« Malheur à nous si nous n’avons pas la force d’être tout à fait libres, une demi-liberté nous ramène nécessairement au despotisme »
Robespierre
« Liberté, Égalité, Fraternité » : la devise gravée sur le fronton de nos mairies est bafouée par Macron, Philippe et Castaner, qui ont donné l’ordre aux forces de répression policière de tirer et blesser des centaines de Gilets jaunes pacifiques composés de chômeurs, de travailleurs qui en ont assez de galérer, de jeunes qui ne trouvent pas de travail et vivent dans la rue, de mères de famille qui ne peuvent nourrir correctement leurs enfants, d’éleveurs et d’agriculteurs en détresse étranglés et poussés vers le suicide, de retraités qui, ayant travaillé toute leur vie finissent leurs jours dans la misère, d’auto-entrepreneurs qui découvrent la vérité de leur ultra-précarité, d’artisans et de petits paysans qui sont sans cesse au bord du gouffre.
En vérité, Macron président totalitaire, met « en marche » par la force, l’euro-dissolution finale de la nation française et des idéaux humanistes et républicains que porte notre histoire. ET comme le peuple rejette ce projet destructeur, il ne reste à Macron et au grand parti versaillais en formation que la matraque : c’est dire à quel point les notables et la fausse gauche qui se précipitent salement dans le « grand débat » (conclu d’avance : en avant vers la casse accélérée des services publics, du statut de la fonction publique, des indemnités chômage et de la retraite par répartition, tout cela est déjà DÉCIDÉ !) manquent à la plus élémentaire décence démocratique. Celle-ci voudrait en effet que le préalable à tout débat avec Macron soit la levée des sanctions contre les manifestants en gilet jaune, contre les cheminots syndicalistes persécutés. Sans oublier le retrait de la loi liberticide conçue par l’ultraréactionnaire Retailleau (LR) et adoptée sans état d’âme par les parlementaires « libéraux » !!!
Mais cette situation n’est pas nouvelle. De tout temps, patronat et pouvoir politique ainsi que la bourgeoisie, pour préserver leurs privilèges, ont répondu par la force, allant jusqu’à faire des milliers de morts comme sous la Commune de Paris et à embastiller ceux qui réclamaient du pain. Macron et Castaner sont les dignes héritiers de Thiers et Bismarck.
C’est pourquoi il est vital pour les travailleurs de notre pays, Gilets rouges, Gilets jaunes, Blouses blanches, Bleus de travail et Stylos rouges, de construire un front antifasciste, patriotique, progressiste et écologiste (FRAPPE) pour que la France sorte par la voie progressiste, de l’euro, de l’UE, et de l’OTAN et du capitalisme.
Jo Hernandez – Pour la commission luttes du PRCF
Revue de presses des grèves gagnantes:
A – AirBus – Militant dédouané
Source – Ensemble mensuel des adhérents CGT
Le conseil de Prud’hommes de nantes viens de condamner Airbus à reverser trois jours de salaire à Miguel salles, un élu Cgt qui avait été sanctionné pour avoir participé à un barrage filtrant lors d’une manifestation contre la loi travail. Il était accusé d’avoir frappé l’un de ses collègues. « Un victoire pour le droit de grève », s’est réjoui le militant absout.
B – SIGNIFY – Grève éclair
Source – Ensemble mensuel des adhérents CGT
Les salariés de la société Signify, un leader de l’éclairage implanté dans le Val-De Marne, ont obtenu satisfaction concernant une grande partie de leurs revendications à l’issue d’une journée de grève à l’appel de la CGT et de FO. Les grévistes – 88 % des 142 salaries de la société – ont reçu en janvier une gratification équivalente à un mois de salaire et la recréation d’un service de santé sur le site.
Des luttes et manifestations :
Les brèves :
– EDF – Robin des Watts
Source – Ensemble mensuel des adhérents CGT
A la Courneuve (Seine Saint-Denis) des agents CGT ont rouvert une agence fermée par EDF afin de recevoir les usagers. Plus de 600 personnes ont été aidées depuis cette réouverture. « Cela va de la facture à payer, à des gens à qui l’on à forcé la main pour passer chez un autre opérateur », rapporte Nicolas Noguès, du syndicat CGT Energie 93.
