Quelques passages de son intervention prononcée le 28 janvier 2015 au 3eme sommet de la Communauté des Etats Latino-Américains et Caribéens au Costa Rica.(article Granma international année 50 n°4).
Avant propos.
Ce n’est certainement pas par générosité ou bienveillance que les USA s’engagent à renouer des relations normales d’état à état avec Cuba, mais par nécessité économique. En effet les USA se font distancer par les Chinois qui sont passés en pôle position.
La région de l’Amérique latine et des Caraïbes représente la 3eme économie mondiale, elle détient la 2eme plus grande réserve de pétrole, la plus grande biodiversité de la planète ainsi qu’une haute concentration des ressources minières mondiale.
Lors du précédent sommet de l’Organisation des Etats d’Amérique de 2012 à Carthagène en Colombie les chefs d’Etat à l’unanimité avaient réclamé la levée du blocus contre Cuba. L’Equateur avait boycotté ce sommet. Le Venezuela, le Nicaragua et la Bolivie menacèrent de ne pas assister au prochain si Cuba n’y était pas invité, une position soutenue par l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay. La communauté des Caraïbes prit la même attitude. Le Mexique et les autres nations se prononcèrent dans le même sens. Le Président panaméen, Juan Carlos Varela pris la décision d’invité Cuba de plein droit au prochain sommet qui aura lieu cette année au Panama.
Un haut fonctionnaire Etasunien dont Raul ne site pas le nom, fit référence à ce sommet comme étant le grand échec de Carthagène ou plutôt du « désastre » qui fut le terme exact.
Concernant le rapprochement CUBA USA.
- Le problème principal n’a pas été résolu… le blocus économique, commercial et financier doit être levé.
- Je rappelle le mémorandum du sous secrétaire d’état US « Mallory » d’avril 1960 qui, faute d’une opposition politique réelle, proposait de provoquer à Cuba la faim, le désespoir et des souffrances, ce qui devait aboutir au renversement du gouvernement révolutionnaire. Aujourd’hui tout semble indiquer que l’objectif est de fomenter une opposition politique artificielle par des moyens économiques, politiques et de communication.
- Le rétablissement des relations diplomatiques marque le début d’un processus vers la normalisation des relations bilatérales, mais celle-ci ne sera pas possible :
- Tant que le blocus persistera.
- Tant que le territoire occupé illégalement par la base navale de Guantanamo ne nous sera pas rendu.
- Tant que les émissions de radio et de télévision qui violent les normes internationales se poursuivront, (j’ajoute, y compris celles émises par les installations au départ de la France).
- Tant que des réparations justes ne seront pas accordées à notre peuple pour les dommages humains et économiques qu’il a enduré.
Il ne serait ni moral, ni juste, ni acceptable qu’on demande quoique ce soit en échange à Cuba. Si ces questions ne sont pas réglées, ce rapprochement diplomatique entre Cuba et les USA n’aurait pas de sens.
Concernant le prochain sommet de l’Organisation des Etats d’Amérique qui aura lieu au Panama.
On veut que la société civile soit présente au sommet du Panama et Cuba a toujours été d’accord. Nous condamnons ce qui s’est passé à la conférence de l’OMC à Seattle, aux sommets des Amériques de Miami et de Québec, au sommet sur les changements climatiques à Copenhague ou lors des réunions du G7 ou du FMI ; où celles-ci ont été reléguées derrière des clôtures d’acier, soumises à la répression brutale des forces de police, confinées à des dizaines de kilomètres des réunions. La société civile cubaine assistera bien entendu, et j’espère qu’il n’y aura pas de restrictions à l’encontre des ONG cubaines qui n’ont aucun statut auprès de l’OEA et qui ne tiennent pas à en avoir un, mais qui ont la reconnaissance de l’ONU.
J’espère voir au Panama les mouvements populaires et les ONG qui prônent le désarmement nucléaire, les écologistes, les adversaires du néolibéralisme, les « Occupy Wall Street » et les indignés de notre région, les étudiants et les lycéens, les paysans, les syndicats, les communautés autochtones, les organisations qui s’opposent aux pollutions occasionnées par l’extraction du gaz de schiste, les défenseurs des droits des immigrants, les associations qui dénoncent la torture, les exécutions extrajudiciaires, les brutalités policières, les pratiques racistes, les organisations qui réclament un salaire égal à travail égal pour les femmes et aussi celles qui demandent des réparations aux transnationales pour les dommages causés.
Je félicite le Costa Rica, le président Solis et son gouvernement pour le travail qu’ils ont réalisé à la tête de la CELAC. Nous souhaitons la bienvenue à l’Equateur et au président Correa qui présidera la Communauté en 2015 et l’assurons de notre plein appui.
Je vous remercie.
Raul Castro Ruiz