Au Canard, bien sûr ! Nous avons eu l’occasion ici même (https://www.initiative-communiste.fr/articles/international/ukraine-propagande-et-desinformation-un-canard-dans-le-concert-ukrainien/) de dénoncer le positionnement pro-Maïdan du palmipède satyrique, et de montrer comment, sous ses allures de franc-tireur, l’animal du marais s’inscrivait comme à son habitude dans la stratégie des Etats-Unis. En ce qui concerne Cuba, la règle est strictement respectée.
Pas facile de compter sur ses palmes !
Dans son numéro du 23 décembre, Le Canard enchaîné s’en prend à Raul Castro, (rubrique « Prises de bec », sous la plume de la même Anne-Sophie Mercier qui aime tant le nouveau gouvernement de Kiev avec ses ministres nazis). Passons sur l’accusation selon laquelle le général Ochoa, reconnu coupable de corruption et trafic de drogue en 1989, a été en réalité exécuté parce qu’il voulait « faire évoluer le régime » – bobard répété en boucle sans aucune preuve par les anticastristes depuis le jugement. L’animal de basse-cour ne fait ici que réciter sa leçon.
A-S. Mercier se montre plus inventive en matière économique. Son lecteur apprend ainsi que dans l’île caraïbe, « la production industrielle s’est effondrée. » Un coup d’oeil sur le site Trading economics (http://fr.tradingeconomics.com/cuba/industrial-production) nous apprend qu’en réalité, de 2002 à 2014, la production industrielle a augmenté de 4,04%, le terrible -28,07 % en 2007 ayant été compensé par les bonnes années 2008, 2009 et 2012 . Manifestement, Le Canard confond Cuba avec la France !…
Connaisseur inconnu
Mais c’est dans la prospective que notre plumitive réactionnaire déploie tout son talent : « Il faut faire vite. » Raul craint comme la peste des émeutes de la misère (*) favorisées par la libéralisation du régime, qui le pousseraient vers la sortie », analyse un bon connaisseur de Cuba. » Quel « bon connaisseur » ? Mystère ! Il est tellement bon qu’il préfère rester anonyme. A moins qu’il ne craigne que Raul ne le fasse assassiner ?…
Ici, A-S.M. bat au passage tous les records : aucun autre organe de presse n’est allé si loin. Certes, les « fins connaisseurs » de Cuba qui prédisent régulièrement la chute du régime ne manquent pas. Fin 1989, toute la presse occidentale était à La Havane pour assister au retour du capitalisme, avant de repartir déçue. Souvenons-nous aussi avec émotion de l’ineffable Serge Raffy, qui affirmait dans La Dépêche, en août 2006 : «Fidel a peur de finir comme Ceaucescu ». Un exemple parmi tant d’autres… Mais en ce mois de décembre, le volatile de la rue Saint Honoré est seul sur le créneau.
Alchimie du verbeux
Le but de la manœuvre est de transmuter la victoire cubaine en défaite. Dans son discours, Obama reconnaît que « des décennies d’isolement imposé à Cuba par les Etats-Unis n’ont pas réussi à atteindre l’objectif durable visant à favoriser l’émergence d’un Cuba démocratique, prospère et stable » (traduire : capitaliste et durablement inféodé aux USA). On ne saurait mieux reconnaître un échec. Peu importe pour notre anticommuniste de service : « Raul s’est résolu à aller à Canossa », assène-t-elle ! Et de nous préparer, une Nième fois, à la chute prochaine du régime : « Tout changer pour que rien ne change… Gorbatchev s’y est cassé les dents. » Un quart de siècle plus tard, A-S. M. n’a toujours rien compris à la perestroïka ! Rappelons qu’en matière économique, l’URSS de la fin des années 80 a été balayée par une vague de privatisations sauvages dont il n’a jamais été question à Cuba, où l’État reste majoritaire dans toutes les grandes entreprises. Mais A-S. M. n’est pas là pour couper les cheveux en quatre, ce serait ennuyeux, et quand on écrit pour Le Canard, il faut s’amuser, n’est-ce pas ?
A propos de rigolade, l’article est intitulé « Le Cubain moussant ». Comme c’est drôle ! Et si la base militaire US de Guantanamo, dont l’existence seule constitue une violation grossière du droit international depuis des décennies, reste ouverte malgré une promesse de campagne de l’actuel président des Etats-Unis (non, pas la dernière, celle de 2008 !), Anne-Sophie Mercier se fendra-t-elle d’un désopilant « Barak Obao » ?
(*) * En réalité, Raul ne craint pas d’émeutes de la misère car il n’y a pas de misère à Cuba. Toutes les études menées scientifiquement sur l’île montrent que personne n’y a faim. Pas de SDF non plus : les loyers sont ridiculement bas. Et pas de morts faute de soins : la santé est entièrement gratuite. Mais allez demander à un corbeau déguisé en canard de dire la vérité !…