La Tunisie vit depuis le 17 décembre 2010 une révolte populaire contre le chômage, l’exclusion, la pauvreté, la vie chère, l’exploitation éhontée, la corruption, l’injustice et la tyrannie. Ces protestations populaires sont parties de la ville de Sidi-Bouzid pour s’étendre à toutes les régions du pays. La pauvreté et la tyrannie, endurées dans la ville, sont un phénomène général qui touche tout le peuple tunisien. La rage et l’indignation est la même dans tout le pays.
Le régime policier et dictatorial du président Ben Ali a affronté la révolte dans son style habituel. En s’appuyant sur la désinformation, la tromperie, les mensonges et la répression brutale de la police qui a tiré sur des masses populaires désarmées, tuant des manifestants ne portant sur eux aucune arme. Tout cela avec l’intention de réprimer rapidement les protestations et d’empêcher leur propagation au reste du pays. Ces méthodes ont échoué cette fois, elles ont alimenté les protestations, qui ont étendu leur rayon d’action, et ont poussé les manifestants à transformer leurs demandes de simples revendications sociales à des exigences politiques sur la question des libertés. Même quand Ben Ali a prononcé son discours, au douzième jour de la révolte, pour promettre à nouveau hypocritement qu’il diminuerait la répression, personne ne l’a cru et les masses ont répondu que les protestations devaient se poursuivre.
Les pancartes et les mots d’ordre mis en avant par les masses en révolte, du sud au nord, sont un signal clair du processus de prise de conscience politique dans la tête des Tunisiens au cours des vingt dernières années du règne de Ben Ali. Des mots d’ordre du type: « Le travail est un droit, bande de voleurs », « Bas les pattes du pays, bande de corrompus », « Travail, liberté, dignité », « Liberté, liberté et non présidence à vie », « A bas le parti de la constitution, à bas les tortionnaires du peuple », « Ben Ali lâche, le peuple ne se laisse pas faire »…
Finalement, les masses populaires ont compris qu’elles sont dirigées mais pas représentées et que le système représente « une bande de voleurs », une poignée de familles qui ont pillé les ressources du pays, l’ont vendu au capital étranger, qui prive les personnes de leur liberté et de leurs droits, en usant de la force brutale de l’appareil d’Etat, transformé en un « État des familles », afin d’humilier, de soumettre et d’intimider le peuple et le dissuader de lutter. Transformant la Tunisie en une grande prison, et faisant de la torture une règle et un moyen de gouverner.
Le peuple exige le changement avec la conviction que les aspirations à la liberté, à la démocratie et à la justice sociale ne peuvent se réaliser sous le régime de Ben Ali.Les masses populaires justement par la lutte, par l’Intifada, ne veulent plus de la dictature, et c’est un nouveau processus qui s’ouvre en Tunisie.
Le peuple tunisien a besoin d’un nouveau gouvernement démocratique, national et populaire naissant de la volonté et de la représentation de ses propres intérêts. Et un système de ce type ne peut voir le jour à partir du système actuel et de ses institutions, ou de sa constitution ainsi que de ses lois, mais seulement sur ses ruines par une assemblée constituante élue par le peuple dans des conditions de liberté et de transparence, après avoir mis fin à la tyrannie. La tâche d’un Conseil populaire est l’élaboration d’une nouvelle Constitution qui pose les bases de la République démocratique, avec ses institutions et ses lois.
Les manifestations populaires sont encore en cours, personne ne peut prévoir ni leur durée ni leur développement. En tout cas, la Tunisie entre dans une nouvelle phase de son histoire caractérisée par la montée du peuple et sa volonté de retrouver sa liberté, ses droits et sa dignité.
Cette situation pose les responsabilités de l’opposition, en particulier de son aile la plus radicale, à trouver de nouvelles solutions politiques qui mettent au centre les exigences du peuple tunisien, pour un programme prévoyant un plan de changement global de la Tunisie.
L’opposition avec toutes les forces politiques et non-politiques, est invitée à serrer les rangs en vue du changement démocratique, pour former l’alternative à la tyrannie et à la dictature.
Le Parti communiste des ouvriers renouvelle son invitation à convoquer une assemblée nationale de l’opposition tunisienne qui affrontera la question le plus rapidement possible.
Est également renouvelée l’invitation à une coordination quotidienne, au niveau national et local, de soutien aux mouvements populaires, et dirigée vers les revendications concrètes et spécifiques afin que le mouvement ne s’essouffle pas. Parmi les revendications les plus importantes et les plus immédiates: l’arrêt des campagnes de répression, la libération de tous les prisonniers et que les responsables de la répression, du pillage des biens, des assassinats de citoyens et citoyennes soient contraints de rendre des comptes. L’abrogation de toutes les restrictions de sécurité, de libertés juridiques et pratiques, d’expression, d’organisation et de manifestation.
L’adoption de mesures immédiates pour le monde du travail: la garantie du revenu, de la santé et la reconnaissance immédiate du syndicalisme de base et indépendant des précaires et de chômeurs.
Le Parti communiste des ouvriers restera, comme il l’a toujours été, du côté des travailleurs, des démunis et des pauvres, en première ligne pour un nouvel ordre en Tunisie, pour la liberté, la démocratie et la justice sociale.