprématie aérienne. Cela signifie que si Moscou a pour l’essentiel le contrôle du ciel ukrainien interdisant à l’aviation de Kiev tout action aérienne offensive d’ampleur, les chasseurs bombardiers russes ne sont pas à l’abri des solides batteries de missiles de défense anti aérienne S300 ukrainienne d’une part, d’autre part les hélicoptères et avions d’attaque au sol ont à subir les risques que font peser l’équipement massif de l’infanterie de Kiev en défense antiaérienne par missile sol air. Cela limite de façon significative les possibilités d’actions militaires combinés inter-armes.
Si l’armée de Kiev a enchainé les défaites tactiques, subissant des pertes significatives, il convient d’observer d’observer que sa capacité de combat – grâce à la perfusion massive en finance en armes, en hommes, en capacité de communication, en renseignements, en capacité de commandement de l’OTAN – demeure très forte. Y compris avec la possibilité de mener des contre offensives locales, comme cela a été le cas autour de Kharkov en mai/juin, et comme c’est le cas de façon constante sur le front occidental de l’oblast de Kherson.
La situation militaire : une guerre des tranchées
En France, il est très difficile d’obtenir des informations sur la réalité de la situation militaire en Ukraine. Les médias des milliardaires et du pouvoir, aux ordres, ne relayent que la propagande de l’OTAN et des portes paroles du régime Zelenski. Dressant un tableau fait exclusivement de pertes systématiques et considérables de la Russie. Un tableau en décalage évident de la réalité du terrain puisqu’il n’est pas possible qu’en ne subissant que des défaites l’armée russe ai progressé en six mois de 50 000 km² dans le sud et de 31 000 km² dans le Donbass, soit un total de plus de 80 000 km². La taille de la Belgique et des Pays-Bas réunis. S’ajoutant au 20 000 km² des républiques indépendantes du Donbass d’avant février 2022 et au 27 000 km² de la Crimée. La Russie maitrise ainsi 20% de la surface totale de l’Ukraine d’avant 2014. Coté russe, là aussi il est difficile d’obtenir des informations vérifiables, un contrôle strict des médias par temps de guerre ne communicant que sur les victoires de l’armée russe et les pertes de l’armée ukrainiennes. Il est cependant possible, par un fastidieux recoupement des communiqués des deux parties d’établir un estimation de la situation du front. Il est en revanche très difficile à ce stade de se prononcer sur les pertes militaires, en soldats comme en armements. Il est évident qu’elles sont significatives pour les deux parties, bien au-delà de ce qui est reconnu officiellement par chacun.
Si les moyens de la guerre sont bien les armes du XXIe siècles pour les deux armées ( missiles balistiques et de croisières, artilleries de zone et de précision à longue portées, emplois massif des blindés, aviation d’attaque au sol), 8 ans de guerre de position dans le Donbass et l’engagement d’une armée de Kiev massive forte de plusieurs centaines de milliers de soldats bien entrainés et équipés au bénéfices des efforts de l’OTAN depuis 8 ans, font de cet affrontement une guerre de position proche de la guerre industrielle de 1914-1918. Le front s’étend actuellement sur 1100 kilomètres.
Après analyse des photographies satellites en sources ouvertes, nous avons pu décompter un total de près de 700 fortifications, tranchées et casemates sur l’ensemble de la ligne de front, essentiellement dans le Donbass. Ces fortifications représentent un linéaire considérable de près de 400 km de tranchées armées par plusieurs centaines de milliers de soldats. Elles comprennent près de 4000 points de tirs ou d’accueil en casemate pour les véhicules blindés et tanks, ainsi que leurs stocks locaux de munitions. Ces chiffres sont des minimas, de très nombreuses nouvelles fortifications ayant été construites autour de Nikolaev et de Karkhov. Celles-ci récentes ne figurent pas sur les photos aériennes publiques. Dans le Donbass, l’armée de Kiev dispose donc d’une double voir triple lignes de fortifications. A la différence de la ligne Maginot à vocation défensive, sa vocation première a été de maintenir totalement les agglomérations de Donetsk et Lougansk sous un bombardement d’artillerie sans discontinuer depuis 2015, et à haute intensité depuis le début de l’année 2022. Violant de façon systématique les accords de Minsk. Cette énorme ligne de fortification interdisait également aux armées de Lougansk et de Donetsk de pouvoir faire cesser seules ces bombardements d’artillerie, et faisait peser le risque d’une offensive très aisé de Kiev contre le Donbass en permettant de concentrer sur toute la longueur de la ligne de démarcation une armée considérable, puissamment couverte par son artillerie et prete à l’assault dans des retranchements donnant directement accès au front.