– Cordemais – Charbon de l’espoir
Source – Ensemble mensuel des adhérents CGT
L’intersyndicale (CGT-FO-CFE) refuse de capituler face au projet de fermeture de la centrale thermique de Cordemais ‘Loire Atlantique). Les salariès de ce site EDF ont un plan B visant à remplacer le charbon par un combustible alternatif écolo : le projet Ecocombust. En grève reconductible, ils mettent en avant les essais aynat montré que la centrale pouvait tourner à 80 % en brûlant des déchets verts.
– VEOLIA – Nous sommes tous des talents !
Source : CGT Véolia 08/02/2019
Malgré la forte mobilisation de ce jour partout en France, la Direction reste insensible aux légitimes revendications des salariés.
Sa seule et unique réponse réside à nous dire de lui faire confiance. Elle affirme avoir fait passer le message à l’ensemble des BU pour prendre en compte nos revendications et ce, avant fin avril, pour l’ensemble des NAO. Plutôt que des paroles, nous aurions préféré des actes pour améliorer le pouvoir d’achat des salariés.
Au niveau du Comité de Groupe, nous nous assurerons que les Négociations Annuelles Obligatoires aient bien lieu dans chaque BU avant fin avril.
Les Organisations Syndicales n’ont pas dit leur dernier mot… Il n’est pas exclu de faire entendre notre voix à l’Assemblée Générale des Actionnaires le 17 avril prochain.
1 – Montpellier – Dans la tête des grévistes
Source : Rapport de force – 3/02/2019
Les facteurs d’un des deux bureaux de Montpellier sont en grève depuis le 21 janvier. Tous les matins, ils se rassemblent devant leur centre de distribution, refusant une réorganisation qui supprime une vingtaine de tournées, et exigeant la titularisation des précaires. C’est le second conflit long que vit ce bureau en trois ans. Treize jours sans salaires, dans le froid, sans certitude d’obtenir gain de cause. Voyage au cœur d’une grève.
« Ils s’en foutent de la vie des gens », affirme catégoriquement Benjamin, en décrivant la nouvelle organisation du travail mise en place dans son bureau depuis le mardi 22 janvier. Avec près de 20 % des tournées supprimées, la mise en place d’une coupure méridienne, des tournées dont la taille varie en fonction des moments de l’année, c’est tout son cadre de travail qui est chamboulé. Dépité par une réorganisation « sans queue ni tête », ce facteur de 35 ans semble plus atterré qu’en colère : « Le samedi, finir à 16 h quand tu as ta fille qu’un week-end sur deux, cela veut dire que tune la vois que le dimanche ». Benjamin a commencé la grève le lundi, veille de la nouvelle organisation. Le lendemain matin, par curiosité, il entre dans le bureau pour jeter un coup d’œil à son nouveau casier de tri. Celui-ci contient bien plus de case. Il a absorbé les rues de tournées qui ont été supprimées. Cela confirme son choix : il ressort et rejoint ses collègues sur le piquet de grève. Il y est encore.
Il n’est pas le seul. À quelques mois de la retraite, Bernard trouve un parfum particulier à ce qui devrait être sa dernière grève. Avec ses « trente ans de boîte » et son tempérament sanguin, il fait autant office d’ancien que de mascotte. Au-delà des moqueries bienveillantes qui fusent à son égard autour du brasero dès 5 h 30 du matin, Bernard est un blessé de La Poste. Après une longue carrière où il a vu défiler les patrons de passage, il subit un déclassement, puis de fermeture de centre en fermeture de bureau, il échoue « rouleur à la distribution », à l’âge de 54 ans. Chaque jour, une nouvelle tournée, un nouveau moyen de locomotion, et de nouvelles douleurs en fin de vacation. Avec autant de mépris accumulé, la grève est plus qu’une évidence, c’est « une revanche personnelle, une envie de leur faire payer l’addition ». Il ira jusqu’au bout.
