La Commission Inter-américaine des Droits de l’Homme a reçu mercredi une demande de mesure de protection pour arrêter le procès politique contre la présidente brésilienne Dilma Rousseff. Cette demande a été faite par le Parti des Travailleurs (PT) qui a aussi dénoncé la violation de ce processus qu’il considère comme illégal.
« La CIDH, un organisme de l’Organisation des Etats Américains, confirme qu’elle a reçu une demande de mesure de protection alléguant des violations dans le processus de procès contre Dilma Rousseff », a déclaré le porte-parole de la commission María Isabel Rivero.
La demande du PT devra être vérifiée par 7 commissaires du CIDH qui auront un délai encore non fixé pour faire connaître leurs appréciations en ce qui concerne les 2 demandes.
Le Sénat du Brésil a fait ce mercredi un autre pas vers la destitution de la présidente constitutionnelle Dilma Rousseff en acceptant, par 59 voix contre 21, l’accusation sur les irrégularités fiscales dans le budget 2015.
La session, qui a duré plus de 16 heures, a vu s’affronter les défenseurs de la destitution et ceux de Rousseff tandis que dans au moins 16 villes du Brésil avaient lieu des manifestations de groupes de gauche qui réclament le départ de Michel Temer du gouvernement en l’accusant de faire un coup d’Etat.
Le 23 août aura lieu le vote sur le procès politique contre la présidente élue Dilma Rousseff, juste après la fin des Jeux Olympiques de Rio.
Source en espagnol : http://www.telesurtv.net/news/CIDH-analiza-solicitud-para-frenar-juicio-politico-a-Rousseff-20160810-0056.html
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos : http://bolivarinfos.over-blog.com/2016/08/bresil-la-commission-inter-americaine-des-droits-de-l-homme-analyse-une-demande-pour-arreter-le-proces-politique-contre-rousseff.html
Revue de presse d’interview et d’analyse sur le Golpe réactionnaire en cours au Brésil et l’offensive impérialiste contre révolutionnaire en Amérique Latine
Brésil : «L’ambassade des États-Unis ressemble à celle aux temps d’Allende au Chili»
Après plus de quinze ans de progressisme et d’avancées sociales, l’Amérique Latine est en pleine recomposition. De l’Argentine au Venezuela en passant par le Brésil, la contre offensive de la droite est en marche. Dans un contexte marqué par une forte crise économique et des tensions politiques, les États-Unis tentent de reconquérir leur ancien «pré-carré». Journaliste et grand spécialiste de l’Amérique Latine, Carlos Aznarez nous apporte son analyse sur les changements qui s’opèrent dans la région.
Lors de ses cent premiers jours au pouvoir, le président argentin Mauricio Macri a reçu le premier ministre italien Mateo Renzi, le président français François Hollande et enfin le président Barack Obama. Dans le même temps, il a abandonné les efforts du gouvernement précédent de promouvoir l’intégration régionale. Quelle est la nouvelle politique étrangère de l’État argentin? Assistons-nous à un retour du néocolonialisme dans le pays?
En effet, il y a un changement radical dans la politique extérieure de l’Argentine. Pour autant, il ne faut pas exagérer quant au processus d’intégration impulsé par les époux Kirchner. N’oublions pas, par exemple, que lorsque Chevron a été expulsé d’Équateur après avoir causé une catastrophe écologique sans précédent dans le pays, l’Argentine a continué à recevoir cette multinationale à bras ouverts.
Mais il est vrai que les gouvernements Kirchner entretenaient de très bonnes relations avec le Venezuela, avec Cuba, avec la Bolivie…
La politique extérieure a aujourd’hui profondément changé. Nous sommes de nouveau plongés dans des relations destructrices avec les Etats-Unis, l’Union Européenne mais aussi avec Israël. Tout cela provoque un malaise très fort au sein du sous-continent, notamment de la part de ceux qui ont fait le pari d’une intégration sérieuse, et je crois que, malheureusement, ce changement de diplomatie nous mène vers le néocolonialisme.
