Près d’un an après la lutte remarquable des Cheminots et à quelques mois de l’entrée en vigueur du Pacte Ferroviaire Macron-Borne, véritable copié-collé des directives libérales de Bruxelles, la CGT Cheminot appelle à une grande Manifestation Nationale des Cheminots le 4 juin à Paris. Les autres organisations syndicales ont aussitôt rejoint l’appel.
Les effets de la contre-réforme se font déjà sentir, les guichets ferment définitivement leurs rideaux, des petites lignes ferment déjà, la direction SNCF est prête à tout pour réduire les coûts et se positionner sur les futurs appels d’offre. Y compris enclaver des populations entières, et instaurer un climat de souffrance au travail pour les Cheminots, avec l’aval, la bénédiction même, des Conseils Régionaux. Mobilité forcée, obligation de polyvalence et quatrième année consécutive de gel de salaire sont le quotidien des travailleurs du rail qui seront bientôt la variable d’ajustement d’une concurrence sauvage, transférés tel du bétail au moins disant social.
Au niveau régional, David Valence, délégué aux Transports de la région Grand-Est, qui annonçait déjà il y a quelques semaines dans les colonnes de l’Est Républicain son intention d’aller plus loin que la réforme Macron en donnant en concessions de 22 ans, sur le modèle des autoroutes, des petites lignes dont l’entretien serait trop onéreux, nous annonce cette semaine la création de Fluo, qui remplacera désormais l’appellation TER, transformant le service public régional en simple marque déposée qu’il s’empressera de vendre à la découpe aux entreprises ferroviaires privées.
Dans ce contexte de casse du service publique et d’attaque violente contre les droits des travailleurs du rail, le PRCF et la Commission des Luttes appellent à soutenir et à relayer massivement l’appel à une Manifestation Nationale des Cheminots le 4 Juin à Paris.
Gaël Harmand – Commission Luttes du PRCF
Les grèves à venir:
– Grève reconductible du périscolaire à Nantes dès le 25 avril 2019–
Le syndicat SUD Santé Sociaux appelle des agents des accueils périscolaires de la ville de Nantes à entamer une grève reconductible dès le jeudi 25 avril 2019. Les revendications concernent les conditions d’accueil des enfants.
– Grève nationale des pilotes de ligne du 6 au 11 mai 2019
D’après le journal La Tribune, le SNPL (Syndicat National des Pilotes de Ligne) a déposé un préavis de grève national pour les pilotes des compagnies aériennes françaises du lundi 6 mai au samedi 11 mai 2019. Le mouvement concerne la représentativité des pilotes au sein d’une branche du transport aérien.
– Grève nationale des fonctionnaires le 9 mai 2019
Sept syndicats (CFE-CGC, CFTC, CGT, FA-FP, FSU, Solidaires et Unsa) appellent les agents de la Fonction Publique (fonctionnaires) à se mettre en grève au niveau national le jeudi 9 mai 2019. L’organisation syndicale CFDT rejoint le mouvement. La grève sera unitaire. Ils dénoncent le projet de réforme de la fonction publique et ses conséquences sur les conditions de travail.
Revue de presse des luttes:
Luttes gagnantes:
A – victoire pour les salariés d’Idex-environnement
Source : CGT 22/04/2019
Après une semaine de grève, dont deux jours d’arrêt total de l’activité de l’usine d’incinération des déchets ménagers, les salariés de la société Idex-environnement ont repris le travail.
Le rapport de force a été tel que les 3 non-grévistes n’ont pu piloter l’usine, ce qui a contraint la direction à négocier.
Ils ont obtenu :
§ 50 euros bruts supplémentaires par mois pour tous les employés ;
§ une augmentation des œuvres sociales et des discussions en interne pour l’évolution de la condition des salariés.
B – XPO (80), dans l’unité le rapport de force fait reculer la direction
Source : CGT – 27/04/2019
Les salariés de l’entreprise XPO Logistics de Roye dans la Somme reprennent le travail. Après deux jours de grève initiée par une intersyndicale nationale, la direction américaine du transporteur a accepté d’augmenter les salaires de 2,1%.
Si la revendication initiale était 2,5%, les piquets de grève ont été levés avec le versement d’une prime exceptionnelle de 300 euros brut et le paiement de ces deux jours de grève.
Une prime qui compense la perte d’une partie de la prime d’intéressement que dénonçaient les syndicats.
La direction du groupe s’engage aussi au maintien de certains acquis sociaux comme les chèques vacances et les chèques carburant.
Dans l’unité des travailleurs avec leurs syndicats, et en particulier leur syndicat CGT, les travailleurs ont obtenu un recul complet du patron. »
Grèves et manifestations :
1 – Charbon : la CGT appelle à la grève -Le rythme accéléré de fermeture des centrales thermiques menace certains trafics portuaires.
