Approuvé le 20 décembre 2018 le budget a été complété d’urgence le lendemain par des mesures « pour faire rentrer les gilets jaunes à la maison » contenues dans une loi complémentaire officialisant les mesures annoncées par le chef de l’État le 10.12 . Aucune de ces deux lois n’a encore été publiée au Journal Officiel.
Au cours du débat sur la loi de finances dans sa version initiale le gouvernement avait refusé deux amendements un de la gauche en faveur du rétablissement de l’Impôt Sur la Fortune , l’autre de la droite visant à la défiscalisation des heures supplémentaires Dans la loi complémentaire l’amendement de la droite a seul été repris ce qui démontre une fois de plus un puissant penchant de Macron à droite, qui , compliqué de Pétainisme, constitue un véritable tropisme.
Le budget prévoit une nouvelle baisse de l’impôt sur les sociétés Le prétexte, toujours le même depuis les débuts de la construction européenne, est la concurrence fiscale interne à l’Union. Cette soi-disant Union est une foire d’empoigne fiscale puisque le gouvernement qui baisse le plus l’impôt sur les bénéfices attire les entreprises des autres pays qui déménagent leur siège social dans ce pays. Les leaders en cette matière sont les Pays-Bas et l’Irlande qui sont de véritables paradis fiscaux légaux pour les entreprises (au moins pour les grosses, votre plombier ne va pas déménager son siège à Amsterdam, il n’en a pas les moyens : traducteurs, comptables, avocats …)
La loi complémentaire devrait conduire l’État d’une part à augmenter ses dépenses d’environ 10 milliards d’Euros par exemple en finançant l’augmentation de la prime d’activité d’autre part à diminuer certaines recettes par exemple sur la CSG. Il devrait s’ensuivre une augmentation du déficit budgétaire supérieur à celui fixé dans le budget initial (il passerait de 100 à 107 milliards d’euros)
Que va t-il se passer qui ne nous a pas encore été expliqué ? L’augmentation du déficit budgétaire devrait le refaire passer au-dessus du fameux seuil de 3% du PIB fixé par la Commission Européenne à ne pas dépasser sous peine de sanctions financières. La commission européenne peut-elle faire preuve de mansuétude pour le meilleur propagandiste aujourd’hui en poste de l’Europe du Grand Capital ? L’affaire est délicate car elle susciterait inévitablement des protestations des autres gouvernements toujours soumis au talon de fer du pacte de stabilité.
Quelques hypothèses fondées sur l’observation que le gouvernement n’a décidé aucun changement de politique.
Sur les dépenses militaires environ 38 milliards en hausse de 5 % sur un total de dépenses de 328 milliards, Macron s’annonce inflexible, le but ultime étant d’obéir aux injonctions de Trump fixant les dépenses militaires de ses alliés à 2% de leur PIB. Il l’a confirmé à l’occasion de sa visite au Tchad, visite préparée par un Benalla ressuscité lequel , aujourd’hui dépourvu de toute fonction officielle, semble devenir la figure visible d’un pouvoir parallèle macronien clandestin qu’on imagine proliférant. Ce budget des armées ne comprend pas les pensions et la gendarmerie. Au total, la dépense militaire est plutôt de l’ordre de 56 milliards d’euros. Comme le veut notre chef impérialiste de second rang.
Le gouvernement va donc devoir réaliser un panachage d’emprunts supplémentaires et de réductions de crédits pour les ministères civils.
Dans les deux cas comme le souligne à l’envi leur président, les riches, les patrons n’ont rien à redouter, la dégradation des services publics va continuer (éducation, santé) et le remboursement de la dette continuera à garder une place importante dans le budget de l’État les années suivantes. Or si les banques privées continuent à prêter à l’État français c’est qu’elles ont la certitude qu’elles seront remboursées rubis sur l’ongle puisque une part importante des recettes fiscales y sera consacrée sans débat chaque année. Rien que pour 2019 l’État devra rembourser d’une main 130 milliards d’emprunts venus à échéance et de l’autre main il empruntera au moins 100 nouveaux milliards. Macron est bien aussi le président des banques qui ont avec la France un excellent client puisque la seule charge des intérêts a représenté en 2018 environ 44 milliards d’euros. Une banque centrale qui prêterait à taux zéro ou à un taux très faible permettrait d’en faire l’économie. Mais aujourd’hui dans le capitalisme néolibéral organisé en France par les traités européens, les banques centrales (la BCE) n’ont pas le droit de prêter directement aux États. Donc elles prêtent aux banques privées qui elles-mêmes prêtent aux États, activité simple et sans risque, activité rentière.