Lors de la conférence de presse au Palais Présidentiel, les présidents Obama et Macri ont évoqué la possibilité de signer un accord de libre-échange entre le Mercosur et les États-Unis. Va-t-on vers un nouvel ALCA?
Il est certain que le pays va finir par rejoindre l’Alliance pour le Pacifique. Il va sans doute renforcer les traités existants avec l’Union Européenne, les États-Unis et Israël. Lors de la visite d’Obama, de nombreux accords économiques ont été signés entre des chefs d’entreprise argentins et états-uniens. Les États-Unis avancent dans la région et tentent de faire pression sur les gouvernements pour qu’ils adoptent des mesures de libre-échange. L’Uruguay et son gouvernement ««progressiste»» est en train de signer ces traités. De son coté la présidente du Chili, Michelle Bachelet n’a aucun problème à les signer. Et ils tentent aujourd’hui de faire pression sur le Brésil. Ils tentent de déloger Dilma Rousseff car ils adoreraient voir l’Argentine et le Brésil signer ces traités. C’est pourquoi il est important que le Brésil résiste et que Dilma Rousseff, au-delà des graves erreurs qu’elle a commises, ne tombe pas.
Concernant le Brésil, que cherche la droite brésilienne? Quels sont ses motivations et objectifs?
Elle cherche à destituer Dilma par la voie judiciaire, par la voie parlementaire mais aussi par la rue. La gauche s’est endormie entre les contradictions notamment au sein du PT, qui a rendu presque naturelle la corruption dans ses propres rangs après avoir mis en place une politique d’austérité non seulement avec l’ex-ministre et banquier Joaquim Levy mais également avec son successeur Nelson Barbosa qui a suivi la même ligne.
Les gens de gauche qui sont sortis dans les rues le 18 mars dernier (ils étaient environ un million et demi) sont allés manifester majoritairement contre le coup d’État. Seule une petite minorité est descendue dans la rue pour soutenir la présidente. Par exemple, le Mouvement des Sans Terres (MST) a durement critiqué la politique d’austérité de la présidente.
Cependant, il faut se rappeler qu’une semaine auparavant, plus de deux millions et demi d’opposants avaient battu le pavé. Au Brésil aujourd’hui, la droite tient la rue. En Argentine, c’est différent. La rue appartient à la gauche ou aux mouvements sociaux et le macrisme ne peut rien faire face à ça.
Et quel est le rôle que jouent concrètement les États-Unis dans ces manifestations qui ébranlent le pays?
L’ambassade étasunienne au Brésil reçoit aujourd’hui les visites d’opposants à Dilma, de la social-démocratie qui est aux avant-postes dans le processus d’impeachment (destitution) contre Dilma. L’ambassade des États-Unis au Brésil ressemble à celle aux temps d’Allende au Chili. C’est le lieu où se préparent tous ces projets de déstabilisation. Les États-Unis couronneraient leurs objectifs en provoquant la chute de Dilma.
Ainsi, en s’emparant de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay, du Chili et du Paraguay, ils remettraient la main sur le Cône Sud.
Enfin, pour terminer sur le Brésil, existe-t-il une troisième force capable de freiner le coup d’État de la droite et de proposer un projet de rupture avec le modèle néolibéral en place aujourd’hui au Brésil?
Il existe un mouvement, Brasil Popular qui regroupe le MST, des syndicats et certains secteurs du PT déçus par la ligne officielle du parti. Ce pourrait être l’alternative face à un PT en difficulté et je crois que c’est l’espoir au Brésil.
Ceci dit, tous ces fronts peuvent avoir beaucoup de force dans la rue mais qui ne se traduit pas électoralement. Les gens sont assez passifs et habitués à voter pour ceux de toujours. C’est pourquoi il est difficile pour une troisième force, puissante et organisée, de naitre.
