A la suite de Fidel Castro et de Evo Morales, Nicolas Maduro fait entendre avec le Venezuela la seule voix conséquente pour la lutte contre le changement climatique, celle de la sortie du Capitalisme. Ce système qui pour le profit de quelques un exploite l’homme et détruit la nature. Voici le discours prononcé pour la COP 25 par le président venezuelien. Un discours prononcé le 1er décembre 2019 à Caracas qui tranche avec celui de Trump célébrant la destruction de l’environnement nécessaire à la vie humaine, ou avec le silence complice d’un Macron, qui ne se prétend écologiste que pour faire les poches des travailleurs. Taxant le carburant des travailleurs. pour payer les milliards du CICE aux milliardaires
Excellence,
Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de gouvernement
Peuples Frères du Monde
Toute la communauté internationale :
Proches du début de la 25ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, je me vois dans l’obligation, en ma qualité de chef d’État de la République bolivarienne du Venezuela et cohabitant de cette Terre Mère, de partager les préoccupations communes face aux graves menaces qui pèsent sur notre planète et l’espèce humaine.
Nous, les États parties à l’Accord sur le changement climatique de 2015, sommes parvenus à une position commune sur les fondements visant à arrêter le réchauffement planétaire pernicieux et les émissions de gaz à effet de serre. Au Venezuela, nous avons proposé d’avancer dans des engagements plus profonds, en sachant d’une limitation du réchauffement à 1,5 ou 2 degrés Celsius nous plaçait à la limite de risques complexes. Malgré cela, le Venezuela a signé cet accord, qui traduit l’expression d’une volonté internationale commune d’agir face aux ravages du changement climatique.
Le pouvoir constituant de 1999, conscient de ce danger global, a approuvé sans réserve la protection constitutionnelle des droits de la nature et a donné une forme normative au modèle de développement du socialisme bolivarien dans la nouvelle Constitution de la République, en opposition au modèle capitaliste prédateur de l’environnement.
Depuis, nous avons averti que la déforestation, la conversion des terres, la désertification, l’altération des systèmes d’eau douce, la surexploitation des ressources maritimes, la pollution et la perte de la diversité biologique, constituent des variables et des catégories qui s’identifient au modèle capitaliste rétrograde.
Je ne doute donc pas que la racine structurelle du problème qui a généré une déprédation généralisée des ressources planétaires et de ses profits inéquitables se trouve dans le modèle capitaliste, qui a imposé aux sociétés une idéologie de consommation irrationnelle dans le cadre des processus de production qui paupérisent la nature. C’est pourquoi il ne peut y avoir de justice climatique sans justice sociale. La lutte contre le changement climatique est une lutte contre les systèmes économiques sur-exploitants et belliqueux, contre la croissance économique irresponsable et le consumérisme effréné.
Le changement climatique est aujourd’hui une réalité indéniable, ses manifestations sont visibles et ses conséquences de plus en plus catastrophiques. Les rapports les plus récents des agences spécialisées des Nations Unies, ainsi que de leurs groupes d’experts, attestent d’un nouveau record en matière de niveaux de gaz à effet de serre, conduisant à l’élévation du niveau de la mer, à l’acidification des océans et à d’autres phénomènes extrêmes, faisant des cinq dernières années les plus chaudes jamais enregistrées. Pour reprendre les termes du Secrétaire général de l’ONU lui-même, « le point de non-retour n’est plus à l’horizon. Il est à la vue et se précipite vers nous ».
Si les correctifs sur les politiques de production capitalistes actuelles ne sont pas appliqués à court terme, nous courons le risque de causer des dommages irréversibles à notre planète et, par conséquent, nous serons confrontés à beaucoup plus de calamités climatiques dévastatrices pour nos peuples, et principalement, pour les plus vulnérables sur le plan socio-économique et démographique. Ce sont les peuples du Sud qui sont en première ligne d’extinction massive par la crise climatique. Nous sommes appelés à un développement réel : humain, vert et parlant la langue du Pachamama.
Toute personne qui ne veut pas voir l’urgence climatique à laquelle nous sommes confrontés soit est aveugle, soit vit à la Maison Blanche.
Les pays industrialisés ont une responsabilité historique dans ce qui se passe en matière environnementale. D’une part, ils ne respectent pas les engagements pris de réduire les émissions de gaz à effet de serre ; d’autre part, ils essaient d’ignorer le système multilatéral de négociation sur les questions environnementales afin de se soustraire à leurs obligations et de les transférer de façon éhontée aux pays en développement.
Distingués chefs d’État, de gouvernement et peuples du monde, le moment est venu d’élever la voix avec courage et détermination. Nous devons assumer la tâche urgente et non transférable de sauver notre Terre Mère. Nous devons, les pays du Sud, nous approprier l’agenda de la défense et de la protection de l’environnement, car nous ne sommes pas en vain le réservoir naturel de la planète.
Depuis le Venezuela, j’appelle à une action mondiale inévitable et incontournable pour la défense de l’espèce humaine et de la Maison Commune qui nous accueille, afin de vivre en communauté, en fraternité et en harmonie avec la nature.
Il n’y a plus de temps. Ni marges de manœuvre pour des demi-mesures, ni pour des négociations en coulisses, ni pour des déclarations de bonnes intentions, il n’y a pas d’autre alternative que de lutter contre un système de domination totalement prédateur, et donc de défendre — encore plus, de sauver–celle qui nous a donné la vie et la possibilité de la projeter.
Je remercie le Gouvernement du Royaume d’Espagne d’avoir accueilli cette conférence d’un contenu si transcendant, si humain, si proche de nous.
Dans les paroles de nos peuples originaires : Un jour / la lune s’arrêtera dans le ciel / Les fleurs sécheront / Et dans la jungle seulement croîtront les pierres.
Unissons nos cœurs et nos consciences humaines afin que les pierres fleurissent.
Sauvons l’humanité
Nicolás Maduro Moros