Ce 7 février 13 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour l’élection présidentielle, ainsi que les élections parlementaires. Les sondages annoncent une nette victoire du candidat de l’Union pour l’Espoir, Andres Arauz, et cela dès le premier tour. Une victoire qui semble acquise et revendiquée comme tel par Arauz dès les résultats provisoires connus par les sondages réalisés en sortie des urnes.
À l’heure où nous écrivons les résultats définitifs ne sont pas encore connus. Andres Arauz revendique la victoire dans toutes les régions du pays.
L’agence de presse Télésur rapporte un sondage de sortie des urnes donnant 36,2% à Andres Arauz contre 21,7% à Guillermo Lasso et 16.7% pour Yaku Perez.
Toutefois, dans ce pays actuellement présidé par L Moreno – candidat issu du mouvement de Rafael Correa qu’il s’est empressé de trahir et de persécuter pour se mettre aux ordres du FMI et de Washington – les craintes sont fortes que le verdict des urnes ne soit pas respecté avec un coup de force des séides de Washington. Des observateurs internationaux ont d’ailleurs été empêchés d’accéder aux opérations de vote.
Ce qui est certain c’est que de très importantes queues se sont formées devant les bureaux de vote à 16h15 heure locale, et ce alors que les bureaux devaient fermer à 17H. Arauz a demandé à ce que les heures de fermeture soient reportées pour que tous les Équatoriens puissent voter.
À gauche toute pour l’Équateur
Alors que l’Équateur connaît une crise sanitaire élevée en ces temps de pandémie : 257 115 cas au 5 février 2021 ; et 15 004 décès dans un pays de 17 millions d’habitants, l’Équateur de Correa a ouvert à des millions de foyers le droit à la santé, au logement, à la sécurité et à l’organisation. Le journal Les 2 rives nous plonge dans la visite des communautés indigénistes et nous révèle les étapes de la construction d’un quartier : « lucha para los pobres ». Ainsi donc, l’avant Correa était un pays dépourvu de maternités et d’hôpitaux tandis qu’aujourd’hui les gens du Sud ont accès aux soins et aux collèges et universités. 3500 familles, soit 35000 personnes nous font découvrir toute une organisation communautaire avec en son sein Rosa, dirigeante de quartier, orgueilleuse des logements sociaux attribués à 30000 personnes. Et Michel Coro, conseiller politique de l’organisation : « lucha de los pobres », d’ouvrir la possibilité de présenter leurs propres candidats aux élections nationales du 16 février par le biais de collectifs, comme aux élections locales, municipales pour construire et faire vivre la démocratie locale. Et d’affirmer que la santé et le logement sont au cœur des élections présidentielles.
Mais alors que d’immenses brèches ont été ouvertes par le précédent gouvernement de Correa, que le chômage du gouvernement Moreno atteint 6,6% de la population et que l’économie souterraine avec les sous-emplois bat son plein avec 23,4%, les politiques d’austérité appellent une réponse dans les urnes.
Nous allons voir ensemble quelles sont les forces en présence.
Trois candidats pour une seule issue politique.
Le candidat du patronat et de la finance : Lasso qui fut battu en 2013 par le président Correa. Son programme : critique de l’État, des impôts et de la bureaucratie, cette dernière n’en demeure pas moins une réalité en Amérique Latine- « Muerte de un burócrata », film de Tomas Gutierrez Alea.
Il bride la candidature à la Présidence pour la troisième fois et c’est dans la période de la décennie 1996-2006 qu’il est connu comme gouverneur de la province du Guayas, période marquée par la faillite des banques en 1999, le gel des comptes des déposants et l’effondrement de la monnaie nationale et du sucre. Malgré une mesure destinée à en finir avec l’inflation et les dévaluations, l’instauration du dollar comme monnaie officielle entraine nombre de dégâts humains et sociaux dans la population équatorienne. Lasso est et restera dans la mémoire collective le candidat de la corruption. C’est ainsi qu’après avoir racheté des certificats publics d’avoirs gelés de déposants désespérés, il fait fortune dans les paradis fiscaux avec de nombreux comptes non imposables !
Deuxième candidat à la Présidence : Carlos Pérez Guartambel, dixit « Yaku », eau en Kichwa.
Son programme : indigénisme et écologie. À ce stade, les thématiques choisies sont attrayantes. Rappelons que l’écologie est une des ressources financières de l’Équateur : les îles Galapagos avec un archipel au cadre idyllique où l’on peut observer les iguanes, les flamants roses, les lions de mer, les otaries et les tortues, l’île de la Plata, le Parc National aux sommets enneigés du Cotopaxi, le volcan de Cayambe juché à 5790 mètres d’altitude. Enfin, l’Équateur c’est un pays où la faune et la flore sont incroyables, où la jungle amazonienne abrite près de 50% des mammifères du pays à l’intérieur d’un périmètre équivalent à la moitié de la France.
Par ailleurs, Carlos Pérez Guartambel, s’appuie sur une partie du mouvement indigène équatorien qui fut jadis le plus important du continent. Ainsi donc, lors des manifestations d’octobre 2019 la Confédération des nationalités indigènes de l’Équateur-Conaie a recouvert un certain poids politique. Fait paradoxal d’importance : son bras politique Pachakutik, a soutenu le Président Lenin Moreno à l’Assemblée Nationale. « Yaku », qui a appelé à voter Lasso en 2017, émane de cette frange droitière du mouvement indigène en conflit avec l’aile gauche, incarnée par Jaime Vargas et Leonidas Iza, proches d’Evo Morales et du candidat de la gauche équatorienne.
Troisième candidat : c’est l’ancien Ministre de la Connaissance et du Talent humain, né avec l’arrivée de Correa au pouvoir en 2017 et le mouvement de la « Révolution Citoyenne ». Tout comme le Président Arce de Bolivie, c’est un économiste reconnu.
Arauz va devoir affronter la bataille entre keynésiens et libéraux, ou néolibéralisme à la Tatcher, et il affirme que ceux qui menacent la dollarisation sont plutôt les partisans d’une dérégulation financière qui occasionnerait une fuite massive de dollars vers l’étranger. À son avantage : Lasso et Pérez ont en effet annoncé qu’ils souhaitaient éliminer l’impôt sur la sortie des devises-ISD-.
Pour conclure, nul doute que le candidat Arauz et la « révolution citoyenne » incarnent une fois de plus l’implantation de la gauche en Amérique Latine et du Nord, après le Mexique-2018, l’Argentine-2019, -la Bolivie-2020, la victoire du référendum au Chili-Octobre 2020, et enfin la relance par Cuba d’un resserrement des liens avec les États-Unis pour mettre fin à l’Embargo commercial et politique.
La Commission Internationale du PRCF adresse tous ses vœux de réussite au candidat Arauz et à la « révolution citoyenne ».
Antoine LUCI Pôle Hispanique-Commission Internationale du PRCF pour Initiative Communiste