Rafael Correa a réagi sur les événements au Brésil et a parlé d’un nouveau Plan Condor qui serait en train de frapper le continent. Partagez-vous le point de vue du président équatorien?
Oui, je suis d’accord avec lui. Mais il faut remarquer quelque chose. Le Plan Condor, c’était autre chose. C’était une alliance entre les armées des pays du Cône Sud pour éliminer les éléments «subversifs». Nous avons à faire ici à un nouveau Plan Condor. C’est un Plan Condor piloté en quelque sorte par les multinationales. Regardez les derniers morts dans les rangs de la classe travailleuse, ce sont des gens qui ont été tués après avoir lutté contre les multinationales. Le cas le plus médiatisé a été celui de Berta Caceres au Honduras.
Je pense que c’est le bras le plus concret de l’impérialisme dans le continent. Ne pensons pas aux marines. Les multinationales sont les marines, les nouveaux marines. Il faut également mettre en exergue la dangereuse avancée du para-militarisme dans presque tous les pays de la région. On voit ainsi ressurgir aujourd’hui des États policiers prêts à réprimer qui que ce soit.
Dans ce contexte de contre-offensive de la droite, quel est l’avenir pour les révolutions latinoaméricaines?
Je crois qu’il faut continuer à penser qu’il y a un futur pour ces révolutions. Nous sommes là dans des cycles négatifs après avoir traversé des cycles positifs… Pendant un temps, nous allons avoir une forte avancée du néolibéralisme dans tous nos pays mais cela va également générer de la résistance. C’est encore dur. En Argentine par exemple, les gens semblent être choqués et ne répondent pas aux vagues de licenciements comme ils le devraient. Je pense que l’unique moyen de sortir de la crise, c’est de passer par des révolutions.
En Argentine, pour le moment, je pense qu’il manque cela. Nous sommes encore avec les nostalgiques du kirchnérisme et une gauche divisée qui se cherche encore. Mais je pense que tôt ou tard, quelque chose va surgir pour nous mener vers des processus révolutionnaires et laisser derrière nous ces progressismes qui ont échoué. D’une certaine manière, ils ont servi pour produire quelques avancées sociales intéressantes mais aussi sur les droits de l’homme…
Rien n’est complet bien sûr mais ils ont tout de même apporté des avancées, mais le progressisme tel qu’il s’est imposé en conservant l’idée de préserver le capitalisme et de ne pas avancer vers le socialisme.
Les nostalgiques vont donc devoir rester avec leur nostalgie. Et je crois qu’il faut penser à une autre question, celle de la démocratie, qui est une farce totale.
L’électoralisme que génère cette démocratie appelée représentative est chaque fois un peu plus néfaste et s’il devait y avoir une preuve de la nocivité de cette démocratie en Argentine, on la trouve avec le cas des Fonds Vautours.
Les députés élus par le peuple ont mis le pays à genoux. Ils ont livré l’économie, la souveraineté du pays, tout!
Car quelle démocratie voulons-nous? Pas cette démocratie. Si une démocratie peut nous être utile, c’est la démocratie participative mais il faudrait quand même travailler sur ce concept et l’approfondir un peu plus.
En effet, il faut voir ce qui s’est passé au Venezuela où au nom du jeu libre et démocratique, on peut arriver à perdre une révolution. Ceci a déjà eu lieu au Nicaragua et maintenant c’est le Venezuela qui est en danger après avoir laissé libre cours au libre jeu de la participation et de la projection des idées de l’opposition, le parlement est aujourd’hui aux mains de l’opposition, bien décidé à détruire la Révolution Bolivarienne.
Interview réalisé à Buenos Aires, par Tarik Bouafia
Communiqué du Sénat du Brésil sur la Présidence du Venezuela au MERCOSUR
COMMUNIQUE:
SENAT FEDERAL
COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
La Présidence de la Commission des Affaires Economiques du Sénat Fédéral exprime son désaccord avec la position du gouvernement par interim du Brésil qui a décidé de ne pas reconnaître la présidence tournante du Venezuela au MERCOSUR.
