Contradictions.
C’est sans doute ce qui caractérise le mieux la situation de la Chine.
Incontestablement le développement de la puissance chinoise est un facteur d’équilibre des forces en particulier vis à vis de la principale puissance impérialiste, les États-Unis. Le monde ne subit plus la domination sans partage des E.-U. L’exemple de la Syrie, menacée gravement par l’impérialisme mais trouvant dans la Chine et la Russie des empêcheurs d’agresser sans entraves.
Incontestablement les gouvernements africains où la Chine affirme sa présence peuvent jouer de la concurrence entre les offres qui leurs sont faites.
Incontestablement le développement économique de la Chine est une opportunité pour des entreprises d’autres régions du monde, y compris françaises dans la mesure où le marché chinois peut être demandeur de produits fabriqués en France.
Incontestablement le développement des forces productives de la Chine permet à des travailleurs, des cadres chinois de sortir de la pauvreté et de développer un marché intérieur.
Incontestablement les travailleurs chinois, fort d’une histoire de luttes et de victoires historiques, savent créer des rapports de forces qui permettent par exemple des hausses parfois très importantes des salaires et de la mise en place de protections sociales.
Tout aussi incontestable si en Chine la voie capitaliste s’affirmait, les lois universelles qui caractérisent ce système produirait les mêmes effets qu’ailleurs et dont on peut voir déjà les prodromes : inégalités sociales, corruption, développement inégal des régions, populations se déplaçant de régions en régions pour trouver un travail précaire, bref exploitation des masses travailleuses.
De plus la concurrence entre pays capitalistes n’est pas synonyme de paix et donc les tensions déjà perceptibles entre grandes puissances pourraient se transformer en confrontation pour les matières premières et la conquête de marchés.
En Afrique la présence chinoise profite t elle aux peuples ou bien à des oligarchies choisissant les offres les plus alléchantes pour elles ?
La Chine en devenant l’usine du monde doit exporter ce qu’elle produit et donc entre en dépendance vis à vis des grandes économies capitalistes en pleine crise faute d’un marché intérieur suffisamment développé. Le développement des forces productives dans le carcan des lois du capitalisme entre en contradiction avec les rapports sociaux et cette loi qui définit le capitalisme ne saurait épargner la Chine.
La lutte des travailleurs, si elle connaît des succès, ne remet pas en cause la question de la propriété des grands moyens de production qui reste la pierre de touche entre le socialisme et le capitalisme. Utiliser le marché est une chose, définir un hypothétique « socialisme de marché », dont les termes mêmes sont antinomiques, en est une autre.
On constate donc que des choix inéluctables devront être fait par le PCC.
Or sa composition même est contradictoire, les 70 députés les plus riches à l’Assemblée nationale populaire totalisent 90 milliards de dollars d’actifs….ce qui signifie qu’une bourgeoisie se constitue et nous savons que, comme le disait Barnave au moment de la Révolution française, « une nouvelle répartition des richesses implique une nouvelle distribution des pouvoirs ». Au sein du PCC il y a donc lutte entre les avocats d’une économie capitaliste décomplexée et les défenseurs du socialisme, sans parler de ceux qui par intérêt ou impuissance ou refus de choisir, naviguent entre ces positions contradictoires. A l’heure où le passé maoïste est réévalué à la hausse dans les masses grâce à son image égalitaire il est clair que ce combat n’est pas clos.
C’est pourquoi nous suivrons avec la plus vive attention ce 18e Congrès du PCC dont on verra comment il traite, ou non, ces contradictions dont l’importance est immense pour la Chine et le mouvement ouvrier international.
AM secrétaire de la Commission internationale du PRCF.