Pour résumer les 10 milliards distribués en urgence pour cause de Gilets Jaunes seront pris dans la poche des contribuables par l’impôt principalement sous la forme de la TVA, impôt universel auquel personne n’échappe. l’important est de retenir que c’est l’État donc l’impôt qui paiera la prime d’activité majorée, pas les patrons. Le SMIC suivra très modestement la règle légale et devrait augmenter d’environ 1,6%. Macron, serviteur zélé des patrons, l’a bien souligné dans son discours manipulateur et en prime, pour les féliciter de gâter leurs actionnaires comme ils ne l’ont encore jamais fait, il diminuera encore leurs cotisations sociales.
Georges Gastaud secrétaire national du PRCF/ membre de la commission luttes
Les grèves à venir :
- Chez Air France à Marseille le 7 janvier 2019
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Chez Dk’Bus à Dunkerque dès le 9 janvier 2019
Revue de presse des luttes gagnantes :
A – Fort(e)s de leur détermination les agents territoriaux de la ville de Fleury-Mérogis ont gagné !
Source : CGT – 3/01/2019
En lutte concernant la maison de la petite enfance en dénonçant, par exemple, les conditions de travail ou le management abusif tout en étant dans le même temps porteur(se)s de propositions, ils n’ont pas cédé !
Ils ont été entendu, et ont obtenu 5 embauches et satisfaction à leurs revendications
B – TRICOFLEX à Vitry le François (51) ( fabrication de plaques, feuilles, tubes et profilés en matières plastiques.)
Source : CGT – 3/01/2019
C’est après trois jours d’une lutte portée par 90 % de grévistes que la CGT Tricoflex, en intersyndicale avec la CFDT et la CFE CGC, a obtenu satisfaction, en particulier sur les revendications salariales.
C – Finance publique – LA LUTTE A PAYÉ
la grève annoncée par les centres de contact dès le 2 janvier prochain, a payé.
Suite aux luttes menées par les agents avec le soutien plein et entier de la CGT Finances Publiques, notamment la signature massive de pétitions et la menace de la grève, le directeur général a décidé sans attendre d’aligner l’ACF versée aux CDC sur celles des CIS et CPS.
Ainsi, chaque agent C et B des CDC percevront une majoration d’ACF de 699 € par an.
Dans le contexte actuel et la mise en place du prélèvement à la source, la CGT Finances Publiques appelle tous les personnels à se réunir dès le 2 janvier et à décider ensemble des moyens d’actions.
Pour la CGT Finances Publiques, le bon rapport de force dans la période est une grève massive de l’ensemble des services pour faire aboutir nos revendications tant en matière de rémunérations d’emplois, de conditions de travail et de défense de nos missions.Des grèves et manifestations :
1 – Gilets jaunes : elle s’enchaîne à la préfecture d’Albi
Source : La dépêche du midi – 19/12/2018
Ce mercredi matin, avant 8 heures, une poignée de Gilets jaunes ont voulu faire une action forte, en se rassemblant devant la préfecture d’Albi, symbole de l’État. L’une d’entre eux, Jenny, s’est en effet enchaînée aux grilles du bâtiment.
Cette jeune femme de 38 ans, qui a 4 enfants, et dont le compagnon est en invalidité, gagne 600 € par mois. Via son action elle a ainsi voulu contester la politique du gouvernement.
Ses revendications et celles, dit-elle, des tous les Gilets jaunes de France sont les suivantes : « Nous réclamons une justice fiscale et sociale. (…) Nous voulons un monde viable pour nos enfants. » Et de conclure : « Nous revendiquons le RIC, le référendum d’initiative citoyenne ».
Un peu plus d’une heure après, la jeune femme a été « libérée » de ses chaînes par la police qui est venue couper les cadenas qui la maintenaient aux grilles.
2 – La police scientifique en grève en Vaucluse
Source : France bleu – 31/12/2018
Les 12 agents de la police technique et scientifique de Vaucluse sont toujours en grève illimitée. Le mouvement a été lancé le 27 décembre pour obtenir un statut « actif » et intégrer les primes dans le calcul de leur retraite. Ces primes peuvent atteindre le tiers des revenus de ces agents. Les bases techniques de la police scientifique à Avignon, Carpentras et Orange sont fermées.
