Alors que la rentrée sociale et politique est lancée, le PRCF et ses militants se proposent, avec des analyses et propositions franchement communistes, de contribuer à une dynamique consciente et gagnante pour les travailleurs.
Extrait du rapport politique adopté par le comité central du PRCF en juin 2020.
À PROPOS DE QUELQUES ÉVOLUTIONS GÉOPOLITIQUES
Creusement de la crise capitaliste mondiale. La Covid 19 a bon dos…
En un sens, la pandémie est arrivée à point nommé pour prêter une allure sanitaire à l’énorme crise financière et économique mondiale. Celle-ci couvait d’autant plus fortement qu’aucune des causes profondes du krach de 2008 n’a été traitée, bien au contraire. Ni la suraccumulation des capitaux ne trouvant plus à s’investir à des taux de profit suffisants dans une industrie mondiale de plus en plus automatisée où, qui plus est, la classe ouvrière chinoise et asiatique n’accepte plus de travailler pour des clopinettes, ni les crises de tous ordres générées sur tous les continents, notamment en Afrique, par l’incessant repartage du monde en zones d’influences impérialistes, ni le décalage insensé existant entre les cotations boursières et l’économie réelle, ni les rivalités croissantes entre blocs impérialistes, alliés pour accabler les peuples, mais concurrents brutaux dès qu’il s’agit de se répartir le butin impérialiste planétaire.
Creusement des antagonismes inter-impérialistes. USA et UE allemande. Distensions dans l’UE. Tensions aux USA même. Que l’impérialisme détruit aussi les USA…
Il faut notamment prêter attention à la sourde fracture qui déchire le premier cercle de l’impérialisme mondial, à savoir la rivalité de moins en moins euphémisée, entre les USA et l’Empire européen en formation sous la dominance de Berlin. Comme l’avait déjà signalé un rapport au CC évoquant le devenir de l’euro, le compromis germano-américain qui a accouché de la zone euromark sous l’aile hégémonique du dollar, a depuis longtemps du plomb dans l’aile. Il s’agissait initialement de mettre en place un euro fort aligné sur le mark qui livrait de facto l’Est et le Sud de l’Europe à la grande industrie allemande en empêchant les dévaluations compétitives des pays d’Europe du Sud, donc en détruisant l’industrie du Sud européen (dont fait de plus en plus partie la France en voie de déclassement géopolitique) tout en les forçant à un endettement colossal et à la privatisation de leurs monopoles d’État ; principalement concertée entre Washington et Berlin, cette combinaison monétaire de l’euromark fort et du dollar faible permettait à la fois de protéger le territoire américain du « made in Germany » vendu en euros forts (nous parlions d’un « accord monétaire crypto-protectionniste » germano-américain) et de perpétuer le maintien mondial du dollar faible, c’est-à-dire d’une monnaie inconvertible en or et très fragile du fait de l’endettement énorme des USA. Car si le dollar continue de jouer le rôle de « monnaie des monnaies », c’est en vertu de la puissance de l’US Army : pas étonnant, soit dit en passant, que les USA aient constamment besoin de guerres et de surarmement ; car alors qu’ils s’essoufflent industriellement, leur suprématie militaire écrasante (80% de l’armement militaire mondial sont étasuniens) leur permet en effet de bénéficier en permanence du triple avantage compétitif que constituent la monnaie d’échange mondiale inconvertible (le dollar), le tout-globish (support de leur « soft power » mondial et de la mise en place d’un marché mondial de l’emploi terriblement menaçant pour les salaires) et la domination sur l’ordre numérique mondial (GAFAM). Or ce compromis monétaire hyper-impérialiste unissant l’euro au dollar n’a pas tenu longtemps ; comme l’a montré Lénine, les compromis inter-impérialistes sont toujours provisoires ; sur le long terme, la loi capitaliste de l’inégal développement économique pousse aux confrontations et au repartage du monde entre Empires rivaux. La monnaie unique européenne a ainsi permis, dans un premier temps, d’étouffer les « PIGS » (en anglais, Portugal, Italy, Greece, Spain ; mais il faudra bientôt écrire les « PFIGS » en incluant la France), que l’euro-austérité et l’écroulement de leurs industries respectives a empêchés d’acheter le « made in Germany », mettant l’économie allemande au bord de la récession. Ce fut la crise de l’euro, simplement révélée et accélérée par le cas grec, une crise dans laquelle le CAC 40 et les banques « françaises » (dont la majorité des activités sont délocalisées et qui ne paient presque plus d’impôts en France !) ont joué le rôle de prédateur en second derrière l’hégémon allemand ; cela s’est traduit par l’usage massif de la planche à billets par la BCE, donc par la dévaluation informelle de l’euro, et parallèlement, par le recentrage des exportations allemandes, notamment de l’industrie automobile, forcée d’envahir le marché solvable des USA en débordant le compromis initial. Là est la source profonde de la montée en puissance de Trump et de son néoprotectionnisme revanchard et antiallemand, Berlin étant accusée non sans raison de violer l’accord inter-impérialiste qui avait permis la naissance de l’euro, lequel eût été impossible sans le feu vert initial de l’Oncle Sam.
