Alors qu’aucun des criminels du génocide anti-communiste n’a jamais été inquiété en Indonésie, les organisations d’extrême-droite et islamistes (tels que le FUI) appellent à une manifestation à Jakarta pour maintenir et renforcer la répression anti- communiste en Indonésie. En 1965, le général Soeharto avec le soutien des États-Unis et du bloc capitaliste prenait le pouvoir en Indonésie, renversant le président Sukarno de ce pays non-aligné comprenant des ministres communistes dans son gouvernement, menant une politique anti-impérialiste et où les communistes avaient alors une influence grandissante. Premier parti communiste du monde en 1965 – hors pays socialistes – le PKI est physiquement liquidé dans un génocide causant 3 millions de morts, tandis que des centaines de milliers d’autres, accusés également d’être communistes, sont arrêtés, emprisonnés, torturés, déportés dans des camps. Plus de 50 ans plus tard, les communistes sont toujours interdits, et les forces de la dictature anti-communiste, fasciste, toujours bien en place bloquent la justice et la diffusion de la vérité historique en Indonésie. Durant des décennies depuis 1984, la dictature Soeharto a procédé à un bourrage de crâne dès l’école en forçant tous les enfants chaque 30 septembre à regarder un film de propagande anticommuniste justifiant le génocide de 1965-1966. Le film présente les militants communistes du PKI comme des sauvages barbares et violents, un film internationalement reconnu par les historiens comme de la propagande établie sur des mensonges.
En France comme dans l’ensemble des pays occidentaux, la censure est totale et persistante. Pas un mot dans les médias, rien dans les livres et programmes d’histoire.
Alors que vient d’être réédité le livre noir de l’anticommunisme et de la contre-révolution, il est important de signaler que ce livre est l’un des rares en français à traiter de cette partie tragique de l’histoire du XXe siècle.
Le gouvernement progressiste face à l’armée
Le ministre de la culture et de l’éducation Muhadjir Effendy du président progressiste Jokowi a interdit cette année la diffusion dans les écoles élémentaires et les collèges de ce film Pengkianatan G30S/PKI. Prudemment, le ministre a mis en avant l’ultra violence de ce film, et a annoncé qu’il punirait les agences d’éducation qui obligeraient les enfants à le regarder.
Cependant le chef d’état major de l’armée, le commandant général Gatot a ordonné le 17 septembre que l’ensemble des personnels militaires soient obligés de regarder le film. Cette provocation intervient alors que le général venait de visiter la tombe du dictateur Soeharto à Surakarta, érigeant au rang de « modèle » le sanguinaire dictateur responsable de millions de morts.
Le secrétaire général du parti indonésien démocratique de la lutte (PIDL) Hasto Kristiyanto a dénoncé une tentative d’exacerbé les tensions avec cette provocation:
» Ce que le parti veut c’est que chacun devrait regarder vers le futur en apprenant de ce qui s’est est arrivé dans le passé » ajoutant qu’un chef devait tourner ses efforts pour unir le pays et non le diviser.
Le président Jokowi Widodo n’a pas fait de commentaire. De fait en Indonésie, un spectre hante le pouvoir, celui du communisme, un spectre qui n’est pas seulement causé par la violente exploitation plongeant la population de ce pays riche pour sa majeure partie dans l’extrême pauvreté, mais également par plus de 50 ans de répression anticommuniste et l’un des pires génocides du XXe siècle.
La tension est au plus haut entre le chef d’État-major de l’armée et le président Jokowi. Le premier a déclaré que l’armée attaquerait la police nationale si cette dernière était équipée d’armes militaires alors que le gouvernement a passé une commande de 5000 fusils d’assaut pour armer la police nationale. Le chef d’État-major s’est permis de contester ouvertement l’autorité du président et d’interférer contre le pouvoir politique. Provoquant un tollé. Ce n’est toutefois pas une surprise pour ceux qui connaissent l’Indonésie, l’armée étant toujours au cœur du pouvoir, la reforme n’ayant pas conduit à mettre totalement fin au fonctionnement de la dictature du général Soeharto, appuyée sur l’armée et les nationalistes islamistes.
Violente manifestation anti-communiste vendredi 29 septembre 2017
Les partis islamistes radicaux, d’extrême-droite, en particulier ceux qui avait appelé à manifester contre l’ancien gouverneur de Jakarta Ahok (lire ici), ont appelé à une violente manifestation anti- communiste à Jakarta le vendredi 29 septembre.
Le gouvernement a mobilisé plus de 20 000 policiers anti-émeute pour faire face à cette manifestation, où sont attendus 15 000 manifestants, alors que le gouvernement indonésien a décidé de dissoudre le Hizbut Tahrir Indonesia, une organisation islamique radicale visant à établir un califat en Indonésie. La semaine dernière, les islamistes ont attaqué le siège de la fondation pour l’aide légale dimanche dernier, accusé de tenir un événement lié au PKI. L’organisation de défense des droits de l’homme avait réuni le samedi un groupe d’universitaires, d’activistes, et de victimes et familles des victimes de 1965 pour un débat, mais celui-ci avait été interdit par la police.
Il ne s’agit pas de seules violences anticommunistes. Ces dernières années les saisies de livres, les interdictions et les violences contre les manifestations réunissant les victimes ou tentant de faire le jour sur les massacres de 1965-1966 sont permanentes.
JBC – pour www.initiative-communiste.fr
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