Le PRCF est membre de L’Initiative rassemblement d’une 30e de partis communistes et ouvriers d’europes.
L’Initiative vient d’adopter une déclaration au sujet de la campagne à venir des élections européennes.
NOTE DE LA COMMISSION INTERNATIONALE DU P.R.C.F. AUX ORGANISATIONS ENGAGÉES DANS L’ « INITIATIVE », aux bons soins du secrétariat. le 29 janvier 2014.
Chers camarades,
Nous vous adressons une brève note sur notre campagne pour le boycottage des élections européennes.
Déjà il y a cinq années, le PRCF a appelé à l’ « abstention citoyenne » à propos de l’élection européenne. Ce mot d’ordre a été vivement combattu par les appareils réformistes ; mais il correspondait pleinement au REJET populaire de masse de l’euro et de l’ U.E., particulièrement chez les ouvriers, employés, artisans, petits paysans et jeunes de 18-25 ans : exactement les mêmes catégories sociales qui ont massivement voté non lors du référendum sur la constitution supranationale en mai 2005 et dont le vote prétendument « souverain » a été honteusement contourné par la droite et par le PS (adoption parlementaire du Traité de Lisbonne, ersatz de la constitution européenne).
Les raisons de fond qui nous amènent à boycotter l’élection européenne au pseudo- « parlement » supranational sont fortes, disons même, de plus en plus fortes.
D’une part il nous semble évident que le meilleur moyen de délégitimer une institution, en l’occurrence l’ U.E. chapeautée prochainement par l’Union transatlantique, est de ne pas participer aux élections qui visent à lui donner une apparence démocratique. Comme l’écrivait Lénine, lors du boycottage de la Douma tsariste,
« … le boycottage est le moyen de lutte le plus décisif qui s’attaque, non pas à des formes d’une institution donnée, mais à son existence même. Le boycottage est une déclaration de guerre directe à l’ancien régime, une attaque directe contre lui ». O.C., T. 13, p. 20.
Dans notre pays, le regretté Jacques Duclos, qui dirigea politiquement la Résistance communiste sous l’Occupation, avait d’ailleurs appelé les citoyens à boycotter le second tour de la présidentielle de 1969, quand il est apparu que les citoyens n’avaient le « choix » qu’entre deux candidats de l’oligarchie euro-atlantique, Pompidou et Alain Poher (on se souvient en France du slogan populaire du PCF, « bonnet blanc, blanc bonnet »).
De plus en plus, l’ U.E. tombe en effet le masque de l’ « Europe sociale » que lui colle le Parti de la gauche européenne (PGE). De plus en plus, l’ U.E. inspire des politiques grossièrement anticommunistes et répressives et elle s’accommode de l’active présence de larges organisations fascistes et néonazis ; de plus en plus, ses proconsuls « nationaux », encouragés par leur oligarchie locale, tentent même d’interdire les forces non communistes mais progressistes qui militent pour la rupture de l’UE. ! En ce moment, l’ U.E. fait son possible pour déstabiliser l’Ukraine, la Syrie, etc., les entraîner dans la guerre civile, justifier une guerre visant à « élargir l’espace vital » euro-atlantique (le patronat « français » proclame cyniquement qu’il a « besoin d’aire »). Bref, il s’agit, comme nous le disons depuis des années, d’une nouvelle prison des peuples porteuse d’immenses régressions sociales, de démolition des nations*, de destruction des langues et des cultures nationales sacrifiées à une américanisation galopante, sans parler de l’aspect principal du sujet : une oppression inouïe, mortelle, sur la classe ouvrière et, à un moindre degré mais les choses vont vite aussi pour elles, de la majorité des « couches moyennes » non monopolistes. Dans ces conditions, boycotter le parlement européen, c’est envoyer le message suivant aux masses : la solution n’est pas « à l’intérieur » de l’UE, la « réorientation sociale de la construction européenne » voulue par le PGE n’est qu’un rideau de fumée, la solidarité internationale des travailleurs – qui s’abstiendront massivement de Gibraltar à Vilnius – ne passe pas par la lutte « dans » l’UE, mais par la lutte « contre » l’ U.E., qui est le cœur de cible de l’ « Initiative ».
