Communiqué du PRCF
Paris – 10 novembre 2019 -23h30 – UNE PREMIÈRE EXPRESSION DE LA COMMISSION INTERNATIONALE DU P.R.C.F A LAQUELLE SE JOINT G. GASTAUD
A l’heure où cette première expression publique du PRCF est rédigée à propos de la Bolivie, il semble qu’Evo Morales soit renversé.
PRCF – 10 novembre 2019 – 23h30
Depuis que ce militant indien du MAS (Mouvement vers le Socialisme) aux fortes convictions anticapitalistes est au pouvoir en Bolivie, tout a été fait pour lui nuire, et plus globalement, pour déstabiliser l’alternative bolivarienne des Amériques (Venezuela, Cuba, Bolivie, Nicaragua et, pendant un temps, Equateur) afin, notamment, d’isoler et d’étrangler Cuba socialiste.
La tentative de stranguler les pays progressistes de l’ALBA s’est terriblement accentuée avec l’avènement de Trump, puis du fasciste brésilien Bolsonaro, par lesquels les processus de fascisation, de guerre contre les gauches et d’ingérence impérialistes se sont durcis et ont carrément tendu à ne plus faire qu’un, cette entreprise recevant l’aide traîtresse des oligarchies locales, avides de revanche contre les pouvoirs patriotiques qui remettent en cause l’ordre néocolonial cher à l’Oncle Sam en Amérique latine.
En attendant que des informations plus précises ne nous parviennent, disons clairement que la question n’est nullement ce soir de se demander gravement si Morales a commis des erreurs et lesquelles ; ni de laisser Trump, Bush et Cie, dont les « victoires » électorales aux Etats-Unis mêmes ont toujours été fort suspectes (sans parler de Bolsonaro qui a fait incarcérer Lula pour éliminer son concurrent électoral le plus sérieux !) et qui ont eux-mêmes été « élus » avec une minorité des voix quand ce n’est pas au moyen d’une fraude massive ; le temps de l’analyse viendra au sujet des contradictions rencontrées par le processus bolivarien et avec ce temps, viendra sans doute aussi la nécessité de réaffirmer qu’aucune révolution populaire ne peut durablement triompher sans socialisation en profondeur des grands moyens de production ni pouvoir du peuple (ce que Marx appelait la dictature du prolétariat) ; le rôle dirigeant de la classe ouvrière et l’intervention de son avant-garde, le parti communiste étant imprescriptibles quelles qu’en soient les formes propres à chaque temps et à chaque pays.
Mais à l’heure actuelle notre unique devoir est de soutenir les militants communistes, syndicalistes et progressistes boliviens et de faire connaître l’œuvre considérable en faveur des pauvres et des « indigènes » qu’ont réalisée les pouvoirs bolivariens de l’ALBA dans le sillage de Fidel Castro et d’Hugo Chavez.
Il est aussi de choisir clairement notre camp, celui de la lutte anti-impérialiste, de la solidarité avec les militants populaires, de soutenir encore plus fort les camarades boliviens, vénézuéliens, nicaraguayens, cubains sans perdre l’espoir. Car en même temps que l’impérialisme et ses valets oligarchiques fomentent des coups d’Etat fascisants ou carrément fascistes, le combat de classe a repris au Chili et en Amérique latine, notamment en Equateur et en Amérique latine, à l’initiative des forces populaires et de la classe ouvrière.
Dans l’immédiat, tenons-nous prêts à toutes les initiatives de solidarité nécessaires avec les patriotes boliviens véritables, avec le processus bolivarien en Amérique latine, avec Cuba socialiste.
Dans un contexte régional où les secteurs conservateurs se trouvent en grande difficulté – perte électorale du Mexique et de l’Argentine, crise institutionnelle au Pérou, explosions sociales en Haïti, en Equateur et au Chili, résistance de Cuba, du Nicaragua et du Venezuela –, tout doit être fait pour empêcher Evo Morales de demeurer chef de l’Etat en Bolivie. Sa victoire lors de l’élection présidentielle du 20 octobre dernier a déclenché une vague de violence dont tous les ingrédients s’apparentaient ces jours derniers à une tentative de coup d’Etat. Chargée d’auditer le scrutin, l’Organisation des Etats américains (OEA), dans l‘orbite de Washington et d’emblée favorable aux thèses de l’opposition, a comme il était prévisible annoncé ce dimanche 10 novembre qu’elle n’en validait pas le résultat. Le pouvoir bolivien ayant accepté par avance, pour prouver sa bonne foi, que ce rapport de l’OEA serait « contraignant », Evo Morales vient d’annoncer que de nouvelles élections seront organisées. Et ce même si les analyses statistiques prouvent qu’il n’y a pas eu de fraudes et qu’il a bien gagné les élections.
Rappelons en quelques chiffres le bilan du MAS (mouvement pour le socialisme) emmené par Evo Morales :
- Analphabétisme : 2006 13% – 2018 2.4%
- Chômage : 2006 9.2% 2018 4.1%
- Pauvreté modérée : 2006 : 60.6 % 2018 34.6%
- Pauvreté extrême : 2006 38.2% 2018 15.2%
Au soir de ce dix novembre et alors que la situation est confuse en Bolivie, avec de grandes violences commises par les putchiste, IC vous propose, la diffusion du discours de Evo Morales, un résumé des derniers événements connus, ainsi qu’une analyse du journaliste Maurice Lemoine, spécialiste de l’amérique latine, publiée par nos confrères de Mémoire des luttes le 9 novembre
le discours de démission de Evo Morales
Ce discours de démission a été diffusé le 10/11/2019 à 14H12 heure bolivienne sur la chaine facebook de Evo Morales. Nous ne pouvons certifier qu’il s’agit d’un discours libre ou s’il est prononcé sous la contrainte.
Que ce passe t il en Bolivie
- Avant l’élection présidentielle, l’opposition de droite et les USA avaient annoncé qu’il ne reconnaitraient pas la réelection de Maduro
- 20 octobre : le MAS remporte largement les élections législatives, avec une large majorité à la chambre des députés et au sénat. Les résultats de la présidentielle donne Evo Morales largement en tête avec plus de 40% des voix. Avec 10 points d’avance sur le second, il est constitutionnellement élu.
- La droite avant même que le décompte ne soit fini proclamme un second tour, attaque des bureaux de vote et le tribunal électoral. Le décompte est suspendu avant de reprendre
- Evo Morales pour appaiser la situation accepte un audit par l’OEA, une organisation à la main des USA
- L’opposition organise des émeutes dans plusieurs villes du pays, le MAS réplique par des manifestations massives, pacifiques
- 9 novembre, des sections de la police rejoignent les émeutiers
- 9 novembre, l’état major de l’armée refuse d’intervenir, et ce alors que le palais présidentiel n’est plus défendu, que des élus du MAS sont attaqués, molestés, que des médias sont pris d’assault
- Evo Morales convoque les partis présents au parlement pour un dialogue politique
- 9 novembre, l’OAS, sans produire aucune preuve, publie un communiqué indiquant qu’elle ne reconnait pas les élections, accusant des fraudes électorales.