Au 31 août, environ 300 de ces lignes de tranchées et fortifications ont été prises par les forces alliées russes et de Donetsk et Lougansk, pour un linéaire d’environ 300 km. 2000 points de tirs et fortifications d’accueil des véhicules blindés ou dépôts temporaires de munitions sont passés sous contrôle russes. Ces chiffres au delà de la surface gagnée par la Russie, explique la lenteur relative de l’avancée de l’armée russe. Celle-ci ne mobilise que des effectifs réduits, souvent inférieurs à ceux des forces retranchées dans ces fortifications et tranchées. Dans ces conditions de très longues préparations d’artillerie pour détruire une après l’autre ces fortifications et nécessaire pour permettre à l’infanterie de progresser. Une fortification et une ligne de tranchée après l’autres. Avant de devoir ensuite affronter des combats délibérément conduit en milieu urbain par l’armée de Zelenski. Une armée dont même l’ONG Amensty Internationale peu suspecte de sympathie pro russes au regard de son traditionnel allignement pro américain a été obligé de dénoncer les agissements utilisant les populations civiles, leurs écoles et hopitaux comme bouclier au mépris des conventions internationales.
La situation militaire au 31 aout 2022
www.initiative-communiste.fr vous propose ci après une carte interactive vous permettant de voir l’évolution du front ces derniers mois et derniers jours.
La Russie et ses alliés ukrainiens du Donbass poursuivent leurs actions offensives :
- au sud et à nord est d’Avdivka pour encercler l’un des principaux corps de bataille de l’armée de Zelenski (environ 10 000 hommes), avec des progrès autour de Peski l’une des zones les plus puissamment fortifiée du front, mais également à Kamianka
- pour rompre le front oriental sur la ligne nord sud Siversk Zaitsevo. Il s’agit de prendre Artemisk l’une des principales villes sur la route de Slaviansk Kramatorsk. Il s’agit ici de prendre des hauteurs comprenant des points forts d’artillerie
- Au sud d’Izium, comme à Kharkov ainsi que sur l’ensemble de la rive gauche du Dniepr des combats positionnels sont ponctuellement intensifié par des tentatives de percées.
le régime Zelenski OTAN est lui aussi à l’offensive
- il profite des armements lourds (lance missiles multiple à longue portés Himars et missile longue portés) transférés par l’OTAN pour bombarder les rares ponts sur le Dniepr et compliquer les approvisionnements russe dans l’oblast de Kherson
- conduire des bombardements à longues portées (par des missiles ou des drones) sur la Crimée ou la zone frontalière de Koursk à Belgorod
- où une offensive est lancée depuis le 29 août sur toute la ligne de front
- tout particulièrement autour de la tête de pont établis sur la rive droite de la rivière Ingoulets au sud de Davidi Brid dans le but d’assurer l’encerclement des forces situées plus au nord
- forces qui sont fortement accrochées à 50 km au sud est de Krivog Rog autour de Visikopylia afin de les fixer
- cette offensive pourrait viser à menacer la tenue par la Russie de la rive droite du Dniepr, ou viser à fixer des renforts importants afin de stopper l’offensive dans le Donbass ou préparer une contre offensive plus au nord, à Kharkov ou Izium
- en ciblant par des bombardements ou des attaques au drone la centrale nucléaire de Zaporizhia dans un odieux chantage à l’explosion radioactive contre les pays européens pour les obliger à soutenir l’escalade. Appliquant là la tactique exterministe bien connue de l’OTAN.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
La carte interactive du front de la guerre en Ukraine
https://umap.openstreetmap.fr/fr/map/guerre-en-ukraine-la-ligne-de-front_797219