Cette méga-dispute n’est pas éteinte et on le voit à propos de toutes les affaires mondiales : de plus en plus les USA « unilatéralistes » (c’est-à-dire décidant seuls et mettant leurs alliés devant le fait accompli) se retirent des institutions internationales dont le contrôle leur échappe : O.N.U., O.M.S., Unesco en soutien à leur allié israélien, tribunaux internationaux, accords environnementaux ; ils ont soutenu le Brexit à grand bruit, ils somment leurs « alliés » européens – qu’ils espionnent ouvertement – de verser beaucoup plus d’argent à l’OTAN, la future armée européenne arrimée pouvant selon les aléas de l’histoire servir à attaquer de concert la Russie ou à « rééquilibrer » l’OTAN autour d’un pôle franco-allemand qui signerait la fin du siège français à l’ONU (Conseil de sécurité) et de l’idée même d’une défense nationale française, voire d’un territoire national français unifié. Toutes hypothèses également désastreuses pour notre pays, mais aussi pour la paix mondiale et pour les prolétaires russes et allemands. Nous reviendrons ci-dessous sur l’asymétrie profonde du ci-devant « couple franco-allemand », expression totalement inutilisée en Allemagne. Notons cependant que le triomphalisme militaire américain doit être fortement tempéré : les USA sont militairement capables d’écraser un pays sous les bombes, voire de raser l’humanité en se liquidant eux-mêmes dans un scénario du type « Docteur Folamour », mais nulle part ils ne réussissent à « tenir » et à occuper durablement les territoires prétendument « libérés », et la défaite qu’ils viennent de subir en Syrie devant l’alliance russo-syrienne est proprement historique.
Le rôle sanitaire exemplaire des pays socialistes ou de tradition socialiste : Cuba, Chine, Vietnam – Le débat Socialisme / Capitalisme redevient central
Bien entendu, nous avons eu droit à des attaques d’un anticommunisme, d’un racisme anti-jaune, d’un mépris anti-latino larvé et d’une mauvaise foi éhontée contre les médecins cubains, ces esclaves de Castro » selon Le Point, à des accusations d’un ridicule achevé contre la Chine populaire, au silence absolu des médias sur les succès médicaux remportés par le Vietnam ou par le Venezuela, voire par nombre de pays d’Afrique qui s’efforçaient de soigner la maladie en amont (Maroc) des terribles suffocations finales. Il n’empêche : nombre de gens, y compris de médecins de haut vol, ont constaté que les méthodes de dépistage et de soin précoce, d’obligation du masque porté sur la voie publique, de confinement ciblé, d’utilisation sous veille hospitalière de diverses sortes de pharmacopée existante, en un mot, de prévision, de prévention et de planification, l’emportaient globalement en termes de VIE sur la navigation court-termiste et sur les conflits de pouvoir indécents qui ont fait des pays les plus riches, principalement des USA et de la zone euro, France macronienne en tête, les épicentres de la pandémie ; quant à l’exception sanitaire allemande, elle provient surtout du fait que ce pays a préservé sa grande industrie, que Merkel a centralisé les décisions médicales en passant par-dessus la tête des Länder et que le système de soin allemand a moins subi l’austérité que ne l’a fait le système hospitalier des pays européens surendettés.
