L’Afrique du Sud est gouvernée depuis les premières élections libres par un système dit « d’alliance tripartite », rassemblant l’ANC (Congrès national africain fondé en 1912), le Parti communiste sud-africain et la centrale syndicale COSATU (Congrès des syndicats sud-afrcains).
Cette alliance fut forgée dans le feu et le sang de la lutte anti-apartheid, des années 1950 aux années 1990. Aujourd’hui cette alliance est ébranlée, l’ANC et les syndicats divisés, le PC se trouvant, de fait, dans l’opposition. Que se passe-t-il ?
Zuma au centre des critiques
Depuis plusieurs mois c’est Jacob Zuma, haut dirigeant de l’ANC, président en exercice depuis 2007, qui concentre l’attention et les critiques.
Arrivé au pouvoir en ravivant la flamme du radicalisme de l’ANC et des combats du passé, il est aujourd’hui accusé par ses détracteurs de mauvaise gestion du pays, de corruption, de népotisme, d’autoritarisme. Aujourd’hui le COSATU et le Parti communiste demandent sa démission, une partie des cadres de l’ANC également – dont 18 membres du comité exécutif.
Et les « anti-Zuma » de la COSATU la quittent peu à peu en rejoignant une nouvelle confédération syndicale. Fait symbolique marquant : cette année, Zuma n’a pu prononcer son traditionnel discours du 1er mai devant l’assemblée du COSATU.
Derrière le seul cas Zuma, sur lequel chaque jour qui passe apporte son lot de révélations et de scandales, c’est toute la politique économique des dirigeants sud-africains qui est sur la sellette.
Lutte des classes
Les choix opérés au sortir de la lutte armée et les rudes négociations des années 1990, les compromis sans nul doute nécessaires à l’époque, et permettant la mise en place d’une vie politique pacifiée, ne sont pas remis en cause ici. Mais les graves difficultés économiques du pays, la situation toujours intenable de centaine de milliers de Sud-Africains vivant dans des conditions misérables et d’insécurité, le fossé toujours plus grand entre le luxe tapageur de la nouvelle bourgeoisie noire et la violence employée contre les salariés en lutte – cf. massacre des mineurs de Marikana en 2012 – font tanguer le fragile équilibre de la coalition, aiguisent les contradictions de la lutte de classes, et ouvre de nouveaux espaces de lutte et d’expression politique.
Nous suivons de près les événements et plaçons toute notre confiance dans nos camarades du Parti communiste d’Afrique du Sud et dans leur conférence nationale de juillet prochain, pour mener et guider les combats futurs, avec esprit de responsabilité et de combativité.
8 juin 2017.