- 10 novembre : démocrate et devant les troubles, Morales convoque de nouvelles élections présidentielles. Le chef d’état major de l’armée outrepassant son devoir de réserve constitutionnel exige la démission de Evo Morales
Le palais présidentiel est livré par la police aux putchistes, le leader patronal d’extrême droite à la manoeuvre derrière les émeutes (Camacho) pénétre dans le palais présidentiel
Camacho ya está dentro del Palacio de Gobierno. El golpe está consumado pic.twitter.com/M2hxSnBGNo
— Juan Manuel Karg (@jmkarg) November 10, 2019
- Menacé le président du parlement démissionne
- Evo Morales est emmené à Chimore, il prononce sur facebook un discours de démission
Je démissionne pour que Mesa et Camacho ne continuent pas à persécuter, kidnapper et maltraiter mes ministres, les dirigeants syndicaux et leurs familles et pour qu’ils cessent de porter préjudices aux marchands, syndicats, professionnels indépendants et transporteurs qui ont le droit de travailler.
Page facebook de Evo Morales
Je veux que le peuple bolivien sache que je n’ai pas besoin de m’échapper pour prouver que je vole quelque chose. A ceux qui disent que nous n’avons pas travaillé, voyez les milliers réalisations construites grâce à la croissance économique. Les humbles, les pauvres qui aiment le pays vont continuer ce combat.
Nous sommes dans le gouvernement depuis 13 ans, 9 mois et 18 jours grâce à l’unité et à la volonté du peuple. Nous sommes accusés de dictature par ceux qui nous ont perdu lors de tant d’élections. Aujourd’hui, la Bolivie est un pays libre, une Bolivie inclusive, de dignité, de souveraineté et de force économique.
- D’après le ministre de la Santé, la police putschiste tente d’arréter Evo Morales, tandis que sa maison a été mis à sac.
Constitutionnellement c’est la présidente du Sénat qui est désormais présidente, Adirana Salvatierra, mais elle est également contrainte à la démission.
De Chimore, dans le département de Cochabamba, Morales appelle à la résistance » nous reviendons, nous serons des millions, comme Tupac Amaru l’a dit »
Face aux violences putschiste, le Mexique a offert l’asile dans son ambassade à la Paz à Evo Morales et 20 personnalités de l’executif.
L’ex président de l’Uruguay Pepe Mujica a condamné le coup d’état et apporté son soutien à Evo Morales. Tout comme Lula, Nicolas Maduro, Bruno Rodriguez Parilla. Le président élu d’Argentine, Fernandez a lui ausis condamné le coup d’état contre le président Evo Morales.
Sur les réseaux sociaux, les hastag #BoliviaUnida #GolpeDeEstadoEnBolivia #EvoPresidenteLegitimo #EvoNoEstasSolo #BoliviaDijoNo en tête des tendances montrait l’opposition populaire massive, tandis que des hordes de policiers putschistes s’en prennent aux élus du MAS, arretant la présidente du tribunal électoral. Des témoignanes rapporte également que la répression vise également les quartiers populaires.
Communiqué du ministère des affaires étrangères de Cuba
Le 20 octobre, par une jour d’élection avec une participation populaire très large, le peuple bolivien a élu comme président de l’État plurinational de Bolivie, Evo Morales Ayma. L’histoire victorieuse de l’Evo, en opposition aux manœuvres de la droite locales, de l’impérialisme et sous une guerre médiatique, est un triomphe de la Grande Patrie.
Au mépris des institutions électorales et du vote populaire exprimé dans les urnes, des secteurs de l’opposition bolivienne, avec l’appuis et sous la conduite des Etats Unis d’Amériques, de l’oligarchie regionale, ont mis en marche un coup d’état dont l’objectif est d’escamoter le vote du peuple bolivien et son résultat électoral. La stratégie putschiste de l’opposition a eu pour résultat de plonge le pays dans des journées de violence, avec pour conséquences des morts, des centaines de blessés et l’expression condamnable du racisme contre les peuples autochtones.
Le Président de la République de Cuba, Miguel Díaz-Canel Bermúdez, a déclaré que se déroule un coup d’état contre le Président légitime de la Bolivie et que l’opposition se refuse à reconnaitre sa défaite dans les urnes et a recours à la violence et à la force contre l’ordre constitutionnel.
Nous denonçons énergiquement le coup d’état en court contre le président légitime de la Bolivie et appellons tous les secteurs concernés à mettre fin à cette manœuvre dangereuse, qui constitue une menace pour la stabilité de la Bolivie et de toute la région.
Nous soutenons l’appel du président Evo Morales Ayma, qui, dans une manifestation d’équanimité et d’envergure politique, a convoqué les forces politiques à une table de dialogue pour la paix en Bolivie, et appelé les organisateurs de manifestations violentes à une « réflexion en profondeur » et exhorté le peuple à se mobiliser pour défendre la démocratie.
Nous exprimons le ferme soutien du gouvernement et du peuple cubain au camarade Evo Morales Ayma, président élu légitime de la Bolivie, et au processus de changement que cela amène en faveur de la grande majorité, ce qui montre des succès indéniables dans une croissance économique admirable et dans des avancées extraordinaires. réalisations sociales, en particulier la revendication des peuples autochtones. Nous appelons la communauté internationale à se rallier à la légalité et à la paix, dans le respect du droit international et des principes de la pDéclaration de l’Amérique latine et des Caraïbes en tant que zone de paix et à condamner l’aventure putschiste de l’impérialisme et de l’oligarchie .
La Havane 9 novembre 2019
La longue campagne du « Tout sauf Evo »
9 novembre 2019 Par Maurice Lemoine, spécialiste de l’amérique latine
résident aymara, paysan et syndicaliste, symbole d’une Bolivie nouvelle, appuyé depuis janvier 2006 sur une base « indigène et plébéienne »
(pour reprendre les termes de son vice-président Álvaro García Linera),
Evo Morales se représentait le 20 octobre pour un troisième mandat
consécutif. Pour être élu au premier tour, tout candidat devait obtenir
au moins 50 % des suffrages ou recueillir 40 % des voix avec une avance
de 10 points sur le deuxième (article 167 de la Constitution), un second
tour étant prévu le 15 décembre en cas de nécessité.
Dans une Amérique latine bousculée par une série de crises politiques
et économiques parfois aiguës, le pays, de l’avis des observateurs de
tous bords, se porte exceptionnellement bien. La nationalisation des
ressources stratégiques [1]
et la redistribution des recettes de l’Etat ont permis une stabilité
politique inédite (si l’on excepte quelques épisodes de tensions et de
contestations) grâce à la mise en place de programmes d’accès au
travail, à l’éducation et à la santé. Dans un contexte de croissance
soutenue, le PIB a bondi de 9 milliards de dollars à plus de
40 milliards, les réserves de change se maintiennent à la hausse,
l’inflation est maintenue sous contrôle, le salaire réel a augmenté et,
de 59,9 % en 2005, le taux de pauvreté était descendu à 36,4 % fin 2017
(l’extrême pauvreté passant de 38 % à 15 %, soit une baisse de
23 points). On évitera le mot « miracle », beaucoup restant à faire,
mais l’appréciation positive de tels résultats dans le pays considéré
depuis des lustres comme « le plus pauvre d’Amérique latine » n’a rien
d’une vue de l’esprit.
Malgré un tel bilan, cette dernière élection se présente sous un jour
moins favorable que les précédentes, remportées haut la main par
Morales au premier tour, avec une confortable majorité. Après treize
années de pouvoir, la très classique « usure » a fait son apparition.
Des pans de population sortis de la pauvreté ne s’identifient plus au
Mouvement vers le socialisme (MAS) qui leur a permis une telle
ascension ; pour des raisons inverses, tout en bas de l’échelle, ceux
qui ont le moins progressé expriment leur déception ; d’une façon plus
générale, à l’élan initial d’une « refondation plurinationale » mettant
le pays cul par dessus tête se sont substitués des progrès désormais
plus lents et, avec leurs inévitables scories, de moins enthousiasmantes
« bureaucraties », « gouvernance » et « normalité ».