Conditions de travail similaires aux collègues policiers mais sans les compensations
À Orange, Hervé Rebecca n’effectuera aucune mission de police scientifique et technique le premier jour de l’année 2019. Il demande un statut « actif » pour accomplir ces missions dans les mêmes conditions que les autres policiers. Il explique qu’on peut « considérer actifs dans la fonction publique les gens qui manipulent des produits toxiques ou qui sont au contact de la population.
« C’est notre cas, ajoute-t-il. Nous allons chercher les délinquants dans les geôles, on les récupère seuls dans notre bureau pour prendre les empreintes papillaires et génétiques, quasiment seuls en permanence. On intervient seul sur le terrain, on voit des scènes de crimes, des scènes morbides, les mêmes choses que les policiers mais on n’est pas considéré correctement. Un collègue d’astreinte de week-end va travailler de jour comme de nuit et devra être au bureau le lundi à 8h. On a tous les désavantages de la police sans en avoir les compensations. »Pas considérés comme policiers par l’administration.
Laurence Guidini, la secrétaire zonale SUD du syndicat indépendants des personnels administratifs techniques et scientifiques (SNIPAT), réclame un statut »actif » et l’intégration des primes dans le calcul des retraites. Elle considère que la mission de police technique et scientifique est « une mission de terrain : ils doivent se rendre seuls sur des homicides, quelque fois sur des manifestations pour prendre des photos mais les manifestants ou la population ne fait pas le distingo entre un policier gardien de la paix et nos collègues car ils ont le brassard « Police ». Or nos collègues ne sont pas considérés comme des policiers, en tout cas par l’administration. Ils travaillent avec des collèges du corps actifs et ils ne sont pas rémunérés pareil pour de mêmes missions. Ils se sentent dévalués. Leurs missions ont évolué depuis les attentats, ils souhaitent que leur statut évolue ».
Laurence Guidini précise que les agents de police technique et scientifique demandent « des primes qui comptent pour retraite, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Ce sont des fonctionnaires aux bas salaires, de 1.500 à 1.600 euros en début de carrière ».
3 – Grève désamorcée au Samu 92
Source : Le Parisien – 1/01/2019
Après avoir déposé un préavis le 24 décembre, les agents qui dénonçaient leurs conditions de travail.
Le mouvement de grève a été évité. Hier, les assistants de régulation médicale (ARM) du Samu 92 ont trouvé un accord avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Ces personnels, premiers interlocuteurs de toute personne qui compose le 15 ou le 112, dénonçaient notamment le non-remplacement de postes vacants et l’état dégradé de leur lieu de travail, installé à l’hôpital de Garches. « On n’en peut plus, confiait une assistante la semaine dernière. On reçoit parfois jusqu’à 2 500 appels par jour et on est en sous effectifs. Nous sommes épuisés, et les délais d’attente s’allongent pour les patients. »
Deux postes remplacés et trois créations
Dans un protocole de sortie de grève, la direction s’est donc engagée, hier, à « recruter dans les meilleurs délais sur les postes actuels vacants ou à venir et à constituer un vivier de candidatures en prévision des départs annoncés ». Deux postes, sur lesquels des ARM sont en congé longue durée, vont être remplacés. Et trois nouveaux postes seront créés, ce qui porte leur effectif à 38, contre 35 aujourd’hui.
Les potentiels grévistes dénonçaient aussi les conditions dans lesquelles ils travaillent : « locaux mal entretenus », « mobilier défectueux ». Le protocole a acté « l’achat de quatorze chaises pour le premier trimestre 2019 », « des travaux concernant les sols» et «une étude sur le coût et la faisabilité de l’amélioration de la climatisation ».
Menaces avant Noël
L’accord a été trouvé après plusieurs jours de discussion. Lundi dernier, veille de Noël, les syndicats avaient déposé un préavis de grève. L’arrêt du travail devait être effectif dès le 29 décembre. Mais la direction a organisé dès mercredi une réunion avec les syndicats. Et la grève a été sus- pendue jusqu’à hier lundi, date de la signature du protocole de sortie de grève.