Source : Le Marin – 22/04/2019
La Fédération nationale des ports et docks CGT n’apprécie pas le refus du ministre François de Rugy d’accorder un moratoire sur la fermeture des centrales à charbon. Dans un courrier du 23 avril adressé au ministre de la Transition écologique et solidaire, le syndicat majoritaire dans les ports estime qu’« à l’heure où des discussions se sont engagées depuis les annonces du Cimer pour mettre en place une véritable stratégie des ports français, la décision d’arrêter les centrales à charbon remet en cause des équilibres économiques et sociaux sur les places portuaires concernées ».
Montoir, Fos et Le Havre sont les plus menacés.
Il s’agit principalement de Montoir, avec la centrale de Cordemais, de Fos et du Havre. Le 16 avril, François de Rugy en visite au Havre avait confirmé que les centrales à charbon de Cordemais, Gardanne, Le Havre et Carling (en Lorraine) devront s’arrêter en 2022.
La CGT réclame un moratoire jusqu’en 2025, le temps de préparer leur reconversion, à la biomasse notamment. L’Union européenne n’est pas contre un tel report.
La FNPD CGT, qui, sur ce sujet, a déjà appelé à la grève pendant 4 heures le 15 avril, appelle à un mouvement identique le 10 mai et à 24 heures dans tous les ports le 3 juin. Elle sera reçue, comme prévu, le 6 mai à Matignon pour essayer d’obtenir un délai sur la fermeture des centrales et évoquer les autres sujets portuaires, notamment les risques réglementaires qui pèsent sur certains trafics d’engrais. ■
2 -Du muguet plutôt que du gaz
Source : l’Humanité dimanche – 25/04/2019
On voudrait casser le 1er Mai qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Black Bloc et gouvernement semblent marcher la main dans la main pour tenter de dissuader les gens de manifester.
Chaque année, les organisations syndicales qui appellent à manifester le 1er Mai insistent sur l’importance de descendre dans la rue. Cette édition n’échappe pas à la règle, mais participer à cette « journée d’action et de mobilisation internationale pour les droits des travailleurs, le progrès social, la paix et la solidarité », comme y invitent la CGT, la FSU, Solidaires, l’Unef et l’UNL, est sans doute plus crucial encore. « Il s’agit aujourd’hui de défendre le droit même de manifester et donc, dans la foulée, celui des travailleurs d’agir pour défendre leurs intérêts », explique Céline Verzeletti, du bureau confédéral de la CGT.
Déjà, le 1ermai 2018 avait été le théâtre de violences instrumentalisées par le pouvoir pour réprimer la contestation de sa politique. Bloqué pont d’Austerlitz, où la police avait nassé plusieurs centaines de mani- festants, le cortège parisien avait été contraint d’emprunter un autre itinéraire pour rejoindre sa destination, la place d’Italie. Cette année, alors que des appels à faire de Paris « la capitale mondiale de l’émeute » cir- culent depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux, le gouvernement dispose d’un arsenal répressif renforcé.
Même amputée de l’interdiction administrative de manifester, censurée par le Conseil constitutionnel, la loi du 10 avril 2019 visant à « renforcer et garantir le maintien de l’ordre public » offre, entre autres, avec « le délit de dissimulation de visage » la possibilité aux forces de l’ordre de placer en garde à vue quiconque portera, par exemple, un foulard à sa bouche pour se protéger de gaz lacrymogènes.
Depuis six mois maintenant que les gilets jaunes manifestent chaque samedi, le gouvernement a démontré qu’il n’entendait pas « changer de cap ». Les annonces qu’il doit faire à l’issue du grand débat et qui ont filtré dans la presse (voir page 29) montrent qu’il entend même mettre à profit la crise que sa politique gé- nère pour poursuivre son entreprise de remodelage libéral. Pour y parvenir, il est d’autant plus tenté de jouer du bâton qu’il rencontre des résis- tances toujours plus fortes.
À l’AP-HP, la grève partie de l’hôpital Saint-Antoine contre le plan de suppression de 5 000 emplois en cinq ans a fait tache d’huile à l’appel de la CGT, de FO et de SUD santé. La réforme de l’école fait l’objet aussi d’une forte contestation de la part du personnel de l’éducation nationale comme des parents d’élèves. Une journée d’action pour les salaires et
contre les suppressions d’emplois dans les grandes enseignes de la distribution, comme Carrefour, Confo- rama et Castorama, s’est aussi déroulée le 20 avril à l’appel de la CGT commerce.