En soi, et s’il doit être pris en compte, ce nouveau panorama n’a rien
de catastrophique pour la mouvance progressiste à la veille du scrutin,
Evo Morales demeurant largement en tête de toutes les projections.
Néanmoins, il apparaît tout aussi clairement qu’une victoire au premier
tour est hautement souhaitable pour lui. Très divisée, la droite part
perdante, mais serait susceptible, dans un éventuel second tour, malgré
ses divergences et ses rivalités, de se regrouper autour d’un vote dur
« Tout sauf Evo ».
Dans ce contexte, Morales affronte au tout premier chef le postulant
conservateur le mieux placé dans son camp, à la tête de l’alliance
Communauté citoyenne (CC), Carlos Mesa. Journaliste aisé, historien, ce
candidat (centriste d’après L’Obs, de « centre droit », selon Courrier International !) a été vice-président de… l’ultralibéral Gonzalo Sánchez de Lozada – dit « Goni » – élu en 2002 après avoir battu « el Indio » Morales avec une différence minime, mais acceptée par ce dernier, de 1,41 % des voix [2].
Chiens de garde de George W. Bush, Otto Reich (secrétaire d’Etat
assistant pour l’hémisphère occidental) et Roger Noriega (ambassadeur
devant l’Organisation des Etats américains [OEA]), avaient menacé
d’imposer des sanctions à la Bolivie si « Evo » était élu.
Corruption, ouverture économique, privatisations, projet d’impôt
nouveau sur les salaires, éradication forcée et brutale de la coca…
Débordé après des semaines de manifestations et malgré une répression
féroce se soldant par plus de 70 morts et des centaines de blessés,
Sánchez de Lozada s’enfuit à Miami le 17 octobre 2003. Doté d’un certain
sens de l’opportunité politique, le premier de ses collaborateurs,
Mesa, lui succède, comme le lui permet la Constitution, plutôt que de
démissionner. Il gouvernera jusqu’en mai 2005, chahuté par une
contestation sociale permanente menée, entre autres, par Evo Morales,
son principal opposant. Lequel, le 28 août suivant, mettant en échec et
la droite et Washington, appuyé sur une base majoritairement indigène,
mais aussi sur des secteurs urbains, les corporations, les coopératives,
les retraités et des cohortes de métis professant un discours à
l’accent « national », sera élu une première fois avec 53,74 % des voix.
Sans surprise, au soir du scrutin du 20 octobre dernier, les premiers
résultats du comptage préliminaire du Tribunal suprême électoral (TSE)
donnent le binôme Morales-García Linera (vice-président) en tête.
Toutefois alors que 83 % des votes ont été comptabilisés, ce duo ne
dispose toujours pas des 10 points de différence nécessaires à un succès
immédiat (45,28 % – 38,16 %). Si Mesa et ses soutiens crient
immédiatement victoire, dans la perspective d’un second tour inédit
qu’ils annoncent absolument certain, le camp du chef de l’Etat sortant
ne s’émeut pas pour autant. Les 17 % de votes encore non pris en compte
correspondent aux zones paysannes et indigènes les plus lointaines,
éparpillées et isolées, dépourvues d’Internet (pour l’envoi des PDF des
procès verbaux) et de modernes voies de communication. Des espaces très
majoritairement favorables à « Evo », dont ils constituent la base
sociale et une importante réserve de voix.
Cet élément incontestable (car constaté lors des élections
précédentes) aura été soit oublié soit gommé lorsque, le 21, après une
nuit de silence de la page Web du TSE jugée « suspecte » voire « scélérate »
par l’opposition, tombe le bilan quasiment définitif, mais déjà
contesté : « Evo Morales l’emporte au premier tour ». Une information
confirmée le 24 vers 18 heures, après dépouillement de 99,81 % des
bulletins, lorsque le TSE indiquera que le chef de l’Etat socialiste
bénéficie de 47,06 % des suffrages contre 36,52 % à Mesa [3].
Un écart supérieur aux fameux 10 points de pourcentage et qui, portant
sur plus de 600 000 voix, se révèle irrattrapable pour l’opposant.
Dès le lundi 21, Mesa a dénoncé « une fraude scandaleuse » et accusé le TSE d’être « une honte pour le pays ». L’appuyant implicitement, le chef de la délégation de l’OEA, l’ex-ministre des Affaires étrangères du Costa Rica, Manuel González Sanz, a de son côté critiqué l’interruption du comptage rapide intervenue dans la nuit du 20 au 21 et manifesté sa « profonde préoccupation et surprise pour le changement de tendance » constaté le lundi matin. Alors que, à l’appel de Mesa, se produisent les premières mobilisations et violences à Potosí, Oruro, Tarija et Chuquisaca, l’OEA va plus que vite en besogne : dès le mercredi 23, alors que le TSJ n’a pas encore rendu public le résultat définitif, la mission d’observation électorale de l’organisation interaméricaine estime que la « meilleure solution » serait de déclarer un ballottage entre les deux candidats. L’Union européenne fait encore plus fort en appelant le 24 à « mettre un terme au processus de dépouillement en cours » et à organiser directement un second tour « pour rétablir la confiance et s’assurer du respect du choix démocratique du peuple bolivien ». Les Etats-Unis et leurs comparses du Brésil, de l’Argentine et de la Colombie ne disent pas autre chose. L’Eglise catholique bolivienne abonde dans leur sens.
Il n’en faut pas plus pour que les professionnels de la plume, de la
caméra et du micro se mettent de la partie. Dans le registre absurde,
s’agissant de Radio France Internationale (RFI) qui
titre le 22 avril, évoquant les injonctions de Fernando Camacho,
président fascisant du Comité Pro-Santa-Cruz (la plus grande et plus
riche ville du pays) : « Présidentielle en Bolivie : la société civile
appelle à une grève de 24 heures [4] ».
Est-ce à dire que les 2 889 359 électeurs qui ont porté Evo Morales en
tête du scrutin (contre 2 240 920 à Mesa) n’appartiennent pas à la dite
« société civile » ? Peut-être s’agit-il d’extraterrestres ! A moins,
bien entendu, qu’il ne s’agisse d’« Indios de mierda » –
expression fréquemment employée par l’ « élite » raciste blanche de
Sucre (la capitale) et Santa Cruz, et que nous traduirons pudiquement
par « misérables Indiens »…
Chacun dans son style, de la presse conservatrice à la gauche « pensée
conforme » (et en particulier Attac, pour ne citer avec accablement que
cette organisation [5]),
une tendance se dégage – émergée en réalité depuis déjà de longs mois :
Evo Morales se présente alors que les Boliviens lui ont dit « non » en
2016 à l’occasion d’un référendum portant sur la possibilité d’un
troisième mandat consécutif, alors que la Constitution (article 168)
n’en autorisait que deux ; il est donc, en s’ « accrochant au pouvoir »,
à la manière d’un « caudillo », pour ne pas dire d’un « dictateur en puissance », le responsable de la situation [6].
Sauf bien sûr à rappeler dans quelles conditions a eu lieu, en 2016, le référendum en question.