La détermination : une histoire de convictions
« Dans l’état actuel, je ne retournerai pas au boulot », certifie un troisième facteur. Malgré ses seulement 29 ans et quatre ans d’ancienneté en CDI à La Poste, c’est son second conflit. Déjà en 2016, il avait comptabilisé 10 jours de grève contre une réorganisation qui n’avait finalement pas vu le jour. Pour lui, c’est « une question de convictions », assume-t-il, un peu agacé par ceux de ses collègues qui « râlent et ne font pas grève parce qu’ils ne sont pas touchés individuellement ». Moins tranchante, mais tout aussi déterminée, Émeline découvre la grève pour la première fois. En CDI depuis un an, après un purgatoire postal fait de plusieurs contrats précaires, elle a le profil de l’employée modèle. Pourtant elle est sur le piquet de grève tous les matins.
« Je n’ai pas envie que mes collègues vivent ce que j’ai vécu. Les tournées sont beaucoup trop longues pour faire un travail de qualité », expose-t-elle simplement. Avant qu’elle signe son CDI, elle a testé les « tournées sacoches », une innovation de la direction qui supprime au facteur le tri de sa tournée, pour le laisser dehors en continu, en distribution de 9 h à 17 h. Forte de cette expérience calamiteuse, où elle a sombré physiquement et psychologiquement au bout de six mois, elle craint le rallongement des tournées, inclus dans la nouvelle organisation. Pour elle pas question de voir détruire son « beau métier ». « Je n’aurais pas été en accord avec moi même en restant dedans, et en faisant du mauvais travail », conclut-elle, le plus naturellement du monde.
« J’ai rarement vu une grève comme celle-là », explique Bernard, surpris par la détermination et l’implication de ses collègues. Le premier jour de grève, ils étaient 34 facteurs en grève, 48 au quatrième jour, puis 53, avant de redescendre depuis, à une fourchette comprise entre 35 et 45 grévistes. Chaque jour, ils sont présents au petit matin devant leur bureau, se répartissent les tâches et effectuent des rotations pour participer aux négociations avec la direction. « C’est la première fois qu’en arrivant au sixième jour de grève, le samedi, les gens sont prêts à continuer massivement, au lieu d’élaborer des stratégies pour savoir comment gérer la fin du mouvement », constate-t-il. La grève s’est déjà poursuivie une semaine de plus, avec un pic le jeudi, pour atteindre 80 % des titulaires. Pourtant, un tel résultat n’était pas assuré avant le début du conflit, malgré une longue préparation menée par les syndicats CGT et SUD.
« Des facteurs se sont dit, ce projet n’est pas réaliste, mais nous allons sortir les tournées, et ils verront bien que ce n’est pas possible. D’autres ont dit : non, moi je ne veux pas m’épuiser, je ne suis pas responsable de ce qui va se passer, donc je me mets en grève la veille de la mise en place », raconte Doriane, un des visages de la CGT dans ce bureau. Face à ces deux options, elle a longuement hésité. « C’est difficile d’engager des gens dans un conflit de cette ampleur. C’est une grosse responsabilité de leur proposer d’entrer en grève en sachant qu’une journée ne suffira pas, et sans avoir de certitude sur l’issue du conflit. Il faut discuter pour que les gens se rendent vraiment compte de la difficulté du combat à mener, sans illusionner et ne berner personne », explique-t-elle.
Plutôt réservée initialement sur l’option de la grève, n’étant pas sûre que ses collègues soient prêts, elle s’y est jetée à corps perdu une fois la décision collective prise en assemblée générale. « Quand je vois l’état psychologique des facteurs qui ne font pas grève, je me dis qu’en étant dehors, nous nous préservons, c’est moins dur », relativise Doriane, certaine au final que le choix de la grève était le bon. Comme en écho à ces paroles, Mehdi admet volontiers être partagé, parfois mal-à-l’aise, et ressentir de la culpabilité, lui qui se définit comme n’étant « pas encore en grève ». Il y a deux ans, il avait pourtant participé au conflit de bout en bout, recevant même, comme une vingtaine de ses collègues, une convocation au tribunal pour « entrave à la liberté du travail ». Mais ce coup-ci, il ne l’a pas senti malgré le « choc de la réorganisation ». Plutôt partisan de « sortir les nouvelles tournées » en faisant la démonstration que « cela ne passe pas », il exprime un manque de visibilité et de discussion sur la stratégie la plus pertinente pour combattre la nouvelle organisation.