Bien qu’étranglée par un blocus renforcé, Cuba a porté les valeurs de l’humanisme socialiste grâce à ses médecins qui ont secouru des pays comme la France (notamment aux Antilles) ou l’Italie qui luisont pourtant hostiles. Bien que carté aux LR et dénoncé par la CGT de l’IHU pour son mépris du syndicat, le professeur Raoult n’a d’ailleurs pas cessé de présenter l’infectiologie chinoise comme la meilleure du monde. Il ne s’agit pas ici pour moi de relancer en trois lignes le débat sur la nature de classe de la Chine : nous avons pris position plusieurs fois à ce sujet lors des conférences nationales et, sur cette base, nous devrons approfondir la discussion dans un dossier « Chine » programmé par Étincelles en juin 2021. Il suffit pour l’heure de constater que, malgré l’énorme machine anticommuniste déployée depuis quarante années par les médias et par les « manuels » d’histoire-géo officiels, le débat revient à chaque crise systémique sur la grande question que la contre-révolution des années 1990 n’a pas réussi à fermer : quel mode de production est-il supérieur, du capitalisme-impérialisme ou du socialisme-communisme pour permettre à l’humanité de gagner les défis existentiels, sociaux, culturels, politiques, diplomatiques, techno- environnementaux, du XXIe siècle ? Et ainsi, chacun peut constater que les pays socialistes, comme Cuba, ou, pour le dire vite, de tradition socialiste, comme le Vietnam, la Biélorussie ou la Chine, ne sont pas révélés les plus mal placés pour organiser la vie sociale par gros temps, en un mot, pour saisir le gouvernail et barrer avec fermeté alors que l’humanité entrait dans un ouragan sanitaire.
Du reste, si le débat sur le communisme était derrière nous, pourquoi le parlement européen se donnerait-il la peine de criminaliser les emblèmes communistes trente ans après la fin de la RDA ? Pourquoi les ex-pays socialistes devenus des néo-colonies allemandes et/ou nord-américaines s’acharneraient-ils sur leurs partis communistes respectifs ? Pourquoi 64% des Russes répondraient-ils que, expérience faite des deux systèmes sociopolitiques, ils regrettent l’URSS (sans pour autant idéaliser la première expérience socialiste de l’histoire) ? Alors qu’à l’inverse, les dimensions fascisantes et exterministes du capitalisme en bout de course historique apparaissent peu ou prou à toute personne capable d’un peu de bonne foi et de réflexion…
À nous d’en tirer en pratique les conclusions nécessaires, dont la principale est l’urgence de reconstruire un Parti franchement communiste en France, un Mouvement communiste international marxiste-léniniste, voire une nouvelle Internationale communiste alliée d’un Front anti-impérialiste mondial reconstitué et, pourquoi pas, d’un Mouvement mondial pour les lumières et contre l’obscurantisme dont la relance du matérialisme dialectique doit redevenir un axe théorique structurant ?
Tendance mondiale à la fascisation et aux luttes antifascistes
La crise du consentement sociopolitique à l’exploitation n’a fait en réalité que s’accentuer, y compris dans les pays de la Triade hégémonique USA/UE/Japon. Dialectiquement, cela favorise à la fois l’insoumission chronique des couches populaires et moyennes et, du côté de l’oligarchie, une contre-tendance à l’autoritarisme et à la fascisation, y compris dans ces démocraties de façade que sont de plus en plus les métropoles de la Triade.