Deux ans auparavant (le 12 octobre 2014), Morales avait été réélu avec 61,36 % des voix, son parti, le MAS, obtenant les deux tiers des sièges de l’Assemblée législative. Depuis, les forces conservatrices continentales étaient repassées à l’offensive. En témoignait la violente tentative de déstabilisation de Nicolás Maduro au Venezuela. En Bolivie, d’aucuns au sein du parti au pouvoir – « el oficialismo » – envisageaient l’avenir avec circonspection. De par sa personnalité, Evo Morales constitue le pivot central de l’archipel des mouvements sociaux. Sans lui, les forces du changement peineraient à demeurer unies. Il n’y a qu’un fou pour changer de cheval au milieu du gué ! Les « masistas » (militants du MAS) firent très tôt pression pour l’organisation d’un référendum permettant une réélection de leur leader,alors non autorisée. Loin des débats abstraits sur la démocratie, les militants et citoyens font ceci ou cela en fonction du contexte : ni bien ni mal, c’est pragmatique et opportun. L’alternance « obligatoire » ne garantit en tant que telle ni la volonté générale ni la stabilité politique, encore moins le maintien des programmes sociaux. Or, à l’exception de quelques points noirs, dont l’affaire de corruption ayant permis à une vingtaine de mandataires et élus du MAS de piller le Fonds indigène (une institution de développement rural), y laissant un trou évalué à 14,6 millions de dollars, le bilan économique et social du chef de l‘Etat était largement positif. Même si, dans le cadre d’un référendum, le choix entre de simples « oui » et « non » devait unir tous ses adversaires, « Evo » avait toutes les chances de l’emporter. Les « masistas » le savaient. L’opposition aussi.
Depuis 2014, le chargé d’affaires Peter Brennan est le diplomate de plus haut rang présent dans l’ambassade des Etats-Unis en Bolivie. En 2008, l’ambassadeur Phillip Goldberg a été expulsé pour son implication dans la tentative de renversement d’Evo Morales à laquelle a participé en tout premier lieu le Comité civique pro-Santa Cruz, dirigé alors par l’homme d’affaires extrémiste bolivo-croate Branko Marinkovic (en cavale depuis 2010 au Brésil, après un passage par les Etats-Unis). En poste au Nicaragua entre 2005 et 2007, Brennan s’y est fait remarquer par ses liens étroits avec les groupes et partis antisandinistes. Après un passage par le Costa Rica, il prend en charge la coordination des Affaires cubaines du Département d’Etat. Arrive en Bolivie en 2014. S’y lie ouvertement avec l’alpha et l’oméga de l’opposition. Y rencontre, le 11 décembre 2015, dans le luxueux hôtel « cinq étoiles » Los Tabijos, de Santa Cruz, un certain Carlos Valverde. Journaliste de son état. Mais aussi ex-chef des services de renseignements boliviens entre 1989 et 1993, en pleine ère néolibérale, sous la présidence de Jaime Paz Zamora.
Par le plus grand des hasards, l’ « affaire » éclate peu de temps
après, en pleine campagne pour le référendum du 21 février. Et alors
que, créant un sentiment d’échec et de reflux général, les gauches
continentales « amies » du MAS se trouvent en difficulté. Au Venezuela,
en s’appuyant sur une féroce « guerre économique », la droite a remporté
les élections législatives. L’Argentine a pour nouveau chef de l’Etat
le néolibéral Mauricio Macri. Au Brésil, vient d’être lancée une
procédure d’« impeachment » contre la présidente Dilma Rousseff.
Les vents médiatiques ne demandent qu’à accompagner le mouvement en
l’étendant à la Bolivie : pour n’évoquer que lui, car il exerce une
influence certaine, le quotidien espagnol El País a déjà titré (4 janvier) : « Evo Morales transgresse les normes à la recherche d’une réélection ».
Le 5 février, dans son émission « Todo por Hoy » (« Tout pour aujourd’hui ») diffusée depuis Santa Cruz par Activa TV,
Carlos Valverde lance l’ « opération » en dévoilant l’acte de naissance
du fils qu’aurait eu en 2007 Evo Morales avec une petite amie secrète,
une militante du MAS de 28 ans sa cadette, Gabriela Zapata. Jusque-là,
rien de véritablement scandaleux (sauf pour les grenouilles de
bénitier). Toutefois, sans compétences particulières, Zapata est devenue
en 2013 gérante d’une firme de BTP chinoise, CAMC Engineering Co
(CAMCE), qui a conclu, grâce à la proximité de cette cadre supérieure
avec le président, des contrats de l’ordre de 566 millions de dollars
avec l’Etat. Un trafic d’influence aussi scandaleux qu’évident !
Dès le lendemain, en conférence de presse, Morales donne sa version des faits. En résumé : oui, il a bien eu une liaison avec la jeune femme entre 2005 et 2007, année au cours de laquelle ils ont eu un enfant, qu’il n’a jamais vu, le bébé étant malheureusement décédé très rapidement ; le couple s’est séparé immédiatement après et a rompu tout contact ; Morales ignorait que son « ex » travaillait pour CAMCE.
Un bon scandale doit comporter une image en laquelle l’imagination du
public puisse s’investir. Les médias boliviens dégoulinent de photos et
de commentaires sur la vie luxueuse (bien réelle) de « la maîtresse
d’Evo ». Les réseaux sociaux débagoulent, dégoulinent, racontent
n’importe quoi, passés maîtres dans l’art de blesser et de faire
suppurer la plaie. L’intégrité du chef de l’Etat – jusque-là sa force
principale – est plus qu’écornée. La presse internationale s’en donne à
cœur joie avec ce qui devient une passionnante « telenovela ».
Une telle « indignité » provoque un fort sentiment de réprobation au
sein des classes moyennes et dans les secteurs urbains. La campagne de
presse atteint son paroxysme. « Les intentions de vote pour le non
augmentent en raison du scandale qui affecte Gabriela Zapata et Evo » :
d’après les quotidiens Página Siete, Los Tiempos et Correo del Sur, qui ont commandité une enquête, le « non » s’impose désormais très largement sur le « oui » – 47 % contre 28 % [7].
Deux jours avant l’échéance, des groupes d’étudiants de l’Université
publique d’El Alto, immense urbanisation qui surplombe La Paz,
paralyseront le centre de cette dernière aux cris de « Evo, Zapata, rendez l’argent ! »…
Tous les opposants ne forment alors qu’une seule et belle famille,
depuis l’ex-président Carlos Mesa (droite), les gouverneurs de Santa
Cruz, Rubén Costas (droite extrême), et de La Paz, Félix Patzi
(autoproclamé « indigène lettré »), en passant par l’ancienne ministre
de la Défense Cecilia Chacón (démissionnaire en 2011 après une
répression de manifestants), l’indigénisme radical et communautariste
(hostile depuis toujours à « Evo ») et l’ultragauchiste Parti ouvrier
révolutionnaire (POR). Rebaptisée « mobilisation citoyenne », cette
sainte alliance dénonce fort classiquement, et à l’avance, une
« fraude » à venir lors du référendum – le Tribunal électoral étant
composé de « sympathisants du MAS », on l’aura compris.
Malgré cette fraude annoncée (au cas où !), le chef de l’Etat perd une bataille électorale pour la première fois en dix ans. Avec une participation de 84,47 %, 51,3 % des Boliviens se prononcent contre la réforme de la Constitution lui permettant de briguer un nouveau mandat. Détail dont on pourrait dire qu’il a son importance : ponctuée de dénonciations de tricheries et d’irrégularités, la tension fut énorme durant les deux jours qui suivirent le scrutin. C’est en effet le laps de temps qui fut nécessaire pour l’annonce d’une tendance irréversible par le TSE. Comme cette année…
Soixante mille voix de différence sur un corps électoral de 6,2 millions de personnes. La « fake news »
a atteint son objectif de très peu. Mais elle l’a atteint. Lorsque la
vérité va se faire jour, révélant l’ampleur de la manipulation, il sera
malheureusement trop tard… La défaite d’Evo est consommée.
