Comme il fallait s’y attendre, Mme Aung San Su Ki, l’ex-opposante bourgeoise devenue présidente, que les médias occidentaux présentaient encore il y a peu comme un parangon de « la » démocratie, n’a rien fait de sérieux pour établir et consolider les droits démocratiques, fussent-ils formels, des citoyens birmans. Ni pour faire en sorte que l’armée birmane quitte enfin, et définitivement, les devants de la scène politique qu’elle occupe depuis plus d’un demi-siècle non sans réprimer sauvagement le mouvement ouvrier.
Cultivant le nationalisme bourgeois, réprimant la contestation ouvrière, discriminant brutalement les Birmans musulmans traités comme des « étrangers », la présidente destituée a au contraire cru habile de ménager la haute hiérarchie militaire et le clergé bouddhiste. Le résultat prévisible de cette attitude conciliatrice, le contraire de ce qu’eût été une démocratisation dirigée par la classe ouvrière, est que les nostalgiques décomplexés de la dictature militaire se sont senti les mains libres et qu’ils ont organisé un coup d’État pour revenir à la case-départ…
C’était compter sans la réaction populaire, notamment celle de la jeunesse et de la jeune classe ouvrière birmane, femmes en tête. Le jeune prolétariat surtout occupé dans le contexte qui joue un rôle important, si ce n’est central, dans la contestation du putsch. Bravant la répression, il revendique, non seulement le départ définitif et le châtiment des putschistes, mais de vrais droits démocratiques pour le mouvement ouvrier et populaire. Celui-ci doit être libre de s’organiser comme il l’entend pour réclamer des salaires décents, pour s’organiser syndicalement hors de la tutelle des patrons et des syndicats jaunes enclins à un faux « dialogue social ». Et aussi, pourquoi pas, pour s’organiser en un parti ouvrier et populaire indépendant de toutes les forces bourgeoises, qu’elles soient civiles, cléricales ou militaires.
Les communistes et les progressistes de France sont en tout cas solidaires de cette vaillante insurrection populaire qui, si elle parvient à déjouer les manipulations impérialistes et à rester indépendante des diverses factions bourgeoises, militaires et cléricales, peut apporter une contribution de premier plan à l’éveil d’un nouveau prolétariat urbain que les transnationales rêvaient vainement de pouvoir pressurer sans fin.
par Georges Gastaud pour www.initiative-communiste.fr
DÉCLARATION DE SOLIDARITÉ DE LA FSM-WFTU AVEC LE PEUPLE DU MYANMAR
La Fédération syndicale mondiale, au nom de ses 105 millions de travailleurs-travailleuses de 130 pays des 5 continents, condamne fermement le coup d’État au Myanmar mené les forces armées du pays. L’armée birmane a déclaré un état d’urgence d’un an et a arrêté plusieurs dirigeants du gouvernement, dont Aung San Suu Kyi.
Nous exprimons notre solidarité internationaliste avec le peuple souffrant du Myanmar, et nous exigeons la libération totale, immédiate et inconditionnelle des dirigeant.e.s politiques emprisonné.e.s, le retrait de l’état d’urgence, du couvre-feu et tous les ordres mis en place par le coup d’État anti-démocratiques.
Nous appelons les travailleurs-travailleuses et le peuple du Myanmar à résister, à désobéir au coup d’État militaire et à lutter de manière militante pour la mise en œuvre de tous les droits et libertés humaines, démocratiques et syndicales dans le pays.
Le mouvement syndical international de classe se tient résolument du côté des travailleurs-travailleuses, des agriculteurs-agricultrices et des couches populaires du Myanmar. Nous luttons sans relâche pour la défense du droit du peuple du Myanmar – et de tous les peuples du monde – de décider librement et de s’autodéterminer pour son présent et son avenir.
Le secretariat