Ce dimanche il y avait des élections présidentielles en Colombie. Un peu plus de 19 millions de bulletins ont été décomptés sur les 36 millions d’inscrits, soit 53% de participation. À peine plus que lors de la récente élection présidentielle au Venezuela, sans que cela ne déclenche les torrents de haine entendu alors dans les médias occidentaux. De nombreuses irrégularités ont cependant été enregistrées avec déjà 1239 plaintes déposées auprès de l’URIEL. On se souvient que ces mêmes médias et les chancelleries qui les commandent avaient mis en cause la sincérité du scrutin au Venezuela, pourtant garantie par une double identification et un vote totalement secret. En Colombie, sans parler des violences, pressions et autres achats de votes, d’après les chiffres officiels, 36% des bureaux de vote ne disposaient pas d’isoloir, empêchant le vote à bulletin secret. Dans un pays où des dizaines de milliers de militants syndicaux et de la gauche ont été assassinés ces dernières décennies, on comprend mieux la performance du candidat de l’alliance de gauche qui a réussi à se qualifier au second tour dans ces conditions. Le 2 mars 2018, son véhicule est ciblé par des tirs, ce qui est interprété comme une tentative d’assassinat. L’éventualité d’un assassinat de Gustavo Petro est sérieusement envisagée par ses partisans, dans un pays où cinq candidats présidentiels ont été tués depuis la fin du XXe siècle et 282 militants syndicaux ou communautaires tués rien qu’entre janvier 2017 et mars 2018
- le site internet de campagne de Petro Gusatavo : https://petro.com.co/
COLOMBIE : PREMIER TOUR DES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES
La droite dure, fascisante et corrompue et son candidat Ivan Duque arrive en tête du premier tour de l’élection présidentielle colombienne qui se tenait dimanche 27 mai. La participation a atteint dimanche un niveau record dans le pays avec 53 % de votants à comparer au 40% de 2014.
Il affrontera au second tour du 17 juin, Gustavo Petro, candidat de la gauche progressiste qui, avec son mouvement Colombie humaine, obtient 25,09% et permet, fait historique sans précédent en Colombie, à la gauche d’être présente au second tour.
En troisième position avec 23,72%, vient Sergio Fajardo avec sa coalition du centre, centre gauche et des verts. Les reports de ces votes décideront sans aucun doute du vainqueur du 17 juin. Ces deux candidats parviendront-ils cependant à une alliance comme l’a déjà proposé le candidat progressiste? Ancien guérillero du M-19 , l’ancien maire de Bogotá, Gustavo Petro est présenté par la droite et quasiment tous les médias colombiens aux mains de l’oligarchie locale comme un «populiste de gauche» qui mènerait son pays à la ruine « comme au Venezuela » et les moyenne et petite bourgeoisies colombiennes, ayant voté pour le centre, sont loin d’être prêtes à lui donner leurs suffrages affolées par la campagne visant le « castrochavisme » du candidat de la gauche. Petro et son Mouvement des Progressistes, a scellé un accord pour les élections présidentielles et législatives avec le Parti communiste colombien, l’Alliance sociale indépendante et le Mouvement alternatif indigène et social constituant un vaste front populaire, antifasciste et patriotique en Colombie.
Cependant la droite fascisante et son candidat ont de quoi effrayé l’électorat de centre. En effet Duque reconnaît Alvaro Uribe comme son mentor. Or l’ancien président fait l’objet d’une enquête de la Cour suprême de justice au sujet d’une possible manipulation de témoins et le New York Times a révélé vendredi des documents déclassifiés évoquant un lien suspect d’Uribe avec des narcotrafiquants entre 1992 et 1995. En fait Uribe est non seulement corrompu mais il est coupable de massacres commis par les paramilitaires contre des paysans, des syndicalistes : voilà le « mentor » du candidat de la droite en Colombie. Rien d’étonnant donc que celui-ci veuille détruire l’ accord de paix signé entre le gouvernement colombien et les FARC.
Avec la possible victoire du candidat progressiste un espoir se lève en Colombie.
Par Antoine Manessis, secrétaire de la Commission internationale du PRCF