La guerre civile qui fait rage en Côte-d’Ivoire entre Ouattara, massivement soutenu par l’Occident et par l’armée française, et Laurent Gbagbo, l’ex-protégé de l’Internationale socialiste qui affirme résister au nom de l’indépendance nationale, fournit de nouveau prétexte à Sarkozy pour soutenir et piloter clairement l’un des deux camps qui sera forcément, quelle que soit la légitimité institutionnelle ou pas de Ouattara, l’homme de l’ex-puissance coloniale s’il prend le pouvoir à Abidjan.
Il est absolument intolérable pour une oreille africaine, mais aussi pour une oreille française tant soit peu internationaliste, d’entendre Sarkozy dicter chaque jour leur conduite, dans la honteuse tradition du « Discours de Dakkar », aux protagonistes de la crise ivoirienne. Que dirait le peuple français si le président d’un pays africain prétendait dicter aux Français la résolution d’une crise interne et s’il envoyait des troupes en France pour soutenir un camp contre l’autre ?
Il n’est pas nécessaire d’idéaliser Gbagbo pour constater que l’ingérence grossière de Sarkozy dans les affaires internes de la Côte d’Ivoire constitue une grossière violation du droit des nations libres à disposer d’elles-mêmes. Dans le même temps, le pouvoir sarkozyste qui prétend n’avoir plus d’argent pour l’école, l’hôpital, l’équipement et l’emploi des Français, ravage la Libye en transformant l’armée française en supplétive de l’OTAN, comme c’est déjà le cas en Afghanistan.
Partout en Afrique, ce type de politique de la canonnière fait haïr notre pays alors que les politiques de développement pacifique, démocratique et égalitaire, de l’espace francophone, sont délibérément sacrifiées et que le pouvoir UMP est en pointe dans le saccage de la francophonie en France même, au profit du tout-anglais. Non seulement cette intervention, quelle que soit son éventuel succès apparent, ne règlera rien, mais elle aggravera la haine des anciens colonisés contre leur néo-colonisateurs. La réalité, c’est que la « Françafrique », comme la « Franceurope » et la « Françallemagne », est l’ennemie direct de la France elle-même, qu’il faudra tôt ou tard reconstruire, non pas en abondant l’impérialisme « français » en mal d’interventions fébriles pour conjurer son déclin, mais en le démantelant totalement, tant il est vrai que, selon le mot de Marx, « un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre ».
Au final, la politique sarkozyste, qui est marquée à l’extérieur, par une extrême agressivité dans le cadre du ralliement à l’OTAN, et à l’intérieur, par une xénophobie d’Etat indigne de nos principes républicains, ne contribue pas seulement à faire couler le sang africain, il mettra en position critique les Français qui travaillent à l’étranger et qui seront encore plus qu’avant perçus, y compris ceux qui n’ont aucune responsabilité dans le néo-colonialisme, comme des colonialistes.
C’est au contraire d’une politique profondément nouvelle, fraternelle, révolutionnaire, portée par une large alliance de la classe ouvrière avec les couches antimonopolistes de France, que notre pays a besoin pour se reconstruire non pas « avec », mais « contre » l’OTAN, contre la « Françafrique » et contre l’U.E. supranationale du capital, dans le respect des fils de l’Afrique et dans le respect retrouvé du peuple français pour sa grande tradition issue de 1789 : celle du droit de tous les peuples à disposer d’eux-mêmes et à coopérer de manière égalitaire au profit de la paix mondiale.