Aussi bien le Traité d’Asunción, un élément fondateur du bloc, que le Protocole d’Ouro Preto établissent clairement que la présidence tournante du MERCOSUR serait alternée, tous les 6 mois, par ordre alphabétique, entre les Pays Membres.
Cette règle, décidée librement entre les membres du bloc et approuvée par le Congrès National du Brésil, est auto-applicable et automatique, et se passe, par conséquent, de toute décision ou validation supplémentaire.
De plus, les relations commerciales avec le Venezuela sont très bénéfiques pour le Brésil. Entre 2003 et 2012, nos exportations vers ce pays ont augmenté d’à peine 608 millions de $ US à 5 milliards de $USD. Pendant cette période, le Venezuela nous a procuré un excédent commercial cumulé de 29 milliards de
. Nous exportons vers le Venezuela des produits allant des aliments aux produits manufacturés sophistiqués. Le Venezuela est également vital pour le développement de notre frontière amazonienne nord et joue un rôle fondamental dans la fourniture d’énergie électrique à nos états de la Région Nord.La décision du gouvernement intérimaire du Brésil s’oppose frontalement aux instruments juridiques du MERCOSUR. Le Venezuela est un Etat Membre, en pleine jouissance de ses prérogatives et n’est soumis à aucune sorte de sanctions à l’intérieur du bloc.Les raisons alléguées pour ne pas se conformer aux règles juridiques du MERCOSUR manquent de fondement technique. L’allégation que le Venezuela ne peut pas assurer la présidence du bloc parce qu’il n’est pas parvenu à remplir toutes les conditions prévues dans le Protocole d’Adhésion pour adhérer au MERCOSUR est totalement irrecevable. Aucun Etat Membre du MERCOSUR, même le Brésil, ne remplit intégralement les conditions fixées par le bloc. Notre pays n’a pas ratifié plusieurs protocoles et plusieurs accords signés dans le contexte du bloc et, comme tous les autres membres, n’applique pas le Tarif Douanier Commun (TEC) dans toute son étendue.
En ce qui concerne les conflits intérieurs du Venezuela, qui, nous le reconnaissons, sont sérieux, ils ne nous semblent pas pouvoir servir de motif pour cette décision anti-démocratique. Les relations avec le Venezuela sont stratégiques pour le Brésil et ne peuvent être fragilisées par des concepts politiques et idéologiques qui ne correspondent pas à une politique extérieure responsable. Les conflits intérieurs du Venezuela peuvent être résolus par le dialogue et la coopération et non par des mesures autoritaires et qui vont contre le droit, qui tendraient inexorablement à aggraver les problèmes existants. Le respect des règles et des institutions démocratiques est toujours le meilleur pari, aussi bien au MERCOSUR qu’à l’intérieur des Etats Membres.
Sénatrice Gleisi Hoffmann
Présidente de la Commission des Affaires Economiques
Rafael Correa signale que l’empeachment contre Dilma est un précédent funeste pour la région
Quito, 2 juin, (RHC).- Le président équatorien, Rafael Correa, a déclaré que la séparation de Dilma Rousseff de la présidence du Brésil constitue un précédent funeste pour la région.
Dans une interview accordée à la télévision équatorienne, le président Correa a souligné que ce qui arrive au Brésil est très grave pour l’Amérique Latine. Il a rappelé que Dilma Rosseff a été suspendue provisoirement à cause du changement des rapports de forces au Sénat et de la trahison du vice-président Temer.
Rafael Correa a souligné que rien n’a été trouvé contre Dilma justifiant un procès politique pour corruption et que son gouvernement attend les conclusions de l’enquête pour prendre des actions à ce sujet.
Il a d’autre part relevé qu’au Brésil, en Argentine et au Venezuela, la droite cherche à reprendre le pouvoir.