Aux USA,
Une partie de la jeunesse, proche de Bernie Sanders, est attirée par le socialisme » ou par ce qu’on lui vend sous ce nom ; malgré Trump, un immense mouvement contre le racisme et la violence policière se déploie par ailleurs avec d’intéressants échos internationaux et hexagonaux combat( “pas de paix sans justice” autour de la mémoire d’A. Traoré). Par ailleurs, aux États-Unis même, l’affrontement entre « démocrates » – partisans du libre-échange mondial, notamment du TAFTA – et « républicains » (partisans d’un protectionnisme US à sens unique ) prend parfois des allures de pré-guerre de Sécession un( édito du Los Angeles Times vient même de se prononcer pour l’indépendance de la Côte Ouest !). Mais en riposte à ces mouvements tectoniques, l a tendance à la fascisation grandit dans une fraction de l’oligarchie incarnée, mais pas seulement, par Donald Trump : celui-ci n’a-t-il pas carrément envisagé d’envoyer l’armée mater les manifestants antiracistes ? N’a-t-il pas encouragé ses adeptes à manifester en armes dans les sénats des États nord-américains qui avaient osé confiner leur population au risque de stopper quelque temps l’exploitation capitaliste ? C’est-à-dire en clair, à former des milices potentiellement putschistes sous le slogan néo-hitlérien « laissez mourir les faibles ! » affiché aux carrefours par les super-beaufs partisans de Trump ? Sans blanchir en rien les intentions du parti démocrate, dont le bilan en matière de lutte antiraciste est plus que maigrelet, et dont le bellicisme n’est pas moindre que celui de Trump, que fera Trump s’il est battu lors de la prochaine présidentielle ?
En Grande-Bretagne,
La droite conservatrice de Johnson a su dévoyer le mouvement populaire pro-Brexit faute de clarté des travaillistes sur la question, existentielle pour les ouvriers, de l’indépendance nationale.
En Allemagne,
Le tandem historique CDU/SPD est fragilisé par l’érosion continue de l’« économie sociale de marché » et c’est l’extrême droite nostalgique du Reich qui monte en puissance, comme en d’autres pays européens, faute de clarté de die Linke sur la question européenne et sur l’héritage de la RDA.
Nous reviendrons ci-dessous sur le cas de la France, à bien des égards, l’« homme malade de l’UE », tant la « construction » euro-atlantique se heurte à l’ « exception française » héritée du jacobinisme, du combat laïque, du CNR et de l’empreinte socio-politique laissée par le PCF et par la CGT sur l’histoire du pays. Lourds facteurs d’explosion sociale d’une part, mais aussi, énorme facteur de fascisation du pays, voire de fascisme tout court, si l’alternative populaire, le renouveau syndical de classe et la reconstruction communiste ne mûrissent pas à temps…
À l’arrière-plan de ces crises nationales, toutes différentes par leur forme, on trouve l’ obsolescence d’un système capitaliste incapable d’offrir un avenir souriant à l’humanité, de gérer sagement les rapports entre production et environnement et de donner un cap humaniste à la révolution techno-scientifique. Il y a aussi la crise de l’hégémonie étatsunienne érodée par la montée de Chine,la par l’impact politico-militaire retrouvé de la Russie et par l’essor des BRICS, auxquels il faudrait sans doute ajouter la Turquie, à la fois conquérante, despotique et instable, sans oublier l’Iran et la Corée du sud…
Dimensions écologique du communisme et communiste de l’écologie bien comprise. Importance politique de la bataille d’idées pour la dialectique de la nature et pour le matérialisme dialectique
Bizarrement, le PRCF et les écrits théoriques de se dirigeantssont très attaqués par des individus qui se disent marxistes et qui, sous prétexte de contrer les euro-écologistes « bobos » (objectif que nous avons poursuivi bien avant eux !), en viennent à considérer sommairement l’engagement environnemental et le souci écologique comme de pures diversions. Les mêmes personnes rejettent la Dialectique de la nature d’Engels et chemin faisant, sous couvert de communisme pur et dur, ils répudient ce socle philosophique du marxisme et du communisme scientifique qu’est le matérialisme dialectique. C’est pourtant Engels qui, dès son premier écrit de 1843, dénonçait à la fois