Tenir ! Entre pression financière, incertitudes sur l’issue du conflit, et solidarité
Aux doutes de ceux qui sont dedans, répondent ceux des grévistes à l’extérieur du bureau depuis deux semaines. « C’est un peu long, nous sommes fatigués, et puis il y a les sous », admet Stéphanie qui au début imaginait se mettre en grève une seule journée. Avec un salaire net de 1300 € et un retrait par journée non travaillée d’au moins 50 €, elle compte en partie sur la caisse de grève pour continuer. Mais avec une quarantaine de grévistes, chaque journée coûte 2000 € pour compenser la totalité des salaires perdus. « La prime Macron de 300 euros permet de tenir un petit moment », calcule un autre facteur. Reçue le 18 janvier, nombre de grévistes l’ont mise de coté pour se constituer un mini trésor de guerre avant la bataille.
Mais tous les matins, la récolte de soutiens financiers occupe une partie des grévistes. Fort heureusement, aux dons de postiers de différents bureaux, se sont ajoutés ceux de syndicats de toute la France, et ceux de particuliers à travers une cagnotte Leetchi. La compensation de plusieurs journées de grève est déjà assurée. Mais il n’y a pas que l’argent qui compte pour tenir. « Il y a des gens qui viennent te voir, qui te soutiennent, cela fait chaud au cœur », confie Benjamin qui voit chaque jour des personnes extérieures venir les encourager sur le piquet de grève. Ce soutien moral, tous notent son importance, en même temps que beaucoup découvrent une nouvelle fraternité avec des collègues qu’ils ne faisaient parfois que croiser. « Quoi de mieux qu’un piquet de grève pour connaître les gens », s’amuse Bernard, à qui ce mouvement, où les jeunes sont nombreux, donne de l’espoir.
Lundi 4 février, les facteurs attaquent le 15e jour de leur mouvement. Mais les grévistes ne sont pas les seuls à ressentir une pression. La direction a déjà reculé sur plusieurs points en deux semaines. Dans la nouvelle organisation du travail, le nombre de tournées changeait en fonction des périodes de l’année, passant de 80 à 72 pendant 16 semaines. La Poste s’est dite prête à abandonner ce point, à « déprécariser » quelques CDI intérimaires, et à aménager certains éléments de structure. Des propositions qui impliquent encore la suppression de vingt tournées. Pas vraiment du goût des facteurs, après deux semaines de lutte. Le bras de fer se poursuit. À l’entame de la troisième semaine du conflit, il va encore se passer beaucoup de choses dans la tête des grévistes. Dans celle de la direction aussi.
2 – Amazon met à la porte des salariés pro-Gilets jaunes
Source : le parisien – 4/02/2019 – Par Bérangère Lepetit
Trois employés ont été licenciés pour « faute grave ». Ils avaient, sur les réseaux sociaux, soutenu des actions ou tenu des propos contre le géant du commerce en ligne.
L’un a eu cette petite phrase, en forme d’encouragement : « Franchement, vous gérez, les gens, ne lâchez rien ! » L’autre a fixé rendez-vous à ses collègues à l’aube devant la porte de son lieu de travail pour partir bloquer un entrepôt voisin, à Lesquin (Nord). Un troisième, enfin, a lancé à la cantonade : « Il faut du renfort et des palettes, les amis ! » Philippe, Lionel et Sylvain*, trois salariés d’une vingtaine d’années employés sur les plates-formes logistiques d’Amazon à Montélimar (Drôme) et Lauwin-Planque, près de Douai (Nord), ont été un peu trop bavards ces dernières semaines sur leur compte Facebook. Le tort de ces trois hommes, ouvertement « pro-Gilets jaunes » ? Avoir tenu des propos « d’une singulière gravité […] en opposition totale aux valeurs de l’entreprise » et avoir manqué à leur « obligation de loyauté », peut-on lire sur les lettres de licenciement pour faute grave — que nous nous sommes procurées — envoyées depuis un mois par le géant du commerce en ligne.
appel à la grève demain Dans ces entrepôts, qui emploient
quelque 3 000 salariés, ces licenciements ont suscité l’émoi. Deux débrayages ont été organisés en soutien à l’un de ces hommes la semaine dernière sur le site de Montélimar, tandis qu’un appel à la grève a été lancé pour demain par les syndicats SUD- Solidaires, CGT, et par les Gilets jaunes de Hauts-de-France et de Drôme.