Edité par Francisco Rodríguez Aranega
Raul Castro : Nous ne saurions rester indifférents aux troubles qui agitent l’Amérique latine et la Caraïbe
Intervention de Raul Castro Ruz, Président du Conseil d’État et du Conseil des ministres de la République de Cuba, à l’ouverture du 7e Sommet de l’association des États de la Caraïbe
Auteur: Redacción Nacional | internet@granma.cu
4 juin 2016 14:06:58Chers chefs d’État ou de gouvernement;
Cher M. Alfonso Munera Cavadia, secrétaire général de l’Association des États des Caraïbes;
Chers délégués et invités,
Chefs d’État ou de gouvernement, ou hauts représentants des États et territoires regroupés dans l’Association des États de la Caraïbe (AEC), nous nous réunissons pour la septième fois pour soutenir de vastes échanges sur le thème : « Unis pour relever les défis du développement durable, des changements climatiques et de la paix dans les Caraïbes ».
Nos délibérations viseront aussi à renforcer notre Association à partir de ses principes fondateurs en tant qu’organisme de consultation, de concertation et de coopération.
Je souhaite la bienvenue à la collectivité française d’outremer, Saint-Martin, nouveau membre associé, et je me félicite de l’adhésion à titre d’observateurs de l’État plurinational de Bolivie, de la République du Kazakhstan, de la République orientale de l’Uruguay et de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique-Traité de commerce des peuples (ALBA-TCP), ainsi que de la présence de représentants de nations et d’organisations observatrices.
Nous aspirons à pouvoir compter un jour sur l’adhésion de tous les territoires caribéens, dont l’île sœur de Porto Rico en tant que nation indépendante et souveraine.
Quand les chefs d’État ou de gouvernement des 25 nations indépendantes se sont réunis en juillet 1994 à Cartagena de Indias, aux côtés de délégués d’autres territoires caribéens, après que la Communauté des Caraïbes a eu lancé l’initiative historique de créer l’Association des États de la Caraïbe, ils avaient pour objectif de s’unir pour défendre leur identité, leur patrimoine culturel et leurs intérêts communs, de renforcer la concertation politique et la coopération et de promouvoir le développement durable et l’intégration des peuples de cette région.
À notre 1er Sommet tenu à Trinité-et-Tobago, nous avons établi dans notre Déclaration programmatique le tourisme, le transport et le commerce comme axes stratégiques, à quoi est venu s’ajouter ensuite la coopération pour faire face aux catastrophes naturelles. Dans notre Déclaration du 6e Sommet tenu en avril 2014 à Mérida (Mexique) à l’occasion du 20e anniversaire de l’AEC, et dans l’Évaluation du Plan d’action de Pétion-ville adopté au 5e Sommet tenu un an auparavant dans cette ville haïtienne, nous avons réaffirmé que nous avions faits de progrès incontestables, mais que nous avions encore d’énormes problèmes à régler.
Les problèmes de connectivité aérienne et maritime, les coûts élevés de ces transports et les difficultés économiques dues dans une grande mesure aux effets de la crise mondiale entravent le commerce et les investissements dans nos pays, si bien que nous devons trouver d’urgence des solutions novatrices, viables et adaptées à tous, tout en accordant aux petits États le traitement spécial et différencié qu’ils méritent.
Le développement du tourisme à destinations multiples, la diversification des marchés, l’amélioration de la qualité et de la variété des services touristiques, ainsi que la formation de personnels qualifiés, constituent aussi des priorités.
Je saisis l’occasion pour souligner que Cuba est tout spécialement désireuse d’élargir et de fortifier la coopération touristique avec ses frères caribéens.
Par ailleurs, les phénomènes associés aux changements climatiques, tels que l’élévation du niveau de la mer qui menace l’existence même des petites îles, les cyclones toujours plus fréquents et puissants, les pluies intenses, l’érosion côtière et les sécheresses prolongées causent de graves dommages humains et économiques. Aussi nos gouvernements doivent-ils impérieusement et immanquablement promouvoir la coopération pour réduire les risques de catastrophe et en atténuer les effets, et la situer au cœur même du plan d’action dans un avenir immédiat.