l’exploitation du prolétariat anglo-irlandais et la pollution du cadre naturel par les industriels de Manchester. C’est Marx qui écrit dans Le Capital que « le capitalisme n’engendre la richesse qu’en épuisant ses deux sources, la Terre et le travailleur ». C’est historiquement le PCF et la CGTU, puis le SNEP animé par les professeurs communistes d’EPS, sans parler de la FSGT, qui portèrent l’aspiration de la classe ouvrière aux vacances, aux activités physiques et sportives, à l’EPS à l’école, aux activités de plein air. C’est le député communiste niçois Virgile Barel qui fut à l’origine du Parc du Mercantour. C’est le mouvement ouvrier révolutionnaire du XIXème siècle qui, par la bouche de J.-B. Clément,a chanté le Temps des cerises et le Merle moqueur, et c’est le chansonnier prolétaire Pierre Dupont qui a exigé que l’ouvrier d’usine et le mineur puissent jouir à leur tour du « grand soleil » et des « rameaux verts des chênes ». Plus près de notre époque, le PRCF et ses fondateurs ont les premiers, non seulement en France mais au monde, souligné le caractère exterministe du capitalisme-impérialisme moderne, ennemi à la fois de la paix, de l’environnement et de l’humanité laborieuse. Et ce souci pionnier de défendre le cadre naturel n’a pas empêché le PRCF, seul contre tous dans les années 1990-2000 où le PCF mutant larguait son vieil ancrage ouvrier (rupture des liens organiques avec la CGT, fin des cellules d’entreprise ) d’afficher vingt mille autocollants en France pour défendre le « produire en France » et les nationalisations à la fois contre le social-européisme délocalisateur et contre l’euro-écologisme ennemi de l’industrie sottement assimilée au « productivisme » …
Le fond des choses, qu’il faut saisir pleinement au niveau historique et philosophique, c’est que l’humanité arrive au bout d’un cycle historique millénaire : il lui faut désormais, sous peine de disparaître, mettre fin aux sociétés de classes devenues globalement mortifères et renouer sur de nouvelles bases, modernes et scientifiques, avec le communisme que pratiquaient les sociétés antérieures à l’esclavage ; mais cela ne suffirait pas : notre espèce, produit de l’évolution, donc de la nature en mouvement, s’est distinguée des autres animaux « en produisant elle-même ses moyens d’existence », c’est-à-dire en forgeant des outils de plus en plus complexes qui, associés aux savoir-faire appris qui se transmettaient de génération en génération, formaient la base mouvante de la culture, donc de l’héritage matériel et spirituel qui est la base concrète de l’histoire humaine. Pour cela, durant des millénaires, l’humanité laborieuse a dû combattre durement la nature en tentant de domestiquer les éléments, la pierre et les métaux, les végétaux et les animaux : agriculture, élevage, forge, bâtiment, industrie… Mais cette lente, astucieuse et toujours très partielle conquête de la nature, par ex. la conquête du feu que symbolise le nom de Prométhée, a été politiquement conduite l’aveugle, et même sous le capitalisme qui est historiquement récent, la mainmise de l’homme sur son environnement direct s’est faite, sans plan défini, d’une manière sauvage : sauf en URSS, et dans un temps historiquement trop court, ce n’est pas un plan concerté mettant en phase les besoins vitaux humains, les ressources naturelles et les techniques existantes qui a orienté l’industrialisation, c’est la concurrence brutale, l’exploitation féroce d’autrui, l’esclavage et la loi de la jungle, c’est-à-dire les vestiges de l’animalité au sein même de la vie sociale qui ont propulsé l’histoire sans que la raison humaine accède aux manettes, en un mot, sans que l’homme se fasse le sujet collectif de son histoire. Cette époque est révolue : sous peine de disparition de l’espèce, il faut à la fois que l’humanité, par la révolution communiste, en finisse avec la bestialité capitaliste des relations entre hommes et entre peuples (esclavage, concurrence débridée, guerres, superstitions sanglantes, etc.) et qu’elle dépasse l’idée que le travail ne peut être qu’un combat, forcément perdu d’avance d’ailleurs, tant les forces sont inégales, contre la nature à laquelle nous ne cessons jamais d’appartenir.