Dès le 21 février, accusée d’ « enrichissement illicite et trafic
d’influence », Zapata est arrêtée et placée en détention préventive. Une
semaine plus tard, en conférence de presse, le vice-président García
Linera produit des photos de ses frère et sœur (Paola et Gabriel) en
compagnie de politiciens d’opposition – les députés Norma Piérola et
Shirley Franco, l’ex-président Jorge « Tuto » Quiroga et Samuel Doria
Medina (riche homme d’affaires, candidat à la présidence en 2005, 2009
et 2014). La connivence tombe fort heureusement dans les oubliettes
quand, le lendemain, Pilar Guzmán, la tante de Gabriela Zapata, provoque
un tsunami. L’enfant du président, Ernesto Fidel, a 8 ou 9 ans et il
est bien vivant. « Il est le fils de M. Evo Morales. Je ne sais pas pourquoi ils ont dit ça. Je ne sais pas ce qui les a poussés à mentir », déclare-t-elle sur la chaîne PAT TV.
Tombant manifestement des nues, le président demande à voir l’enfant, dont les avocats de Zapata ont confirmé l’existence : « J’ai le droit de connaître mon fils, c’est mon devoir de le soigner, de le protéger »,
déclare-t-il le 29 février. Les proches de l’intrigante font durer le
suspens tandis que surgissent des photos sur lesquelles cette dernière
apparaît en compagnie d’un gamin. Il faudra que le président ait recours
à la justice pour qu’un garçon de 11 ans soit présenté le 12 avril à
l’autorité compétente. Prenant l’initiative de se soumettre à un test
ADN de paternité, Evo Morales se voit opposer le refus de Zapata quand
il réclame une démarche similaire sur elle-même et leur enfant supposé.
Après de nouvelles péripéties, il s’avèrera que Zapata a menti
lorsqu’elle a fait croire à Morales en 2007 qu’ « ils » avaient eu un
bébé (puis qu’il était décédé) ; que l’acte de naissance présenté au
début de l’affaire par le « journaliste » Valverde était un faux (le nom
du bébé ne figurant dans aucun registre de l’hôpital où il était censé
avoir vu le jour) ; et que l’enfant présenté en cette année 2016 à la
juge de la famille par Pilar Guzmán, la tante de Zapata, n’était en
aucun cas le fils de cette dernière (et donc encore moins d’ « Evo »).
L’ensemble des révélations mènera à l’arrestation de Pilar Guzmán
ainsi qu’à la détention des avocats Eduardo León, William Sánchez et
Walter Zuleta, accusés d’avoir monté cette supercherie en sa compagnie. « Il
a été offert de payer la pension au collège de l’enfant jusqu’à son
baccalauréat et d’offrir un terrain et une somme, entre 5 000 et 15 000
dollars, aux parents de ce mineur », révélera le procureur général
Ramiro Guerrero en juin. Sa propre mère était chargée d’apprendre ses
« éléments de langage » au supposé fils du président. Ces révélations
feront, entre parenthèses, une autre victime de poids : la chaîne
d’information en continu étatsunienne CNN qui venait d’expédier en urgence un « envoyé spécial » à La Paz pour obtenir un « scoop » spectaculaire et politiquement intéressant grâce à l’autorisation d’interviewer l’enfant.
Sentant le vent du boulet se rapprocher à grande vitesse, l’initiateur
de tout ce roman, le « journaliste » Valverde, avait lui, dès le 18
avril, pris les devants : « J’ai eu accès à une information sérieuse (sic !) qui confirme que le fils supposé de GZapata et du président Morales n’existe pas. »
A ce volet « people » du « Zapatagate » qui combla
les médias, s’ajoutera le démontage, plus modestement couvert, du
supposé « scandale de corruption ». Celui-ci eut pour cadre un bureau du
Ministère de la Présidence destiné par le passé à la « Première Dame »
(figure éliminée avec l’arrivée du célibataire Evo Morales au pouvoir).
Avec la complicité de deux fonctionnaires du ministère et de comparses
extérieurs pour établir les contacts, dont l’avocat d’affaires Walter
Zuleta, Gabriela Zapata y recevait des entrepreneurs. Arguant de son
« intimité » avec le président et de d’une supposée proximité avec un
certain nombre de ministres, elle signait au nom de l’Etat des
« accords » et des « autorisations » (permettant, par exemple, d’ouvrir
des maisons de jeux), moyennant d’importants pots de vin (ses
transactions bancaires se montèrent à 700 000 dollars l’année précédant
son arrestation).
S’agissant des contrats signés avec CAMCE, l’enquête démontra qu’ils
étaient antérieurs au recrutement de Zapata par la firme. Ils avaient
pour raison majeure le fait qu’ils conditionnaient l’octroi d’un prêt
par la Chine (pour la réalisation des travaux dont CAMCE obtenait la
responsabilité). On apprit même que l’entreprise avait été soumise à une
amende de 21 millions de dollars et à une interdiction de participation
à des licitations pendant trois années pour ne pas avoir respecté
certaines de ses obligations. En d’autres termes, le pseudo scandale
retomba comme un soufflé [8].
Le pouvoir et ses partisans ont depuis fait du 21 février (date du
référendum de 2016) le « Jour du mensonge ». Une enquête effectuée par
Market Opinion Research International (Mori) le confirma à sa manière en
révélant ultérieurement qu’à la question « le cas Zapata vous a-t-il
influencé au moment de voter ? », 53 % des personnes interrogées ont
répondu « oui ». C’est donc à juste titre que Juan Ramón Quintana, ex
(2006-2010 puis 2012-2017) et actuel ministre de la Présidence, pouvait
annoncer en décembre 2016 : « Oui, de fait, nous discutons avec les
mouvements sociaux de la possibilité de remettre en question les
résultats du 21 février. (…) Cela a été un coup [au sens de coup d’Etat]
politico-médiatique. L’une des preuves les plus fortes est la relation
entre l’auteur de la dénonciation sur le supposé fils d’Evo et
l’ambassade nord-américaine. Et ce qu’a signifié la triangulation
politique de l’ambassade des Etats-Unis (…) avec le
comportement des médias, des analystes et des laboratoires d’opinion
publique qui fonctionnent à travers les réseaux sociaux. Il y a des
preuves tangibles, irréfutables, qu’il s’est agi d’une conspiration [9]. »
Etait-il donc dès lors illégitime de remettre en cause cet attentat à
la démocratie ? Envolés les grands principes : il semblerait que, pour
les acteurs du formatage de l’opinion, la réponse est « oui ».
Lorsqu’elle défend une cause qui lui paraît juste, la gauche
latino-américaine, elle, n’a pas l’habitude de la reddition. Dans le
cadre d’intenses cogitations sur des solutions alternatives légales, le
MAS met dès lors quatre options sur la table, toutes compatibles avec la
Constitution politique de l’Etat (CPE) : la réalisation d’un nouveau
référendum, cette fois d’initiative citoyenne [10] ;
une réforme de la Constitution en utilisant la majorité des deux tiers
au sein de l’Assemblée législative ; une démission du président, lui
permettant de se représenter de façon « non consécutive » (le
vice-président terminant le mandat) ; un recours au Tribunal
constitutionnel plurinational (TCP) basé sur l’article 256 de la
Constitution, lequel considère que les traités internationaux signés ou
ratifiés par la Bolivie et comportant des droits « supérieurs »
prévalent sur la dite Constitution.