« Chez Amazon, la majorité des collègues sont sympathisants des Gilets jaunes, quelques-uns sont activistes », assure Habib Latreche, représentant syndical (CGT) sur le site de Douai. « La direction a pris la décision de les licencier pour en faire des exemples et dissuader les autres d’agir », poursuit le syndicaliste qui demande leur « réintégration ». D’après Guillaume Reynaud, représentant syndical CGT à Montélimar, l’un de ces ex-salariés aurait l’intention de faire appel de son licenciement devant le tribunal des prud’hommes.
Il semble néanmoins peu probable, au regard du droit, qu’ils obtiennent gain de cause. « Ce sont des prises de position publiques. A partir du moment où le message est posté sur le réseau social et est consultable par tous, il n’y a pas de violation du secret des correspondances de la part de l’employeur », fait savoir M e Avi Bitton, avocat spécialisé en droit du travail. « Le salarié peut se défendre en plaidant la bonne foi et en expliquant qu’il ne pensait pas que l’action envisagée serait un blocage », assure-t-il.
obligation de loyauté
Reste que le salarié est soumis à une obligation de loyauté envers son employeur et qu’il peut être sanctionné si son comportement nuit à l’entreprise. Ce qui peut se traduire par l’obligation de ne pas dénigrer son employeur.
Contacté, le groupe Amazon, qui reconnaît avoir envoyé « une dizaine de notifications » à des salariés sur ses différents sites en France, persiste et signe. « Ces personnes ont été licenciées car elles n’ont pas respecté leurs obligations contractuelles », soutient une porte-parole du groupe. « Mais elles sont libres de leurs opinions », assure-t-elle, se défendant de toute « chasse aux Gilets jaunes ». ■
* Les prénoms ont été modifiés.
3 – Bagneaux-sur-Loing – 40 emplois menacés : les salariés de Corning débrayent
Source : le Parisien – 7/02/2019 – Par Faustine Léo
La multinationale américaine doit transmettre son plan de sauvegarde de l’emploi lundi. Hier, la CGT et la CFDT ont appelé à des arrêts de travail de quelques heures.
La liste des emplois perdus à Bagneaux-sur-Loing ne cesse de s’allonger. Cette ville, synonyme de tradition verrière depuis Louis XV, souffre chaque année un peu plus. « En quarante ans, nous avons perdu plus de 2 600 emplois, avec les licenciements opérés chez Prevent Glass, Pyrex, Thomson et Corning, s’émeut le maire (DVG), Claude Jamet. Nous sommes sinistrés. »
Une quarantaine d’emplois devraient encore disparaître d’ici le mois de juillet, chez Corning. L’entreprise américaine, un des leaders mondiaux de l’industrie du verre, doit trans- mettre son plan de sauvegarde de l’emploi à la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) lundi.
soutien actif des salariés
Pour protester contre cette mesure, qui vise principalement les 130 ouvriers du site (sur 240 employés au total), la CGT et la CFDT ont appelé hier à des arrêts de travail de quelques heures. « Nous sommes une centaine à stopper partiellement le travail, assure Ludovic Dehan, élu CGT au comité d’établissement. Cela affecte 70 % de la production ». La direction, qui refuse toute communication avant le retour de la Direccte sur « son projet », n’a voulu « ni infirmer, ni confirmer cette information ».
Fabricant de verres destinés à la protection contre les rayons X et le rayonnement nucléaire, mais aussi de verre vitrocéramique, Corning a décidé de cesser ici la production de verre pour les lunettes. « On les préfère désormais en plastique. C’est une aberration écologique », souligne Claude Jamet, soutien actif des salariés en grève.