Car l’exterminisme capitaliste, produit dérivé de la course insensée au profit maximal, conduit à la fois à détruire la société et à saccager les conditions naturelles de notre existence en gaspillant l’énergie tout en polluant le sol, la mer et l’air. Pour parler en termes dialectiques, l’évolution et la sélection multimillénaire des espèces animales se sont « affirmées » jusqu’à produire un être naturel, l’homo sapiens, qui a d’abord dû nier la nature au moyen de l’artifice, de l’outil et de la technique.L’heure est à ce que la logique dialectique appelle la « négation de la négation » : sous peine de mort, la culture humaine moderne, c’est-à-dire le communisme, devra « nier la négation », c’est-à-dire réaffirmer d’une autre façon cette nature dont nous provenons. Non plus d’une manière primitive, comme c’est le cas dans les religions animistes (adoration des forces naturelles non encore comprises scientifiquement) ou dans les cultes nostalgiques de Gaïa ou de la Pachamama, mais de manière collectivement organisée, scientifique et planifiée, par l’extension des « lumières communes ». Cela ne signifie pas régresser, comme le pensent certains « décroissants », « animalistes » et autres « écologistes profonds », et encore moins maudire la science, la technique et l’industrie, mais franchir un nouveau cap : la dégradation de l’environnement humain qu’a produit le mode de production capitaliste est devenue telle qu’il nous revient désormais, sous peine de mort collective, de reproduire consciemment, collectivement, les conditions environnementales du développement humain. Et cela ne signifie pas un recul de la science, des forces productives utiles à l’homme, du rôle moteur de la classe ouvrière, mais un bond qualitatif de la science, notamment de la recherche fondamentale (maths, physique et cosmologie, planétologie, biologie et sciences humaines), un recentrage des technologies sur les forces productives utiles à l’homme (le contraire de la « start-up nation », c’est-à-dire de la gadgétisation de la production destinée au gaspillage « ludique » des couches privilégiées), tout cela sous l’autorité des travailleurs construisant ce que Lénine appelait « la société des coopérateurs civilisés » (en somme, le communisme). Par exemple, il ne faut pas moins mais plus et mieux de maîtrise du nombre, de la matière-énergie, de l’univers et du vivant pour relever les défis économiques et environnementaux du XXIe siècle.
On mesure au passage combien la maîtrise du matérialisme dialectique et de la dialectique de la nature, qui montrent combien le sens de l’histoire est ancré dans les évolutions naturelles, est indispensable pour comprendre le sens profond de notre époque et pour mettre les communistes à l’avant-garde, et non pas à la traîne, du combat environnemental : dans ces domaines comme en tout autre, il s’agit de donner à la classe ouvrière les moyens culturels de son rôle dirigeant, de contester aux CSP+ et autres « bobos » leur monopole actuel sur les batailles écologiques qu’ils dévoient vers le « capitalisme vert », quand ce n’est pas vers une forme d’exterminisme misanthropique (certains « écolos profonds » liés à l’oligarchie veulent réduire à 300 000 le nombre d’humains sur terre!).
Du reste, nous n’avons pas le choix et si nous renonçons à affronter les questions environnementales d’un point de vue communiste, marxiste et prolétarien, non seulement nous nous couperons d’une préoccupation légitime de la « jeunesse du monde », celle qu’incarne pathétiquement la jeune Suédoise Greta Thunberg, mais nous serons forcés d’accompagner en maugréant le « New Green Deal », ce nouveau marché vert qui est le projet stratégique central de l’UE, d’Angela Merkel et d’Ursula von der Leyen… Bref, verdir les profits à défaut de verdir la planète et de rougir l’humanité !
La Françafrique
En voie de déclassement rapide à l’échelle géopolitque, élément faible et déclinant du prétendu « couple » germanofrançais- (expression peu employée outre-Rhin), l’impérialisme français n’en est que plus accroché à ses prédations en Afrique et au Proche-Orient. Les troupes françaises continuent de faire la loi, avec de plus en plus de difficultés, dans les pays de l’ex-empire colonial, mais « notre » impérialisme a subi une défaite indirecte réjouissante en Syrie, donc a de plus en plus de mal à contrôler le Liban en crise politique aigu ë. Au Mali, l’armée française avait été initialement bien accueillie parce qu’elle paraissait garantir l’unité territoriale de l’État malien déstabilisé par l’avancée des islamistes radicaux, par les exactions des milices expulsées de Libye et par l’irrédentisme d’une partie des Touareg. Nous avions condamné cette intervention, à l’instar des camarades du SADI, le parti des communistes maliens, parce que nous ne connaissons que trop la nature de classe prédatrice de l’impérialisme français et parce que nous ne savons que trop que ceux qui détruisent chez nous la nation, la langue française et le produire en France ne sauraient que nuire à l’intérêt national véritable quand ils interviennent à l’étranger (du moins si l’on veut bien se souvenir du fait que « la nation, c’est le peuple », comme disait Politzer, et non pas ses classes dominantes faillies). Des progressistes et des syndicalistes français et africains de bonne foi avaient cependant pu appuyer l’intervention française au Mali en considérant qu’il s’agissait en somme d’une forme de compensation, de « service après-vente » dû par la France aux Africains pour la déstabilisation irresponsable de la Libye, donc du Sahel, décidée par Sarkozy sur les conseils de BHL et avec les applaudissements du PS. Mais l’intervention française s’enlise et est de plus en plus ressentie sur place comme une ingérence court-circuitant les Maliens dans la défense de leur unité territoriale ; en outre, Macron tente de plus en plus d’« européaniser » Barkane en essayant d’y compromettre l’Allemagne. Enfin, on comprend de plus en plus que la paix ne reviendra pas au Sahel sans que soit restauré en Libye un authentique pouvoir patriotique et anti-impérialiste. Notre ligne de principe reste donc inchangée : troupes françaises hors d’Afrique et défaite des impérialismes occidentaux en Libye, le rôle d’une véritable défense nationale reposant sur une « armée française nouvelle » et citoyenne étant de défendre le territoire et la souveraineté de notre pays .