L’accord adopté au Sommet de Paris sur les changements climatiques est un point de départ important, mais nous devons continuer d’œuvrer pour qu’il soit mis en pratique et pour en élargir la portée, toujours selon le principe des responsabilités communes mais différenciées et de la reconnaissance des vulnérabilités des pays les moins avancés, notamment les Petits États insulaires.
Nous défendons le principe qu’il faut modifier les modèles de production et de consommation irrationnels actuels et nous insistons pour que les nations industrialisées fassent preuve de volonté politique pour réduire l’émission de gaz à effet de serre et prennent des engagement sérieux en matière de financement et de transfert de technologie.
Il est un autre point que nous jugeons prioritaire : la souveraineté sur nos ressources naturelles qui constituent une garantie pour l’avenir et une source de richesses pour les peuples. Permettre que des intérêts étrangers les exploitent sans mesure, tandis que nos nations n’obtiennent que des marges de profit dérisoires, équivaut à hypothéquer notre développement et à aggraver notre dépendance.
Ces dernières années, l’AEC a centré ses principaux efforts sur la promotion de la coopération dans les domaines stratégiques susmentionnés, ce qui est un point tout à fait positif que nous devons continuer de développer, sans perdre de vue que la conjoncture nous pose de sérieux problèmes que nous devons régler ensemble.
Nous ne saurions rester indifférents aux troubles qui agitent l’Amérique latine et la Caraïbe à cause de la contre-offensive impérialiste et oligarchique contre les gouvernements populaires et progressifs qui ont suivi l’échec de la vague néolibérale, ce qui constitue une menace pour la paix, la stabilité, l’unité et l’intégration indispensables de notre région.
La situation exige que nous renforcions nos consultations et notre concertation, compte tenu des principes de la Proclamation de l’Amérique latine et de la Caraïbe comme Zone de paix, signée par les chefs d’État ou de gouvernement au 2e Sommet de la Communauté des États latino-américains et caribéens (CELAC), tenu à La Havane en janvier 2014. Nous devrons aussi demander à d’autres États de respecter ces principes vis-à-vis de nos pays.
L’engagement des États de la région à ne pas intervenir, directement ou indirectement, dans les affaires intérieures de n’importe quel autre État et à observer les principes de souveraineté nationale, d’égalité de droits et d’autodétermination des peuples, à promouvoir des relations d’amitié et de coopération entre eux et avec les autres nations, à pratiquer la tolérance et à coexister en paix, ainsi qu’à respecter pleinement le droit inaliénable de tout État de choisir son système politique, économique, social et culturel constitue une condition sine qua non de la paix, de la concorde, de développement et de l’intégration de nos pays.
Je réaffirme notre solidarité la plus résolue et la plus inconditionnelle avec le peuple frère vénézuélien, avec le gouvernement légitime du président Nicolas Maduro et avec la Révolution bolivarienne lancée par Hugo Chavez Frias, qui font face fermement à l’attaque déstabilisatrice et aux guerres économique et médiatique de ceux qui aspirent à liquider les conquêtes politiques, sociales et économiques dont ont bénéficié des millions de citoyens après avoir vécu pendant des siècles dans des conditions de pauvreté, d’injustice et d’inégalité.
Nous sommes vivement préoccupés devant la tentative inacceptable du secrétaire général de l’Organisation des États américains de recourir à la Charte démocratique interaméricaine pour s’ingérer dans les affaires intérieures du Venezuela. La Déclaration de notre ministère des Relations extérieures expliquant la position de Cuba, je n’entrerai pas dans les détails.
Je me bornerai à réitérer notre position : dès sa fondation, l’OEA a été, est et restera un instrument de domination impérialiste dont aucune réforme ne saurait modifier la nature et l’histoire. Aussi Cuba ne réintégrera-t-elle jamais l’OEA.