« Nos discussions avec la direction ont permis de passer de 43 à 40 licenciements, assure Ludovic Dehan. Il y aura une dizaine de départs volontaires. Mais pour les autres, nous voulons une prime exceptionnelle supérieure aux 7,5mois de salaire brut qui nous sont proposés. Nous
demandons aussi un allongement de la fin de carrière anticipée de 36 à 48 mois ». Pour étayer leurs exigences, les manifestants s’appuient sur les résultats de l’entreprise. En 2018, Corning a réalisé un bénéfice net de 1,07 Md$ contre une perte nette de 497 M$ en 2017. « Et en France, Corning a touché du crédit d’impôt compétitivité emploi, s’insurge un gréviste. C’est pourtant des- tiné à préserver des emplois ».
La colère des grévistes est d’autant plus grande qu’il s’agit pour eux « d’un tour de passe-passe ». « Nous serons remplacés par des sous-traitants et des CDD, soupire Ludovic Dehan. Mais cela ne rentrera plus dans la masse salariale de l’entreprise. Cela plaira aux actionnaires. » ■
4 – Jouy-sur-Morin – C’est une partie de notre vie qui part en fumée »
source : le Parisien – 07/02/2019 – Par Sébastien Roselé
De salariés de l’usine Arjowiggins ont brûlé hier du papier pour billets de banque étrangers, pour cartes grises et passeports. Ils réclament une prime de licenciement de 50 000 €.
Colère et yeux humides. Sous le regard de plus de 200 personnes, des salariés d’ Arjowiggins ont mis le feu à du papier destiné à la fabrication de cartes grises, de billets de banque, de chèques et de passeports, hier après- midi.
Juste avant que ces papiers soient je- tés au bûcher, Patrice Schaafs, délégué du personnel CGT, a tenu à faire une mise au point. Ce n’était pas de gaîté de cœur que cette marchandise allait être brûlée. « Nous sacrifions le fruit de notre travail. À chaque fois que nous cramons une bobine de papier, nous avons les larmes aux yeux et c’est une partie de notre vie qui part en fumée. »
Située dans un hameau de Jouy-sur-Morin, l’usine Arjowiggins était spécialisée dans la confection de papier sécurisé. L’entreprise a été placée en liquidation judiciaire le 16 janvier, mettant 238 personnes au chômage. Depuis lors, les syndicats font pression sur l’Etat pour que chaque salarié licencié touche une prime supplémentaire de 50 000 €. Ce qui est bien loin du montant prévu par la loi pour cette branche professionnelle : deux mois et demi de salaire pour dix an- nées d’ancienneté.
Lettre aux ambassades
« Ce montant de 50 000 €, c’est, en moyenne, ce qui est donné dans tous les plans sociaux en France. On ne peut pas plus être raisonnables. Mais même ça, on ne l’a pas », a plaidé Patrice Schaafs. Il s’agit de la première partie de la lutte des syndicats. Du papier sera donc brûlé à intervalle régulier jusqu’à ce que les salariés obtiennent une réponse à leur requête. « Tous les jours, on va taper dans le stock. Et nous avons de quoi tenir longtemps », avertit le cégétiste.
En parallèle de cette action, la CGT du livre (Filpac), a adressé lundi un courrier à toutes les ambassades des pays pour lesquels Arjowiggins faisait du papier sécurisé, parmi les- quels on trouve, entre autres, la Chine, le Royaume-Uni ou encore Is-
raël. « Dans le cas d’une fermeture définitive de l’entreprise, il serait difficile de garantir le devenir de vos produits stockés, l’hypothèse d’une reprise par un repreneur peu scrupuleux ne pouvant être écartée », peut- on lire dans cette missive.
« Là on franchit un cap », a commenté Patrice Schaafs après avoir lu la lettre aux employés. « On veut que les Etats demandent des comptes à la France. » Selon l’élu du personnel, deux ambassades auraient demandé à rencontrer la CGT. Le nom des pays concernés est resté secret.