Toutefois, nous ne sommes pas des irresponsables indifférents aux aspects géopolitiques de la situation du Nord-Mali. Une victoire au Sahel d’AQMI et d’autres islamistes radicaux rescapés de Daesh, et derrière eux, de l’Arabie saoudite alliée aux USA, sur les décombres de l’ex-empire français, serait une nouvelle tragédie pour tous les peuples : il ne s’agit pas, hélas, d’une vue de l’esprit quand on mesure la décomposition de l’Etat malien archi-corrompu et de son armée, aussi détestée que les Français au Nord-Mali. Cette métastase d’AQMI et Consorts, sur un territoire immense serait aussi catastrophique pour l’Ouest africain que pour la Libye et pour la sécurité des citoyens de l’autre côté de la Méditerranée, y compris pour notre pays. C’est pourquoi nous avons demandé à nos camarades du SADI, qui jouent un rôle d’avant-garde dans la contestation populaire du “président” malien actuel, de nous informer pleinement sur les perspectives patriotiques dans leur pays. En attendant que s’accomplisse cette mission d’étude, notre position ne varie pas, c’est le retrait des troupes impérialistes et la défense de l’intégrité et de la souveraineté par les forces authentiquement patriotiques du Mali.
Ajoutons cependant que nous ne saurions rallier ceux qui prennent prétexte de la juste lutte contre la Françafrique pour alimenter la haine de la France considérée comme intrinsèquement colonialiste et raciste au mépris de toute approche dialectique et classiste de notre histoire. A l’encontre de tout « indigénisme » comme du faux universalisme de la bourgeoisie, nous sommes les héritiers d’Engels qui disait que « tout peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre » ; c’est donc, non seulement au nom de la liberté des peuples africains frères, mais au nom de la souveraineté du peuple français, détruite par ses propres élites à la fois néocoloniales et « dé-nationales », que nous militons à la fois contre la Françafrique et contre la Franceurope qui forment les deux faces de la même politique destructive. Avec en outre le projet de repenser radicalement, en termes d’égalité et de cocréation linguistique, la Francophonie internationale, et plus globalement, de repenser fraternellement les rapports avec l’Afrique et le monde arabe. Il s’agirait à la fois de desserrer l’étreinte de Paris sur la politique africaine et de desserrer l’étau germano-américain sur notre propre pays…
Bref, il n’y a pas lieu de « compenser » notre patriotisme par une forme d’adhésion à l’idéologie de l’indigénisme : il faut concevoir notre opposition radicale au néocolonialisme français comme la continuation de notre patriotisme républicain par d’autres moyens et réciproquement, il faut concevoir notre patriotisme comme le support d’une lutte internationaliste pour un nouvel ordre continental, pluricontinental et mondial fondé sur la souveraineté des peuples, sur leur égalité et sur leur coopération dégagée de toute « concurrence libre et non faussée » néolibérale.
Dans quelle mesure pouvons-nous parler de mondialisation communiste à venir ?
