À l’automne dernier, dans les urnes, Evo Morales gagne largement l’élection présidentielle avec 46,84% des suffrages. Au-delà les candidats de son parti le MAS remportent encore plus largement les élections parlementaires. Immédiatement une campagne médiatique internationale appuie de violentes manifestations de l’extrême droite qui refusent de reconnaître l’élection d’Evo Morales. Des instances électorales sont attaquées, des élus du MAS sont violentés et leurs familles attaquées. Après plusieurs semaines de violence, et sans que jamais la moindre preuve d’une quelconque fraude électorale ne soit apportée, un quarteron de généraux lance un putsch militaire, obligeant Evo Morales à quitter le pays et livrant la présidence de la Bolivie à une dictature d’extrême droite immédiatement reconnue par Washington et Bruxelles.
Mais les Boliviens ne se laissent pas faire. D’énormes manifestations populaires sont lancées dans tout le pays, les routes d’accès à La Paz coupées. Alors qu’Evo Morales avait durant des semaines maintenu l’ordre sans violence, la dictature ordonne à l’armée de tirer sur le peuple provoquant plusieurs massacres, sans débloquer la situation. Sous pression la dictature Anez est obligée d’annoncer la convocation de nouvelles élections. Refusant le choix démocratique du peuple bolivien elle met cependant tout en œuvre pour interdire que les candidats du MAS puissent se présenter et faire campagne. Evo Morales ou encore la présidente du Sénat se voient ainsi refuser l’enregistrement de leurs candidatures.
Luis Arce et le MAS de Evo Morales grands favoris des sondages
Puisque Evo Morales est interdit de pouvoir se présenter, le MAS a désigné un autre candidat pour remporter le siège de président : Luis Arce. Et c’est lui qui devrait d’après les sondages remporter l’élection. Selon une étude de l’institut Ciesmori réalisée entre les 7 et 13 février pour la chaîne de télévision Unitel, Arce recueillerait 32% des voix, contre 17% pour le principal candidat de l’opposition Carlos Mesa (17%) qui était arrivé largement second . La présidente de la junte Jeanine Añez elle ne recueillerait que 16,5% des voix tandis que le leader de l’extrême droite Camacho plafonne à 9,4%. Pour être élu dès le premier tour, ce qu’avait réussi Evo Morales pour sa troisième élection, le candidat doit réunir au moins 40% des suffrages avec dix points d’avance sur le second. Dans le cas contraire le second tour est programmé le 14 juin.
Luis Arce n’est pas un inconnu mais le ministre de l’Économie du gouvernement Morales de 2006 à 2019, désigné par le parti majoritaire début février.
la dictature Añez interdit à Evo Morales de se présenter
S’il n’a réussi à trouver aucun argument pour interdire à Arce de se présenter à l’élection présidentielle, le chef du tribunal électoral bolivien Salvador Romero a interdit l’enregistrement de la candidature aux élections sénatoriales de Evo Morales. Ce dernier dont la vie est menacée par le coup d’État militaire a dû trouver asile d’abord au Mexique et désormais en Argentine. C’est le prétexte retenu par les putschistes : Evo Morales ne pourrait pas faire la preuve d’une résidence régulière en Bolivie. Et ce alors que ces derniers prétendent l’embastiller ou l’assassiner s’il remet le pied sur le sol bolivien ! Une méthode qui rappelle celle utilisée durant des décennies par les dictateurs fascistes mises en place par les USA avec le plan Condor, de Pinochet à Banzer !
Le président bolivien en exil a condamné cette décision :
« Malheureusement, le TSE interdit des élections transparentes, saines et libres. C’est ce que l’on constate »
Evo Morales a également demandé que le régime putschiste cesse de détruire les institutions politiques, économiques et sociales contruites durant ces dernières décennies : « Vous pouvez tentez tout ce que vous voulez contre moi, mais ne détruisez pas la démocratie ».
Cette décision n’est pas une surprise et le MAS dénonce ce jugement qui n’est que la traduction des ordres passés par Washington :
« Nous remplissons tous les critères pour être candidats. Commandés par l’ambassade américaine, ils n’approuvent pas la légalité » dénonce Evo Morales qui alerte: « le peuple est mobilisé et organisé. Nous continuerons à combattre pour notre souveraineté et notre dignité ».
L’avocat d’Evo Morales, Raul Salvador, a également souligné la nature arbitraire et illégale de la décision du chef du tribunal électoral.
« Cette décision viole la loi électorale bolivienne. En se fondant sur des interprétations irrationnelles ».
JBC pour www.initiative-communiste.fr