« On est satisfaits pour le moment, reconnaît Dominique Babinot, agent hospitalier délégué CGT, présent à la réunion. On a signé parce que ce qui nous est proposé est un plus. Mais on reste méfiants. On va voir comment ce sera mis en place. »
Le jour de Noël, le Samu de Seine-Saint-Denis s’était également mis en grève. Cette dernière n’avait duré que 15 heures, les grévistes ayant réussi à obtenir dix postes. Quelques jours avant, l’Agence régionale de santé (ARS), interpellée par les huit directeurs des Samu d’Ile-de-France, avait déjà annoncé le déblocage de 2,4 M€, soit 300 000 € pour chaque Samu. ■
Les assistants de régulation médicale (ARM) du Samu des Hauts-de-Seine ont trouvé un accord avec leur direction.
4- Lavaur Tarn: la CGT du Centre hospitalier demande un plan d’urgence pour la psychiatrie
Source : Le Tarn Libre – 11/12/2018
Le syndicat CGT du Centre hospitalier de Lavaur pointe la sous dotation budgétaire des service psychiatrie qui entraine des conditions de travail et un accueil des patients dégradés.
« La psychiatrie val mal, très mal même (…). La dégradation continuelle des conditions de travail des agents se traduit par de nombreuses luttes locales (…) pour défendre l’amélioration de la prévention, de l’accueil de l’accompagnement et du suivi des patients, passant par la nécessité d’augmenter les effectifs en personnel qualifié ». Cet appel a été distribué par la CGT du Centre hospitalier (CH) dans le cadre d’une journée de « mobilisation nationale pour la psychiatrie » le 15 novembre. Concernant précisément le secteur psychiatrie de l’hôpital de Lavaur, le texte déplorait « la politique de restrictions budgétaires infligée par l’ARS et déclinée par la Direction », une politique qui a « des conséquences sur l’accueil et l’accompagnement des patients. Les mots paupérisation, inquiétude, désarroi, colère se chevauchaient presque pour dire un « sentiment d’abandon et d’incompréhension ». Et, à l’invitation de la CGT, des membres des équipes du pôle psychiatrie s’étaient retrouvés à la salle de réunion des syndicats au Centre Pinel pour échanger, débattre, proposer. De quoi appeler à « un plan d’urgence pour la psychiatrie » au CH afin de répondre aux difficultés que rencontrent les services : « Il y a un sous financement de l’ARS, lequel impacte d’ailleurs l’ensemble du centre hospitalier, la dotation annuelle de la psychiatrie représentant près de la moitié du budget de l’hôpital », souligne Patrick Estrade (CGT – CH Lavaur).
L’importance du soin humain en psychiatrie
Le responsable syndical donne des exemples de la façon dont cette insuffisance de moyens se « décline » dans l’établissement. Ainsi d’un service dans lequel une infirmière était absente depuis deux et n’avait pas jusqu’à présent été remplacée ». En se désolant de se voir renvoyé le « il faut faire des économies » ou « c’est une question d’organisation ». « On peut toujours améliorer des choses, mais le fond du problème n’est pas là », explique Patrick Estrade, « en psychiatrie le plateau technique c’est le soin humain, c’est la présence des soignants ». Si une inflexion a eu lieu ces dernières semaines – « Dans le service où une infirmière n’était pas remplacée depuis deux ans, des intérimaires sont arrivés » – la question de la dégradation des conditions de travail reste prégnante. Comme celle de « l’état de délabrement des bâtiments qui crée des conditions d’hospitalisation indignes ». Certes des investissements « invisibles » ont eu lieu (sur les réseaux eaux usées notamment), mais P. Estrade rappelle ce qu’avait pu constaté Jean Terlier, le député, lors de sa venue l’été dernier : un état des chambres pas acceptable, des situation où si les choses tiennent, c’est (presque) avec des bouts de ficelle. De quoi amener les équipes soignantes à être déterminées pour « ne pas vivre encore des années comme ça ».
5 – Toulouse – 1er janvier 2019, les soignantes de néonatalogie inaugurent la grève
Source : L’humanité du 3/01/2019
«Tout le monde est surpris car en général nous ne faisons pas de bruit », commente Karine, infirmière puéricultrice, en grève illimitée depuis le 1er janvier comme la majorité de ses collègues du service de néonatalogie du CHU de Purpan, à Toulouse. Du jamais-vu dans cet établissement, le seul à prendre en charge les grands prématurés, les bébés souffrant de pathologies graves d’une dizaine de départements et de l’ancienne région Midi-Pyrénées. A- t-elle été inspirée par la mobilisation des gilets jaunes ? « Oui, il y a peut- être eu un déclic. Le fait que cela bouge un peu partout en France », concède la soignante, porte-parole des grévistes. Mais le fond du problème, « c’est la sécurité des bébés. Les sous-effectifs et le manque de moyens matériels qui font courir des risques aux nourrissons. Nous ne pouvons pas l’accepter », estime-t- elle.
