Le SUTE, qui a existé pendant la période de l’Unité Populaire (1970-1973) pour tous les travailleurs de l’enseignement, à tous les niveaux, renaît depuis quelques années, dans le contexte d’une précarisation grandissante des enseignants sous couvert de réformes pour une « nouvelle éducation ». Il a également des liens avec les organisations d’étudiants et de lycéens.
Dans le cadre actuel de la mondialisation, le Chili reste le laboratoire du néo-libéralisme installé durant la dictature de Pinochet et poursuivi par les gouvernements suivants, et l’expérience des travailleurs chiliens est riche d’enseignement pour nos sociétés : l’internationalisme est plus que jamais nécessaire aujourd’hui. L’association Nuestra América de Grenoble a pour cela établi des relations avec ce syndicat (échanges par skype, rencontres à Santiago du Chili) et le soutient et invite les travailleurs de l’enseignement à se joindre à ces échanges.
Le SUTE se présente ainsi :
« Nous avons eu près de 24 ans de pseudo-démocratie pendant lesquels seules se sont développées les règles du système économique de libre marché introduit pendant la dictature, et dont l’effet immédiat pour les travailleurs est passé par l’imposition d’un Code du Travail, norme qui a mis en place les restrictions de nos droits du travail et avec elles, la diminution des niveaux d’organisation de la classe ouvrière.
C’est ainsi que la dictature, au mois d’octobre 1973, déclara que le Syndicat Unique des Travailleurs de l’Education (SUTE) était illégal, et commença la répression contre ses dirigeants, répression qui conduira nombre d’entre eux à l’exil ou à augmenter la liste des Chiliens morts, détenus et disparus. A ce jour, plus de 123 enseignants sont toujours portés disparus aux mains des organismes de sécurité de la dictature.
En 1974, le Collège des Professeurs est fondé par un décret militaire, en tant qu’Association Corporative, dans le but de créer un canal de communication entre la Junte Militaire et le corps des enseignants.
Mais malgré cela, nous les travailleurs de l’éducation, partant des mobilisations étudiantes, nous avons commencé à créer une ligne syndicale de classe, en retrouvant la mémoire des jours historiques de Syndicat Unique des Travailleurs de l’Education, sa capacité à regrouper les travailleurs et son intervention comme acteur des politiques nationales en matière d’éducation.
A 42 ans de cette aventure politique, pleine de réalisme, de rêves et de perspectives politiques, nous, une nouvelle génération de travailleurs de l’éducation, avons repris le Syndicat Unique des Travailleurs de l’Education (SUTE) comme outil syndical, dans la perspective de devenir une majorité résolue et combative, pour répondre aux plus de 400 000 travailleurs de l’enseignement, dont seulement 4% sont organisés.
La période que nous vivons actuellement est caractérisée par des changements substantiels dans différents domaines. Par exemple, dans le monde du travail cela s’exprime par: la précarisation de l’emploi, l’instabilité du travail, la détérioration des salaires, l’augmentation du travail informel, la réduction des affiliations syndicales, etc. Tout cela affecte de manière significative les travailleurs de l’éducation ainsi que les organisations syndicales elles-mêmes. »
source : Nuestra América n°59, Mai 2016