Écrasé par des années de guerre, ruiné par sa classe capitaliste prédatrice, le peuple libanais plonge chaque jour plus profondément dans la crise économique et financière, la misère. C’est dans ce contexte de destruction du pays que les dirigeants ont annoncé à la fin du mois de septembre la modification du taux de change officiel, une dévaluation officiellement d’un facteur 10 de la monnaie libanaise par rapport au dollar. Puis la signature d’un accord sur la délimitation des champs gaziers maritimes avec Israël
La première décision a été présentée par Beyrouth mais décidée par l’occident, une des conditions requises par le FMI pour la signature d’un plan de financement de 3 milliards de dollars. Une mesure suivie également de la signature le 24 octobre dernier d’un « accord » imposé avec Israël sur la délimitation de la frontière maritime des deux pays. Avec pour enjeux de taille l’exploitation des gisements off-shore d’hydrocarbures, de gaz notamment. À la baguette, Washington qui a dicté ses conditions, exposées depuis une dizaines d’années, et en sous-main à la manœuvre opérationnelle, le régime Macron qui s’est assuré ainsi que Total puisse mettre la main sur l’exploitation des réserves de gaz libanaises.
Un accord aux dispositions ultra favorables pour Israël, mais qu’un Liban rendu exsangue a été obligé d’accepter. Le champ de Karish se situera ainsi intégralement sous contrôle israélien, le Liban n’aura lui que des droits d’exploration et d’exploitation de celui de Cana, qui est placé sous eaux israéliennes. En conséquence, Israël sera rémunérés sur son exploitation. En l’occurrence par Total ! Par ce coup de force, Israël s’assure ainsi de devenir un fournisseur de gaz de l’Europe via des usines de liquéfaction situées en Égypte, Total de juteux profits, le tout sur le dos du peuple libanais
Dans le même temps, la colère populaire s’organise et se manifeste. On peut ainsi donner l’exemple de la rencontre syndicale et populaire qui s’est tenue à Beyrouth le 26 septembre 2022. Nous publions à cet effet le texte que nous a fait parvenir la camarade Marie Debs, figure anti-impérialiste et populaire libanaise. Un mouvement qui met à l’ordre du jour le contrôle populaire pour rétablir la production au Liban, contrôler les prix, augmenter les salaires. À l’opposé de la politique de pillage et de vente à la découpe du pays par ses élites capitalistes compradores.
Inflation, blocage des salaires, pillage par Total… de part et d’autre de la Méditerranée, travailleurs français et libanais peuvent constater les ravages que leur cause l’impérialisme français…
Le sit in de la « Rencontre syndicale et populaire » Contre le projet du budget imposé par le FMI
La « Rencontre syndicale et populaire a pris, ce matin, la rue à Beyrouth, devant le parlement libanais afin de protester contre le projet du budget présenté par le gouvernement sortant et contenant un grand nombre de nouveaux impôts indirects et de taxes qui touchent en particulier les masses populaires pliant déjà sous le poids de la crise économique et financière due à des années de pillage organisé par l’oligarchie financière et ses représentants au pouvoir.
Les manifestants ont brandi des banderoles appelant à retirer ce projet de budget et à le remplacer par un budget à caractère productif, ce qui aiderait à lancer la reprise économique et sociale au Liban. Ils ont appelé à œuvrer afin de reprendre les deniers publics et privés volés par les banques, mais aussi dans le but de mettre fin aux cartels de la finance, des médicaments, du blé et de la nourriture.
Les interventions des représentantes et représentants de la « Rencontre syndicale et populaire » devant les médias se sont focalisées sur le plan nécessaire afin de sortir le pays de la crise dans laquelle il patauge, à commencer par le soutien de l’État aux secteurs productifs, la remise à jour des salaires, la protection de la monnaie nationale, la livre, contre le marché noir. Elles ont aussi attiré l’attention sur l’importance des mesures visant à faire face à l’inflation galopante et aussi à la cherté de la vie, en particulier celle des produits alimentaires et des médicaments… sans toutefois oublier de rappeler la nécessité de continuer la lutte et de préparer la désobéissance civile si le gouvernement continue de faire la sourde oreille.
Marie Nassif -Debs
Beyrouth, le 26 septembre 2022