Il manque une dizaine d’infirmières
Les grévistes demandent le recrutement de deux cadres dont les postes sont vacants depuis le 21 décembre, d’une dizaine d’infirmières et de matériel. «Il manque des couveuses. Nous sommes en rupture de stock sur tout, notamment sur le matériel que nous utilisons quotidiennement et que nous sommes contraints d’emprunter aux autres services. » Karine raconte la course permanente alors que chaque enfant « demande du temps ». « On réalise des transferts trop précoces vers les hôpitaux de la périphérie. (…) On accélère les sevrages de leurs respirateurs », se désole l’infirmière, qui regrette le temps également compté pour accompagner les parents, « dont certains ne connaissent même pas le pronostic vital de leur enfant ». Comment trouver 20 minutes pour installer le nourrisson et son parent « peau à peau » – un dispositif pourtant salutaire pour le bon développement des nourrissons prématurés – quand il manque une dizaine d’infirmières ? Comment trouver 15 minutes pour changer un bébé de 800 grammes quand les plannings laissent des nourrissons sans soignants durant 1 h 30 le matin et trois quarts d’heure en fin de journée ? Karine résume en quelques mots ce qui se joue dans cette grève : « Nous aimerions retrouver la qualité. » Une marque de fabrique dans ce service reconnu deuxième centre Nidcap de France, après celui de Brest. Le Nidcap est un mode de prise en charge qui respecte la singularité de chaque nourrisson grâce à une approche très individualisée des grands prématurés. « Faute de personnel, nous ne pouvons pas mettre en œuvre cette pratique qui repose sur l’observation fine des enfants alors que nous formons des professionnels de tout le pays. Cela nous choque terriblement », poursuit Karine. Mais si l’équipe du service de néonatalogie a fait voler en éclats la trêve des confiseurs en décidant de se mettre en grève les douze coups de la nouvelle année tout juste sonnés, c’est parce qu’une limite a été franchie. « Mercredi dernier, onze bébés ont dû être pris en charge en réanimation au lieu de quatre habituellement, et cela sans personnel supplémentaire. Par ailleurs, neuf nourrissons n’ont pas eu d’infirmières attribuées durant 2 h 30 dans la journée. Au mois de juillet déjà une alerte avait été lancée, cette fois, par les médecins. Huit lits avaient été fermés, obligeant à transférer plus rapidement encore les nourrissons. L’un d’eux a failli y perdre la vie. L’ambulance qui le conduisait à l’hôpital de Carcassonne avait dû faire demi-tour alors que l’enfant faisait un malaise. Nous avons alerté tout le monde, l’ARS, le procureur, précise Karine. Rien n’a bougé depuis. La direction refuse de reconnaître que nous sommes en sous-effectif. »
Une expertise sur les conditions de travail doit débuter dans quelques jours suite à une alerte de « danger grave et imminent ». « C’est exceptionnel, souvent, lorsque en CHSCT nous obtenons de telles enquêtes, la direction les attaque. Ce n’est pas le cas cette fois », explique Julien Terrié, secrétaire de la CGT de l’hôpital. Salariés et CGT font le même constat : en réanimation, une infir- mière devrait s’occuper de deux lits, elle en a aujourd’hui quatre en charge. Et six lits au lieu de quatre quand il s’agit de prodiguer des soins standards. Pour le syndicaliste, le CHU enfreint la loi : « On parle de nourrissons dont certains ne pèsent que 500 ou 600 grammes. À nier les problèmes d’effectifs, on pourrait croire que la direction n’a pas un gramme d’humanité. »
6 – À Mayenne. Le personnel de l’hôpital en grève à partir du 12 janvier
Source : Ouest France du 3/01/2019
150 membres du personnel de l’hôpital de Mayenne se sont réunis ce jeudi 3 janvier en assemblée générale après la fermeture jusqu’au 21 janvier de la maternité du CHNM. Les salariés ont prévu une grève reconductible et une manifestation samedi 12 janvier pour la défense de l’ensemble des services de l’établissement.