Et c’est d’autant plus vrai que les eurocrates liés aux monopoles capitalistes ne cachent pas que leur objectif principal après ces élections est précisément de mettre en place le « saut fédéraliste européen », c’est-à-dire la substitution d’un Empire aux États-nations classiques (ainsi qu’aux États multinationaux légués par l’histoire), lesquelles doivent presque toutes être dépecées et asservies.
Boycotter l’élection européenne nous semble donc cohérent avec la ligne stratégique que nous défendons depuis notre fondation en janvier 2004, celle des « quatre sorties » (euro, UE, Alliance atlantique, capitalisme) sous le double drapeau du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, qui est au centre de l’ « Initiative », et de la révolution socialiste car pour nous, n’en déplaise aux calomniateurs, il n’existe aucune « étape », aucune « troisième voie » entre la sortie de l’UE par la voie progressiste et son débouché logique, à l’issue des affrontements de classes géants que cela suscitera certainement avec l’oligarchie « française » (notre ennemi de classe principal) et la révolution socialiste qui est notre perspective stratégique sous la bannière rouge du prolétariat, de la faucille et du marteau et du marxisme-léninisme.
Alors qu’en France F. Hollande se rallie ouvertement au patronat et au plan « Hartz » de sinistre mémoire (ce personnage conseille directement le gouvernement « français ») et qu’il affiche son allégeance indécente aux diktats de Barroso et son rôle funeste dans la déstabilisation de l’Ukraine, il semble nécessaire de frapper un grand coup en ciblant l’adversaire de classe sur son « maillon le plus faible », l’élection européenne : déjà, il y a cinq ans, les peuples se sont majoritairement abstenus en déclarant de fait, contrairement à M. Mélenchon et à M. Laurent, « cette Europe n’est pas à nous ». Le boycottage est en outre un bon moyen pour affronter, non seulement l’euro-droite et les euro-fascistes (qui « critiquent » l’UE, mais qui se présentent à ses élections supranationales, mais aussi les sociaux-démocrates et leurs satellites « euro »-communistes et « euro-« écologistes », sans parler des euro-trotskistes partisans des « États-Unis d’Europe »,
En outre, de l’Espagne à la Grande-Bretagne en passant par l’Italie du nord et l’Espagne, sans parler de la Belgique, une forme d’euro-balkanisation de l’Europe occidentale est en marche sous la houlette de l’impérialisme allemand et de ses alliés « français »…
Bien entendu, nous ne nous permettons pas de critiquer les P.C. d’Europe qui, pour des raisons politiques et historiques qui leur sont propres, participeront à ces élections pourvu que ce soit bien sur des bases radicalement euro-critiques, en militant à leur manière pour les « quatre sorties ». En l’absence (provisoire ou pas, là n’est pas la question) d’Internationale communiste, nous pensons en effet comme vous tous que chaque organisation ou parti marxiste-léniniste doit définir lui-même sa ligne sans ingérence des autres partis. En France, nous ne pouvons pas avoir d’état d’âme étant donné qu’aucune liste européenne tant soit peu significative ne se prononcera pour la rupture totale avec l’UE si bien qu’objectivement, tous les votes, identifiés, blancs, nuls, etc., créditeront objectivement la seule chose qui importe aux oligarques : la participation populaire.