Plusieurs manifestations et journées d’action sont aussi prévues dans les prochaines semaines. Le 26 avril, la Confédération européenne des syndicats, dont la CGT et les confédérations françaises sont adhérentes, ap- pelle à manifester à Bruxelles « pour une Europe sociale et contre l’Europe libérale ». Le 27 avril, une manifestation nationale est organisée à Paris par plusieurs organisations de la CGT, dont les fédérations de la chimie et du commerce, les unions départementales du Val-de-Marne et des Bouches-du-Rhône et des partis politiques comme le PCF et la France insoumise. « Il s’agit de favoriser la convergence des luttes en cours », assure Amar Lagha, le secrétaire général de la fédération du commerce. Reste que s’il est une journée de convergence des luttes par excellence, c’est bien le 1er Mai avec son caractère interprofessionnel et inter- national. ■
3 – « Les premiers visés sont les plus précaires »
Source : L’Humanité – 24/04/2019- Entretien réalisé par Caroline Constant
Me Jérémie Assous, qui défend 34 journalistes victimes de violences depuis novembre, dénonce le sentiment d’impunité des policiers.
L’Humanité :
Où en est la plainte des journalistes molestés en manifestation depuis novembre ?
Jérémie Assous :
En réalité, il s’agit de 34 plaintes individuelles, regroupées dans mon cabinet. Et leur nombre ne cesse de croître. Les infractions visées vont de l’injure aux violences volontaires avec armes en bande organisée. Certains se font insulter, d’autres confisquer leur matériel, d’autres violenter avec des ma- traques ou des LBD. À quoi cela peut- il aboutir ? J’espère à la fin des violences dont sont victimes les journalistes ! Le message qu’on veut envoyer, c’est qu’il y aura une plainte dès qu’un journaliste se fera agresser. Et ce, même si ces journalistes n’ont aucun moyen financier pour se défendre. Car les syndicats, SNJ et SNJ- CGT, les soutiennent.
L’Humanité :
Il semblerait que les journalistes les plus touchés soient ceux qui se déplacent avec du matériel bien visible, comme les vidéastes ou les photographes…
Jérémie Assous :
Ce sont majoritairement les photoreporteurs qui sont visés. Ils représentent la catégorie la plus maltraitée parmi les journalistes. Parce qu’ils sont aussi les plus précaires : très rares sont ceux qui sont en CDI ou en CDD. Ils sont à peu près tous payés à la pige, et sous réserve qu’on prenne leurs photos. Ce sont vraiment les plus fragiles. Et je pense que les policiers le savent.
L’Humanité :
Il y a donc une volonté d’empêcher la prise d’images ?
Jérémie Assous :
Quand vous avez un cas, c’est l’œuvre du hasard. Deux fois, une coïncidence. Trois fois, c’est l’œuvre de mon ennemi. Attention, les policiers n’ont pas pour ordre de violenter les journalistes, surtout en France, avec l’histoire récente de la presse… Mais, à partir du moment où il y a une multiplication de cas, ça veut dire qu’il y a, au minimum, des tolérances de la part des chefs de groupe.
l’Humanité :
Le journaliste David Dufresne a recensé 76 confrères blessés depuis dé- but novembre. Quel regard, comme avocat, portez-vous sur ces chiffres ?
Jérémie Assous :
Les policiers bénéficient d’une totale immunité. Et ils en ont parfaitement conscience. Immunité de la part de leur hiérarchie, mais du ministère de la Justice aussi, via le parquet. Une preuve ? De nombreuses vidéos démontrent sans contestation possible les violences dont les auteurs sont des policiers, et aucun d’entre eux n’a été suspendu ou sanctionné.
L’Humanité :
Comment réagissez-vous aux interpellations, qui ont frappé Gaspard Glanz et Alexis Kraland ?
Jérémie Assous :
Dans un premier temps, on les blesse ; dans un deuxième temps, on les arrête. La troisième étape, c’est de les empêcher de travailler. On a franchi une limite supplémentaire.
L’Humanité :
Le pouvoir ne veut donc pas de témoins des exactions des policiers ?
Jérémie Assous :
Le pouvoir ne sanctionne pas, donc le pouvoir encourage. Je vous rappelle quand même que le parquet est subordonné. Donc, quand le parquet place en garde à vue et poursuit, c’est le pouvoir qui est derrière.
l’Humanité :
Y a-t-il un moyen de faire cesser cette escalade ?
Jérémie Assous :
Oui, bien sûr : il faut dénoncer et demander des sanctions. Mais pour le moment, ces journalistes sont très seuls. D’habitude, lorsqu’interviennent des cas d’atteintes à la liberté de la presse, toute la profession se lève comme un seul homme. Pas cette fois. C’est terrible qu’on en soit là. ■