C’est un médicament totalement censuré en France mais qui a pourtant fait ses preuves en Chine pour renforcer le système immunitaire et traiter notamment en association avec la ribavarine les infections au coronavirus sars-cov2. L’interferon-alpha2B est un médicament inventé et produit par Cuba dont la recherche avait devancé le géant britannique GlaxoSmithKline. Un médicament déjà largement utilisé dans le monde, depuis sa découverte dans les années 1980 dans le traitement de nombreux virus à ARN, mais également contre le cancer. Plus de 1500 malades chinois ont été soignés par ce médicament et plusieurs dizaines de pays ont demandé à Cuba le traitement. Mais pas la France… Rappelons que lors de l’épidémie de MERS-Cov de 2012, l’interferon Alpha 2B avait déjà montré son efficacité, ce qui a été démontré par plusieurs publications médicales. Au-delà de ses médicaments, ces spécialistes de luttes contre les épidémies – déjà largement présents en Afrique et en Amérique Latine – qui viennent au secours de dizaines de pays dans le monde. Jusqu’en europe avec l’intervention d’une brigade d’une cinquantaine de spécialistes à la demande de l’Italie. En France, c’est les députés de la délégation d’amitié franco cubaine qui presse le régime Macron de solliciter les conseil et l’appui des spécialistes de la Havane.
La santé publique, une priorité à Cuba
Cuba Socialiste a fait de la santé, et donc de la médecine et la recherche médicale, une priorité. C’est ce qui explique que l’ile socialiste dispose d’un système de santé performant avec de nombreux médecins, qu’elle forme et fournie des milliers de médecins pour toute l’Amérique Latine et l’Afrique. Avec 8 médecins pour 1000 habitants, l’ile socialiste compte 30% de médecins de plus que … la France, et autant que l’Allemagne pourtant bien plus riche.
Mais également qu’elle produit sur son sol plus des deux tiers des médicaments, à travers son agence BioCubaFarma et ses 31 sites de production et de recherche et développement. Une production diffusée également à l’exportation dans une cinquantaine de pays pour plus d’un demi milliard d’euro chaque année, malgré l’embargo. Pour autant les médicaments et recherches produites à Cuba ne le sont pas dans un but de profits, mais uniquement pour répondre aux besoin de santé des Cubains, et des cinq milliards de personnes qui ne peuvent pas s’offrir les médicaments des sociétés pharmaceutiques capitalistes, bien souvent vendu à des prix délirants (les retentissants scandales sur les prix des médicaments contre le SIDA ou le cancer sont là pour le rappeler) : Cuba applique des prix solidaires. Les bénéfices qui reviennent à Cuba ne finissent pas dans les poches des PDG et des actionnaires, mais sont investis pour maintenir la gratuité et la qualité des soins de santé publique pour tous à Cuba
Cuba et le coronavirus: comment la biotechnologie cubaine est parvenue à combattre le
L’entrée précoce de Cuba dans l’industrie biotechnologique lui a permis de profiter de l’expertise internationale et de développer des médicaments pour lutter contre la dengue et la méningite. L’un de ceux-ci, l’Interferon Alfa-2B, est utilisé aujourd’hui pour combattre les effets du COVID-19, écrit Helen Yaffe (Université de Glasgow).
Le COVID-19 est apparu dans la ville chinoise de Wuhan à la fin de décembre 2019, et en janvier il avait frappé la province du Hubei comme un raz-de-marée, tourbillonnant sur la Chine et se propageant à l’étranger.
L’État chinois est entré en action pour lutter contre sa diffusion et soigner ceux qui étaient infectés. Parmi les 30 médicaments choisis par la Commission nationale de la santé chinoise pour combattre le virus, il y avait un médicament antiviral cubain nommé Interferon Alfa-2B, produit en Chine par l’entreprise commune sino-cubaine ChangHeber depuis 2003.
L’Interferon Alfa-2B et la biotechnologie cubaine
L’Interferon Alfa-2B cubain s’est révélé efficace contre des virus aux caractéristiques semblables à celles du COVID-19. Le Dr Luis Herrera Martínez, spécialiste cubain en biotechnologie, explique que « son utilisation prévient chez les patients l’aggravation de l’infection et les complications qui peuvent finalement entraîner la mort ».