J’exprime aussi notre solidarité avec le peuple brésilien et la présidente constitutionnelle Dilma Rousseff qui s’oppose courageusement au coup d’État parlementaire concocté par la droite oligarchique et néolibérale pour annuler les conquêtes sociales obtenues durant les gouvernements du Parti des travailleurs.
Je ratifie notre satisfaction devant les progrès faits dans les négociations de paix en Colombie et réitère que nous poursuivrons nos efforts pour contribuer à la signature d’un accord qui termine définitivement le conflit armé dans cette nation sœur.
Pour préserver la coexistence pacifique et la stabilité, il faut éviter d’exacerber les différends territoriaux hérités de l’époque coloniale, que nous devons régler par le dialogue et la négociation, en étant clairement conscients de la responsabilité historique que nous avons envers nos peuples qui aspirent tous à un avenir de paix, de justice, d’équité et de développement durable.
Ce Sommet m’offre l’occasion de ratifier la volonté de Cuba de continuer de coopérer résolument avec ses frères caribéens et de partager avec eux ses modestes acquis, malgré les difficultés économiques qu’elle traverse.
Nous jugeons aussi impérieux d’appuyer la reconstruction et le développement de la République sœur d’Haïti, berceau de la première révolution indépendantiste et antiesclavagiste de Notre Amérique.
Je ratifie notre appui aux réclamations légitimes des pays de la Communauté de la Caraïbe relatives à des compensations pour les horreurs de l’esclavage et la traite des esclaves.
Je réaffirme de même notre appui invariable au droit des États petits et vulnérables de recevoir un traitement spécial et différencié dans l’accès au commerce et aux investissements, et à leur juste demande de bénéficier d’une coopération en fonction de leurs besoins réels et non à partir du revenu par habitant, un classement qui en fait des pays à revenu intermédiaire et les empêche par conséquent d’accéder aux ressources financières indispensables.
Je n’oublierai jamais que nos frères caribéens, lors de la fondation de l’AEC en juillet 1994, ont insisté pour que nous en fassions partie alors que Cuba traversait une situation extrêmement difficile – notre PIB avait chuté de 35 % à cause de la perte soudaine de nos principaux marchés par suite de la disparition du camp socialiste européen – et que l’impérialisme aggravait ses pressions pour bloquer la Révolution et la détruire.
Je n’oublierai jamais non plus l’appui que tous les gouvernements représentés ici n’ont cessé d’apporter à notre juste demande de levée du blocus économique, commercial et financier appliqué par les États-Unis à Cuba, lequel est toujours en vigueur bien qu’il ait été condamné à 24 reprises par l’Assemblée générale des Nations unies ainsi que par d’autres instances importantes, comme le Sommet des Amériques tenu l’an dernier au Panama, indépendamment des mesures constructives, mais insuffisantes, adoptées par l’administration étasunienne.
Nous remercions aussi la CELAC d’avoir appuyé résolument, à son 4e Sommet, notre demande de restitution à Cuba du territoire occupé illégalement à Guantanamo par la base navale des États-Unis contre la volonté de notre peuple et de notre gouvernement.
Avant de conclure, je tiens à rendre hommage à la mémoire du professeur Norman Girvan, brillant intellectuel jamaïcain, militant infatigable pour le progrès des Caraïbes et de l’intégration régionale, grand ami de Cuba, qui a été secrétaire général de notre Association.
Je tiens aussi reconnaître le travail émérite réalisé par M. Alfonso Munera Cavadia durant ses quatre années de secrétaire général de l’AEC et à exprimer ma satisfaction pour l’élection de Mme June Soomer, ambassadrice de Sainte-Lucie, la première femme à exercer cette responsabilité, et je lui souhaite les meilleurs succès.
Sans plus, je déclare inauguré le 7e Sommet de l’Association des États des Caraïbes.
Je vous remercie.