Nous mènerons cette campagne à plusieurs niveaux : avec les moyens propres du PRCF, qui a une riche expérience dans le maniement de la dialectique du patriotisme populaire et de l’internationalisme prolétarien, de l’unité d’action des communistes (nous apprenons avec joie que des forces communistes encore présentes dans le PCF-PGE appelleront au boycottage, ce qui ne peut qu’attiser les contradictions de classe et organisationnelles au sein du parti euro »communiste »), du rassemblement de tous les vrais républicains qui en France, se réclament du programme progressiste « Les Jours heureux », rédigé en 1944 sous l’influence du PCF clandestin, et veulent rompre avec l’UE. Nous sommes persuadés qu’il est possible, dans le fil de l’affrontement de classes majeur qui résulterait de la sortie de la France de l’UE (qui ferait aussitôt exploser la « prison des peuples » et sa monnaie en provoquant des affrontements de classes internationaux), que des progressistes qui ne sont pas d’emblée acquis à la dictature du prolétariat devront concrètement choisir le moment venu entre l’indépendance de la France, assortie de coopérations internationales sur un pied d’égalité, et le pouvoir de classe de la bourgeoisie. Faut-il le dire, cette sortie de l’UE par « la porte à gauche » n’aurait rien de commun avec la pseudo-critique de développe le fascisant F.N. de Mme Le Pen, en alliance de plus en plus ouverte avec les ténors de l’UMP pro-Maastricht.
A l’heure actuelle, alors que les syndicats réformistes sont hégémoniques dans le mouvement ouvrier et qu’ils ne proposent rien de sérieux pour combattre les mesures de Hollande-MEDEF, il importe que les vrais communistes et leurs alliés montrent clairement du doigt, par une campagne incisive, ciblée, dérangeante, coupante, où est l’état-major de l’ennemi : dans l’état-major ultra-européiste du MEDEF, dans les états-majors des partis maastrichtiens (UMP, Verts, Centre, PS) et dans le rassemblement « bleu marine » en gestation autour des Le Pen, Copé, Fillon, etc. Car on ne peut pas vaincre, on ne peut même pas résister tant qu’on n’a pas identifié et ciblé l’ennemi, non seulement en théorie, mais dans la pratique.
Nous n’appelons ni au vote « rouge » ni au vote « blanc ». Même si de tels bulletins sont une marque de défiance envers l’UE, même s’il faut évidemment dialoguer fraternellement avec les travailleurs qui s’exprimeraient de cette manière, ces votes marquent une défiance envers les listes en lice, elles ne remettent pas en cause l’élection, ni « l’existence même d’une institution donnée » (Lénine), l’Europe du grand capital. Au demeurant, le PRCF n’a rien de commun avec le gauchisme, le néo-maoïsme et l’anarchisme, qui choisissent en permanence l’abstention et se réfugient derrière le mot d’ordre « élections piège à cons ». Par exemple, à l’heure où l’oligarchie « française » veut « länderiser » le territoire national sur le modèle de la RFA, avec de fortes connotations ethniques étrangères à l’héritage de la Révolution française en ce qu’elle eut de meilleur, nous appelons à participer aux élections municipales et à travers elles, à défendre les « communes » et les « départements », ce legs de 1789-95, que veut casser le pouvoir des monopoles pour installer des « euro-régions transfrontalières » et des « euro-métropoles » éloignant encore plus le pouvoir local de l’influence des masses. Dans ces conditions, soit nous appelons à voter pour des listes franchement communistes et républicaines, soit nous invitons à voter blanc ou rouge en l’absence de telles listes. Le boycottage n’est donc en rien, pas plus que pour Lénine, une position « passe-partout » comme celles qu’affectionne le gauchisme pseudo-révolutionnaire.
Bien entendu, nous restons à votre disposition pour tout éclaircissement supplémentaire, que ne manquera pas de donner notre mensuel, « Initiative communiste », notre revue théorique « ÉtincelleS » et notre site national www.initiative-communiste.fr
Pour terminer, nous ne surestimons pas la divergence que recouvre le différend entre les organisations communistes qui boycotteront et celles qui présenteront une liste radicalement euro-critique. D’une part il n’est pas sûr qu’il s’agisse d’une divergence puisque nous luttons dans des conditions nationales très différentes. D’autre part, il s’agit d’une divergence tactique, sur le « comment procéder », et non d’une divergence stratégique sur le « que faire ? » ou idéologique vers le « où aller, ».
Très fraternellement,
Pour la commission internationale du PRCF
Pierre Pranchère, président de la commission internationale du PRCF
Georges Gastaud (secrétaire national)