Cuba a d’abord développé et utilisé des interférons pour arrêter une épidémie mortelle du virus de la dengue en 1981, et cette expérience a promu le développement de l’industrie biotechnologique de l’île, aujourd’hui leader mondial en la matière.
La première entreprise de biotechnologie au monde, Genetech, avait été fondée à San Francisco en 1976, suivie par AMGen à Los Angeles in 1980. Un an plus tard, le Front biologique, un forum professionnel interdisciplinaire, a été mis en place pour développer l’industrie à Cuba.
Alors que la plupart des pays en voie de développement avaient peu de possibilités d’accès aux nouvelles technologies (ADN recombinant, thérapie génique humaine, biosécurité), la biotechnologie cubaine s’est développée et a joué un rôle de plus en plus stratégique dans le secteur de la santé publique et dans le plan national de développement économique. Et cela malgré le blocus étasunien, qui lui empêchait l’accès aux technologies, à l’équipement, aux matériaux, aux financements et même à l’échange des connaissances. Guidée par la demande en santé publique, elle s’est caractérisée par sa rapidité à passer de la recherche et de l’innovation aux essais et aux applications, comme le montre l’histoire des interférons cubains.
L’histoire internationale des interférons cubains
Les interférons sont des protéines « signalisatrices » produites et libérées par les cellules en réponse aux infections afin d’inciter les cellules voisines d’accroître leurs défenses antivirales. Elles ont été identifiées pour la première fois en 1957 par Jean Lindenmann et Aleck Isaacs à Londres. Dans les années 1960, Ion Gresser, un chercheur étasunien à Paris, a montré que les interférons stimulent les lymphocytes qui attaquent les tumeurs chez les souris. Dans les années 1970, l’oncologue étasunien Randolph Clark Lee a repris ces recherches.
Profitant de l’amélioration des relations du président Carter avec Cuba, qui touchaient à sa fin, le Dr Clark Lee s’est rendu dans l’île, a rencontré Fidel Castro et a convaincu ce dernier que les interférons pourraient devenir LE médicament miracle. Peu après, un médecin et un hématologiste cubains ont passé quelques temps dans le laboratoire du Dr Clark Lee, s’en revenant avec les dernières recherches sur l’interféron et davantage de contacts.
En mars 1981, six Cubains ont passé 12 jours en Finlande avec le médecin finlandais Kari Cantell, qui avait isolé l’interféron à partir de cellules humaines dans les années 1970, et avait partagé cette percée en refusant de breveter la procédure. Les Cubains ont appris à produire de grandes quantités d’interférons.
Dans les 45 jours après leur retour dans l’île, ils avaient produit le premier lot cubain d’interféron, dont la qualité a été confirmée par le laboratoire de Cantell en Finlande. Juste à temps, s’est-il avéré.
L’épidémie de dengue à Cuba en 1981
Quelques semaines plus tard, Cuba était frappée par une épidémie de dengue, une maladie transmise par les moustiques. C’était la première fois que cette souche particulièrement virulente, qui peut provoquer une fièvre hémorragique potentiellement mortelle, était apparu dans les Amériques.
L’épidémie a affecté 340 000 Cubains, avec 11 000 nouveaux cas par jour au moment de son pic. Cent quatre-vingt personnes sont mortes, dont 101 enfants. Les Cubains ont soupçonné la CIA d’avoir libéré le virus. Le département d’État étasunien a nié, mais une enquête cubaine récente affirme fournir la preuve que l’épidémie a été introduite par les États-Unis.
Le ministère cubain de la Santé publique a autorisé l’utilisation de l’interféron cubain pour contenir l’épidémie de dengue. Il a été fabriqué très rapidement et la mortalité a reculé.
Dans leur récit de cette histoire, les scientifiques médicaux cubains Caballero Torres et López Matilla ont écrit:
« Ce fut le plus grand événement préventif et thérapeutique utilisant l’interféron réalisé dans le monde. Cuba a commencé à organiser des symposiums qui ont rapidement attiré l’attention internationale. »
Le premier événement international, en 1983, était prestigieux ; Cantell a prononcé le discours principal et Clark y assistait avec Albert Bruce Sabin, le scientifique polono-américain qui a développé le vaccin oral contre la poliomyélite.