Il se trouve que l’article 23 de la Convention américaine relative aux
droits de l’Homme (CADH), adoptée à San José (Costa Rica), le 22
novembre 1969, mentionne explicitement, s’agissant des droits politiques
des citoyens, que ces derniers doivent pouvoir : « participer à la
direction des affaires publiques, directement ou par l’intermédiaire de
représentants librement élus ; d’élire ou d’être élus (…). » Seules exceptions à cette possibilité « d’élire ou d’être élus » : « (…) des
motifs d’âge, de nationalité, de résidence, de langue, de capacité de
lire et d’écrire, de capacité civile ou mentale, ou dans le cas d’une
condamnation au criminel prononcée par un juge compétent. » Aucune
mention d’une éventuelle limitation du droit des citoyens à choisir un
candidat et, pour ceux-ci, à se présenter pour plusieurs mandats
populaires, consécutifs ou non.
En se basant sur cet argument, la Cour constitutionnelle du Costa Rica a permis en 2006 la réélection, interdite jusque-là, du social-démocrate Óscar Arias (sans un haussement de sourcils de la « communauté internationale »), son équivalente colombienne a fait de même pour le maintien au pouvoir, la même année, du plus que droitier Álvaro Uribe (avec juste quelques signes de désapprobation) et la décision de la Cour de justice nicaraguayenne a autorisé la candidature et la réélection du sandiniste Daniel Ortega en 2016 (soulevant cette fois, comme pour « Evo », un hourvari d’indignation).
Le 28 novembre 2017, répondant à un recours déposé par plusieurs
parlementaires du MAS, le Tribunal constitutionnel invalide le résultat
du référendum, au motif que la campagne des partisans du « non » a été
diffamatoire et donc illégale. Le lendemain, la reconnaissance de la
primauté de l’article 23 de la CADH supprime la limite d’un seul
renouvellement consécutif visant la fonction de chef de l’Etat (mais
aussi celles de vice-président, de gouverneur et de maire). A ceux qui
acceptent sans barguigner que Jean-Claude Junker ou Angela Merkel
puissent respectivement gouverner le Luxembourg et l’Allemagne pendant
vingt années, mais paniquent en voyant le « maintien perpétuel » au
pouvoir d’un président latino (surtout quand il est de gauche), le
président du Tribunal rappelle que, en tout état de cause, c’est
l’électorat bolivien qui conservera « le dernier mot » Par son vote à l’occasion des prochains scrutins.
Ce genre d’argument raisonnablement acceptable ne convainc pas tout le
monde (ça se sent ces choses-là !). Vingt-quatre heures ne se sont pas
écoulées que l’administration de Donald Trump demande au président
bolivien de respecter et la Constitution et le référendum de 2016, et de
renoncer à se présenter. Le Sénat américain en fait autant. Leur petit
soldat Luis Almagro, secrétaire général de l’OEA, renchérit. Après avoir
noué sa plus belle cravate, Carlos Mesa s’envole pour Washington.
Lorsqu’il revient, après une série de réunions avec hauts fonctionnaires
et sénateurs américains, il annonce qu’il va rétablir les relations
diplomatiques au plus haut niveau. Certes, il n’est pas encore
président, mais la campagne « La Bolivie a dit non » vient de prendre
son élan.
Ici, l’inventaire sera bref des multiples modalités de son développement. On se contentera de quelques épisodes significatifs. Fin juillet 2018, Jorge « Tuto » Quiroga et Carlos Mesa déclarent que le thème de la réélection va générer une tension qui mènera l’opposition « à une situation que nous ne désirons pas : la violence [11] ». Plus concrètement, Mesa propose de déterminer un « Jour D », à partir duquel sera mis en place un agenda concret pour empêcher Evo Morales de se présenter. Le 10 octobre, dans tous le pays, de multiples manifestations se déploient pour exiger le respect du « référendum ». Celle de La Paz, très « classes moyenne et supérieure métisses et blanches », à laquelle participent Carlos Mesa et Samuel Doria Medina, a été convoquée par une coalition baptisée Comité national de défense de la démocratie (Conade) et par (cela devient un grand classique dans les crises internes latino-américaines)… l’Assemblée permanente des droits humains de Bolivie (APDHB). Correspondante des grandes multinationales du secteur – Amnesty International (AI), Human Right Watch (HRW), Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) –, l’APDHB a connu de fortes divisions et des ruptures internes du fait de son appui implicite et explicite à l’opposition. Sa directrice Amparo Carvajal, une religieuse espagnole, n’hésite pas à déclarer qu’elle était mieux écoutée par le pouvoir « du temps de la dictature [1964-1982] » [12].
Conséquence directe… Quand, immédiatement après le scrutin du 20 octobre, l’opposition lancera ses premières actions, délibérément violentes, sans qu’on ne détecte une quelconque apocalypse de violence policière, Amnesty sera déjà dans les « starting blocks » (24 octobre), impatiente de mettre la Bolivie à son tableau de chasse, après le Venezuela et le Nicaragua : « Jusque-là, la réponse des autorités boliviennes face aux manifestations a été très alarmante et démontre un mépris pour les droits humains. Nous surveillons leurs actions et les engageons à ne pas avoir recours à une force excessive [13]. »De son côté, et alors qu’au Chili les militaires de Sebastian Piñera répriment sauvagement, gazent, éborgnent et tuent, José Miguel Vivanco, au nom de Human Right Washington (également connu sous le nom de Human Right Watch) établit une claire hiérarchie dans ses priorités : il demande à son compère Luis Almagro et à l’OEA l’application de la Charte démocratique à… la Bolivie, en raison de la « fraude » constatée lors de l’élection.
Tout aura été essayé. Pour empêcher Morales de se présenter, l’opposition en a appelé à la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), à l’OEA, au Brésil, à la Colombie et même directement à Donald Trump. En interne, les tristement célèbres Comités civiques, à la tête du combat lors de la tentative de déstabilisation de 2008, ont fait leur réapparition. Il s’agit d’instances « citoyennes » et de plateformes représentant certains secteurs économiques et/ou d’extrême droite, agissant en dehors des partis politiques (mais souvent en phases avec ceux-ci). Ils annoncent sans fioritures qu’ils ne reconnaîtront pas le résultat électoral si Morales l’emporte, traitent le gouvernement de « dictature » et proposent le « fédéralisme » comme moyen d’en finir avec l’Etat central (comme en 2008, précisément).
Aucune manœuvre, la plus agressive soit-elle, n’y a pu rien changer : jusqu’à preuve du contraire, Evo Morales a été élu (et, dans le cadre des législatives, le MAS a obtenu la majorité). L’opposition conteste le résultat de la présidentielle. Sur quelle base ? Vice-président du Tribunal électoral, Antonio Costas a certes démissionné en invoquant lui aussi l’arrêt du flux des résultats le 20 au soir. « Il y a eu une alerte à l’attaque informatique, a-t-il ultérieurement déclaré, gérée avec maladresse, mais la pagaïe technique [d’où la raison de sa colère] n’a pas changé la véracité des résultats [14]. »
Insuffisant apparemment pour que l’OEA et l’Union européenne, par leurs déclarations précipitées, n’encouragent et ne renforcent ouvertement les velléités d’insurrection de l’opposition. Des prises de positions très contestables pour le Mexique, dont la représentante à l’OEA, Luz Elena Baños, affirmait dès le 23 octobre que la mission d’observateurs s’était éloignée « des principes d’objectivité et de non intervention dans les affaires internes du pays » et mettait en garde sur « le risque d’instrumentalisation politique des missions d’observation électorale [MOE], un outil technique devant être utilisé pour améliorer la qualité des processus démocratique. »
Pas de second tour ! Mais, a précisé la présidente du Tribunal électoral, l’institution n’a rien à cacher : « Nous
sommes disposés à l’organisation d’un audit électoral, et nous allons
le faire. Tout comme nous avons accueilli des observateurs électoraux. »
Les affrontements ont commencé entre la « mobilisation démocratique »,
emmenée par Mesa et les dirigeants des Comités civiques, et les
électeurs du président mobilisés pour défendre la… démocratie. Le Conade
et les comités civiques de La Paz, Potosí, Chuquisaca, Cochabamba,
Oruro, Tarija, Beni et Santa Cruz décrètent une grève générale pour
obtenir « un second tour ». « Où je vais en prison, où je vais à la présidence »,
a déclaré Mesa. Mais, alors qu’il soutient cette grève, il refuse de
participer à l’audit des résultats électoraux, qui démarrera le 28.
Pourtant conforme à ce qu’il prétend réclamer puisque, après accord
entre le gouvernement et l‘organisation, des experts de l‘OEA le
mèneront (de même que des « pays amis », le Mexique, le Paraguay, le
Pérou et l’Espagne).
A partir de ce moment débutent l’escalade. Les manifestations des
« contre » et des « pour » se multiplient. Avec leur lot de chocs entre
les deux camps. La police doit intervenir pour séparer les manifestants
pro et anti Morales à Santa Cruz (le 28). Les anti-« Evo » paralysent le
centre des villes ; les « pro » menacent d’utiliser les méthodes de
« blocus » déjà envisagées en 2008.
En organisant un référendum illégal, Santa Cruz s’était alors
déclarée « autonome » (comme les autres Départements d’opposition, tous
sur les basses terres : Beni, Pando et Tarija). Mais les putschistes
avaient oublié un détail : « S’ils tiennent la ville, les banlieues
et les zones rurales environnant Santa Cruz sont majoritairement habités
par des paysans colonisateurs, Indigènes immigrés des hauts plateaux, nous avait confié à l’époque, sur place, un partisan du président. Ils
peuvent crier “autonomie, autonomie”, c’est nous qui contrôlons les
accès à la ville. S’il se passe quelque chose, il y aura une réponse
immédiate, ils sont encerclés ! »
De fait, ces derniers jours, mineurs, syndicalistes et paysans, les
secteurs qui historiquement ont appuyé le président, marchent sur La
Paz, Cochabamba, s’organisent à Santa Cruz, et ont commencé à établir
des barrages sur les routes qui relient Potosi à Sucre (la « ville
blanche ») et Cochabamba à Santa Cruz (la cité au racisme à fleur de
peau).
Aucun euphémisme n’y changera rien : il s’agit désormais d’une tentative de renversement d’Evo Morales. Alors que les experts de l’OEA sont à l’œuvre, Mesa a changé son fusil d’épaule. Il réclamait un second tour, il invoque maintenant la nécessité d’une nouvelle élection et, le traitant de « manœuvre destinée à maintenir Morales au pouvoir »… rejette l’audit de son très récent allié, l’OEA. Exprimerait-il ainsi un doute sur la possibilité de découvrir les « fraudes massives » qu’il a dénoncées ? Il est vrai que Mesa se trouve sous pression, car maintenant débordé sur son extrême droite. Le 2 novembre, après réunion avec certains dirigeants du Conade, le président du Comité civique pro-Santa Cruz, Luis Camacho, a donné 48 heures à Evo Morales pour démissionner. Outre les appels pressants et réitérés aux militaires (comme au Venezuela et au Nicaragua) le mot d’ordre devient « nouvelles élections générales sans Evo Morales » – réplique exacte du scrutin réclamé dans la République bolivarienne, « sans Nicolás Maduro ». Et, pour marquer leur territoire, les plus factieux parmi les factieux ont fait monter les enchères en précisant : « Ni Morales ni Mesa ». Ce qui a au moins l’avantage de diviser la droite… Mais laisse une question en suspens : à l’allure où vont les choses, qui sera le « Juan Guaido » des Andes, Mesa ou Camacho ?
La Paz, Cochabamba, Santa Cruz… Occupation des institutions publiques [15], menaces et agressions contre les « masistas » « Nous sommes à un pas de commencer à compter les morts par dizaine », a déclaré le 5 novembre le ministre de la Défense Javier Zavaleta, en invitant Camacho à contrôler ses « groupe de choc ». Sans résultat probant. Le conflit prend une très vilaine tournure. A Quillacollo, Feliciano Vegamonte, ex-dirigeant de la Confédération syndicale unique des travailleurs paysans de Bolivie (CSUTCB) est séquestré. Des scènes obscènes vécues en 2008 se répètent. Le 6 novembre, dans le « municipio » de Vinto (département de Cochabamba) où il a brûlé la mairie, un groupe de nervis a séquestré la mairesse Patricia Arce, membre du MAS, l’a traînée dans la rue, pieds nus, sur plusieurs kilomètres, avant de l’installer sur une tribune, devant une foule haineuse, pour la peindre en rouge et de lui couper les cheveux.
« L’agression sélective contre les citoyens et les forces de
sécurité, l’appel au soulèvement des Forces armées et de la Police
nationale, et finalement l’injonction faite au président Evo Morales,
sous la menace, de quitter le gouvernement sous 48 heures sont de
claires évidences qu’il y a en cours un coup d’Etat qui prétend briser
la vie démocratique de la Bolivie », a dénoncé le 4 novembre,
devant le Conseil permanent de l’OEA, le ministres des Affaires
étrangères Diego Pary. A-t-il été entendu ? Et quand bien même il le
serait…
On sera ici extrêmement prudent sur les possibles développements de la
crise à très court terme. Le 2 novembre, en affirmant qu’il respectera
le rapport élaboré par l’OEA au terme de l’audit de l’élection, Evo
Morales a ajouté espérer qu’il s’agira d’un « travail technique et juridique, et pas politique ».
Une préoccupation des plus compréhensibles. Dans son évidente certitude
que les résultats du scrutin sont fiables, et pour prouver sa bonne
foi, le pouvoir bolivien a accepté que les conclusions de l’audit et les
conséquences qui en découleront soient « contraignants ». C’est le
secrétaire général de l’OEA Luis Almagro qui recevra l’audit envoyé par
ses trente experts dans un premier temps, puis qui, par les canaux
diplomatiques, les transmettra au gouvernement du pays andin. En
d’autres termes : Almagro et l’OEA sont les maîtres d’un jeu dans lequel
Evo Morales et les siens se sont liés les mains.
Sans écarter l’hypothèse que des anomalies réelles soient détectées –
ce qui est après tout du domaine du possible, même pour un pouvoir ne
les ayant pas volontairement provoquées –, l’OEA, par définition, obéit
en priorité à Washington. Ses premières réactions, le lendemain du
scrutin, indiquent clairement dans quel sens souffle le vent.