Pendant que les trotskistes et autres gauchistes nous traitent de chauvins parce que nous combattons l’euro-casse de notre pays, certains pseudo-léninistes, les mêmes qui fraient avec le climato-scepticisme et qui rejettent la dialectique de la nature, nous reprochent d’évoquer la perspective d’une mondialisation communiste, qu’ils opposent à l’idée d’internationalisme prolétarien. En réalité, la mondialisation des échanges est intrinsèquement liée à la socialisation des forces productives qui est inhérente au capitalisme et qu’accentuera encore le passage au communisme sous la forme d’une coopération accrue entre les peuples : c’est la doctrine constante de Marx. Nous ne rejetons donc pas la mondialisation capitaliste au nom du repli national et de l’autarcie, intenables à notre époque, mais parce qu’elle est conçue de A à Z comme une guerre de tous contre tous à l’avantage des dominants et des États riches. Ayons en tête les principes fondateurs de l’ALBA Alternative( bolivarienne des Amériques), aujourd’hui malmenée par la pression contre-révolutionnaire des USA, où le Venezuela livrait à bas prix son pétrole nationalisé à Cuba socialiste qui, en retour, lui envoyait ses médecins et ses instituteurs : on est alors dans le cadre d’un échange gagnant-gagnant où chaque peuple offre aux autres ce qu’il a de plus précieux sans renoncer à ses spécificités et en recevant des autres ce que lui-même produirait mal et à grands frais s’il devait produire tout seul. Ce q ui est négatif dans la mondialisation actuelle, ce n’est pas l’échange accrû mais l’échange inégal, l’exploitation, la guerre commerciale, le service exclusif de la part solvable de l’humanité et l’abandon des peuples “insolvables”, l’endettement forcé et tout ce qui s’ensuit d’instabilité, de guerres, de gaspillage des ressources, de pollution par les transports, de privatisation de la science, de perversion des technologies, etc. Si de nouveau, un ou plusieurs grands pays passaient au socialisme, il y aurait renaissance du camp socialiste, donc d’un « marché commun » socialiste, plus exactement, d’une division socialiste internationale du travail ; et si le socialisme-communisme de nouvelle génération,allié aux États anti-impérialistes émergents, finissait par prendre le dessus sur le monde capitaliste subsistant et qu’il parvînt à con tenir les tendances à la guerre mondiale dont l’impérialisme est porteur (donc à imposer par la lutte la coexistence pacifique que souhaitait Lénine), il y aurait alors place à la fois pour le développement original de chaque pays, voire de chaque forme nationale de socialisme (« que cent écoles rivalisent », disait Mao !), pour des échanges équilibrés entre pays souverains, mais aussi pour le traitement librement consenti et collectivement géré de grandes causes mondiales,continentales ou pluricontinentales ; ce serait notamment le cas du maintien de la paix mondiale et du désarmement, de l’éradication de la faim et de l’illettrisme, de la recherche scientifique (notamment fondamentale), mais aussi de la reconstruction internationalement planifiée du cadre de vie humain(régulation du climat, dépollution des océans, reforestation, biodiversité, voire colonisation pacifique du système solaire…).
Encore une fois, cela ne signifierait pas une régression généralisée, une forme d’obscurantisme vert », mais tout au contraire l’accélération du progrès des forces productives sans lequel le communisme moderne, ce « développement de chacun (de chaque individu et de chaque peuple) comme clé du développement de tous » ne pourra pas être réalisé. De même que le camp socialiste n’était pas la négation de l’internationalisme prolétarien mais son expression à l’échelle des relations entre États socialistes, de même une telle mondialisation communiste, rendue possible comme jamais par la révolution numérique, permettrait à l’internationalisme prolétarien, expression de la solidarité internationale des travailleurs, de bannir la guerre et d’engager pacifiquement le dépassement des étroitesses nationales : le contraire de l’étouffement des nations auquel nous assistons aujourd’hui en même temps que, très « compensatoirement », s’exacerbent le nationalisme et la xénophobie. Même s’il s’agit là d’une perspective encore peu tangible, il nous faut la maîtriser pour montrer à la jeunesse que nous voyons loin et que notre souci des souverainetés nationales s’inscrit bien à long terme dans le mot d’ordre d’Eugène Pottier : « L’Internationale sera le genre humain ».