Convaincu par cette contribution et l’importance stratégique d’une science médicale innovante, le gouvernement cubain a mis sur pied le Front biologique en 1981 pour développer le secteur. Les scientifiques cubains sont allés à l’étranger pour étudier, dont beaucoup dans des pays occidentaux. Leurs recherches ont emprunté des voies plus novatrices, en expérimentant le clonage de l’interféron.
Lorsque Cantell est retourné à Cuba en 1986, les Cubains avaient développé l’interféron humain recombinant Alfa 2B, dont des milliers de Cubains ont bénéficié depuis lors. Fait important, Cuba a également ouvert son centre phare d’ingénierie génétique et de biotechnologie (CIGB) en 1986. Mais à cette époque, Cuba été submergée par une autre crise sanitaire, une épidémie grave de méningite B, qui cependant a elle aussi stimulé le secteur cubain des biotechnologies.
Le miracle cubain de la méningite
En 1976, Cuba a été frappée par des épidémies de méningite de type B et C. Avant cela, seuls quelques cas isolés avaient été observés sur l’île. Sur le plan international, des vaccins existaient pour les méningites de type A et C, mais pas pour le type B.
Les autorités sanitaires cubaines ont obtenu un vaccin d’une entreprise pharmaceutique française pour immuniser la population contre la méningite de type C. Au cours des années suivantes, cependant, des cas du type ont commencé à apparaître. Une équipe de spécialistes de différents centres médicaux, dirigée par une biochimiste, a été créée afin de travailler intensément à la recherche d’un vaccin.
En 1984, la méningite B était devenue le plus grave problème sanitaire à Cuba. Après six ans de travail intensif, l’équipe de Campa a produit le premier vaccin contre la méningite B au monde en 1988. Un membre de l’équipe de Campa, le Dr Gustavo Sierra, a rappelé leur joie à cette occasion :
« C’est le moment où nous avons pu dire qu’il est efficace et qu’il est efficace dans les pires conditions, sous la pression d’une épidémie et parmi des gens de l’âge le plus vulnérable. »
Entre 1989 et 1990, les trois millions de Cubains les plus à risque ont été vaccinés. Par la suite, 250 000 jeunes ont été vaccinés avec le VA-MENGOC-BC, un vaccin combiné contre les méningites de types B et C. Ce vaccin a enregistré un taux d’efficacité de 95% dans le groupe d’âge à plus haut risque, de trois mois à six ans. Le vaccin de Cuba contre la méningite B a reçu une médaille d’or des Nations unies pour son innovation mondiale. C’était le miracle de la méningite de Cuba.
Rappelant un graphique de la montée et de la chute soudaine des cas de méningite B à Cuba, le directeur du Centre pour l’immunologie moléculaire (CIM), Agustín Lage, m’a dit : « On peut travailler 30 ans, 14 heures par jour, uniquement pour se réjouir de ce graphique pendant 10 minutes. […] La biotechnologie a commencé pour cela. Mais ensuite, les possibilités de développer une industrie d’exportation se sont ouvertes, et aujourd’hui, la biotechnologie cubaine exporte vers 50 pays. »
Depuis sa première application contre la dengue, l’interféron de Cuba a montré son efficacité et sa sécurité dans la thérapie de maladies virales, y compris les hépatites de type B et C, le zona, le VIH-SIDA et la dengue. Parce qu’il interfère avec la multiplication virale au sein des cellules, il a également été utilisé dans le traitement de différents types de carcinomes. Seul le temps dira si l’Interféron Alfa 2B se révèle comme LE médicament miracle dans la lutte contre le COVID-19.
Helen Yaffe est maître de conférence en histoire économique et sociale à l’université de Glasgow, spécialisée dans le développement de Cuba et de l’Amérique latine, et membre invité du Centre Amérique latine et Caraïbes de la LES. Elle est l’auteur de Che Guevara: The Economics of Revolution et a co-écrit avec Gavin Brown Youth Activism and Solidarity: the Non-Stop Picket against Apartheid. Son livre We Are Cuba! How a Revolutionary People Have Survived in a Post-Soviet World a été publié en 2020 par Yale University Press.
Traduction depuis l’anglais DG pour www.initiative-communiste.fr
Félicitations et comme francais y latino…respects aux chercheurs et médecine cubains
Chapeau aux médecins et aux biologistes cubains qui travaillent pour la santé de leur population et celle de l’humanité.