Il se trouve qu’un fantastique bras de fer est engagé en Amérique
latine où d’aucuns avaient un peu hâtivement annoncé une « fin de
cycle ». Les tenants du conservatisme sont sur les dents. Ils ont
« perdu » en quelques mois le Mexique et l’Argentine. Le Venezuela, Cuba
et le Nicaragua résistent. Une grave crise institutionnelle secoue le
Pérou. Haïti brûle, l’Equateur s’est embrasé (et il n’y règne qu’une
relative accalmie), même les heureux bénéficiaires de l’ « oasis »
chilienne sont en cours de soulèvement.
Le 24 octobre, Almagro, la bave aux lèvres, dénonçait le rôle de Cuba
et du Venezuela dans la vague de « déstabilisations » affectant
l’Equateur, la Colombie et le Chili : « Les brises du régime
bolivarien impulsées par le madurisme et le régime cubain portent de la
violence, des saccages, de la destruction, et l’intention politique
d’attaquer directement le système démocratique et de forcer
l’interruption des mandats constitutionnels. » Cinq jours plus
tard, lors de l’inauguration de la 7e Réunion des ministres de
l’Intérieur des Amériques, le même Almagro félicitait le président
équatorien Lenín Moreno pour la façon dont il a jugulé le mouvement
social. Washington, suivi par ses principaux satellites Bogotá et
Brasilia veut plus que jamais en finir avec « l’axe du mal », rebaptisé
« troïka de la tyrannie » (Cuba, Nicaragua, Venezuela). Et il faudrait
laisser la Bolivie entre « les mains » d’Evo Morales ?
Un examen rationnel de la situation laisse peu d’espace pour
l’hypothèse d’une évolution positive sur le très court terme. En
témoigne un premier épisode révélateur. Le 1er novembre, au lendemain du
début de sa mission, le chef des experts de l’OEA Arturo Espinosa a
annoncé sa démission. « J’ai décidé de me retirer de l’audit pour ne pas compromettre son impartialité »,
a-t-il dû twitter. Mexicain, avocat, Espinosa avait publié une semaine
auparavant un article d’opinion très critique accusant le président
Morales « de vouloir se maintenir au pouvoir à tout prix ». Un article malheureusement déniché par quelques médias boliviens…
Restent deux éléments à prendre en compte… L’existence, parmi les
experts, de ceux envoyés par les « pays amis » – Mexique, Paraguay,
Espagne et Pérou. Difficile en leur présence de se livrer à une trop
voyante manipulation. D’un autre côté, peut-être plus futile, mais
existant, Almagro a un « ego » surdimensionné. Comme l’OEA en général,
il n’apprécie guère qu’on lui tienne tête. Et si l’opposition bolivienne
s’était tirée une balle dans le pied en refusant l’audit de
l’organisation interaméricaine et en la traitant avec autant de mépris ?
On n’en fera pas le pari. Mais la possibilité existe. La pression va
être énorme sur tous les protagonistes, ces jours-ci.
Illustration : Evo Morales en 2017 – Flickr CC
[1] Le pays détient les 2e réserves de gaz du sous-continent (derrière le Venezuela), les premières réserves de lithium du monde (35 %) et d’importantes ressources minières (fer, cuivre, étain, etc.).
[2] Multimillionnaire, parlant mieux l’anglais que l’espagnol, Gonzalo Sánchez de Lozada avait effectué un premier mandat entre 1993 et 1997.
[3] Une fois les bulletins totalement dépouillés, le résultat définitif s’établira à 47,08 % pour Evo Morales et 35,51% pour Mesa.
[4] http://www.rfi.fr/ameriques/20191022-presidentielle-bolivie-societe-civile-appelle-une-greve-24-heures-0
[5] Pablo Solon, « Lettre ouverte au mouvement altermondialiste sur la situation en Bolivie », Paris, 24 octobre 2019.
[6] Avant les trois mandats dont il est question, Evo Morales en a effectué un quatrième, non pris en compte car effectué dans le cadre de l’ancienne Constitution (réformée en 2009).
[7] https://www.noticiasfides.com/nacional/politica/aumenta-intencion-de-voto-por-el-no-debido-al-escandalo-que-involucra-a-gabriela-zapata-y-evo-362645-362573
[8] En février 2017, peu avant le procès au cours duquel elle fut condamnée à 10 ans de prison, Zapata a accusé le dirigeant d’opposition Samuel Doria Medina de l’avoir « utilisée » et « manipulée » par l’intermédiaire d’un de ses avocats, Eduardo León, pour monter toute cette affaire et mettre Evo Morales en difficulté. Tout en la jugeant potentiellement crédible, on prendra cette affirmation avec la plus extrême prudence, tant la jeune femme a menti et changé de versions tout au long des événements. « Persécutés politiques », le « journaliste » Valverde s’est exilé en Argentine, deux des avocats de Zapata au Pérou.
[9] Pagina/12, Buenos Aires, 27 décembre 2016.
[10] Celui de février résulte d’un vote majoritaire de l’Assemblée législative.
[11] El Alteño, La Paz, 27 juillet 2018.
[12] Iglesia Viva (organe de la Conférence épiscopale bolivienne), 19 septembre 2019.
[13] Amnesty International, « Bolivie. Les autorités doivent respecter l’exercice du droit de manifestation pacifique », 24 octobre 2019.
[14] https://listinsemanal.com/en-que-se-basan-las-acusaciones-de-fraude-que-sacuden-bolivia/
[15] A Sucre (la capitale), le Tribunal départemental de justice, le Tribunal constitutionnel plurinational, la Direction départementale de l’éducation, le Tribunal agro-environnemental, le Parquet général, le Tribunal de justice, le Service des Impôts national, etc…
Camarade Evo
Fais honneur au grand Che, Liberateur des peuples opprimes du sous-continent americain, lui qui avait verse son sang sur la terre bolivienne.
Rejoins l’Altiplano et organize la guerre de guerilla anti-fasciste contre les sangsues de la bourgeoisie et leurs suppletifs finances et armes par la CIA, qui defendent les 1% de Saigneurs en agitant La Bible. Jesus lui-meme se joindrait a toi pour la defense des pauvres.
Ecrase la vermine capitaliste, Hasta La Victoria Siempre!
L heure est au soutien de la révolution bolivienne , néanmoins je reste confondu par la très grande naïveté de MORALES et de son parti le MAS , alors qu’ils sont au pouvoir depuis 2006 ils n’ont pas fait le ménage dans l’armée et la police et ont laissé a leur tête des responsables formés aux USA !!! Pourtant les exemples sont nombreux en Amérique Latine ou ce sont les militaires aux ordres des USÀ qui font régner l ordre capitaliste ….
L’heure viendra des bilans et des critiques. Le moment présent est celui du front commun, uni et solidaire.
Les camarades boliviens ont sans doute fait ce qu’ils ont estimé juste et possible. Il est certain que face à la dictature du Capital, la révolution est un impératif pour la classe des travailleurs.
ne pas remettre à demain…je ne vois pas de contradiction entre le soutien sans faille à la révolution bolivarienne et la nécessaire analyse critique des événements , la démission forcée de MORALES confirme une fois de plus que pour réussir une révolution socialiste il faut certes priver le capital de ces moyens économiques mais également de ces moyens coercitifs : la justice de classe , l armée , la police …MORALES paie très cher d’avoir laissé en place des chefs de l armée et de la police formés aux USA alors qu’ en 13 ans de pouvoir il aurait pu former des cadres acquis à la révolution et recruter plus de militaires dans les classes populaires ….