déclaration de Léon Landini, Pierre Pranchère, Fadi Kassem et Georges Gastaud (PRCF) – 27 février 2022
Avec pour arrière-plan un harcèlement pluridécennal de la Russie par l’OTAN-UE, le massacre des habitants depuis 8 ans (dans l’indifférence la plus totale des prétendus « démocrates ») des Républiques populaires du Donbass par le pouvoir atlantiste de Kiev aidé par les pronazis de Pravy Sektor et du « bataillon Azov », puis l’intervention globale sur l’Ukraine de Vladimir Poutine (une intervention que le secrétariat du PRCF a d’emblée jugée « inconsidérée et disproportionnée »), sans oublier au premier chef les nombreuses et croissantes souffrances endurées par les Ukrainiens de l’Ouest et de l’Est, une escalade insensée prenant une dimension potentiellement nucléaire des deux côtés (propos menaçants à ce sujet non seulement de Poutine, mais aussi de Le Drian et de Zelensky) se dessine présentement à propos de l’Ukraine.
Que l’on estime, comme l’a dit le secrétariat national du PRCF, que l’UE-OTAN est la responsable principale de ce « conflit de haute intensité » (annoncé depuis des mois par le nouveau chef d’état-major français, le général Burkhard!), ou que l’on croie de bonne foi que Poutine est le principal coupable en cette affaire, il est du devoir de toute personne raisonnable attachée à la vie, à l’avenir de la France, aux droits de l’homme et à la paix européenne et mondiale, d’intervenir pour stopper l’escalade en cours, d’appeler courageusement aux négociations, de condamner sans réserve les démarches militaristes et bellicistes d’opposition « front contre front » qui peuvent conduire au franchissement du seuil menant à la guerre nucléaire d’extermination.
Et c’est d’autant plus vrai pour les véritables progressistes français qui, à la différence des Jadot, Hidalgo, Glucksmann, Cohn-Bendit, Taubira et de leurs innombrables relais médiatiques, poussent lâchement à la conflagration sans limite – bien entendu sans « y aller » eux-mêmes et en se moquant de ce que serait, pour la France, pour la paix mondiale et pour l’avenir du vivant sur Terre, un échange même limité de tirs nucléaires déréglant à jamais le climat terrestre et susceptible d’anéantir ou d’empoisonner toute l’humanité. N’est-il pas clair, en outre, qu’il n’y a pas de « droits de l’homme », de « souveraineté des peuples », d’avenir de la Nation, de combat pour un monde meilleur, voire de simple projet de vie individuel, si l’espèce humaine est menacée d’être anéantie à l’issue d’un échange de tirs nucléaires, comme le « philosophe » fanatiquement antisoviétique et atlantiste André Glucksmann en dessinait cyniquement la perspective dans un livre ténébreux de 1984 intitulé La Force du vertige ?
Dans ces conditions, l’heure n’est pas principalement à s’interroger sans fin sur les responsabilités des uns et des autres, même s’il faut évidemment approfondir les analyses : il convient d’abord, quoi que l’on pense au sujet desdites responsabilités, d’isoler les va-t-en-guerre, y compris ceux qui se réclament mensongèrement de Jaurès et de la gauche. Il faut également exiger dans l’union, chacun pour son propre pays où se situe d’abord sa responsabilité personnelle, que toutes mesures soient prises sans retard pour la désescalade, pour l’ouverture de négociations dans le cadre de l’ONU, pour le respect non seulement de la vie des Ukrainiens de l’Ouest ET DE L’EST, mais pour la mise en application des engagements pris lors des accords dits 4 + 2 (2 Allemagne, plus 4 puissances occupantes : les accords « de réunification » prévoyaient la non-extension de l’OTAN à l’Est de l’Allemagne), mais aussi lors des Accords de Minsk (2014) garantis (sur le papier seulement hélas) par la France et par l’Allemagne. Des accords que Kiev a systématiquement torpillés en refusant l’autonomie des Républiques du Donbass et en les bombardant jour et nuit durant huit années au prix de 14 000 tués.
Dans les conditions actuelles, ne pensant plus qu’à l’intérêt supérieur de la nation et de l’humanité comme ce devrait être son devoir, Emmanuel Macron doit cesser de jeter de l’huile sur le feu ; il doit au minimum déclarer que, conformément à la doctrine militaire qui a initialement présidé à la création de la force de frappe française par le Général de Gaulle, l’arme atomique française n’est en rien destinée à « couvrir » l’ensemble de l’Europe. Tout autre comportement ne peut être qu’irresponsable, voire suicidaire, par rapport à l’avenir de notre pays, de l’Europe, voire du genre humain.
C’est donc l’heure, non pas de trembler et encore moins de hurler avec les loups de la nouvelle « union sacrée » guerrière, mais d’agir de toutes les manières possibles pour que prévale de toutes parts l’esprit de désescalade et de négociation. En ces circonstances terriblement dangereuses qui ne sont pas sans rappeler la crise de 1962 ou celle de 1984, souvenons-nous du vers d’Aragon : « Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat ».